RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Appel aux lecteurs par le Monde Diplomatique

L’information gratuite n’existe pas

Même si quelques internautes semblent encore l’ignorer, l’information gratuite n’existe pas.

Pour certains journaux, sites, moteurs de recherche, qui se contentent de répercuter gratuitement les données et analyses que d’autres ont collectées, tout paraît magnifique. Surtout quand ils s’octroient la part du lion des recettes publicitaires ainsi obtenues. Mais le privilège extravagant qui leur est concédé n’aura qu’un temps. Google lui-même l’a bien compris, qui admet par la voix de son PDG Eric Schmidt avoir « désespérément besoin que les journaux, magazines et sociétés de presse réussissent, car il nous faut leur contenu ».

Or, pour ces derniers, tout devient de plus en plus difficile. Lorsqu’ils ne sont pas adossés à des journaux papier, les sites d’information ne parviennent pas à financer leurs dépenses par le biais d’abonnements, de recettes publicitaires, ou d’un système associant l’un et l’autre. Afin de survivre, ils font donc régulièrement appel à de nouveaux investisseurs à qui ils ne cessent de promettre le bout du tunnel...

Quant aux sites de journaux, comme celui du Monde diplomatique, ils n’existent en accès gratuit que parce que les acheteurs et les abonnés de ces périodiques permettent encore de financer la mise en ligne de leurs contenus. Mais pas seulement leur mise en ligne. Car, préalablement, intervient tout un travail professionnel de collecte de l’information, de vérification des données, d’édition des textes et de correction des articles.

Qu’on le comprenne, la gratuité de la distribution de l’information coïncide avec (et contredit) le caractère payant de toutes les étapes de sa collecte. Chaque article du Monde diplomatique correspond en effet à un engagement financier réglé par le mensuel : pige du journaliste ou salaire du membre de la rédaction, frais de déplacement et de séjour en cas de reportage, rémunération des correcteurs, maquettistes, imprimeurs, diffuseurs, etc.

Dans le cas d’un texte consulté en ligne, la suppression des frais d’impression et de diffusion ne réduit pas d’un centime les autres dépenses. Si émettre une opinion plus ou moins informée est assurément bon marché, la fonder sur une enquête ou sur une connaissance requiert du travail et de la peine.

Il existe encore une presse militante, en ligne et sur papier, impulsée par des gens qui paient de leur personne et qui offrent leur temps. Hormis ce cas, admirable mais rare, un travail journalistique à plein temps doit, à l’égal de n’importe quel autre emploi professionnel, être rémunéré en vertu de cette règle élémentaire qui veut que toute peine mérite salaire.

Est-il légitime que cette rémunération soit entièrement mise à la charge des acheteurs de journaux et des abonnés, pendant que la plupart des internautes joueraient un peu le rôle de « passagers clandestins » ?

Poser la question, c’est y répondre.

Or, c’est bien de ce cas de figure qu’il s’agit aujourd’hui, surtout dans le cas d’un journal comme Le Monde diplomatique dont les ressources ne proviennent ni d’un banquier soucieux d’étendre sa surface sociale et politique, ni des annonceurs (leurs dépenses ne représentent que 3 % du chiffre d’affaires du mensuel, et moins de 1 % des recettes de ce site).

Persuadés des vertus de la libre circulation de l’information, nous offrons sur notre site - le premier site de presse à avoir été lancé en France - deux années de nos archives intégrales, ainsi qu’un éclairage de l’actualité à travers nos « valises diplomatiques » et les blogs de nos collaborateurs. Notre ambition est de poursuivre ce développement. Notamment en améliorant l’interactivité, et de mener à bien le projet ambitieux de numérisation de nos archives dans lequel nous nous sommes lancés (lire « Transmettre », par Philippe Rivière, octobre 2009).

Au moment où nous faisons appel aux lecteurs du Monde diplomatique, où plusieurs centaines de ses acheteurs réguliers, de ses abonnés, ont déjà consenti un effort financier supplémentaire afin de garantir son indépendance et son développement, il serait normal par conséquent que les internautes qui consultent régulièrement ce site gratuit s’inspirent de leur démarche.

Ce serait également juste.

C’est pourquoi nous vous demandons aujourd’hui, dans la mesure de vos moyens, d’acheter le journal en kiosques, de vous abonner, d’abonner un parent ou un ami, ou même de verser un don - depuis quelques semaines, notre site propose un formulaire qui permet de le faire directement en ligne. Ainsi chacun contribuera à la poursuite et l’amplification de notre travail commun.

D’avance, merci.

Serge Halimi
Directeur du Monde diplomatique

(reprise d’article par le Grand Soir)

URL de cet article 11680
  

« Marine Le Pen amène le pire » (*)
Maxime VIVAS, Frédéric VIVAS
(*) Anagramme imparfaite cueillie sur Internet. Ce livre (publié par les éditions Golias) est une compilation de documents révélateurs de l’analogie entre le FN d’hier et celui d’aujourd’hui. Y sont démontrées la difficulté pour Marine Le Pen, malgré les habiletés tribuniciennes, à se dépouiller des oripeaux paternels les plus exécrables, la distorsion entre le discours du FN ripoliné et son programme, entre son programme et ses objectifs. Sont mis en relief le fiasco du FN dans les villes qu’il a (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’affaire Julian Assange aurait été réglée en quelques mois si nous avions une presse agressive et indépendante qui aurait mis une claque aux autorités américaines et britanniques pour leur persécution criminelle d’un journaliste qui a révélé des crimes de guerre.

Stefania Maurizi

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.