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Le coup de Jarnac du président Hollande. La réalité de l’amitié socialiste

« Avava aya asnaker, ammi’akalnaghe » : « O mon père levons-nous pour laver l’affront. Non mon fils, ils savent ce que nous valons ». (Proverbe kabyle)
Ce proverbe du terroir traduit plus que mille discours l’état de faiblesse de notre pays. Voilà un pays à qui nous avons toujours donné la préférence par les liens de l’Histoire, de la proximité géographique et par le partage d’une langue qui vient de nous replacer à notre juste place, à savoir un marché avec des barbares susceptibles d’attenter à la personne d’un ministre de la République. Ceci est d’autant plus grave que l’Algérie est donnée en pâture pour amuser, voire amadouer le Crif qui caporalise la République.

Les faits

Lors d’une réception avec la communauté des juifs français du Crif qui, au passage, ne représente pas tous les Français juifs mais qui a développé depuis une vingtaine d’années une capacité d’influence sur la vie française à tel point que rien de ce qui touche Israël ne peut se faire qu’avec l’aval ombrageux de cette communauté. Cette réception est donnée en l’honneur du 70e anniversaire de la création du Crif. Bref, le président, sans doute dans un de ses bons jours s’agissant de ses bons mots, a pris comme souffre-douleur l’Algérie et, ce faisant, a fait rire ses invités en présentant implicitement l’Algérie comme un coupe-gorge. Jugez-en plutôt.

Dans la presse pour qui cette boutade est du pain bénit, François Hollande se réjouit à l’Élysée devant le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) « que son ministre de l’Intérieur est revenu sain et sauf d’Algérie ».

Nous lisons dans une contribution de Hichem Hamza : « Férue de petites phrases politiques, la presse écrite et audiovisuelle, récemment conviée à l’Elysée pour une cérémonie communautaire, n’a pourtant pas rapporté un curieux propos prononcé par le chef de l’État.
Nulle autocensure en la matière : peut-être faut-il y voir, plus simplement, le signe d’une indifférence qui pourrait s’expliquer par l’homogénéité socioculturelle des journalistes présents. Sous les dorures de l’Élysée, un anniversaire est célébré : les 70 ans du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).
Avant de prononcer son allocution chaleureuse de bienvenue, François Hollande a visiblement tenu à égayer l’atmosphère en adoptant son style facétieux. C’est ainsi qu’à travers Manuel Valls, présent dans la salle, le chef de l’État a semblé improviser une étrange plaisanterie.
Après avoir fait remarquer que le ministre de l’Intérieur devait bientôt partir en Algérie, il fut immédiatement corrigé par l’intéressé qui lui précisa en être revenu. Répliquant à cette rectification, François Hollande a alors affirmé, sourire aux lèvres, que son ministre s’en était donc retourné « sain et sauf ». Avant d’ajouter aussitôt : « C’est déjà beaucoup ! ». Une partie de l’audience a visiblement apprécié la blague, si l’on en juge par les rires audibles dans l’extrait suivant (visible à partir de 0’16). [1]et [2]

Comment arrive-t-il dans le même discours à faire une blague pour le moins douteuse sur les Algériens ? Où était la France pendant la décennie noire, pendant que le peuple, les intellectuels se faisaient assassiner par des hordes de terroristes à 2h d’encablure de Paris.
Aujourd’hui, depuis que la paix civile est revenue, François Hollande se permet de faire offense à ce peuple qui s’est sacrifié pour sauvegarder (malgré ce que l’on peut en dire) la démocratie et la liberté en Algérie, ainsi que la stabilité en Europe. Le Président de la « 5ème Puissance mondiale » ne sait même pas si son ministre a quitté ou il a rejoint l’Hexagone, ça donne une bonne démonstration sur la manière dont est perçu le travail de l’Exécutif, à moins que le voyage d’Alger ne soit envisagé que comme une dîme à collecter, sans pour autant être visible sur l’écran des affaires du monde du président.

Dans le même discours poursuit Hichem Hamza, « comme huit de ses collègues du gouvernement, Manuel Valls s’est effectivement déplacé en Algérie, en fin de semaine dernière, pour une visite d’ordre économique. Le pays n’avait connu aucune émeute ou manifestation sanglante.
Pourquoi, dès lors, suggérer que l’Algérie serait un territoire duquel on pourrait ne pas revenir « sain et sauf » ? Et ce n’est pas dans la suite de son discours - particulièrement révérencieux envers le Crif, une organisation de plus en plus décriée pour son alignement systématique sur la politique d’Israël - que cette énigme relative aux périls de l’Algérie s’est éclaircie ». [3] Il faut également, souligner ici un détail éloquent : « Le texte intégral du discours », disponible sur le site de l’Élysée, omet précisément ce passage (« sain et sauf ») tandis qu’il conserve pourtant d’autres improvisations.

Notons également un autre élément qui en dit long sur les hommes de l’ombre à l’Élysée : le seul passage au cours duquel François Hollande a fait preuve d’une légère insolence, a été gommé.
S’adressant à Roger Cukierman, président du Crif, le chef de l’État a été un brin taquin :

« C’est ce qui explique sans doute la liberté qui a toujours été la vôtre, encore aujourd’hui Monsieur le Président, car quand vous avez des choses à dire, vous les dites et vous les dites librement, franchement, sincèrement, bruyamment et nous vous écoutons. »

Comme tout citoyen peut le constater en consultant la retranscription du site de l’Élysée, le mot « bruyamment » (audible à 4’ de la vidéo et source de quelques rires -crispés ?- dans l’assemblée) a disparu du compte-rendu officiel. En loucedé, serait-on tenté d’ajouter ». [4]

L’allégeance au Crif

Quel est le poids réel de cette association communautariste dont on dit qu’elle ne représente pas tous les juifs de France ? Dans une contribution du Monde diplomatique nous lisons : « Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) jouit aujourd’hui d’une reconnaissance exceptionnelle et quasi unanime auprès de la classe politique française. Il n’en fut pas toujours ainsi. Fondé dans la clandestinité en 1943, le Crif, alors Conseil représentatif des Israélites de France (...)

Aux différents mouvements de résistants juifs, souvent issus du judaïsme immigré originaire de l’Europe centrale, s’ajoute l’institution historique du franco-judaïsme : le Consistoire, créé en 1808 par Napoléon Ier pour représenter le culte israélite. En pleine persécution antisémite, le Crif devient le lieu de rassemblement de ceux qui souhaitent défendre publiquement une parole politique, en tant que juifs, une fois la France libérée.
Longtemps, cette structure porte ainsi la voix des associations et personnalités qui s’y sont investies : ce pluralisme se traduit par une multiplicité des points de vue sur la question palestinienne. Les communistes, initialement très présents au sein de l’organisation, se déclarent hostiles à un franc soutien à la création d’un État juif. Ils rappellent par exemple que « la question sioniste ne devrait pas figurer dans la charte du Crif, de même que n’y figure pas la question polonaise ». (...) » [5]

« Toute prise de décision qui « risque de provoquer un schisme » est bloquée, ce qui conduit par exemple le Crif à ne prendre aucune position claire lors de la guerre d’Algérie, qui se déroule pourtant sur un territoire où vivent cent trente mille juifs français. (...)
C’est en 1983, avec l’élection de l’avocat franco-israélien Théo Klein, qu’il change son mode d’action. La proximité du nouveau président avec l’entourage de François Mitterrand et le Parti socialiste joue en faveur d’une plus grande visibilité. S’y ajoutent les talents de communicant de M. Klein, qui, en inventant en 1985 le dîner du Crif, dont la première édition se tient dans un salon du Sénat en présence du Premier ministre Laurent Fabius, impose l’organisation comme l’interlocuteur privilégié des pouvoir publics, lui conférant implicitement le monopole du discours juif auprès du monde politique (...).
Incapable de peser sur la politique étrangère, il accroît son influence sur les affaires intérieures au cours des années 1990, (loi Gayssot sur le négationnisme du 13 juillet 1990). En le décrivant comme un « gardien de la mémoire ». M. Lionel Jospin lui assigne un rôle qui dépasse largement celui de représentant communautaire. C’est la consécration républicaine, et le début de l’essor médiatique. [6]

Le Crif et la République

Voilà qui est net ! Les mots du discours à tenir envers le Crif sont mesurés au trébuchet. Il n’est pas question de se mettre à dos un représentant d’une institution française, par un mot un peu fort. La République se plie, pour être dans les bons papiers d’une communauté. On connaît la phrase pour une fois heureuse d’Alain Finkielkraut traitant le diner du Crif rituellement chaque année, de « tribunal dînatoire » où tous les politiques français quel que soit leur bord viennent faire allégeance au Crif, et indirectement en faisant assaut d’amabilité et ce faisant se faire tirer le portrait in situ.
Justement, pour parler de cette proximité de la République avec le Crif, nous rapportons la contribution suivante où l’on apprend que les discours de l’Élysée ont une étrange résonance avec la position du Crif elle-même homothétique de celle de l’Etat d’Israël.
Nous lisons une contribution d’Alain Gresh qui s’interroge sur le fait que le Crif va jusqu’à écrire les discours de Hollande : « (...) Dans un article du 8 novembre de Marcelo Wesfreid, « Paul Bernard, la plume de l’ombre de François Hollande », on apprend en quoi consiste le travail de Paul Bernard :

« De l’ouverture de la conférence sociale à l’anniversaire de la Libération de Paris, de la commémoration du Vél’ d’Hiv à celle de la tuerie de Toulouse, du discours sur l’école à celui sur la mutualité française, il est celui qui rédige les premières trames, amendées ensuite par son supérieur hiérarchique, le conseiller politique Aquilino Morelle, puis remodelées par le président lui-même. Paul Bernard planche aussi sur les interviews télévisées et les Légions d’honneur, quand il ne s’occupe pas d’une préface de livre. » [7]

« Les plumes ne ressemblent jamais aux technocrates qui peuplent les cabinets. Et Paul Bernard n’a pas le parcours type d’une plume. En sortant de Normale-Sup, un DEA sur la littérature de l’époque napoléonienne en poche, il entre chez Publicis comme chargé de mission auprès du magnat de la publicité Maurice Lévy. (...)
Parallèlement, il rejoint le Mouvement juif libéral de France (Mjlf), un courant du judaïsme progressiste qui s’est notamment illustré en menant campagne pour l’accès des femmes aux fonctions du culte.
Le touche-à-tout a récemment intégré le comité directeur du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). »
 [8]
« Imagine-t-on un instant un citoyen français de confession musulmane, engagé dans une association de soutien au peuple palestinien, chargé d’écrire les discours du président de la République ? Je ne sais pas si M. Bernard cherche ou non à imposer ses propres idées sur le conflit, mais comment ne pas remarquer ce que le président français a dit lors de la conférence de presse avec le Premier ministre Netanyahou :

« Il y a aussi la tentation pour l’Autorité palestinienne d’aller chercher à l’Assemblée générale de l’ONU, ce qu’elle n’obtient pas dans la négociation (...).
Seule la négociation pourra déboucher sur une solution définitive à la situation en Palestine.? »

(Lire, par exemple, « Sur la Palestine, Hollande conforte Netanyahu », L’Humanité, 2 novembre.)
Or c’est, au mot près, ce que disent les dirigeants israéliens depuis des mois (« Statements by Israeli leaders », ministère israélien des Affaires étrangères), et qui est repris par le Crif. On peut aussi se reporter à la déclaration de M. Netanyahou l’an dernier (« B. Netanyahu : ´´La vérité c’est que les Palestiniens bloquent les négociations´´ », Rtbf, 18 septembre 2011) :

« Mon voyage [aux Nations unies] a un double objectif : faire en sorte que la tentative [des Palestiniens] de contourner des négociations directes échoue(...) La vérité, c’est qu’Israël veut la paix et que les Palestiniens font tout leur possible pour bloquer des négociations directes (...). Ils doivent comprendre que la paix ne peut être obtenue que par des négociations, et non en essayant de les contourner par la voie de l’ONU. » [9]

« Une simple coïncidence, conclut Alain Gresh ?
Sans doute, et le réalignement de la politique française sur la Palestine dépasse, bien évidemment, le travail de tel ou tel homme de l’ombre.
M. Bernard a aussi rédigé, si l’on en croit L’Express, le discours de Hollande du 1er novembre, lors de la cérémonie d’hommage aux victimes de l’attentat du 19 mars 2012 (Ecole Ohr Torah - Toulouse).
La cérémonie s’est tenue en présence de M. Netanyahou. « Ces enfants de la France reposent aujourd’hui à Jérusalem. Nos deux pays, nos deux peuples, sont réunis autour de leur souvenir. Monsieur le Premier ministre, vous représentez un pays créé, au lendemain de la Shoah, pour servir de refuge aux juifs. C’est pourquoi chaque fois qu’un juif est pris pour cible parce que juif, Israël est concerné. C’est le sens de votre présence. Je la comprends, je la salue, je vous accueille."

Il est donc normal qu’Israël soit concerné par la situation des juifs de France ? A-t-on demandé leur avis aux juifs de France qui ne veulent rien avoir à faire avec Israël et qui ne se reconnaissent pas dans cet État ? (...) L’Union française juive pour la paix (Ujfp) s’interrogeait aussi pour savoir « Qui représente les juifs et la ´´communauté juive´´ en France ? » et s’inquiétait du soutien inconditionnel du Crif à l’État d’Israël dans son attaque contre Gaza. [10]

En définitive, pour revenir au manque de considération de François Hollande à l’endroit du peuple algérien verra-t-on des Français au nom de la justice se lever contre ce traitement spécial, avec un pays avec lequel la France a signé une douzaine d’accords commerciaux ?
Verra-t-on le Cfcm protester et être au moins audible ? Il n’a même pas été fait crédit de considérer l’Algérie comme un pays avec lequel on fait des affaires et à ce titre la France du président Hollande n’a pas le droit de trainer l’imaginaire de ces Algériens, qui, au risque de me répéter, sont très chatouilleux concernant leur dignité. Les Faits sont là, nous n’avons jamais eu de feeling avec le Parti socialiste.

Certes, il y eut des personnes remarquables, mais s’agissant des colonies à des degrés divers, tout le monde fut colonialiste. Il en alla de même du Parti communiste avec notamment MauriceThorez, pour qui l’Algérie n’est pas mûre pour être indépendante. Souvenons- nous des 200 guillotinés sous les ordres de François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur. Mon Dieu protégez-moi de mes amis...

Paradoxalement, avec la droite française les choses sont plus claires. Elle n’aime pas l’Algérie mais c’est net et il est possible de construire, le temps aidant, avec un adversaire que vous détestez, mais sûrement pas avec un adversaire pour lequel vous n’avez pas de considération.

Après tout, la France de monsieur Hollande est libre de ses choix, mais elle ne peut pas traîner dans la boue un peuple en le traitant implicitement de sauvage. Il est hors de doute, qu’une blague pareille faite sur un ton badin devant une communauté qui ne porte pas l’Algérie dans son cœur est doublement dangereuse, elle indique le choix sans état d’âme de deux poids, deux mesures. Ce n’est pas avec des sorties pareilles que nous irons sur le chemin de cette hypothétique réconciliation à laquelle on croit de moins en moins, du fait d’un fond rocheux qui transcende les clivages et qui fait de nous des sujets comme au bon vieux temps des colonies.

Chems Eddine CHITOUR

»» Lexpressiondz.com

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Bernard Klein. Les expressions qui ont fait l’histoire. Paris, E.J.L. 2008
Bernard GENSANE
Ce qu’il y a d’intéressant avec les phrases historiques, c’est que, souvent, elles n’ont pas été prononcées par les personnes à qui on en a attribué la paternité. Prenez la soutière (je sais, le mot "soutier" n’a pas de féminin, mais ça ira quand même) du capitalisme américain qui siège au gouvernement français, Christine Lagarde. Elle a effectivement, lors de la flambée du prix des carburants, conseillé au bon peuple d’utiliser le vélo plutôt que la voiture. Mais la reine Marie-Antoinette, (…)
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Quand je suis arrivé au pouvoir, les multinationales recevaient 82% des revenus de nos matières premières et nous 18%. Aujourd’hui c’est l’inverse ! J’ai fait ce qu’il y avait à faire pour mon peuple. J’attends maintenant qu’on m’assassine comme ils ont fait avec Chavez.

Evo Morales, Président de la Bolivie

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