Lettre au Président de la République

dessin : Tignous
Fouad IMARRAINE

Monsieur le Président

Monsieur le Président,

Vous avez jugé utile de faire publier un article en pleine période de débat sur l’identité nationale. Vous demandez aux musulmans « derniers venus » de la République de s’adapter afin de rassurer les français « premiers venus ».

Vous avancez l’idée de la remise en cause de l’équilibre du vivre ensemble par l’islam et les musulmans qui ne font pas un effort d’invisibilité. Vous avez jugé opportun de défendre le référendum suisse sur les minarets car il traduirait, d’abord la peur des Suisses ce qui nous renvoie à celle des français. Vous, qui avez rejeté la votation citoyenne sur l’avenir de la Poste.

Monsieur le Président,

Le débat sur l"identité nationale n’est pas nouveau de votre part. Vous en aviez fait votre thème de campagne. Au lendemain de votre victoire aux élections présidentielles, vous aviez consacré un ministère à l’identité nationale afin de rassurer la frange des citoyens tentés par le vote F.N. Vous aviez privilégié une partie de la population contre une autre pour accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat.

Vous aviez promis tant de choses, vous aviez proposé tant de rêves que la crise des subprimes est venue vous rappeler la dure réalité du pouvoir. Cette crise est venue vous rappeler qu’on ne gère pas un Etat, une Nation comme si on gérait une entreprise ou une équipe de football.

Monsieur le Président,

Votre incapacité à maintenir vos promesses électorales surréalistes vous pousse aux vieilles recettes de diversion afin de ne pas focaliser le débat sur votre gestion. Après avoir tenté l’affaire du « groupuscule d’extrême-gauche » dans le sabotage des rails de chemin de fer. Après avoir tenté une autre diversion sur l’affaire des quelques centaines de « burqas », vous continuez la charge sur l’identité nationale qui était la promesse pour l’électorat volatil d’extrême droite. Ceci n’a pas eu les résultats escomptés. Les français ont compris que face à la crise, face aux licenciements sans fin, vous cherchez à ne plus assumer vos engagements. Enfin, l’affaire des minarets en Suisse vient à votre secours pour réanimer le débat. Votre article dans le Monde traduit votre désespoir.

Monsieur le Président,

Rappelons-nous, que sur le dossier du CFCM, vous aviez usé de pressions sur ses futurs membres afin qu’ils ne refusent rien. Vous aviez finalisé en façade un projet qui n’est utile pour personne aujourd’hui. Rappelons-nous aussi, que vous aviez occupé les débats sur le thème de l’insécurité des jeunes et des rassemblements en bas des immeubles. Au lieu d’aider les jeunes, vous avez choisi la voie de la criminalisation de leurs sorts. Vous avez aussi tenté sur le terrain de la sécurité de transformer la police républicaine en une milice réduite à la religion du chiffre. Ceci non plus n’a pas eu les résultats escomptés. La liste est longue sur les échecs de votre politique.

Rappelons-nous, Monsieur le Président, que votre article suggérant aux musulmans de faire plus de concessions, nous renvoie à des heures sombres de notre histoire. Combien de concessions avions-nous demandé aux juifs de France pour qu’ils soient considérés « assez français » aux yeux de leurs concitoyens. Cela les a-t-il protégés de l’extermination opérée par les nazis et soutenus par le pourvoir tout légitime de Vichy, ainsi que l’intervention toute aussi légale de notre police républicaine pour les envoyer par dizaines de milliers dans les camps nazis.

Monsieur le Président,

Ressaisissez-vous avant qu’il ne soit trop tard. Vous avez tenté la diversité à la limite de la diversion. Les idées généreuses ne peuvent être réduites à de simples stratégies. Les idées généreuses de fraternité, de liberté et d’égalité sont bien vivantes en France. Car aujourd’hui celles et ceux qui s’accrochent à la France d’hier sont celles et ceux qui ne vivent pas dans la France d’aujourd’hui. Je pensais que vous n’en faisiez pas partie.

Monsieur le Présient,

Avec vous ou sans vous, la France se fera avec ses composantes, ses contradictions, ses échecs et ses réussites. L’école républicaine a pu donner les outils pour porter le flambeau d’une France, forte par ses idéaux, généreuse par ses citoyens, humble auprès des plus faibles et ferme avec les injustes.

C’est cette France qui se dessine aujourd’hui et ce n’est pas ce genre de faux débats qui arrêteront sa marche.

La diversité dans l’égalité se renforce au jour le jour. La diversité dans la laïcité se vit tous les jours mal gré bon gré. La diversité dans la liberté se répand de plus en plus malgré les résistances. La diversité en toute citoyenneté.

Fouad IMARRAINE

Militant associatif

13 décembre 2009.

COMMENTAIRES  

16/12/2009 09:26 par Fethi GHARBI

Merci pour cet appel généreux à la fraternité !
Il est vrai qu’une nation a besoin de grandeur d’âme pour être gérée !

16/12/2009 12:20 par Volapuk

Ce message est beaucoup trop modéré à mon gout. L’humilité qui en découle porte en soi une complaisance injustifiée. "Monsieur le President", mais cet homme ne mérite même pas ce titre ! Je ne m’adresse pas avec déférence devant un individu incapable de porter ne serait-ce qu’un soupçon de sincérité. Sarkozy c’est la grossièreté politique par excellence. Combien de frasques, de mensonges peut on recenser aujourd’hui ? Ses manipulations scélérates sont multiples et qu’attends-t-on d’un scelérat, qu’il nous ecoute avec bienveillance ? Il n’y a pas de dialogues qui tiennent avec ce virus politique aveuglé par la fatuité et la certitude d’impunité. Ce personnage qui occupe la fonction d’Etat n’était déja pas au depart digne de se hisser à la noblesse de la fonction mais le temps revèle de plus en plus l’inadmissible et l’écoeurement. Le seul espoir que l’on est en droit d’attendre en tant que citoyen normalement constitué, et de voir ce rat politique quitter le navire le plus vite possible, de gré ou de force et sans aucun honneur s’il vous plait. C’est le moindre des spectacles que l’on est en droit de recevoir en guise de soulagement éphémère et transitoire...

16/12/2009 21:17 par Ossian

Je suis assez d’accord avec Volapuk.

"Monsieur le Président,

Ressaisissez-vous avant qu’il ne soit trop tard."

Ce ton conviendrait pour s’adresser à un allié ; pas trop pour s’adresser à un ennemi politique, surtout lorsqu’il est aussi méprisable que celui-là .

16/12/2009 23:15 par eric faget

A l’attention de Monsieur Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa,president de la république française

Monsieur,

en d’autres lieux et d’autres temps, un homme a fui son pays et ce qu’il pensait être une dictature. Le pays, dont vous étés aujourd’hui le président, lui a accordé l’asile et une de nos compatriotes, votre mère, lui a donné trois enfants.

Tachez donc de vous en souvenir à chaque fois que votre ministre de l’immigration signe un arrêté d’expulsion vers un pays où la guerre est du à la volonté de vos alliés. De même quand un des êtres humains qui, ayant tout perdu chez lui à cause de l’agressivité économique libérale dont vous êtes l’un des tenants, trouve refuge dans les frontières de cet état qui se targue d’être la terre de la liberté de l’égalité et de la fraternité, n’oubliez pas que la France vous a ouvert les bras et plus encore.

Ce pays qui est le mien, non par choix mais par naissance, devrait ouvrir, avec joie, son sein à des femmes et des hommes que le seul fait d’avoir souffert, pendant de longs et pénibles voyages d’où la mort n’est jamais absente, rend digne d’être mes concitoyens. Je suis né ici mais eux ont choisi d’y venir et bien peu d’entre eux se montrent indigne de la confiance qui leur est faite.

L’adage dit" qui veut tuer son chien l’accuse de la rage". Nous, fils des lieux de ban,savons où est la rage : elle est dans la répression et l’amalgame. Alors que tremble sur ses bases la société inégalitaire que vous défendez, il serait d’un grand courage de ne pas rejeter ceux qui ont besoin de notre France comme elle a eu besoin d’eux pour mourir près de nos pères et grands pères pendant que vos amis, banquiers, industriels, et pontifes trouvaient refuge de l’autre coté de l’océan.

Monsieur, vous, fils d’immigré, n’êtes pas plus à l’abri qu’un de ceux là de vous retrouver un jour dans la situation qui est la leurs, tout pouvoir que fut le votre aujourd’hui. Aussi, Monsieur, vous qui, souvent, en appelez à la dignité ayez donc celle d’être humain

Eric Faget

17/12/2009 11:01 par Fethi GHARBI

Bravo eric, quelle belle tirade !

Pendant la colonisation de l’Algérie, les "petits blancs" étaient de loin plus racistes et plus hargneux que les français de souche...

17/12/2009 15:11 par eric faget

t’as surement raison, Fethi. Moi, pendant la guerre d’Algérie, j’étais dans les couilles de mon père qui, lui, était un appelé lambda bien encadré par des officiers de carrière dont le parcours passait par l’Indochine et Madagascar, sans oublier les collabos et les SS recyclés dans la légion étrange... Si les problèmes de l’immigration et du racisme se restreignait seulement à la mort de Ben Bella, nous n’aurions jamais eu de Poniatowski de Balladur et autre Martinez, pas plus d’ailleurs que de Krazucki,d’anarchistes espagnols ou de réfugiés italiens et nous serions heureux et incestueux avec plein de petits n’ianfants aussi cons que sanguins. Déjà que mes voisins me font chier, c’est pas avec ceux de la rue d’à coté que je vais m’amuser à causer.

Un jour, j’étais à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso. Le voyage m’avait déjà couté mon RMI et j’étais sans un CFA. Je me suis approché du poste de douane. Là , un militaire, le nez sur son cahier, a poliment écouté mon histoire. Il m’a reconduit vers le transport et il m’a dit "bon je vous fait confiance. Dés que vous pouvez payer, vous prenez votre visa" et il s’en est retourné à ses affaires, c’est à dire boire un thé bien fort avec ses amis installés sur la terre rouge et sèche. Ce jour là , j’ai passé la frontière en toute illegalité avec ma parole comme seul bagage.

Je fais parti de ces gens qui rendent toujours ce qu’on leur donne le bien comme le mal, avec une preference pour le bien, le pardon étant un exercice suffisamment difficile entre nous pour ne pas le trainer sur plusieurs générations. Aussi quand j’écris ce que j’écris, je le pense aussi et je fais en sorte que la pensée précède l’action. Je ne m’habille pas en collant bleu avec une grande cape rouge. Je fais ce que je peux. Alors, ce faisant(comme dit mon voisin chasseur), si ma tirade porte atteinte en quoique ce soit à ton intégrité, je m’en excuse mais cela ne change rien au contenu et au fond de ce que j’écris

bon Fethi, je t’embrasserai bien mais ma barbe bien que douce peut parfois irriter

amicalement
Éric Faget (sans clown)

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