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Interview de Bachar al-Assad, président de la Syrie, par la chaîne Al Manar

Vendredi 31 mai 2013 - Le président syrien Bachar al-Assad a assuré que le Hezbollah est intervenu à Al-Qousseir non pas pour aider l’Etat syrien mais pour faire avorter les tentatives de l’étouffer.

Car d’après lui, les quelques centaines de combattants du Hezbollah dépêchés dans cette région ne constituent rien par rapport aux centaines de milliers de militaires réguliers et de terroristes qui se confrontent dans ce pays depuis près de deux ans.

Le président syrien a tenu ces propos dans un entretien télévisé accordé exclusivement à notre chaine de télévision AlManar et diffusé ce jeudi.

Interrogé sur les progrès réalisés par l’armée syrienne dans plusieurs régions, le numéro un syrien a mis en avant l’échec des planificateurs de l’insurrection eux-mêmes. Sans oublier de signaler que l’environnement qui a bercé les rebelles au début a fini par se révolter contre eux.

S’agissant de la livraison de la livraison par la Russie du système anti aérien S-300, il a affirmé que Moscou allait honorer tous ses contrats d’armements avec Damas.

* * * *

Q : Nous sommes au cœur du Palais du Peuple. Deux ans et demi après l’éclatement de la crise syrienne, laquelle visait avant tout à vous renverser, comment avez-vous fait avorter les tentatives de vos adversaires et ennemis. Quel est le secret de cette persévérance ?

Ils ont échoué dans leurs plans

R : D’une part, Il y a le côté syrien qui est parvenu à déjouer ce plan ; de l’autre, ce sont ses trameurs eux-mêmes qui ont torpillé leur propre plan... Parce que d’un côté ils ne connaissent la situation en Syrie, et de l’autre ils n’ont pas bien lu la situation en Syrie. Ils ont au début lancé leur insurrection en brandissant des slogans de révolution. Mais toute révolution nécessite des facteurs objectifs. On ne peut faire une révolution avec de l’argent. Comme ils ne sont pas parvenus à réaliser les circonstances qui introduisent une révolution, alors ils sont passés à mettre en avant des concepts et des slogans confessionnels et sectaires afin de provoquer une faille au sein de la société syrienne. Ils ont pu entrer dans certains coins de la société syrienne présents dans toute société, des angles d’ignorance et d’inconscience, le résultat qui en a découlé est qu’ils ne sont pas parvenus à vraiment instaurer cette faille laquelle, si elle était présente, elle aurait démembré la Syrie depuis les tous débuts.

Ils ont utilisé un autre slogan qui les fait tomber dans leur propre piège, en disant que ce qui se passe est un conflit pour le pouvoir. La réalité n’a rien à voir avec un conflit pour le pouvoir, la bataille est pour la partie, et non pour le pouvoir. Personne ne combat et ne tombe en martyre pour le pouvoir de quelqu’un.

Q : Dans cette bataille, monsieur le président, il semble, au bout de deux ans et demi, que la direction syrienne est en train de réaliser des progrès sur le terrain. Pourquoi au bout de deux ans et demi, avez-vous choisi de passer de la défense à l’attaque, vous ne pensez pas que vous vous y êtes mis un peu tard, au risque que le cout soit très élevé. Je prendrai comme exemple celui d’al-Qousseir. Des Syriens ont été arnaqués

R : Nous n’avons jamais abordé cette question sous l’idée de la défense ou de l’attaque. La tactique militaire nécessitait de se comporter avec chacune des petites batailles d’une façon isolée. Nous nous comportions avec la situation non point d’un point de vue militaire, mais dans tous ses aspects, dont politique et social. De nombreux syriens ont été arnaqués au début.

Beaucoup de pays amis à l’étranger ne comprenaient pas la situation en Syrie. On ne peut pas faire les mêmes choses lorsqu’il n’y a pas de consensus.

C’est ce qui a aidé les forces armées beaucoup plus à faire leur devoir et à réaliser des exploits. Ce qui se passe actuellement n’est pas un passage de la phase de la défense à celle de l’attaque. C’est un renversement de l’équilibre des forces à l’avantage des forces régulières.

Q : Comment cet équilibre des forces a-t-il été renversé ? On reproche à la Syrie d’avoir demandé l’aide de combattants étrangers et nous allons appeler les choses par leur nom. On voudrait parler des combattants du Hezbollah. Sachant que dans des entretiens passés, vous aviez dit : nous sommes un peuple de 23 millions, et n’avons besoin de personne. Que fait le Hezbollah en Syrie.

L’environnement qui accueillait les miliciens s’est bouleversé

R : La première raison de ce renversement des équilibres de forces, est due en réalité à un renversement dans l’environnement qui avait accueilli les rebelles. Certaines régions avaient formé un environnement qui abrite les miliciens, non pas par manque de nationalisme, mais par manque de connaissance. De nombreuses personnes se sont pliées aux groupuscules terroristes.

Ils pensaient qu’il s’agissait d’une révolution contre les aspects négatifs qui sévissaient. C’est cet environnement s’est bouleversé. De nombreux miliciens ont finalement quitté ces groupuscules depuis et ont repris leur vie normale. C’est la raison principale.

Le Hezbollah ne défend pas l’Etat syrien.

En ce qui me concerne, ce qui est soulevé actuellement sur le Hezbollah et sur la participation de combattants étrangers avec l’Etat, c’est un sujet très important qui comporte plusieurs aspects. Pour l’expliquer, nous avons besoin de plusieurs éléments qui lui sont inhérents.

Nous ne pouvons séparer ce qui a été soulevé dernièrement sur le sujet du Hezbollah dans la bataille d’al-Qousseir de la frappe israélienne. Il s’agit de trois aspects dans une seule affaire. Laissez mois parler franchement. Dernièrement surtout après le discours de Sayyed Hassan Nasrallah, a été soulevé dans les medias arabes et étrangers que les combattants du Hezbollah sont en train de combattre en Syrie pour défendre le régime syrien. Bien sûr, entre parenthèses, ils veulent dire par le régime l’Etat syrien.

Plus de 100 mille miliciens en Syrie

Parlons logiquement. Si le Hezbollah voulait défendre la Syrie, combien devrait envoyer de combattants ? Quelques centaines, un millier, deux mille ? Nous parlons d’une bataille à laquelle participent des centaines de milliers de l’armée syrienne et des dizaines de milliers de terroristes si ce n’est plus, peut-être plus de 100 milles, car leur nombre ne cesse d’enfler. L’alimentation du nombre des miliciens se poursuit de la part d’Etats voisins et d’Etat soutenus par des étrangers. Le nombre de participants a travers lequel le Hezbollah contribue en Syrie en comparaison avec celui des terroristes et des militaires de l’armée, et compte tenu de la superficie syrienne, ne peut ni protéger l’Etat, ni la Syrie.

D’autre part, s’ils disent que le Hezbollah défend l’état syrien, pourquoi aujourd’hui seulement, pourquoi en ce moment exclusivement ? Les batailles ont commencé après le mois de Ramadan 2011, et se sont intensifiées en été 2012, date à laquelle a été déclenchée la bataille de Damas, au cours de laquelle l’heure zéro a plusieurs fois été annoncée pour lancer l’attaque, et il y a eu l’assassinat des quatre officiers et plusieurs opérations d’évasion et de défections, de nombreux avaient cru que la chute du régime s’approchait, mais cela n’est pas arrivé. Et pourtant, le Hezbollah n’est pas intervenu en ces moments. Pourquoi a-t-il décidé de le faire aujourd’hui ?

Cet aspect revêt une importance primordiale. Pourquoi n’avons-nous pas vu le Hezbollah à Damas ou à Alep ?? Les plus grandes batailles sont celles qui ont lieu dans ces villes. Et non pas à Qousseir. La ville de Qousseir est toute petite. Pourquoi n’avons-nous pas vu le Hezbollah à Homs ?

Tous veulent étouffer la résistance

Toutes ces données ne sont pas précises. Al-Qousseir est stratégique. Toutes les frontières sont stratégiques pour les terroristes. Toutes les frontières sont utilisées pour le trafic d’armes et de miliciens. Donc toutes ces allégations n’ont rien à voir avec le sujet du Hezbollah. Toutes les lamentations et tous ces hurlements que nous entendus dans le monde arabe ainsi que les déclarations lancées par les responsables étrangers, même Ban Ki-Mon a déclaré appréhender l’intervention du Hezbollah à Qousseir, tout cela vise à étrangler la résistance. Ceci n’a rien à voir avec la défense de la Syrie. Les progrès que vous avez évoqués depuis quelques temps sont très importants à Alep, à Damas, dans la province de Damas, et dans d’autres endroits, mais nous n’avons entendu aucune lamentation.

Question : S’agissant de la nature de la bataille que vous menez, vous et le Hezbollah à Qousseir, d’aucuns croient deviner que vous voulez y établir un passage sécurisé reliant la côte syrienne à Damas pour y instaurer votre Etat alaouite, au cas où sont imposées dans la région la partition ou des modifications géographiques. Cette bataille serait également liée au conflit avec Israël. On ne livre pas des batailles partout pour la partition

Réponse : D’abord la côte libanaise et syrienne ne passe pas par Qousseir. Géographiquement parlant, ce discours n’est pas logique. Le deuxième point, personne ne livre une guerre pour aller vers la partition.

Si vous voulez une partition, il faut y aller tout droit. On ne peut engager des batailles dans toutes les régions syriennes, tout en ayant des velléités de partition et pour aller prendre un certain coin. Le cours des batailles ne suggèrent nullement que d’aucuns cherchent à diviser dans le rôle syrien. Bien au contraire, ces batailles sont des batailles pour préserver l’unité de la Syrie, et non l’inverse.

Un autre point : nos ancêtres ont essayé cela avec les Français lorsque la France a réclamé la division Syrie, depuis quelques décennies, et ils ont montré qu’ils étaient bien conscients de l’affaire. Est-ils possible que nous autres, leurs petits-fils, soyons moins conscients qu’eux de ce qui se trame ?
Jamais.

Les lamentations arabes pour Israël

Je le répète encore une fois. Tous les hurlements qui parviennent à nos oreilles sur ce qui se passe à Qousseir sont liés au sujet d’Israël. Le timing de la bataille de Qousseir est lié à la frappe israélienne. Ce qui est exigé est d’étrangler la résistance. C’est une nouvelle vieille bataille, qui prend à chaque fois une nouvelle apparence. Ce n’est pas Qousseir qui est l’important, mais la frontière. On veut étouffer la résistance, sur terre et sur mer.

C’est pour cela qu’une question se pose ici : on dit que la résistance devrait pointer ses armes vers l’ennemi et donc vers le sud. Cela a été dit le 7 mai, quand certains agents d’Israël au Liban ont voulu confisquer les télécommunications de la Résistance, alors ils ont dit que la résistance avait changé la direction de ses armes vers l’intérieur. Ils ont dit la même chose à propos de l’armée syrienne comme quoi elle devrait se battre sur la frontière avec Israël. Nous avons dit très clairement que l’armée combat l’ennemi partout où il se trouve. Quand l’ennemi est au nord ou vient du nord, on se doit de nous rendre au nord. De même pour l’Est. C’est aussi le cas de la résistance.

Pourquoi le Hezbollah se trouve-t-il à la frontière au Liban ou en Syrie ? Parce que la bataille est la même : avec l’ennemi israélien ou contre ses agents en Syrie ou au Liban.

Q : Concernant l’entrée d’Israël dans l’équation de la crise syrienne dernièrement à travers les raids aériens menés dans la banlieue de Damas, Israël l’a directement lié à des messages : celui ente autre qu’il ne veut pas de bataille ascendante et qu’il ne veut pas d’immixtion dans la crise syrienne. D’où la question qui se pose : que veut Israël ou quel type d’intervention voudrait-il dans l’équation syrienne ?

Les objectifs d’Israël

R : ceci est la confirmation de ce que j’étais en train de dire. Le but consiste à étouffer la résistance en premier lieu. L’intervention israélienne auprès des terroristes et le soutien qu’il leur accorde ont pour objectif deux choses : premièrement étouffer la résistance ; deuxièmement, bombarder les défenses aériennes syriennes. Ce sont ses principaux buts. Le reste lui est bien égal.

Q : Tant que les objectifs d’Israël sont clairs, pourquoi la riposte syrienne, d’après ce qu’on lui reproche, a été aussi faible ? Tout le monde a attendu la riposte syrienne. Dans la déclaration du gouvernement syrien, il y avait allusion au droit de riposte au moment et dans le lieu propices. Pourquoi la riposte n’a pas été directe et immédiate ? Est-il suffisant, selon les fuites d’une source haut placée, de diriger les missiles vers l’ennemi israélien, et de dire que chaque agression allait être répliquée sans retour au haut -commandement ?

Réponse : Nous avons informé toutes les parties étrangères et arabes qui nous ont contactés, que nous allons répondre la prochaine fois. Bien sûr, depuis il y a eu des tentatives de violations israéliennes auxquelles nous avons répliqué. Mais la réponse temporaire n’a aucune valeur. C’est-à-dire la réponse à caractère politique. Si nous voulons répliquer à Israël, nous devons le faire stratégiquement.

Q : Comment, en ouvrant le front du Golan, par exemple ?

Réponse : Cela dépend d’abord de la situation populaire, si elle penche vers la résistance ou pas ?

Q : Comment vont les choses aujourd’hui en Syrie ?

Une pression populaire pour ouvrir le front du Golan

A : Il y a une pression publique claire pour ouvrir le front du Golan pour résister. Il y a même un enthousiasme arabe dans ce sens : des délégations arabes sont venues nous voir et nous dire : où les dizaines jeunes peuvent-ils s’inscrire ? Ils veulent venir pour combattre Israël. Bien sûr, le processus de résistance n’est pas un processus simple, et il ne s’agit pas d’une ouverture au sens géographique du terme seulement. La question est d’ordre idéologique, social et politique et militaire dans l’ensemble.

Q : Monsieur le Président, si nous prenons en compte ce qui s’est passé dans le Golan, concernant les véhicules militaires qui ont franchi la ligne d’engagement et ont pris pour cible. Sommes-nous face à un changement des règles du jeu dans les règles d’engagement. S’il en est ainsi, quelle est donc cette équation ?

Réponse : Le véritable changement dans les règles d’engagement, c’est quand le peuple ira en direction de la résistance populaire. Tout autre changement est un changement temporaire, sauf si nous allons vers la guerre. Toute riposte pourrait être de nature morale ou dans l’apparence celui d’un changement dans les règles d’engagement, mais je ne le crois pas. Le véritable changement est lorsque les gens opteront pour la résistance. Il s’agira d’un changement radical ou dramatique..

Question : Ne pensez-vous pas que ce discours est venu trop tard, je veux dire pourquoi, après quarante ans d’accalmie et de trêve dans le Golan, on parle maintenant de faire bouger ce front, d’introduire de nouvelles équations, et de nouvelles règles du jeu ?

L’Etat ne crée pas la résistance, mais la laisse faire ou...

Réponse : ils disent toujours que la Syrie a fermé le front ou l’a ouvert. L’Etat ne crée pas de résistance, si ce n’est une résistance spontanée et populaire. La résistance ne peut être fabriquée. L’Etat ne peut que soutenir ou entraver, pour se déplacer, comme c’est le cas dans certains pays arabes. Mais je pense que l’État qui fait face à la résistance est un état téméraire. L’affaire aujourd’hui n’est pas que la Syrie a décidé, après quarante ans, d’aller dans cette direction.

Il y a une armée qui fait son devoir. De point de vu situation mentale et patriotisme, il y a ceux qui assument cette responsabilité de libérer la terre. S’il n’y avait pas d’armée, comme au Liban, lorsque l’armée était divisée et le pays aussi pendant la guerre civile, la résistance serait apparue depuis très longtemps.

Or, dans ces circonstances, il y a plusieurs facteurs qui conduisent à cette tendance : la première, les attaques israéliennes répétées, qui sont un facteur clé dans la création de ce désir et de cette motivation. Deuxièmement, il y a le fait que l’armée et les forces armées sont préoccupées dans plusieurs endroits sur le territoire syrien, et cela donne le sentiment chez de nombreux citoyens, qu’il est de leur devoir maintenant d’aller dans cette direction afin de soutenir les forces armées sur le front du Golan.

Q : Monsieur le Président, Netanyahou a déclaré qu’Israël n’hésiterait pas à frapper à Damas dans le cas de transfert d’armes au Hezbollah qui pourrait briser l’équilibre. Si Israël met en exécution ces menaces, je voudrais une réponse directe, quelle serait la réponse de la Syrie ?

Réponse : Comme je l’ai dit, nous avons informé les autres pays que nous répondrons à la frappe par une rappe. Bien sûr, il est difficile de déterminer maintenant quels genres de moyens seront utilisés en termes militaires, cela relève du choix du commandement militaire. Mais nous avons mis au point plusieurs possibilités, selon les circonstances et le moment de la frappe. Cela dépendra des circonstances qui privilégient l’utilisation d’une méthode particulière ou d’une arme particulière d’une manière plus efficace, au détriment d’une autre.

Q : Monsieur le Président, après le récent raid israélien sur la Syrie, il a été question des antis missiles aériens S 300, considéré être un armement qui brise l’équilibre. A la base de ce qui a été évoqué à propos de ce sujet, M. Netanyahu s’est rendu à Moscou. Question immédiate : Est-ce que ces missiles sont sur le chemin de Damas ou sont-ils désormais en Syrie ?

Tous les contrats de la Russie seront honorés

Réponse : Habituellement, nous ne faisons pas de révélations dans le domaine militaire sur ce que nous obtenons et ce que nous avons. Mais pour la Russie, les contrats ne sont pas liés à la crise, nous négocions avec eux (Russes) sur différents types d’armes depuis des années, et la Russie s’est engagée avec la Syrie pour honorer ses contrats. Je veux dire, ce n’est ni la visite de Netanyahu, ni la crise elle-même, ni leurs conditions n’affecteront la fourniture d’armes. Tous les contrats que nous avons conclus avec les Russes, et dont une partie a été exécutée, seront honorés.

La proposition de Khatib

Q : Avant d’aborder la question de la conférence de Genève et les lignes rouges de la Syrie, le chef démissionnaire de la coalition de l’opposition Moaz Khatif avait émis une proposition selon laquelle : le président syrien quitte avec 500 personnalités choisies le territoire syrien dans le but de mettre un terme à la crise. Pourquoi vous ne répondez pas à cette demande et mettiez fin à la crise ?

Réponse : J’ai toujours parlé d’un principe fondamental, la décision du départ ou non du président revient au peuple syrien. Quiconque veut parler de ce sujet doit annoncer qui il représente, représente-t-il le peuple syrien ? Est-il mandaté par le peuple syrien ? J’ai pas lu cette initiative, je l’ai entendu à la télévision, j’ai été beaucoup ravi qu’ils m’ont donné vingt jours et 500 personnalités, mais je ne suis pas sûr si c’est lui ou autre qui ont proposé cette initiative, je ne m’intéresse pas beaucoup aux noms.

Conférence de Genève

Q : S’agissant de la conférence de Genève 2, le gouvernement syrien a donné son accord préliminaire à la participation à cette conférence. Le mot négociation veut dire s’asseoir sur une table où il y a le drapeau syrien et le drapeau de ces groupes d’opposition. Comment allez-vous convaincre après deux ans et demi le peuple syrien que vous allez vous asseyez sur une table de négociations à côté de ces groupes ?

Réponse : Premièrement, s’agissant du drapeau, j’ai toujours dit que le drapeau n’a aucune valeur que pour le peuple qui le représente. Quand nous mettons un drapeau sur une table dans n’importe quel endroit, nous disons qui est le peuple lié à ce drapeau. Nous adressons cette question à ceux qui veulent mettre en Syrie des drapeaux syriens autres que le drapeau syrien officiel, ces drapeaux n’ont pas de valeur quand ils ne représentent pas le peuple.

D’autre part, notre délégation participera à cette conférence en tant que représentant légitime du peuple syrien. Eux, ils représentent qui ? Nous, à la fin de la conférence, on rentre en Syrie ? On retourne à nos maisons et on revient chez notre peuple. Eux, ils rentreront où ? Aux hôtels cinq étoiles, aux ministères des Affaires étrangères des pays qu’ils représentent, bien sûr non syriennes, pour leur présenter les comptes rendus, ou chez les services de renseignements de ces pays ?

C’est pour cela quant on participe à cette conférence, on doit savoir d’une façon claire une partie de ceux qui vont s’asseoir sur la table. Je dis une partie car les procédures de la conférence ne sont pas claires jusqu’à présent. Quel sera le poids de l’opposition syrienne nationale ? Quel sera le poids de l’opposition et autres partis présents en Syrie … ? Or, l’opposition de l’étranger, dont tu parles et de son drapeau, nous savons que nous allons négocier les pays qui les soutiennent et non pas eux-mêmes. Quand on négocie le vassal explicite cela veut dire qu’on négocie implicitement son maitre. Telle est la vérité, et il ne faut se cacher derrière son doigt. Telle est la vérité.

Q : Etes-vous convaincus que la table de négociation aura certainement lieu, le mois prochain ?

Réponse : Nous prévoyons cela, sauf en cas d’une obstruction de la part des autres pays. Quant à nous en Syrie, nous avons annoncé il y a deux jours notre accord préliminaire à y participer.

Q : Accord « préliminaire », avez-vous l’intention de renoncer ?

Réponse : Le principe de la conférence est juste, mais nous ignorons les détails ? Y a-t-il des détails ? Y aura-t-il par exemple des conditions avant la tenue de la conférence ? S’ils imposent des conditions, il se peut que nous les refusons et par conséquent ne pas y participer…

Les conditions de la Syrie

Q : Passons M. le président aux conditions de la direction syrienne ? Quelles sont les conditions de la Syrie ?

Réponse : Tout simplement notre seule condition est que toute démarche adoptée lors d’une réunion, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, y compris la conférence de Genève, doit être soumise à un référendum auquel prend part le peuple syrien. C’est notre condition principale, tous les autres détails n’ont pas de valeur. C’est pour cela nous sommes tranquille, ils peuvent proposer ceux qu’ils veulent, il en est de même pour nous, mais n’importe quelle démarche ne sera appliqué qu’après l’approbation du peuple syrien. Tant que nous représentons légitimement le peuple nous n’avons rien à craindre.

Confusion autour de Genève 1 et 2

Q : Il y a eu beaucoup de confusion autour de Genève 1 et Genève 2 , concernant la période de transition, et le rôle du président syrien lors de cette période ? Etes-vous prêts à renoncer à vos prérogatives en faveur d’un gouvernement transitoire ?

Réponse : C’est ce que j’ai clarifié dans l’initiative que nous avons proposé en janvier 2013. Eux, ils disent qu’ils veulent un gouvernement provisoire dans lequel le président n’aura pas de rôle, bien sûr le président ne dirige pas un gouvernement, le régime en Syrie est présidentielle, le président est à la tête de la République et ce n’est pas lui qui préside le gouvernement. C’est le Premier ministre.

Eux, ils veulent un gouvernement doté de larges prérogatives. La constitution syrienne accorde au gouvernement des prérogatives entières : le président est le commandant général de l’armée et des forces armées, et il est le chef du conseil supérieur de la justice, alors que toutes les autres institutions relèvent directement du gouvernement.

Quant à la modification des prérogatives du président, cela revient à la constitution. Le président ne peut pas renoncer à ses prérogatives. Il ne détient pas la constitution qui est soumise à référendum populaire.

Tous ces sujets doivent être discutés lors de la conférence, et en cas d’accord, ils seront soumis à référendum. … Mais, demander à l’avance une modification de la constitution, cela ne revient ni au président, ni au gouvernement. Nous n’avons pas le droit constitutionnellement de le faire.

Présidentielles 2014

Q : M. le président, franchement parlant, toutes les positions de l’opposition, tous vos adversaires politiques disent qu’ils ne veulent pas un rôle d’Assad dans la prochaine période ou dans l’avenir en Syrie, c’est ce qu’a dit Saoud al-Fayçal (MAE saoudien), les turcs, les qataris et l’opposition syrienne. Le président syrien va-t-il se présenter aux présidentielles prochaines en 2014 ?

Moi, je sais que Saoud al-Fayçal est spécialisé dans les dossiers américains, et je ne sais pas s’il sait quelque chose des questions syriennes. Pas de problème, s’il veut apprendre.

Quant aux désirs des autres, je répète qu’il n’y a de place qu’au désir du peuple syrien. …Il est encore tôt de parler des présidentielles 2014. Mais, si je sens à travers mes contacts avec les citoyens qu’ils désirent que je présente ma candidature à la présidentielle, je n’hésiterai pas. Mais, si je sens que le peuple ne veut pas, il est logique que je ne me présenterai pas à la présidentielle. Ils perdent le temps, en discutant de ce sujet.

Relations avec les pays arabes et la Ligue arabe

Q : M. le président où en sont les relations entre la Syrie d’une part et l’Arabie, le Qatar et la Turquie, surtout si on prend en considération leur dernière position qui a été quasi modéréelors du comité ministériel arabe. Ils n’ont pas explicitement réclamé le départ du président Assad. Vous sentez qu’il y a un changement ou un soutien de ces pays à une solution politique de la crise syrienne ? Et êtes-vous prêts à œuvrer de nouveau avec la Ligue arabe, bien que le gouvernement syrien ait récemment réclamé des excuses de la Ligue arabe ?

Réponse : S’agissant des pays arabes, on constate des modifications temporaires au niveau du discours qui n’ont rien à voir avec la pratique. Les pays qui soutiennent les terroristes n’ont pas changé, ils les soutiennent toujours. Quant à la Turquie, il n’y a rien de sérieux. Alors que le Qatar reste le financeur qui fournit de l’argent aux terroristes. En réalité, il n’y a pas de changement.

A propos de la Ligue arabe, nous en Syrie n’avions jamais compté sur elle. Nous avons des contacts avec tout le monde, et nous ne fermons pas les portes. Mais, soyons réaliste, cette institution est incapable de faire quelque chose. La plupart des pays arabes ne sont pas indépendants et reçoivent les diktats de l’extérieur. Certains d’entre eux sont implicitement avec nous, alors qu’au niveau des prises de positions ils ne le sont pas. Nous ne comptons pas sur la Ligue arabe.

L’échec des négociations

Q : Quelles seraient les conséquences de l’échec des négociations politiques ?

Réponse : cette hypothèse est très probable, car il y des pays qui entravent dès le début la tenue de la conférence internationale sur la Syrie, et ils sont contre tout dialogue qu’il soit en Syrie ou ailleurs. Même les Russes ont à plusieurs reprises minimisé les attentes liées à cette conférence.

Mais je crois que l’échec de cette conférence ne changera pas la situation à l’intérieur du pays parce que ces pays, en cas de la tenue de la conférence ou pas, ne cesseront pas de soutenir les terroristes. Et les gangs ne renonceront pas au sabotage.

La politique de l’auto-distanciation du Liban

Q : M. le président les évènements en Syrie ont commencé à se propager dans les pays voisins, les développements sur la scène irakienne, les attentats à Reyhanli en Turquie, et la tension au Liban précisément à Tripoli et Ersal, ainsi que la participation du Hezbollah à Qousseir. La politique de l’auto-distanciation du Liban reste-t-elle admissible ?

S’agissant de la politique de l’auto-distanciation du Liban vis-à-vis de la crise en Syrie, posons cette question simple : Est-ce que le Liban a empêché l’ingérence libanaise en Syrie ? Est-ce qu’il a interdit l’infiltration des terroristes et le trafic d’armes en Syrie ? Tout le monde sait que le Liban a été l’un des acteurs négatifs à la crise en Syrie. Le Liban n’a même pas pu se pu se protéger des retombées de cette crise, à savoir le conflit à Tripoli et les missiles qui s’abattent sur plusieurs régions. En fait, de quelle politique de distanciation nous parlons. (…) Quand la maison de mon voisin est en train de se bruler, je ne peux pas dire ça ne me concerne pas. Le feu va se propager à ma maison. Nous ne croyons pas que cette politique est admissible au niveau pratique.

La Syrie restera un soutien à la résistance et aux résistants arabes

Q : Qu’est ce que vous dites aux partisans de la résistance, à l’occasion de la fête de la résistance et de la libération et à la lumière des promesses prononcées par Sayed Nasrallah sur la victoire. Vous parlez avec confiance. Qu’est ce que vous dites au public. Sommes-nous proche de sortir de ce tunnel obscur ?

Réponse : La plus grande victoire réalisée par les résistances arabes depuis des décennies a été une victoire intellectuelle en premier lieu. Pas question de triompher au niveau militaire si on n’a pas réussi et résisté face aux campagnes de déformation des concepts dans la région.

Avant la guerre civile au Liban, on disait : la force du Liban réside dans sa faiblesse. Cette hypothèse s’est avérée erronée après les différentes victoires de la résistance.

La faiblesse du Liban réside dans sa faiblesse, et sa force réside dans sa force. La force du Liban réside dans sa résistance, et la force du Liban est due grâce à ces résistants dont tu as parlés.

Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin à cette résistance et à ses exploits. Les développements ces deux dernières années ont déformé les concepts au point que certains arabes ont oublié que l’ennemi est Israël. Les animosités ont pris des dimensions confessionnelles, régionales, nationales et autres.

Nous parions sur ces résistants pour qu’ils rappellent aux peuples arabes à travers leurs exploits que notre ennemi est toujours présent.

S’agissant de ma confiance en la victoire, je dis si on n’était pas confiant de triompher, on n’avait pas pu résister deux ans après cette offensive internationale et mondiale. Il ne s’agit pas d’une agression tripartie comme en 1956, mais d’une vraie guerre mondiale contre la Syrie et la voie de la résistance. C’est pour cela, on est très confiant de triompher, et je vous assure que la Syrie restera plus que jamais un des soutiens à la résistance et aux résistants dans tout le monde arabe.

Vous êtes la bienvenue, et je voudrais féliciter la chaine AlManar, la chaine de la résistance à l’occasion de la libération. Je voudrais féliciter aussi le peuple libanais et chaque résistant au Liban.

Vous êtes les bienvenus.

FIN

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Le « populisme du FN » un dangereux contresens, d’Annie Collovald et Guerre aux chômeurs ou guerre au chômage, d’Emmanuel Pierru
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Récemment apparues, les éditions du Croquant, issues d’une dissidence des héritiers de Pierre Bourdieu, publient des ouvrages riches, au coeur des problèmes sociaux actuels et offrant un regard juste et pertinent. Deux d’entre eux ont particulièrement retenu notre attention : Le « populisme du FN » un dangereux contresens A travers cet ouvrage, Annie Collovald a voulu déconstruire et remettre en cause le terme de « populisme » qui sert aujourd’hui d’explication au succès électoral du (…)
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(...) quelqu’un a dit il y a vingt ans : "vous pouvez croire tout ce qu’on raconte sur cet homme, sauf qu’il est mort".

(...) Ce lieu sera pour toujours un témoignage de lutte, un appel à l’humanisme. Il sera aussi un hommage permanent à une génération qui voulait transformer le monde, et à l’esprit rebelle et inventif d’un artiste qui contribua à forger cette génération et en même temps en est un de ses symboles les plus authentiques.

Les années 60 étaient bien plus qu’une période dans un siècle qui touche à sa fin. Avant toute chose, elles ont été une attitude face à la vie qui a profondément influencé la culture, la société et la politique, et a qui a traversé toutes les frontières. Un élan novateur s’est levé, victorieux, pour submerger toute la décennie, mais il était né bien avant cette époque et ne s’est pas arrêté depuis. (...)

Avec une animosité obstinée, certains dénigrent encore cette époque - ceux qui savent que pour tuer l’histoire, il faut d’abord lui arracher le moment le plus lumineux et le plus prometteur. C’est ainsi que sont les choses, et c’est ainsi qu’elles ont toujours été : pour ou contre les années 60.

Ricardo Alarcon,
président de l’Assemblée Nationale de Cuba
Allocution lors de l’inauguration de la statue de John Lennon à la Havane, Décembre 2000

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