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Mais pourquoi le chômage ne baisse-t-il pas ?

Les données du mois d'avril prouvent que la courbe du chômage est loin de s'inverser malgré une reprise de la croissance. Les sureffectifs actuels dans les entreprises expliquent pourquoi celles-ci n'ont pas besoin de recruter, du moins dans un premier temps.

La courbe du chômage est loin, mais alors très loin de s’inverser. Pis, les indices ont plutôt tendance à se dégrader. Après une hausse de 0,4% en mars du nombre des demandeurs d’emploi en catégorie "A", la progression a été de 0,7% en avril, soit plus de 26.000 chômeurs supplémentaires... L’équivalent de la population totale d’une ville comme Bergerac (Dordogne). Il y a vraiment le feu au lac. La France n’a jamais compté autant de demandeurs d’emploi. Pour la seule catégorie "A", lls sont maintenant très exactement 3.536.000 en France métropolitaine et 3.794.900 en incluant les Dom. Mais si l’on additionne toute les catégorie (il y en a cinq à Pôle emploi), on dépasse allègrement les six millions... Sans compter ce que l’on appelle le "halo" du chômage. C’est-à-dire toute ces populations qui ne touchant plus aucune indemnisation ont disparu des écrans radars.

Les entreprises ont de grosse réserves de productivité

Au ministère du Travail, on tente de se rassurer en rappelant que la reprise de la croissance (le PIB a progressé de 0,6% au premier trimestre) va finir par faire sentir ses effets sur l’emploi mais qu’il faut "un délai de plusieurs mois avant que la reprise de l’activité ne se traduise par des embauches"... Ce qui, en théorie, n’est pas faux. Reste qu’il va falloir être patient pour y parvenir. Pourquoi ? Tout simplement parce que la reprise n’est pas encore totalement établie. Le niveau de production industrielle en France reste encore inférieur à celui qui était le sien en 2008. Et, surtout, il reste des énormes réserves de productivité dans les entreprises. Concrètement, celles-ci, n’auront pas besoin dans un premier temps d’embaucher pour faire face à une reprise des carnets de commandes. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estime qu’il y a environ un sureffectif dans les entreprises de 170.000 salariés.

La population active augmente encore de 64.000 personnes début 2015

Ce qui signifie que les entreprises auraient pu avoir la main encore plus lourde en matière de licenciements ces dernières années. Elle n’ont donc pas besoin de se précipiter pour embaucher. Or, la population active continue "naturellement" de progresser. En 2014, déjà, 160.000 personnes supplémentaires sont arrivées sur le marché du travail et, sur le seul premier semestre 2015, elles seront encore 64.000 supplémentaires selon l’Insee. Or, le nombre des créations d’emploi est insuffisant pour absorber ces arrivées massives. La France perdrait même encore 18.000 poste dans le secteur marchand au premier semestre, toujours selon l’Insee. La politique des contrats aidés – il y en aura in fine plus de 400.000 budgétés en 2015 – parvient tout juste à éviter une explosion du chômage encore plus forte.

Pas d’espoir avant 2016

Résultat, selon la dernière note de conjoncture de l’Insee, le taux de chômage va augmenter de nouveau de 0,2 point au premier semestre, passant de 10% à la fin décembre 2014 à 10,2% à la mi-juin en France métropolitaine (10,6% en incluant les Dom), son plus haut niveau depuis 1997. Il faudra vraiment une croissance plus forte et surtout durable pour parvenir à inverse la tendance. Un espoir qui ne se réalisera sans doute pas avant 2016. D’ici là on risque bien de vivre une reprise sans emplois.

Jean-Christophe Chanut

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