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Quand 70 Normands font éclater le corset d’un débat macronisé

La petite souris du Grand Soir s’est glissée dans le Grand Débat National.

Le Grand Soir (et sa petite souris)

Le téléphone sonne dans la salle de rédaction de la maison de campagne (et de séminaires) du site d’information alternative Le Grand Soir en Normandie. La petite souris, qui s’y est installée, décroche, la bouche pleine d’un quart de page de Libération arrachée du clou dans la cabane au fond du jardin.

Elle est mécontente d’être dérangée. C’est l’heure où une voix lui arrive habituellement du Bangladesh ou du Maroc pour lui dire «  On est de passage dans le quartier et on aimerait vous montrer notre dernier produit anti-chat, ou vous faire déguster un échantillon de nos dernières croquettes aux saumons d’élevage bio, ou vous assurer contre les coups de griffes ».

Sonnerie du téléphone : « C’est la lutte finaaaaale, groupons-nous et demain… ».
- Ouais, pfff ! C’est pourquoi ?
- Vous êtes la petite souris du Grand Soir ?
- C’est pourquoi ?
Etrangement, la voix a l’accent typique d’un habitant de Paris intramuros qui ne traverse pas le périphérique sans s’assurer qu’il est à jour de ses vaccinations. Du coup, la petite souris tend l’oreille.
-  Votre numéro de téléphone a été tiré au sort sur des dizaines de milliers et j’ai le plaisir de vous annoncer que…
-  Oui, bon, merci, bonne journée.
-  Attendez, je ne vends rien, je travaille pour le Grand Débat National du Président Macron !

Du coup, la petite souris a écouté la suite. Le gars au bout du fil était un étudiant qui avait un job (ou un stage ?) à la Société Le Terrain (Groupe de recueil et de traitement de données, 6 bis allée verte, Paris 11ème). Cette société s’active en partenariat avec l’institut de sondage Harris Interactive. Cet institut a été cofondé par Nathalie Perrio-Combeaux (Ecole Supérieure de Commerce, Amiens). On la dit proche de Brigitte Macron. A vérifier.

Harris Interactive est impliqué jusqu’au cou dans le Grand Débat National (GDN) macronien pour recruter des participants au Débat. Les numéros de téléphone sont choisis au hasard par un ordinateur sans connaître le nom, ni le lieu de résidence des abonnés. Bref, il n’y avait aucune chance que le téléphone sonne chez la petite souris en Normandie. Et c’est pourtant arrivé !

Les lecteurs fidèles de ce site se souviennent peut-être que Le Grand Soir, parfois avec sa petite souris, s’était déjà introduit dans des lieux où il faut montrer patte blanche : une réception donnée par l’ambassade de Chine à Paris, dans les coulisses d’une émission de France Inter, dans une soirée privée de l’ambassade du Qatar, au dîner donné à l’Elysée par François Hollande en l’honneur de Raul Castro.

C’était du lourd ! Mais ce tirage au sort, c’est un peu du Jojo Gilet Jaune qui gagne la cagnotte du vendredi 13, et sans avoir joué. De l’impossible, sauf s’il est vrai que le hasard est le procédé par lequel Dieu se manifeste incognito.

- J’irai pas, a décrété la petite souris. Macron a déjà décidé des 4 thèmes sur lesquels on va parler : transition écologique, fiscalité et dépenses publiques ; démocratie et citoyenneté, organisation des services publics. Rien sur la prolifération des trous dans l’Emmenthal et sur la violence de la BAR (Brigade anti-rongeurs) !
- Tu y vas ! Et tu notes tout ! ont ordonné les administrateurs du Grand Soir.
- Viens ! C’est gratos, à susurré la voix au téléphone. On prend tout en charge, on te défraie pour le transport (indemnité frais kilométriques). Viens, on rembourse les péages et le parking, tu seras logée à l’Hôtel Kyriad Rouen Centre (3 étoiles). Viens et si tu es du sexe mâle tu auras aussi une escort-girl.
- Et sinon, on adopte un chat, a menacé le webmaster du Grand Soir.

Le téléphone a sonné de nouveau (« C’est la lutte finaaaaale, groupons-nous et demain… »). La petite souris du Grand Soir a dit « OK, ça marche, je vous remercie de m’avoir rappelée.  » Et le vendredi 15 mars 2019, elle s’est présentée à Rouen, à la Halle aux Toiles, un magnifique bâtiment classé monument historique, propriété de la municipalité et situé au centre ville au 19, Place de la Basse Vieille Tour, à deux pas de la cathédrale. Le temps était doux et gris, mais sans pluie. Elle regretta d’avoir emporté son ciré de marin et son parapluie, influencée par les farceurs qui disent que le climat normand est agréable pour ceux qui supportent les bottes en caoutchouc.

Elle était arrivée à 15h pour le lancement de la Conférence Citoyenne Régionale (CCR). Le programme qui lui avait été envoyé précisait que seront présents : Sébastien Lecornu (ministre chargé des Collectivités Territoriales, coordinateur du Grand Débat National (GDN), Emmanuelle Wargon (coordinatrice de la Mission GDN avec Sébastien Lecornu), Jean-Daniel Lévy (Harris Interactive), Sophie Guillain (DG de Res Publica, qui organise la CCR), Catherine Petit (secrétaire générale de la Mission GDN).

Si Jojo Gilet Jaune avait été là, se dit la petite souris, il aurait enfin vu, comme elle allait le voir, à quoi ressemble une brochette de poudrés et de poudrées qu’on remarque instinctivement (leur charme !) dans des halls de gare au milieu des fainéants-analphabètes fouteurs de bordel.

La petite souris se demanda qui est Emmanuelle Wargon. Elle actionna un moteur de recherche sur son Smartphone.
Emmanuelle Wargon, née Stoléru le 24 février 1971 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), est une haute fonctionnaire, femme politique. Après avoir occupé différents postes administratifs au ministère de la santé, elle rejoint le groupe Danone en qualité de directrice de la communication et des affaires publiques.
Vous n’avez pas oublié que Muriel Pénicaud, ministre du travail était directrice générale des ressources humaines chez Danone. Coïncidence. Emmanuelle Wargon était dans la même promotion à l’ENA qu’Édouard Philippe. Le 16 octobre 2018, elle a été nommée secrétaire d’État auprès du ministre de la transition écologique et solidaire (François de Rugy).

Tant qu’à faire, la petite souris se renseigna sur Catherine Petit. Cette dame fut, jusqu’à une date récente, directrice du Cabinet de la secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.

Parfait, ces deux là ne sont pas des factieuses issues de la foule haineuse.

Mais, voici le premier scoop de la petite souris
Pour ce lancement fixé à 15 heures, les délégués tirés au sort n’étaient pas conviés à rencontrer l’élite. La presse régionale avait annoncé la venue des belles personnes comme si elles allaient se montrer devant les tâcherons bénévoles, mais bernique ! Les endimanchés ont parlé entre eux.

Finalement, Emmanuelle Wargon n’était pas là. Sans doute occupée à faire transiter solidairement l’écologie.

Quant aux autres, ne pas mélanger un Sébastien Lecornu, ministre bien habillé, Jean-Daniel Levy, Fabienne Buccio, cocasse dans son uniforme de préfète, les cravatés et les élégantes, bref : les diseux en costumes Armani ou tailleurs Chanel, les officiels, avec les faiseux gilets pisseux et les fripes de chez Tati.

En ces temps où Macron, les après-skis aux pieds, dénonce les « émeutiers  », on n’est jamais trop prudents. Qui dit tirage au sort, dit risque d’être interpellés par des sans-dents qui fument des clopes, roulent au diesel et sont énervés par ces fucking de cartes magnétiques à la con qui remplacent les clés des chambres à l’hôtel Kyriad, bordel, ça marche un coup sur dix, c’est mieux à l’hôtel de la Poste ou le lino est gondolé, mais où il n’y a pas 50 lumières à éteindre avant de se coucher. Merde ! Chié ! (c’est comme ça que les poudrés imaginent les participants. En vérité, les chambres du Kyriad s’ouvrent avec des clés).

La petite souris était déçue. Comme vous quand vous faites une centaine de kilomètres pour entendre Edith Piaf et Brassens à l’Olympia et que le rideau s’ouvre sur Mireille Mathieu et Patrick Bruel (où Renaud, version décatie, après avoir suçoté un flic et sa bouteille de Ricard). Ou encore, tenez : vous allez au TNP voir Gérard Philippe et c’est Edouard Philippe qui entre en scène. Ou François Berléand avec sa tronche de faux jeton qui lui permet d’exceller sans effort au cinéma dans les rôles de faux-jeton. Ou encore pire : vous allez à la Sorbonne pour une conférence de Sartre et c’est Luc Ferry qui vous parle (ou BHL, ou Finkielkraut). Ou (mon Dieu !) vous achetez le Monde (de Beuve-Mery, croyez-vous) et tout y est écrit par des plumes des milliardaires Xavier Niel et Matthieu Pigasse.

C’est à 16 heures que tout a (presque) commencé. Accueil : pièce d’identité, signature de la feuille d’émargement, remise d’une pochette de documentation et choix de la couleur de son badge (bleu, jeune vert ou rose). Attente dans le hall que l’inauguration avec le Ministre se termine. Quand elle prend fin et que les autorités sont hors de portée du bas peuple et d’éventuels cacatovs, les journalistes interviewent des participants (TF1, BFM, CNEWS, France Bleu Normandie, RTL). La petite souris a été interviewée, mais comme elle a oublié de jurer que les antisémites homophobes jaunes du samedi sont manipulés par les Ruskoffs et les Ritals, son interview n’est pas passée à l’antenne.

De toute façon, vue la qualité des questions ! La petite souris a discrètement noté sur son carnet l’interview par RTL d’un participant. Et ça donnait ça (textuel !) :
Question : Étiez vous sceptique avant de participer au Grand Débat ?
Réponse : Oui, car on ne sait pas comment vont remonter et être traitées les informations.
Question : Quelle est votre proposition ?
Réponse : Taxer les multinationales pour l’égalité fiscale.
Question : C’est une revendication des gilets jaunes...
Réponse : Oui, mais aussi de certains partis politiques.
Question : Pour vous c’est révoltant ?
Réponse : Bien sûr, on ne peut pas à la fois demander à la population de se serrer la ceinture, et d’un autre côté d’avoir des projets comme la baisse des APL, l’augmentation du prix de l’essence, de supprimer l’ISF et laisser filer des milliards d’impôts et de taxes auxquels échappent les grandes multinationales. Depuis le 1er janvier 2019, ils payent 3% de taxes sur leur chiffre d’affaire. Les millions qu’ils payent aujourd’hui ne sont en réalité qu’une somme symbolique.
Question : Pensez-vous que la grogne va continuer après le Grand Débat ?
Réponse : Oui. Sauf erreur c’est aujourd’hui l’acte 17 des Gilets Jaunes
Question : L’acte 18, non ?
Réponse : Ah oui ! Et il y a eu des manifestations des Gilets Jaunes avant, pendant, et il y en aura après.
Question : Avez-vous de l’espoir d’être entendu ?
Réponse : Oui, on a toujours espoir que les choses changent...

La petite souris se demanda bien si l’interview de ce participant allait être diffusée. Il était trop clair dans sa tête et il parlait trop bien. Il serait mélenchoniste que ça ne l’étonnerait pas.

Bon, maintenant, allez, zou, dehors les journaleux et au boulot !
16h-20h15 : les participants, en fonction de la couleur de leur badge, sont répartis par tables de 5 ou 6 pour traiter les 4 thématiques :
A l’origine, les tables avaient été prévues nationalement pour 100 personnes, 4 tables par thématiques soit 16 tables en tout. Mais à Rouen, les Normands réfractaires n’étaient que 71. Ils ont donc été répartis sur douze tables, soit 3 par thématiques.
Et ça donnait :
Table 1 à 3 : Fiscalité...
Table 5 à 7 : Démocratie...
Table 9 à 11 : Transition écologique
Table 13 à 15 : L’organisation de l’état...
Donc pas de tables 4, 8, 12 ou 16, comme on le constate sur les photos prises par la petite souris.
Mais on a bien les quatre thèmes fixés par le méprisant de la République ; rien à signaler.

Tout était donc bien machiné, les lieux agréables, les organisateurs bien gentils. Sauf que le vendredi, il n’était pas prévu de rafraichissements autres que des carafes d’eau sur les tables. Sur un mur où les participants pouvaient coller un billet d’humeur (un post-it), certains s’en sont plaints. Du coup, le samedi matin, du jus d’orange et du café étaient offerts. La petite souris a collé un post-it « On veut du Camembert de Normandie », mais un organisateur l’a arraché : pas là pour rigoler.

A la table de la petite souris, ils étaient 6 (plus elle), 5 participants et une facilitatrice qui restera assez neutre, professionnelle. Les cinq participants étaient des couches moyennes, pas très jeunes. Pas d’ouvrier, le tirage au sort a éludé cette classe sociale qui pèse démographiquement lourd (le hasard est le procédé par lequel le Diable de l’Elysée se manifeste en ricanant).

Les participants des autres tables étaient assez semblables. Beaucoup de cinquantenaires ou plus, classe moyenne, discrets sur leurs penchants politiques, conscients que prononcer les mots gilets jaunes n’était pas utile, mais majoritairement acquis à la fronde des samedis.

Personnes présentes dans la salle pendant les travaux : participants tirés au sort, personnel de la mission Grand Débat, un représentant des 5 garants de la mission Grand Débat, des animateurs (Res Publica), des organisateurs, des facilitateurs bénévoles à chaque table, des personnes ressources (qui feront des recherches à la demande des participants), des observateurs (qui veillent au bon déroulement de la CCR), des journalistes, une personne représentant la préfecture et enfin François Ruffin qui veillait à ce que tout ça ne soit pas truqué et que des pressions des professionnels faciliteurs n’orientent pas les travaux.

Mais, avant tout, présentation de la CCR par Catherine Petit (secrétaire générale de la Mission GDN) : les 4 thématiques, la chronologie du GDN (début en janvier, fin en mars, synthèse début avril), chiffres sur la participation (contributions, réunions, principes du GDN (transparence, pluralisme, neutralité, égalité, respect de la parole…).

La CCR était filmée en continu pour surveiller le bon déroulement des opérations. La petite souris s’en fichait, elle avait enfilé sa combinaison d’invisibilité (cadeau de Noël du Grand Soir pour qu’elle échappe aux matous). Le travail a été réparti par tables et par thématiques en 5 sessions (méthode de l’entonnoir).

Ce fut appliqué, calme en général, sans éclats de voix consécutifs à des divergences, feutré quoi, comme dans un bureau de vote ou dans une église ou tout autre lieu qui impressionne. Chacun était conscient d’être investi d’une mission nationale. Le peuple, vous lui donnez des responsabilités, vous l’invitez à réflechir sur l’avenir de son pays, il s’y colle sans réchigner, sérieux, sans épargner sa peine.

Cependant, si l’on considère le cadre et l’espace de liberté, on retient que le choix des discussions a été fait par le président et que la méthodologie de travail a été bien corsetée.

Théoriquement, la Macronie pouvait espérer (car ils sont simplets, les non-énarques : des moutons qu’on dirige facilement avec un bon berger) que les Normands allaient se prononcer pour une transition écologique punitive et culpabilisatrice des citoyens, un choix entre les impôts et les services publics (avec plutôt une demande de baisser les impôts, donc de réduire les services publics), une mise en place de formations pédagogiques (bourrage du crâne des mal-comprenants par les sachants-costumés-diplômés). Mais ce ne fut pas du tout ce qui se produisit.

Résultats des 12 choix dans l’ordre des préférences :
1. Taxer les multinationales pour l’égalité fiscale,
2. Le développement du transport écologique et collectif en zone rurale et périurbaine,
3. Un service public pour tous et partout,
4. Création de commissions citoyennes de contrôle des élus et des hauts fonctionnaires dans leurs actions,
5. Légiférer sur la production et éduquer sur la consommation des plastiques polluants,
6. Passer de l’incitation à la coercition pour lutter contre les déserts médicaux sur tous les territoires,
7. La formation et l’éducation à la citoyenneté,
8. Simplifier l’organisation des dépenses publiques
9. Pour une France résolument écologique et citoyenne
10. Mettre en place un dispositif participatif d’évaluation des services publics en partant de l’échelon local avec les agents de terrain et les citoyens,
11. Limiter les dépenses pour limiter les déficits,
12. Création d’une formation obligatoire à la citoyenneté laïque, politique et associative.

Vous avez remarqué ? Débat ficelé au départ par le choix des thématiques et par l’absence de questions qui agitent la société : coûts des transports (carburant…), SMIC, RIC, CDD, destruction du code du Travail, salaires mirobolants des grands patrons, inégalité salariale homme/femme, Justice de classe, violences policières, droits des travailleurs, contrôle des licenciements, vente du patrimoine public, soumission à l’Europe, guerres au Moyen-Orient...

Débat ficelé, mais pourtant on trouve donc :
- En première proposition la taxation des multinationales.
- En 2 : l’exigence de transports collectifs à la campagne (arrêtez de fermer les lignes de chemin de fer).
- En 3 : un service public pour tous et partout (arrêtez de fermer les bureaux de poste, les maternités et les hôpitaux).
- En 4 : la création de commissions citoyennes de contrôle des élus. Ce n’est pas le RIC, mot tabou, mais ça s’en rapproche.

La proposition de « Limiter les dépenses pour limiter les déficits » (comprenons : moins de solidarité, moins de service public) est classée 11 ème et avant dernière.
Et enfin la douzième et bonne dernière est la création « d’une formation obligatoire à la citoyenneté laïque, politique et associative » destinée à la populace ignorante, qui ne comprend rien et pour laquelle les gens de LREM s’épuisent en vain à déployer une pédagogie qui ne marche pas.

Hep, Macron, Edouard Philippe, tout ce pognon de dingue dépensé pour ça !

Sur le chemin de retour vers la gare, les participants bavardaient en trainant leurs valises à roulettes. La petite souris a capté la tonalité générale des appréciations : une bonne organisation de la conférence, un buffet au top (sans fromage !!!), mais du scepticisme sur la manière dont les propositions vont remonter et être traitées.

Bref, on était bien assis, bien logés, bien nourris, bien traités, mais ces deux jours ne serviront à rien.

Moralité : ces Conférences Citoyennes Régionales (CCR) arrivent en queue de comète d’un Grand Débat National (qui fut un fiasco), avec mission d’affiner la mesure du ressenti populaire, d’évaluer le taux d’acceptation possible d’un enfumage final lors de l’annonce des conclusions par le gouvernement.

Le Premier ministre Edouard Philippe aurait précisé, en petit comité majorité : « Il faut préparer nos concitoyens à ce que les propositions, à la sortie, ne soient pas les réponses à toutes les remontées des débats. »

Devant le groupe LREM à l’Assemblée nationale le 5 mars en présence de la presse, il a estimé que « Le risque déceptif est important ».

Déceptif ? Ce mot n’existe pas en français.
C’est un mot anglais qui signifie : trompeur, décevant, menteur.
Nous sommes bien d’accord.

Le Grand Soir (et la petite souris)

Note de la petite souris : pour avoir dévoré plusieurs dictionnaires franco-anglais dans le grenier de la maison de campagne (et de séminaires) du Grand Soir en Normandie, je puis affirmer que le mot « sodomatif » n’existe pas non plus.

COMMENTAIRES  

23/03/2019 08:05 par François de Marseille

La réponse de Frédéric Lordon à l’invitation au débat télévisé : https://youtu.be/wjYwlNN0DlI

23/03/2019 11:11 par irae

Quel courage le grand soir. Se taper des heures de bavardage de propagande libérale sans vomir. Bravo !

23/03/2019 12:21 par Assimbonanga

Une autre enquête (conclusions identiques) : https://www.youtube.com/watch?v=BryhDzKiyb0

23/03/2019 13:23 par gg

Je vais m’inscrire au formatage ne marche , j’ai beaucoup à réviser sur mes aptitudes à être un parfait citoyen en marche .

24/03/2019 09:17 par Malène

MERCI pour cette contribution, c’est bon de se sentir nombreux, et c’est bon de rire...

25/03/2019 22:50 par Bruno

Alors là ! OUI ! MERCI !

Quelle belle tranche de fromage n’avons-nous pas manger. Petit chef d’œuvre du journalisme libre. Merci à LGS et à la Petite Souris. Quelle histoire incroyable, une petite souris dans le Saint des Saints. Dans deux mois, pour sûr, une dent en or sous l’oreiller. Préparez déjà votre carte d’électeur-électrice et celle aussi d’électricien-ne, ça va faire des étincelles ! Dehors les monarchistes ! Dehors les Orléanais ! Vive la VI ° république !

" NE PLUS SUBIR ! " = Un cri solidaire des Gilets Jaunes.

26/03/2019 10:52 par Assimbonanga

Pourriez-vous écrire une deuxième mouture de ce récit ? De façon décentrée, pas dans l’entre-nous. Comme si vous étiez journaliste indépendant qui raconte le truc au JT du soir ? Je ne sais pas si j’arrive à expliquer ce que je veux dire... Ce serait pour faire circuler le texte de façon plus neutre, pas partisane, juste factuelle, le faire sortir de notre milieu et de notre connivence entendue, avec un préambule pour situer ce qu’est LGS (plein de Français ne connaissent pas). Vous voyez ?

26/03/2019 18:21 par legrandsoir

Si vous vous y collez, on veut biren faire le clic pour publier.
Merci, fidèle lectrice.

30/03/2019 02:51 par patrice

Bonsoir,
Petite question svp ?
La petite souris s’occupe t’elle des questions internationales ? ... auquel cas, peut on avoir une réaction du LGS sur les derniers rebondissements dans l’affaire Battista ! Je ne demande pas tout un fromage, mais deux trois mots ou à défaut, un rogaton de calendos, car sur ce coup et au risque de jouer les troubles fêtes, vous y avez été un peu fort dans la prise de parti de l’indéfendable d’après mes souvenirs de votre dernier article d’il y a quelques mois ! .
Speedy Gonzales défenseur des veuves et des orphelins...

30/03/2019 17:43 par Assimbonanga

Je n’aurais pas de complexes par rapport à Nicolas Demorand ou Yves Calvi : comme journaliste, j’ai bien autant le niveau !
Toutefois, il faudrait raconter cette aventure à un vrai journaliste de vrai journal, ainsi cela deviendrait une nouvelle. On sait comme la presse est moutonnière : il faut que ce soit l’article de quelqu’un pour qu’aussitôt ils le reprennent. Pourquoi ne pas confier la chose à Basta.mag ou Reporterre ? Ensuite, les revues de presse y piochent. Et les moutons de Panurge répètent (ou pas, mais qui ne tente rien n’a rien !).

04/04/2019 05:28 par André

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Inventaire des 63 intellectuels ayant participé à la mise en scène du Roi pendant 8h, diffusée en direct sur France Culture, lundi 18 mars 2019.

La directrice de France Culture s’appelle Sandrine Treiner. Le type moche qui a distribué la parole s’appelle Guillaume Erner. Il se dit journaliste. En vrai il s’occupe des matins de la chaîne. Il est un zélateur de haut niveau et reçoit régulièrement pour causerie la grande majorité des 63 courtisans présents au château. Sylvain Bourmeau, gentilhomme mais poltron, a annoté et commenté avec toute la bienveillance nécessaire, l’intégralité de la discussion pour le compte de France Culture. En échange de quoi son émission ne sera pas à nouveau élaguée.

Ainsi étaient présents à l’invitation du Roi :

Philippe Aghion. œuvre pour la libération de la croissance. A soufflé ses meilleures pensées à François Hollande.

Yann Algan. Succède à Dominique Strauss Khan comme gardien du grand cours d’introduction à l’économie de science politique à Sciences Po. Soutient le roi et se fait préfacer par lui.

Jean-Claude Casanova. S’est occupé de la pensée d’un ministre de l’Industrie, d’un ministre de l’Éducation nationale et d’un Premier Ministre.

Gilbert Cette. Chantre de la productivité. A longtemps traînassé à la Banque de France et a failli y rester.

Daniel Cohen. Amateur de dettes souveraines. A prescrit ses ordonnances au Premier ministre grec Geórgios Papandréou pour le compte de la banque Lazard.

Elie Cohen. Hooligan du droit et des services publics. Addict du casino. Est simultanément directeur de recherche au CNRS, professeur à l’IEP Paris, membre du Conseil d’analyse économique, vice-président du Haut Conseil du secteur public financier, membre du Conseil d’Orientation du Forum d’Avignon, membre des conseils d’administration d’EDF énergies nouvelles, Steria, Pages jaunes, Société générale et Orange.

Bernard Gazier. Héritier.

Christine Erhel. Évasive face aux conséquences de la loi travail. « ça dépend » dit-elle. Adepte des statistiques et conseillère d’orientation. Aime formuler des propositions de réforme pour le maintien du plein emploi.

Philippe Martin. A griffonné le programme économique du Roi. À ne pas confondre avec Philippe Martin, né le 22 novembre 1953, haut fonctionnaire et homme politique français, membre du Parti socialiste. Ni avec Philippe Martin, né le 28 avril 1949, homme politique français, député UMP de la Marne.

Jean Pisani-Ferry. A quitté son emploi pour distribuer les prospectus du Roi. Fils d’Edgard Pisani et de Fresnette Ferry, sa deuxième épouse, il est ainsi le petit-fils d’Abel Ferry, neveu de Jules Ferry, et en conséquence l’arrière-petit-neveu de ce dernier. A œuvré à la composition des ordonnances du Roi. En échange de quoi il a obtenu le droit d’éparpiller une somme de 50 milliards d’euros dans les domaines de la transition écologique, du développement, des compétences, de la santé, des transports, de l’agriculture et de la modernisation de l’État.

Claudia Senik. Cherche les lois économiques du bonheur. Bon courage !

Magalie Talandier. A pour ambition d’arrimer les territoires oubliés à la gestion capitaliste mondiale avec – il va de soi – l’adhésion des habitants.

Laurent Bigorgne. Est un adorateur de longue date du Roi. A raté sa thèse. N’a publié qu’un seul livre et pas tout seul. Un livre à la gloire du Roi.

Jean Birnbaum. Est le fils de son père.

Pascal Bruckner. A élu domicile à France Culture. A eu pour père un dévot nazi, l’a mal vécu, a rejoint les gauchistes dans les années 70, l’a mal vécu, s’est rallié à George W. Bush, le vit bien.

Xavier Darcos. Est un ancien. Ancien ministre, ancien sénateur, ancien maire, ancien ambassadeur, désormais chancelier.

Hakim El Karoui. Est le neveu d’Hamed Karoui, Premier ministre de la République tunisienne de 1989 à 1999 et d’Ahmed Ben Salah, ministre d’Habib Bourguiba. De même que Laurent Bigorgne, Hakim El Karoui n’a pas achevé sa thèse. Propose ses services au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Joue à la fusion/acquisition en Afrique et sur le pourtour méditerranéen pour Rothschild & Cie Banque. En mars 2011, lors de la Révolution tunisienne, il adresse deux petits mots à l’ex-dictateur tunisien Ben Ali comme offre de service pour l’aider dans ce moment difficile.

Olivier Mongin. A passé sa vie à bricoler un socialisme compatible avec le libéralisme.

Thierry Pech. Est le double d’Olivier Mongin.

Laetitia Strauch-Bonart. Est tâcheronne au Point, squatte france culture et s’est essayé à ventriloquer François Baroin ancien ministre des Finances. A eu pour professeur Jean-Claude Michéa.

Rachid Benzine. Est un curé décoré par le roi du Maroc.

Agathe Cagé. A ouvert la boutique Cartes sur table. A pour client principal Benoît Hamon.

Gilles Finchelstein. A chaperonné successivement Pierre Mauroy, Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn, Pierre Moscovici et François Hollande. Est employé de l’agence publicitaire Havas.

Gilles Kepel. Chevalier de la Légion d’Honneur, squatte aussi France Culture. Discute régulièrement de l’islam avec ses acolytes Jean Birnbaum, Pascal Bruckner, Hakim El Karoui, Rachid Benzine, Olivier Galland, Souâd Ayada et Dominique Reynié.

Dominique Reynié. A distribué ses devis à la Commission Européenne. A tenté une carrière en politique chez les Républicains. A échoué. Est rattrapé par France culture. S’est spécialisé dans le populisme et partage avec Elie Cohen une haine du droit du travail qui lui vaut d’être Chevalier de la Légion d’Honneur.

Réjane Sénac. S’est faite interner au Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes pour réprimer les conséquences de sa pensée.

Luc Boltanski. A patienté 6h pour faire valoir la sociologie au château. S’est fait jeté. N’en a pas profité pour écrire le nouvel nouvel esprit du capitalisme.

Gérald Bronner. A sermonné au centre de déradicalisation Pontourny. Occupe un siège au conseil d’orientation scientifique de la société Areva et bidouille une sociologie cognitive.

Louis Chauvel. S’est exilé au Luxembourg. A longtemps milité pour que les individus travaillent à leur employabilité, remède efficace, selon lui contre le mal-vivre du chômage. Selon le Ministère français chargé de l’emploi, l’employabilité est « la capacité d’évoluer de façon autonome à l’intérieur du marché du travail, de façon à réaliser, de manière durable, par l’emploi, le potentiel qu’on a en soi… L’employabilité dépend des connaissances, des qualifications et des comportements qu’on a, de la façon dont on s’en sert et dont on les présente à l’employeur ». Selon l’Organisation internationale du travail, l’employabilité est « l’aptitude de chacun à trouver et conserver un emploi, à progresser au travail et à s’adapter au changement tout au long de la vie professionnelle ». À l’origine cette notion a été développée par des médecins en direction des personnes dont les difficultés relevaient d’un handicap.

Julien Damon. A été Lieutenant-colonel de la Gendarmerie nationale, valet à Matignon, sous chef des Allocations familiales. Écrit des livres sur la pauvreté et l’exclusion récompensés par IBM et Philips, gribouille au Point et dans les Échos.

Olivier Galland. Cherche à se faire connaître.

Dominique Méda. Est espionne pour le compte de Benoît Hamon. A fait mine de se tromper de réunion en allant le faire savoir au journal Libération qui a accepté sa déposition.

Dominique Schnapper. Est la fille héritière de Raymond Aron. S’est faite installer un fauteuil au Conseil constitutionnel pendant 9 ans. S’est faite élire déléguée de classe pour lutter contre les discriminations et s’est faite remarquer par Jean-Michel Blanquer ministre de l’Éductation du Roi.

Irène Théry. Est passé de réac à avant-gardiste.

Jean Viard. Est gratte-papier pour le projet EuropaCity. A tenté de se faire élire comme député du Roi. A échoué.

Michel Wieviorka. Est un grand sociologue du royaume, jouissant d’une reconnaissance internationale. S’est dernièrement fait connaître pour avoir pris le A cerclé symbole de l’anarchie comme un signe de l’extrême droite.

Souâd Ayada. S’occupe des programmes scolaires pour le compte du ministre Blanquer. Rémi Brague. Est lui aussi chevalier comme beaucoup de ses confrères. Aime les religions et particulièrement la religion chrétienne.

Monique Canto-Sperber. A dirigé l’ENS à coup de conseil de disciplines, de répression du personnel et d’interdictions de réunions. Est Commandeur de l’ordre national du Mérite.

Bernard Manin. A gribouillé un manuel à destination des élèves de Sciences Po.

Pierre-Henri Tavoillot. A squatté 9 ans un siège à Matignon.

Frédéric Worms. N’a rien à dire.

Hervé le Bras. A débité sa camelote à la Commission européenne, à la commision Attali, à la commission Juppé-Schweitzer et dans une arrière boutique de la banque BNP-Paribas. A patienté 5h pour une doléance restée ignorée par le Roi.

Denis Peschanski. A été successivement membre du Parti communiste, du Parti socialiste puis du parti du Roi.

Frédéric Régent. N’a pas de fiche wikipédia. Est bouche-trou à la section 22 du Conseil National des Universités.

Perrine Simon-Nahum. A pour amie Dominique Schnapper.

Benjamin Stora. A pour amie Dominique Schnapper. A été mis à la rue par Nicolas Sarkozy, puis sauvé par Manuel Valls. A fait son entrée dans le dictionnaire Larousse en 2014 comme historien. Est Chevalier et deux fois officier.

Valentine Zuber. Instruit les fonctionnaires sur le fait religieux. Souffrant d’une grande solitude en matière de discussions a répondu à l’invitation du Roi pour se faire des amis.

Mireille Delmas-Marty. Est à la retraite et fait la cuisine au parti socialiste.

Marthe Fatin-Rouge Stefanini. Inconnue.

Catherine Bréchignac. A rempli la case recherche du programme de Nicolas Sarkozy. Milite pour des salaires au mérite et s’est rendue célèbre pour sa tirade « avec tout l’argent que nous avons injecté dans les sciences de la vie, je trouve que le rapport qualité/prix n’est pas terrible ». Climato-sceptique, elle est secrétaire perpétuelle de l’Académie des sciences française.

Claude Cohen-Tannoudji. Est Chevalier, Officier, Commandeur, Grand officier et enfin Grand-Croix.

Boris Cyrulnik. Est un penseur. Il pense qu’un bébé né d’une mère ne l’ayant pas investi affectivement pendant sa grossesse aurait un retard de développement à la naissance. Il pense que le genre est une idéologie de pervers. A découvert le gène de la résilience qu’il nomme gène du surhomme. A pour ami secret son acolyte Louis Chauvel qui a milité pour l’employabilité des individus, une variante sociale de la résilience génétique.

René Frydman. Fait des bébés éprouvette, combat corps et âmes la stérilité et voit dans le Roi son salut.

Serge Haroche. Joue aux atomes.

Jules Hoffmann. Est passionné par la lecture, la randonnée, le chant grégorien, les insectes et Claude Allègre.

Aurélie Jean. Est un robot humanoïde doté d’une intelligence artificielle. Elle peut dire « Ayant utilisé le code dans de nombreux domaines de la médecine à la finance de marché, je vois les avantages. Savoir coder, vous permet de naviguer dans de nombreux domaines, d’avoir un impact large dans la société, de vous stimuler intellectuellement, et vous permet d’être comme j’aime le dire “marketable”.

Cédric Villani. Est l’un des 306 fantassins du Roi.

Jean Jouzel. A été fait prisonnier pendant 8h au château.

Amy Dahan. S’est adressée aux Roi avec un remède miracle. A dit « La révolte tournera à la révolution, et toute l’europe sera bientôt en proie à une immense guerre civile, si vous vous obstinez à appliquer de vieux remèdes, d’un autre temps. Appliquez la révolution écologique sur tout le royaume, faites-le savoir aux Rois d’Europe et votre règne, Sire, sera millénaire. Les peuples ont soif d’un ennemi commun, d’un combat sur lequel s’élever, comme au temps de la modernité. Donnez-leur cette bataille, dépensez sans compter et sans craintes. L’écologie donnera naissance à un nouveau monde, renouvelé de ses richesses. »

Oliver Beaud a fait savoir au Président que l’université n’est pas une agence de pôle emploi et qu’il serait bon qu’un Président cesse de se prendre pour un roi, que s’il décide, et qu’il décide seul et qu’il se dit l’unique responsable, alors il doit aussi savoir démissionner.

Emmanuel Moreira

Source : https://lundi.am/Portrait-d-un-regime

04/04/2019 09:08 par Maxime Vivas

Très intéressant. Un vrai gros travail, mais entaché de fautes de français répétitives ici :
… « Elle... s’est faite installer un fauteuil... S’est faite élire déléguée de classe... s’est faite remarquer par Jean-Michel Blanquer….S’est faite interner au Haut Conseil à l’égalité … ».
Je rappelle que le verbe faire ne s’accorde pas avec le sujet s’il est suivi d’un verbe à l’infinitif. Donc, on doit écrire : elle s’est fait installer, elle s’est fait élire, elle s’est fait remarquer, elle s’est fait interner...
Et, puisque j’y suis, Luc Boltanski « s’est fait jeter »et non pas « s’est fait jeté ».
Merci de le signaler aux auteurs si vous avez la possibilité.
Inutile de me répliquer que je suis pédant ou que les journaleux de France Inter font ces fautes : je n’ouvre pas ici une polémique sur la grammaire.
MV

04/04/2019 10:09 par Assimbonanga

@André
Et le gagnant est ?
Pierre-Henri Tavoillot.
Il a eu l’insigne honneur d’être invité à l’entretien de France Inter de 8h20 à 8h45, pour expliquer la nécessité d’OBEIR.
Alors que, hasard et coïncidence, ATTAC publiait hier un livre intitulé Cette Europe malade du néolibéralisme - L’urgence de désobéir signé par "des intellectuels". Mais pas les mêmes, je pense...

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