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Le fouet contre les 5 cubains de Miami des États-Unis d’un autre âge (Le Monde ??)

Le texte suivant est une fiction journalistique. Vous trouverez la source originale à la fin de l’article, suivie d’une réflexion personnelle.

LE MONDE | 09.10.2013 à 12h44

Dans n’importe quel pays rationnel, l’opération des cinq agents cubains (Antonio Guerrero, Fernando Gonzalez, Gerardo Hernandez, Ramon Labañino et René Gonzalez) contre des groupes d’extrême droite basés à Miami impliqués dans des activités violentes de terrorisme et de sabotage dirigées contre des civils Cubains se serait terminée par des interpellations, de fortes amendes, au pire un peu de prison avec sursis. A la suite du 11 septembre 2001, le président George W. Bush avait déclaré que "toute nation qui continuerait d’héberger ou de soutenir un terroriste serait considérée comme un gouvernement hostile par les États-Unis". Comment faire cadrer la liberté de l’anticastriste Posada Carriles (terroriste au lourd passé mais qui vit sa retraite en toute impunité en Floride) avec l’emprisonnement prolongé des cinq Cubains dont le principal objectif était justement d’empêcher des attaques terroristes ? Une contradiction qui peut attirer l’attention… sauf aux États-Unis.

L’élite militaro-sécuritaire au pouvoir croit aux vertus du fouet, celui-là même jadis utilisé dans les champs de coton. Dernier épisode en date dans le conflit qui fait rage entre les cinq agents antiterroristes cubains et Washington, la justice étatsunienne a, en septembre dernier, ordonné au Département d’État de présenter des documents relatifs à des paiements secrets effectués par le gouvernement étasunien à des journalistes de Miami qui couvraient l’affaire pendant le procès contre les Cinq. En effet, ces reporters qui ont couvert l’affaire des Cinq de 1998 à 2002 (pendant le procès et même lors de la délibération du jury) ont réalisé des reportages incendiaires parus dans la presse à cette époque dans le but de manipuler l’opinion publique à de fins politiques et donc en nuisant aux Cinq de façon irrémédiable.

Les Cinq ont été arrêtés et jugés puis condamnés sous les chefs d’inculpation de complot pour commettre toute sorte de délits, depuis l’espionnage jusqu’à l’assassinat, alors que leur principal objectif était d’empêcher des attaques terroristes contre leur pays fomentées par les groupes anticastristes qui sévissent à Miami. Aujourd’hui emprisonnés dans des conditions indignes, Les Cinq accusés ont pris des peines allant de quinze ans jusqu’à la double peine de perpétuité.

Les autorités étatsuniennes font du mieux qu’elles peuvent pour rendre l’emprisonnement des Cinq insupportable. En plus des conditions d’isolement, de leur séparation et de l’injustice vient s’ajouter le caractère inhumain avec lequel sont traitées les familles des prisonniers ; l’administration fait tout son possible pour ne pas donner de visas aux familles. Olga Salanueva, l’épouse de René González, et Adriana Pérez, la compagne de Gerardo Hernández, attendent depuis dix ans un visa.

Les geôles de Floride sont à l’image des États-Unis de Barak Obama : l’irrespect des droits de l’homme y est dénoncé par nombre d’ONG ; en mai 2005, le groupe de Travail des Nations Unies sur les détentions arbitraires a justement considéré que l’arrestation des Cinq constituait une détention arbitraire.

L’Amérique Latine au cœur des fantasmes de puissance

Le président ne peut rien pour mettre fin à cette injustice parce que, aux États-Unis, le "système judiciaire est indépendant de l’exécutif", a dit son porte-parole. Le président n’est sûrement pas pour rien dans l’acharnement contre les Cinq, symbole de la résistance cubaine, qui risquaient leur vie pour protéger leur pays. Les commandos masqués et armés du FBI qui ont arrêtés les Cinq dépendent du gouvernement, directement sous l’autorité de M. Obama.

L’Amérique Latine est au cœur des fantasmes de puissance des dirigeants des États-Unis. Les grands projets (zone de libre-échange des Amériques et accords de libre-échange bilatéraux) se doublent d’ambitions militaires toujours présentes, mises à mal ces dernières années dans certaines régions (fermetures de la base militaire étatsunienne de Manta en Équateur) mais aussi renforcées dans d’autres (Plan Mérida au Mexique). Dans une rhétorique de guerre froide, M. Obama continue de maintenir un embargo économique qui affecte l’île communiste depuis plus de 50 ans.

La disproportion de la réaction étatsunienne en dit beaucoup sur la fébrilité d’un régime gangrené par la crise morale du capitalisme et le double discours existant en matière de lutte contre le terrorisme. Il ne faut pas être surpris du traitement réservé aux Cinq agents anti-terroristes cubains. A une semaine du 37ème anniversaire de l’attentat qui a fait exploser un avion commercial cubain en plein vol au large des îles Barbados causant 73 morts (attentat dans lequel la CIA est directement impliquée et dont les auteurs intellectuels sont toujours protégés par les Etats-Unis), c’est de l’absence de réactions des dirigeants européens qu’il faut s’étonner.

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L’article original :
http://lemonde.fr/idees/article/2013/10/09/le-knout-contre-greenpeace-une-russie-d-un-autre-age_3492458_3232.html

Le knout contre Greenpeace, une Russie d’un autre âge

LE MONDE | 09.10.2013 à 12h44

Dans n’importe quel pays rationnel, l’opération de Greenpeace contre une plate-forme d’extraction pétrolière se serait terminée par des interpellations, de fortes amendes, au pire un peu de prison avec sursis. Depuis l’affaire du Rainbow-Warrior, le bateau de Greenpeace coulé il y a vingt-huit ans par les services français au prix d’un mort, le photographe Fernando Pereira, il n’est plus question de faire la guerre aux écologistes. Sauf en Russie.

L’élite militaro-sécuritaire au pouvoir croit aux vertus du knout, le fouet jadis utilisé dans l’empire. Dernier épisode en date dans le conflit qui fait rage entre les écologistes et le Kremlin, la justice russe a refusé, mardi 8 octobre, de libérer sous caution trois des vingt-huit militants de Greenpeace arrêtés et inculpés, ainsi que deux journalistes, d’acte de piraterie pour avoir cherché, fin septembre, à suspendre une banderole sur la plate-forme de forage pétrolier russe Prirazlomnaïa, dans l’Arctique. Maintenus en détention, les trente accusés risquent jusqu’à quinze ans de prison.

Les autorités russes font du mieux qu’elles peuvent pour assurer leur immersion complète dans le système carcéral. Les geôles de Mourmansk sont à l’image de la Russie de Vladimir Poutine : féodales – plusieurs des détenus n’ont pas accès à l’eau potable – et terriblement modernes – vidéosurveillance des prisonniers jusque dans les toilettes.

L’Arctique au cœur des fantasmes de puissance

Le président ne peut rien pour adoucir le sort des trente militants parce que, en Russie, le "système judiciaire est indépendant de l’exécutif", a dit son porte-parole. Le président n’est sûrement pas pour rien dans le déclenchement de l’opération héliportée lancée le 19 septembre contre l’Artic-Sunrise, le bateau de l’organisation, qui mouillait en dehors des eaux territoriales russes de l’Arctique. Le commando masqué et armé qui a fait irruption sur le pont ce jour-là dépend du FSB, les services de sécurité, placé directement sous l’autorité de M. Poutine.

La plate-forme, rafistolée à partir d’une vieille structure datant de 1984, est la propriété de Gazprom, le géant russe du gaz, véritable État dans l’État. Gazprom est aussi une affaire de famille, puisque Jorrit Joost Faassen, le gendre néerlandais de M. Poutine, a fait ses premières armes dans une de ses filiales entre 2007 et 2008, avant de se lancer dans le métier de consultant.

L’Arctique est au cœur des fantasmes de puissance des dirigeants de la Russie. Les grands projets (extraction des hydrocarbures et ouverture de la route maritime du Nord) se doublent d’ambitions militaires avec la réouverture de la base de l’île Kotelny, abandonnée il y a vingt ans. Dans une rhétorique de guerre froide, M. Poutine explique à son parti, Russie unie, que les missiles des sous-marins américains pourraient "atteindre Moscou en 16 ou 17 minutes".
La disproportion de la réaction russe en dit beaucoup sur la fébrilité d’un régime gangrené par le clanisme et la corruption. Il ne faut pas être surpris du traitement réservé aux militants de Greenpeace. A quelques mois des Jeux olympiques de Sotchi, c’est de l’absence de réactions des dirigeants européens qu’il faut s’étonner.

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Réflexion personnelle

L’affaire de l’opération de Greenpeace contre une plate-forme d’extraction pétrolière russe et l’arrestation des militants par les autorités de ce pays qui a suivi est l’occasion rêvée pour que le Système médiatique dominant impose à l’opinion publique d’une nouvelle couche de russophobie. Nous n’entrerons pas dans les détails de cette affaire, ni ne porterons ici aucun jugement sur le gouvernement de ce pays. Notre critique se veut plus globale et c’est le fonctionnement du système que nous prétendons remettre en question. Pourquoi certains pays sont dans la mire de la presse dominante -on ne leur pardonne alors aucun faux pas- alors que d’autres peuvent presque tout se permettre –ils jouiront de « l’impunité médiatique »- ? Mon regard se tourne vers l’Équateur, le Venezuela, Cuba, l’Iran, la Russie ou la Chine dans le premier cas (liste non exhaustive), vers le Mexique, la Colombie, le Honduras l’Arabie Saoudite ou le Bahreïn ou dans le second cas (liste bien loin d’être exhaustive).

Où voulons nous en venir ?

Nous avions déjà traité du rôle de la presse dans la construction des représentations mentales (Le rôle de la presse dans la construction de la représentation du Venezuela - Luis Alberto Reygada – 10.12.2011 Le Grand Soir http://www.legrandsoir.info/le-role-de-la-presse-dans-la-construction-de-la-representation-du-venezuela.html). Tous les pays ainsi que leurs gouvernements respectifs ont des côtés positifs et d’autres négatifs. Tous. C’est aussi le cas de la Russie. Mais que se passe-t-il si le Système médiatique dominant, suite à son logiciel de « pensée unique », ne faisait que de transmettre les informations transmettant une mauvaise image de ce pays. Logiquement, l’impact serait négatif pour l’image de ce pays, ou plutôt pour la représentation mentale que nous nous en faisons (car nous ne sommes pas sur place ni ne sommes de profonds connaisseurs de ce pays). Et d’ailleurs noter jugement ne serait pas basé sur de faux éléments (il y a évidemment des choses négatives dans ce pays –comme dans n’importe quel autre), mais sur une information incomplète, décontextualisée, et ce n’est certainement pas le fruit du hasard. Une demi-vérité est pire qu’un mensonge. Nous entrons alors dans le champ de la désinformation, de la manipulation, et indirectement de la propagande. Qui en sort gagnant ?

Quelle était la fréquence des articles traitant des situations politico-sociétales en Tunisie ou en Égypte lorsque ces pays étaient dirigés par des présidents alliés des occidentaux ? A partir de quel moment l’on cesse d’être un président élu pour se convertir en un dictateur ? Qui connait M. Islom Karimov ? C’est le président de l’Ouzbékistan, pays le plus peuplé d’Asie centrale et avec lequel les multinationales françaises de l’énergie signent de juteux contrats. Il est en poste depuis 1990 (réélu en 2007 avec 88,1 % des voix). Qui a entendu parler des près de 2000 corps non identifiés retrouvés dans une fosse commune fin 2009 dans la région de Macarena, en Colombie ? Située à deux pas d’une caserne de l’armée, il s’agit de la plus grande fosse du continent. Comment réagirait notre Système médiatique dominant si ce n’était plus en Colombie mais de l’autre côté de la frontière, au Venezuela, que le fait d’être syndicaliste était aussi synonyme de mort ? Et si c’était en Équateur et non pas au Mexique que la politique sécuritaire mise en place par le gouvernement entre 2006 et 2012 aurait causé plus de 25.000 disparus (plus que durant toutes les dictatures militaires du siècle dernier du cône sud réunies), 100.000 morts (civils, forces de l’ordre et délinquants) et près d’un million de déplacés ?

Il est clair que certaines informations passent à travers les mailles du filet médiatique. D’autres pas. Qui tient ce filet ? Il est temps d’ouvrir les yeux…

Luis Alberto Reygada pour Le Grand Soir

»» http://lemonde.fr/idees/article/201...
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Si j’étais un milliardaire ou un agent du renseignement, je voudrais probablement perturber la gauche au point de faire croire que quelqu’un de "gauche" est celui qui ne conteste jamais l’impérialisme US, ou qui soutient activement l’impérialisme US pour "contrebalancer les oligarques étrangers".

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