RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Le système d’interception électronique observe le monde entier.

La France, un nid d’espions alliés

Photo : Thomas Coex/AFP

La délégation parlementaire au renseignement remettait, hier, un rapport au président de la République sur la vulnérabilité des entreprises françaises en matière d’espionnage.

Mata Hari semble avoir fait des petits. Hier, la délégation parlementaire au renseignement remettait au chef de l’État un rapport sur la protection du secret des affaires. Et le constat est édifiant. Contrairement à la plupart de ses partenaires économiques, la France ne dispose d’aucun arsenal législatif permettant de protéger ses entreprises contre l’espionnage. À l’heure actuelle, les sociétés nationales sont attaquées à grande échelle de façon tout à fait légale et exponentielle. Ordinateurs volés, systèmes informatiques pénétrés, raids capitalistiques lors d’une opération de financement, transferts de technologies abusifs... En la matière, « l’ami » nord-étasunien n’est pas en reste.

Grâce à la procédure légale de « justice par le deal », des cabinets d’avocats étasuniens sont autorisés à enquêter au sein des entreprises étrangères sur les faits de corruption ou de manipulations financières afin d’éviter aux sociétés la mauvaise publicité que pourrait entraîner un long procès ou l’impossibilité d’entrer sur le marché étasunien. Cette justice négociée est une porte d’entrée sans pareil aux espions en tout genre qui récupèrent à l’occasion des documents confidentiels. «  On peut y voir une forme d’hommage à l’inventivité française mais on s’aperçoit surtout que la France n’a pas d’amis, pas d’alliés, que des intérêts et nous sommes très mal défendus  », estimait, hier matin, Jean-Jacques Urvoas, président de la délégation parlementaire au micro de France Inter. 30 % des faits d’espionnage dans le domaine de la recherche fondamentale viendraient ainsi de pays alliés, note le rapport. Renault, Bolloré, Valeo, Michelin, l’aéronautique, l’industrie pharmaceutique... les affaires d’espionnage industriel dans les entreprises françaises sont légion. En 2013, deux ressortissants allemands avaient été pris en flagrant délit d’intervention sur des bornes de rechargement du système Autolib de voitures électroniques en libre-service de l’agglomération parisienne pour le compte d’un sous-traitant de BMW.

Les services secrets invités à investir dans le domaine des renseignements

Depuis les révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden, on savait en réalité que l’Agence de sécurité nationale étasunienne (NSA) ne s’embarrassait d’aucun complexe lorsqu’il s’agissait d’utiliser une partie des informations collectées afin d’améliorer la compétitivité internationale des sociétés américaines ou d’accroître leurs bénéfices. En clair, le système d’interception électronique, tourné vers le bloc soviétique, observe désormais le monde entier. Et donne par exemple un sérieux coup de pouce à l’industrie américaine, inquiète de sa perte de leadership dans le domaine de l’aérospatiale.

Le rapport préconise ainsi des amendements à la loi Macron sur la croissance et l’activité. Le Code du commerce pourrait par ailleurs être assorti d’un volet relatif au secret des affaires. À Bercy également, les mouchards sont les bienvenus. Le document de la délégation parlementaire précise qu’il n’existe «  strictement aucune culture de la sécurité au sein des ministères financiers. Les règles les plus élémentaires de sécurité sont considérées comme superflues et handicapantes, sources de coûts et de perte de temps  ». Le député socialiste du Finistère juge que les services secrets français seraient également bien inspirés d’investir dans le domaine du renseignement économique. «  Aujourd’hui, l’information est une arme dans la bataille, nos services de renseignements doivent pouvoir servir d’appui à un certain nombre d’entreprises  », explique Jean-Jacques Urvoas. Après l’affaire Snowden, il n’y avait, semble-t-il, que l’ancien secrétaire à la Défense de George W. Bush et Barack Obama, Robert Gates, pour assurer que les pires espions, après les Chinois, étaient les Français qui, depuis Louis XIV, étaient habitués à se faufiler dans les chambres d’hôtel des dirigeants étasuniens afin de récupérer des informations. La délégation parlementaire au renseignement semble être d’un autre avis.

Une NSA chinoise ? Au début du mois, l’Obs révélait l’existence d’un centre d’écoute des services de renseignements chinois, situé en banlieue parisienne. « C’est une totale invention ! Ces installations ne font qu’assurer le système de communications de l’ambassade. Cela permet des connexions sécurisées. Cela a été fait en totale conformité avec la législation française », s’est emportée la représentation diplomatique chinoise à Paris.

LINA SANKARI

»» http://www.humanite.fr/la-france-un-nid-despions-allies-560829
URL de cet article 27630
  

Même Thème
Histoire de ta bêtise
François Bégaudeau
PREFACE D’abord comme il se doit j’ai pensé à ma gueule. Quand en novembre les Gilets jaunes sont apparus pile au moment où Histoire de ta bêtise venait de partir à l’imprimerie, j’ai d’abord craint pour le livre. J’ai croisé deux fois les doigts : une première fois pour que ce mouvement capote vite et ne change rien à la carte politique que le livre parcourt ; une second fois pour que, tant qu’à durer, il n’aille pas jusqu’à dégager Macron et sa garde macronienne. Pas avant le 23 janvier 2019, date de (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au VietNam une tête coupée et un oeil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. [...]

Aimé Césaire

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.