Les USA conduits par la machine de guerre nazie

Le jour annuel de la Victoire ("VE Day") - la victoire en Europe – des célébrations tenues ce mois-ci ont vu, comme d’habitude, les gouvernements occidentaux se livrer à l’autoglorification et la supériorité morale de leur prétendue défaite du fascisme allemand. Toutefois, les livres officiels d’histoire ne parlent pas du pacte secret que les gouvernements occidentaux et Washington en particulier ont conclu avec les restes de la machine de guerre nazie.

L’absorption des pratiques et du renseignement militaires nazis par la CIA et d’autres organisations occidentales à la fin de la Seconde Guerre Mondiale a eu de fatidiques et profondément pernicieuses conséquences – des conséquences qui deviennent de plus en plus manifeste aujourd’hui, que les guerres américaines d’agression font rage dans le monde entier.

Si nous voulons comprendre pourquoi les guerres américaines d’agression, cachées ou non, tourmentent la planète, de l’Irak, l’Afghanistan, à la Libye, la Syrie et l’Iran, nous pouvons acquérir une compréhension très fine des problèmes d’aujourd’hui en remontant à des événements de la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Quelques jours après la capitulation sans conditions de l’Allemagne nazie face aux Alliés - il y a 68 ans de cela cette semaine - les puissances occidentales des États-Unis et de la Grande-Bretagne ont déjà tracé les lignes de bataille pour leur prochaine guerre - contre l’Union soviétique.

Le 22 mai 1945, le chef du renseignement du Troisième Reich sur le front de l’Est, le Général Reinhard Gehlen, s’est rendu à l’armée américaine près de son repaire bavarois. Les Américains ont vite compris le scoop. Reinhard Gehlen avait été "l’espion de génie" d’Adolf Hitler pendant la guerre de l’Allemagne nazie contre l’Union soviétique, en charge de l’exécution des agents, des escadrons de la mort et chargé de compiler des données sur les Soviétiques et l’infrastructure de l’Armée rouge.

Reinhard Gehlen en 1943

Reinhard Gehlen prépara bien sa reddition aux Américains. Il troqua ses atouts de renseignement copieux contre sa liberté, au lieu d’être remis comme criminel de guerre recherché aux Soviétiques, tel que les Américains auraient dû le faire dans le cadre d’un accord conclu entre les Alliés dans les semaines de la conférence de Yalta avant la fin de la guerre. Les Soviétiques voulaient Reinhard Gehlen et ses fichiers de grande valeur, et ils savaient que les Américains trahissaient leur parole.

Le "maître espion" d’Adolf Hitler n’a pas seulement obtenu sa liberté. Il a été transporté à Washington et a été reçu à bras ouverts par les hauts gradés du renseignement du Président Harry S. Truman. Pendant l’année suivante, Reinhard Gehlen travailla avec le renseignement militaire américain afin de mettre sur pied une armée clandestine antisoviétique qui fonctionnerait dans toute l’Europe orientale, les pays baltes et à l’intérieur du territoire russe. L’Organisation Gehlen, telle qu’elle devint connue, était "les yeux et les oreilles" de Washington sur l’Union soviétique.

Un des plus proches collaborateurs américains de Reinhard Gehlen à l’époque était John Foster Dulles, qui a dirigé l’Office of Strategic Services (OSS) en Europe pendant la guerre. John Foster Dulles partageait les vues anti-communistes enragées de Reinhard Gehlen. Justifiant la collaboration américaine avec ce haut fonctionnaire du Troisième Reich, John Foster Dulles a déclaré : "Il est de notre côté, et c’est tout ce qui compte." L’OSS allait bientôt se transformer en Intelligence Central Agency et John Foster Dulles devenir son Directeur.

John Foster Dulles & Dwight D. Eisenhower

Alors que les procès de Nuremberg poursuivaient une poignée de grands dirigeants nazis, comme Hermann Goering et Rudolf Hess, la contradiction flagrante mais moins connue à la tant vantée "dénazification" était que les États-Unis recrutaient des milliers de scientifiques nazis , des industriels, des militaristes et d’intelligence.

Wernher von Braun en 1941

L’Organisation Gehlen est une pierre angulaire de la CIA et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Un élément central de l’accord américain avec Reinhard Gehlen était que non seulement il a fourni tous ses fichiers de renseignement sur l’Union soviétique, mais il a également rendu les services de ses contacts et des agents parmi le vaste Front de l’Est de la Wehrmacht.

Les Américains et les Britanniques ont fermé les yeux alors que des milliers d’anciens militaires nazis ont été discrètement libérés des camps de prisonniers ou pris de leur cachette pour rejoindre les rangs de l’Organisation Gehlen. Ils comprenaient des criminels de guerre recherchés et des anciens membres de la Gestapo, des Waffen-SS et des Einsatzgruppen - les escadrons mobiles d’extermination qui avaient effectué des exterminations de masse dans l’attaque nazie contre l’Union soviétique lors de l’opération Barbarossa (1941-1944).

Selon Christopher Simpson dans son livre Blowback, des figures des escadrons de la mort nazis notoires, tels que Klaus Barbie, Franz Six et Emil Augsberg se sont vu accorder "des tunnels de taupes" pour échapper à la justice et se faire réengager au service du renseignement militaire américain et de l’OTAN contre l’Union soviétique dans ce qui est devenu "la guerre froide".

Klaus Barbie en 1944

Pendant des années après la Seconde Guerre Mondiale, la mission de l’Organisation Gehlen était de se livrer à de l’espionnage, du sabotage et des opérations d’assassinat - le terrorisme parrainé par l’État - pour le compte de la CIA américaine et de l’OTAN derrière les lignes ennemies dans les territoires soviétiques, qui s’étendaient des Balkans à la Mer noire. Des milliers d’autres criminels de guerre nazis ont été exfiltrés hors d’Europe sous la supervision américaine pour s’installer en Amérique du Sud.

Reinhard Gehlen & John F. Kennedy

Certains d’entre eux ont refait surface comme des acteurs clés dans les dictatures fascistes soutenues par les Américains en Amérique centrale et du Sud dans les années 1950, 60 et 70.

Une conséquence de l’incorporation de la machine de guerre nazie par les USA fut l’effet profondément néfaste sur les relations Est-Ouest. L’Union soviétique a le plus souffert de l’agression nazie pendant la Seconde Guerre Mondiale, avec pas moins de 50 millions de ses citoyens qui furent tués. Il n’est pas difficile d’imaginer comment le redéploiement par les États-Unis d’espions nazis, du renseignement, des commandos et des marionnettes d’Europe de l’Est a pu apparaître pour Moscou. C’était une trahison inqualifiable et une déclaration de facto de guerre par son ancien allié pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Rapport de la CIA sur des négociations visant à l’établissement du BND (1952)

Pleine résolution

Cette trahison de l’Ouest a préparé le terrain pour "la guerre froide" qui hantera les relations internationales pendant près de six décennies après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Reinhard Gehlen allait être à la tête du renseignement ouest-allemand (BND) jusqu’à sa retraite, et fut décoré en 1968. Il est décédé en 1979 à l’âge de 77 ans.

Reinhard Gehlen en 1968

La dépendance de la CIA, du Pentagone, de la Maison Blanche et de l’OTAN à l’égard de la machine de guerre nazie pour son renseignement a conduit à ce que la course aux armements nucléaires mortels se mette en place. Le résultat a été la croissance d’un complexe militaro-industriel américain gargantuesque, qui aujourd’hui menace non seulement le reste du monde avec une puissance hyper-destructrice, mais aussi la viabilité de la société américaine du coût économique exorbitant pour le maintien de ce complexe vorace.

Un autre résultat fut que l’idéologie et les pratiques militaires anti-communistes enragées de l’appareil nazi se sont incrustées dans la politique étrangère américaine et la doctrine militaire.

Il est ironique de constater que chaque année, les gouvernements américain et d’Europe occidentale commémorent le jour annuel de la victoire ("VE Day") – la victoire en Europe - quand l’armée du Troisième Reich s’est rendue les 8-9 mai 1945. Washington et ses alliés occidentaux affirment qu’ils ont sauvé le monde du fascisme, et depuis des décennies les gouvernements occidentaux ont vécu de cette supposée glorieuse victoire. L’autorité morale que ces gouvernements ont tirée semble totalement injustifiée compte tenu de l’alliance opportune qu’ils ont forgé des cendres de la guerre avec le fer de lance du fascisme allemand.

En réalité, à peine la machine de guerre nazie avait-elle capitulé, qu’elle a été rapidement utilisée comme base pour le renseignement militaire américain et occidental et les institutions de contre-insurrection.

Lorsque nous examinons le carnage des guerres criminelles d’agression conduites par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN depuis la fin officielle de "la guerre froide", y compris les massacres en Irak, en Afghanistan, en Libye et actuellement en Syrie, pour ne pas mentionner de vastes territoires d’Asie et d’Afrique, il est bon de garder à l’esprit la corruption morale au cœur de ces gouvernements qui peut être retracée jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Aujourd’hui, plus que jamais, le partenariat clandestin de l’Amérique avec la machine de guerre nazie est de plus en plus manifeste.

Finian Cunningham,
Le 11 mai 2013.

 http://www.presstv.ir/detail/2013/05/11/302975/us-driven-by-nazi-war-machine/

COMMENTAIRES  

16/05/2013 16:08 par Lionel

Cette situation n’a pas fait que déteindre sur l’appareil d’État, fatalement il y aura eu banalisation de faits découlant directement de cette assimilation de l’idéologie nazie, par conséquent la politique générale du gouvernement et pas uniquement extérieure en est entachée !
L’impact sur la population est indéniable.
Le plus difficile est d’admettre que le néolibéralisme dans lequel nous baignons est construit sur cette même idéologie et il y a longtemps que les États-unis d’Amérique n’en ont pas l’exclusive, logique de justification de la torture, de nécessités de guerroyer contre des peuples,...
Dites moi que Thatcher n’a pas été influencée par le nazisme ni aucun de ses compères qui ont donné naissance à tous les monstres de l’humanité, le sinistre pantin Pinochet en tête !

16/05/2013 21:13 par gérard

Un texte fort instructif : "Qui avait payé et armé Hitler ?"
http://www.mariosousa.se/QuiavaitpayeetarmeHitler.html
...voici une partie de la conclusion :
« Les données qui ressortent de la lecture des livres anciens et nouveaux sur le thème « affaires et deuxième guerre mondiale » peuvent parfois nous amener à croire que nous, hommes et femmes ordinaires qui sommes des travailleurs, vivons dans un monde fantaisiste. Tout se décide au dessus de nos têtes. Toutes les décisions importantes sont classées secrètes. La participation du travailleur dans la vie sociale n´est pas respectée, son influence est égale à zéro. Malheureusement, c´est de cette façon que ça fonctionne en réalité au sein du système capitaliste. Les traîtres du pays deviennent millionnaires en tuant leurs propres concitoyens. Les entreprises font comme elles veulent, aucun respect pour la loi, aucun respect pour ceux qui travaillent et développent les entreprises. Observez que les plus haut placés au sein des grandes industries et le monde de la finance des États-Unis, étaient, lors de la deuxième guerre mondiale, un groupe de gens qui avaient, en commun, le fait d´avoir été des réactionnaires, des admirateurs de Hitler, des gens nourrissant la haine contre les Juifs et des traîtres du pays qui gagnaient de l´argent en vendant des armes à l´ennemi, des armes qui étaient utilisées contre les soldats de leur propre pays et contre les alliés. C´est cette racaille qui, aujourd’hui, est portée sur les fonds baptismaux par des historiens corrompus de la droite. N´oublions pas ceci. »

Et l’exposé incontournable de Jacques Pauwels, le mythe de la bonne guerre http:
//www.dailymotion.com/video/x10hfx_le-mythe-de-la-bonne-guerre_school#.UZUeKs5eu3Q

Ainsi que : "Comment Londres et Wall Street ont mis Hitler au pouvoir" :
http://www.gauchemip.org/spip.php?article6629
Aucune raison que ça n’ait pas continué après-guerre, a-t-elle jamais cessé d’ailleurs ?
Très bien cet article, car "celui qui ne connaît pas l’histoire..."

17/07/2013 00:17 par taliondachille

Les Américains inspirés par les nazis ? Quelle blague ! C’est exactement le contraire. Hitler, l’inculte, s’est nourri du journal anti-sémite d’Henry Ford, qui lui a largement financé le tirage de Mein Kampf.
Quand on a exterminé les Indiens et annexé la moitié du Mexique, on n’a pas de leçon à recevoir.

17/07/2013 13:51 par Quidam

taliondachille

"Les Américains inspirés par les nazis ? (...)"

Qui donc aurait affirmé cela ? Pas l’auteur de cet article toujours !!!!

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