RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

L’inconcevable encanaillement de l’Occident officiel

Trois fausses anecdotes : d’abord la « couverture » médiatique de la guerre contre Ghaza avec effet de loupe sur les éternuements à Sdérot et effet de gommage sur les cadavres des Palestiniens ; puis la réduction de la compétence universelle de la justice espagnole pour ne pas avoir à juger des crimes de guerres israéliens, trop incommodants lorsqu’il ne s’agit pas du Zaïre et, enfin, la réaction ridicule au lancement d’un satellite « made in » par l’Iran, qualifié de menace sur la sécurité internationale.

Pour les trois, on peut parler de scandale, de justice à deux mesures et, enfin, de comique sans rires. Cela ne suffit pourtant pas. La vraie conclusion est que l’Occident s’encanaille vraiment, absolument, et ne prend même pas le soin de garder sa réputation d’intelligence redoutable contre les vendeurs indigènes de perles et de vanille. On croyait cette « géographie » souveraine de l’humanité soucieuse des apparences morales de ses arnaques, il n’en est rien. Il y a quelque chose de sinistre aujourd’hui, dans l’Occident : c’est sa grossièreté. Ce paradis à code barre semble ne même plus prendre soin de sauver son mythe fondateur, sa vitrine de dépositaire de l’humaniste et sa réputation morale, même biaisée par ses nombreuses guerres de prédations et ses colonialismes alimentaires. Du siècle des lumières, peut-on dire, et jusqu’à Sartre pour aboutir à la façon de traiter l’Iran ou de couvrir la guerre contre Ghaza, il y a tout simplement encanaillement et amoralisme. Il n’a même plus le souci de mettre les formes pour soutenir la politique des chars contre la Palestine, la pendaison de Saddam ou le parti pris conte l’Iran, signataire du TNP (traité de non prolifération nucléaire) là où un pays comme l’Inde n’est pas même inquiété alors qu’il n’a pas encore signé ce document. A la fin, au bout d’une surdose de comique sous couvert des résolutions de l’ONU ou de la sécurité internationale, on se retrouve, nous gens du Sud, vraiment seuls. Coincés entre le « Sud » de ceux qui veulent que l’Occident finisse en miette à manger, et cet Occident qui ne garde même plus l’honneur d’avoir inventé la machine à vapeur. On voudrait tant se souvenir de ses livres et de ses mythes, mais faut-il s’y astreindre lorsque l’Occident, lui-même, les traite comme du papier hygiénique ? Comment convaincre les nôtres de la modernité et de son esthétique aujourd’hui, lorsque les porteurs de lumières en Occident ne sont plus que des voleurs d’électricité ?

La conclusion est pompeuse, mais elle est vraie : le monde a changé. On peut s’imaginer, aujourd’hui, le naufrage de Robinson Crusoé, l’homme blanc sur une île et sa domestication de Vendredi, sous une nouvelle version : Robinson refusant de lui apprendre quoique ce soit, volant les 98 cocotiers de l’île en lui laissant deux mètres carrés et les deux palmiers restants, l’accusant de menacer la sécurité de l’île lorsque Vendredi arrive à fabriquer un rabot ou une scie, racontant la robinsonnade en insistant sur les animaux de l’île et pas sur le seul être humain qui la partage avec lui, l’accusant de tenter de le prendre en otage pour demander une rançon, de fabriquer de la poudre noire en enrichissant l’uranium, de lancer des satellites avec des lance-pierres, de porter un pagne ostentatoire... etc. Avec cette infamie finale d’une version écrite de la robinsonnade où le Vendredi a droit à une seule phrase unique le long de cet Ushuaïa.

Une seule phrase impossible, comme le banal perroquet de ce mythe bouleversé.

Kamel Daoud
Le Quotidien d’Oran

URL de cet article 7996
  

Même Thème
Si vous détruisez nos maisons vous ne détruirez pas nos âmes
Daniel VANHOVE
D. Vanhove de formation en psycho-pédagogie, a été bénévole à l’ABP (Association Belgo-Palestinienne) de Bruxelles, où il a participé à la formation et à la coordination des candidats aux Missions Civiles d’Observation en Palestine. Il a encadré une soixantaine de Missions et en a accompagné huit sur le terrain, entre Novembre 2001 et Avril 2004. Auteur de plusieurs livres : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes », 2004 (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

La contribution la plus importante d’Obama a été d’embellir, de vendre à l’opinion publique et de prolonger les guerres, et non de les terminer. Ils l’ont bien vu pour ce que sont réellement les présidents américains : des instruments permettant de créer une marque et une image du rôle des États-Unis dans le monde qui puissent être efficacement colportées à la fois auprès de la population américaine et sur la scène internationale, et plus précisément de prétendre que les guerres barbares sans fin des États-Unis sont en réalité des projets humanitaires conçus avec bienveillance pour aider les gens - le prétexte utilisé pour justifier chaque guerre par chaque pays de l’histoire.

Glenn Greenwald

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.