Quand je serai satisfait

Lorsque l’occasion se présentera, j’irai passer mes vacances en Palestine. Je dis "vacances" pour ne pas dire "pèlerinage" ou un truc trop pompeux. Peut-être "rendre visite" serait plus précis mais ce n’est pas non plus comme si je connaissais quelqu’un là-bas.

Et avant de partir, j’augmenterai le plafond de dépenses de ma carte bancaire et je boirai tout le thé qu’on voudra bien me servir et que mon estomac supportera, puis j’irai - si on m’y autorise - pisser sur les ruines du mur qui entourait jadis Gaza.

Je regarderai la mer, bien-sûr, depuis la plage où des gamins qui jouaient au foot furent massacrés à coups de canons israéliens.

Je supporterai sans râler les probables coupures de courant et autres vicissitudes d’un pays en reconstruction.

J’essayerai de ne pas poser de questions stupides ou, mieux encore, je fermerai ma grande gueule.

J’éviterai soigneusement les ONG, délégations parlementaires, journalistes et autres troupeaux occidentaux venus dispenser leurs conseils, leçons ou jugements.

Je croiserai probablement quelques médecins cubains.

Je passerai devant un hôpital, une école, une maison et j’imaginerai des fantômes me saluer au passage.

Je marcherai sur cette terre, sans trop penser à ce qui se trouve sous mes pieds.

Je penserai à ceux qui me disaient "tu n’as jamais visité Israël, tu ne sais rien". Comme si j’avais besoin de savoir à quoi ressemble un centre commercial à Tel-Aviv ou l’état de la circulation aux heures de pointe. Comme si je ne les entendais pas déjà trop, et partout.

Et je penserai à cette vieille blague dont la chute est "alors, ils sont partis les fascistes ?"

Et puis je rentrerai, satisfait.

COMMENTAIRES  

01/02/2025 17:17 par J.J.

"Heureux comme Victor aura fait un beau voyage..."

03/02/2025 11:59 par Ida

Merci Viktor, votre texte magnifique m’a fait pleurer. Oui nous serons nombreux à aller en Palestine pour saluer ce peuple courageux. Et aussi prier pour tous les civils tombés. Palestine, terre libérée.
"Ils ont essayé de nous enterrer, ils ne savaient pas que nous étions des graines." Proverbe mexicain.

09/02/2025 20:49 par Zéro...

Viktor,

Êtes-vous encore certain de trouver une Palestine...?!!

Ne sera-ce pas plutôt un champ de ruines (bientôt converti en bronzodrome occidental...) vidé de ses habitants exterminés ou déportés et des enclaves cernées de hauts murs (pas "de la honte"...) bardés de barbelés, parsemées de tours de guets, de longues files d’attente devant des checkpoints grouillant de soldats armés jusqu’aux dents prêts à tirer sur tout ce qui bouge...?!!

J’ai bien peur que vous ne rentriez beaucoup plus contrarié et révolté que vous n’êtes parti...

Et pas si sûr que les fascistes soient partis !

(Commentaires désactivés)