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Nelson Mandela et les infortunes du pragmatisme

Le 26 juillet [1] 1991, Nelson Mandela prononça un discours où il témoigna de son admiration pour la Révolution Cubaine.

« Le peuple cubain occupe une place spéciale dans le cœur des peuples d’Afrique. Les internationalistes cubains ont apporté une contribution sans précédent à l’histoire du continent africain, à l’indépendance, à la liberté et à la justice.

Dès son origine, la Révolution cubaine a été une source d’inspiration pour tous les peuples épris de liberté. Nous admirons les sacrifices du peuple cubain pour conserver son indépendance et sa souveraineté face à la perfide campagne impérialiste qui fut orchestrée dans le but de réduire à néant les victoires impressionnantes conquises par la Révolution cubaine. […] (J’étais en prison lorsque j’ai été informé de l’aide massive que les forces internationalistes cubaines apportaient au peuple angolais). Cette aide était si importante que nous eûmes du mal à le croire, le peuple cubain s’est porté au secours des Angolais pour repousser l’attaque de la puissante coalition venue les agresser, nantie du soutien financier de la CIA et de l’appui du gouvernement raciste d’Afrique du Sud.

Nous les Africains, sommes habitués à être les victimes d’autres pays désireux d’usurper notre souveraineté. Dans toute notre histoire, il n’existe aucune autre nation qui se soit portée à notre secours, sans rien réclamer en échange. De plus, nous savons que ceux qui se sont battus et sont morts en Angola ne constituent qu’une mince partie des internationalistes cubains qui se sont portés volontaires. Pour le peuple cubain, l’internationalisme n’est pas seulement un mot, c’est une réalité que nous avons vu mettre en pratique dans l’intérêt de vastes secteurs de l’humanité ».

Nelson Mandela termina son discours en proclamant : « Vive la Révolution Cubaine ! », « Vive le compañero Fidel Castro ! ».

J’imagine qu’Obama et Vargas Llosa, véritables champions du cynisme et de la manipulation, ignorent délibérément ce type de discours et la campagne d’attentats commis par l’ANC, afin d’entretenir le mythe qui n’a profité qu’aux riches et aux puissants.

« L’opinion publique a besoin de simplifications agrémentées d’une importante composante émotionnelle » (Reinhold Niebuhr) afin de ne pas se rebeller contre la « lutte des classes unilatérale », que livrent les oligarchies financières et entrepreneuriales « contre les travailleurs, les chômeurs, les pauvres, les minorités, les très jeunes ou les très vieux et même contre les classes moyennes » (Doug Fraser, président de la United Auto Workers).

Doug Fraser, qui parle ouvertement de « guerre contre les travailleurs et les pauvres » applique ce raisonnement aux États-Unis, mais il est évident qu’il peut concerner aussi le reste du monde. La figure de Nelson Mandela, habilement maquillée pour occulter son passé de « terroriste » et de révolutionnaire, agit comme un étendard de la non-violence, dans un monde violent, où les États-Unis emploient systématiquement la guerre, la torture et les exécutions sommaires.

John Kiriakou, ex-officier de la CIA, déclare que « les États-Unis sont un État policier où le président Obama autorise délibérément la torture ».
Kiriakou affirme qu’Obama est au courant du traitement inhumain que subissent les détenus et il couvre les coupables, en ordonnant la destruction de toutes les preuves et en refusant de collaborer avec la Cour Pénale Internationale :

« Depuis le 11 septembre, nous avons perdu nos droits civils. Si, il y a dix ans, la CIA avait espionné les citoyens étasuniens et avait ouvert leurs courriers électroniques, la société aurait protesté énergiquement mais maintenant, c’est devenu une pratique normale et habituelle ».

La non-violence est une stratégie réservée aux citoyens. Elle est inoffensive et provoque rarement des changements sociaux significatifs. Le pouvoir politique et financier peut tolérer son usage.

Le 15-M [2] a été encouragé jusqu’à l’apparition d’ « éléments radicaux » qui exigeaient des changements sociaux concrets. Ce moment marqua le début de la répression.

L’État a le monopole de la force, selon les règles du jeu démocratique, et le pouvoir judiciaire, bien loin de sa prétendue indépendance, soutient la violence institutionnelle, avec des lois spéciales, qui permettent la mise au secret, la torture et dans certains pays, les assassinats ciblés.

Rafael Narbona

Tiré de : Nelson Mandela et les infortunes du pragmatisme par Rafael Narbona- Juillet 2013 http://rafaelnarbona.es/?p=3329

Sélection de l’extrait et traduction de l’espagnol : Simone Bosveuil

[1NdT : Le 26 juillet est un jour symbolique pour les Cubains car ce fut celui de l’attaque de la caserne de la Moncada à Santiago (26 juillet 1953) par un petit groupe de jeunes révolutionnaires cubains conduits par Fidel Castro.

[2NdT : Le mouvement des Indignés espagnols ou Mouvement 15-M est un mouvement protestataire non violent né à la Puerta del Sol à Madrid le 15 mai 2011, qui rassembla des centaines de milliers de manifestants dans une centaine de villes.


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