Un accord scélérat
Le 11 janvier dernier un "accord" a été conclu entre le MEDEF et 3 syndicats minoritaires emmenés par la CFDT, qualifié par François HOLLANDE d’accord " historique".
En réalité il s’agit d’un accord scélérat qui contre le plat de lentilles de " nouveaux droits pour les salariés " comporte tout ce qui est cher au MEDEF :
– une remise en cause des procédures de PSE (plan de licenciements) afin de pouvoir licencier plus rapidement en se "libérant" de toute contrainte judiciaire qui s’il elle était mise en oeuvre n’aurait par exemple pas permis aux Goodyear d’empêcher durant 5 ans la fermeture de leur site ou au plan de licenciement de PSA d’être rebouté par une juridiction.
Car c’est en effet de cela que les patrons veulent être débarrassés : avoir totalement les mains libres pour délocaliser, licencier, restructurer et sans que cela leur coûte financièrement ni qu’ils soient entravés par la loi ou le code du travail !
– la possibilité, via des accords minoritaires (comme c’est le cas de l’accord national) de baisser les salaires sans avoir l’obligation, si nécessaire aujourd’hui, de faire un PSE ;
– la réduction de cinq à deux ans des délais de prescription pour la réclamation d’un salarié ;
– des mobilités internes forcées sous menace de licenciement pour motif personnel !
– la fin du CDI : utilisation sans contrainte pour les patrons des entreprises de moins de 50 salariés du contrat à durée indéterminée "intermittent"
– en cas de litige, limitation de l’accès au juge prud’homal donc de fait, extinction sournoise de l’institution prud’homale.
Chantage patronal et mensonge gouvernemental
En même temps une offensive violente est déclenchée par les patrons de combat dans l’industrie automobile mais qui anticipe sur l’adoption de l’accord scélérat par l’assemblée nationale : PSA et Renault se livrent à un chantage ignoble : en plus des fermetures de sites (PSA Aulnay) ou des licenciements massifs (Renault) ils exigent dans l’immédiat la signature d’accords dits de " compétitivité ", c’est-à -dire : gel des salaires, alignement du temps de travail pour tous les sites, mobilité obligatoire, "mutualisation" d’activités …
En un mot, révolver sur la tempe c’est " si vous n’acceptez pas nos conditions ce sera encore pire que ce qu’on vous annonce déjà ! "
D’une certaine manière ils anticipent sur le vote de la loi encouragés par la signature des syndicats minoritaires et par l’engagement du pouvoir socialiste à donner force de loi à un accord entre "partenaires sociaux" . En quelque sorte un passage en force appuyé sur un chantage !
Et du côté gouvernemental on prétend mensongèrement que l’accord du 11 janvier permettrait de lutter efficacement contre les licenciements dits boursiers. Alors qu’il va faciliter les licenciements pour soit-disant favoriser les embauches d’un patronat qu’il faudrait rassurer contre les risques d’emplois trop stables aux droits garantis par la loi et le code du travail.
Ce qu’ils veulent : infliger une défaite aux plus combatifs pour dissuader toute résistance !
Les économistes du système défilent dans les médias : les licenciements seraient incontournables car résultant de l’effondrement du marché européen, donc pas moyen de faire autrement !
En réalité la volonté politique d’écraser les travailleurs et de museler toute résistance de la classe ouvrière est à la manoeuvre : la preuve l’argumentation de Pujadas au 20 heures du mardi 29 janvier, le jour de la manifestation des entreprises menacées devant le ministère du travail qui oppose le maintien du site Dunlop d’Amiens Sud qui a accepté les exigences des patrons de Goodyear (en particulier les 4X8) et la fermeture annoncée des Goodyear Amiens Nord qui eux ont refusé ces exigences.
Sans dire que les Continental de Clairoix qui avaient eux aussi accepté les 4X8 pour sauver l’entreprise ont finalement (2 ans après seulement) été jetés à la rue !
Traduction : "si vous résistez aux exigences patronales vous êtes morts !"
Résistance et contre attaque
A des décisions politiques il faut donc opposer une résistance volontariste et globale.
L’action séparée, entreprise par entreprise est nécessaire mais pas suffisante parce que c’est à une offensive globale à laquelle nous avons affaire qui regroupe MEDEF, organisations réformistes avouées comme la CFDT - qui fait chorus avec le patronat en condamnant l’action des travailleurs de PSA - gouvernement socialiste et partis de droite décidés à s’en prendre aux protections sociales séculaires, à aggraver la précarité des salariés, à flexibiliser davantage le marché du travail au nom de la compétitivité des entreprises. En application des exigences du FMI, de la banque mondiale et de l’Union européenne. Il n’y a pas d’accommodement possible entre les intérêts populaires et la politique unique menée, au nom de la "dette" ou de l’Euro, pour le profit maximum des grands groupes capitalistes.
Seul un puissant mouvement social prolongeant la résistance ancrée dans les entreprises pourra faire reculer ces forces coalisées et leur infliger une défaite.
Une bataille d’explication sur ces enjeux doit être menée dans tout le pays pour préparer cette irruption populaire, lucide quant au fond sur ce qui se prépare.
C’est le fatalisme et la division qu’il faut vaincre !
l’Assemblée nationale et le Sénat ont donc l’intention de voter une loi qui transcrit cet accord de trahison
Le calendrier est fixé. : Le projet de loi sera présenté le 6 mars en conseil des ministres, soumis au conseil d’état, examiné en urgence à l’Assemblée nationale et au Sénat en avril.
La promulgation de la loi se ferait en mai.
Laisser passer ce projet ce serait consentir à un recul social considérable sans équivalent depuis un siècle qui ouvrirait la voie à d’autres reculs !
Afin de manifester le plus puissamment possible le refus des travailleurs de ce véritable recul de civilisation qui se prépare nous faisons la proposition d’’un
Rassemblement national devant l’assemblée
Le jour de l’ouverture du débat
Plusieurs semaines peuvent donc être mises à profit pour en préparer le succès par des appels et une popularisation largement décentralisée mais convergente.
Les congrès de la CGT et de la FSU qui vont avoir lieu dans les prochaines semaines (février/mars) doivent être mis à profit par les militants pour que monte cette exigence en dépit des réticences des directions confédérales à prendre la tête d’un mouvement populaire de haut niveau !
Ces congrès qui se situent au coeur de l’affrontement actuel doivent devenir sous l’impulsion des militants des congrès de lutte lançant eux-mêmes cet appel !
Cette initiative est de la responsabilité des militants de terrain dans la diversité de leurs opinions et de leurs appartenances, au-delà de tout esprit de chapelle !
En surmontant les divisions et la dispersion des forces fidèles à un point de vue de classe mais qui ne pèsent pas sur les évènements en raison même de cette dispersion !
Que monte des quartiers et des entreprises, du secteur public lui aussi menacé et du secteur privé, du monde du travail et de la jeunesse, des lycées et des universités, des salariés à statut menacé et des précaires, des jeunes et des retraités dont la cour des comptes veut réduire les pensions… en un mot que monte des forces vives du pays enfin rassemblées l’exigence et le cri : " Stop ! vous n’irez pas plus loin !"
L’heure est venue d’une contre-attaque générale du monde du travail, et de la jeunesse !