« Les bas salaires, il y en a marre ; le mal au dos, il y en a marre » et « Nous voulons le respect ; nous voulons la dignité ! » c’était quelques unes des consignes que l’on pouvait entendre ces derniers jours au 5 Rue de la Paix à Paris, devant le luxueux hôtel Hyatt. En effet, le 20 septembre, 65 employées d’un sous-traitant de cet hôtel, dont certaines chambres peuvent coûter 16000 euros la nuit (plus que le salaire annuel d’une femme de chambre), entamaient une grève illimitée.
Leurs principales revendications étaient le paiement du 13e mois, la fin de la sous-traitance et l’embauche directe par l’hôtel, la fin des contrats à temps partiel, la fin des heures supplémentaires non payées et l’installation d’une pointeuse électronique. Les passants et encore plus les clients de l’hôtel restaient étonnés de voir ce groupe de salariées, dans une écrasante majorité des femmes immigrées, manifester devant le Hyatt, dans une rue où en général règne « la paix sociale de la consommation de luxe ». Car il s’agit de salariées qui en général sont « invisibilisées » et méprisées. Et quand la misère sur laquelle le luxe se fonde est exposée au grand jour, la « sensibilité bourgeoise » est heurtée.
Cela d’autant plus que cette grève s’est déroulée pendant la « fashion week », ce qui faisait perdre beaucoup d’argent au Hyatt. Les salariées, avec le soutien de la CGT et de la CNT, ont organisé un « défilé de mode » des grévistes, une sorte de « contre-défilé », pour démontrer que « la mode n’est pas que celle des riches ».
Finalement, les grévistes ont obtenu satisfaction de certaines de ces revendications, notamment le paiement du 13e mois et des augmentations de salaires. Malheureusement, elles n’ont pas été intégrées comme des salariées du Hyatt mais simplement ré-embauchées chez un nouveau sous-traitant, comme cela se fait régulièrement dans ce cas pour enlever toute responsabilité à l’employeur réel, le Hyatt en l’occurrence. Ce n’est pas pour rien que les salariées chantaient : « La Française [des Services –le sous-traitant] voleur, Hyatt complice ! ».
Cependant, au-delà du résultat de cette lutte, il faut saluer le courage de ces travailleuses qui sont pratiquement toutes immigrées, embauchées dans des conditions très dures, à temps partiel, souvent amenées à faire des heures supplémentaires non payées comme telles ou pas payées du tout, soumises à un mépris constant de la part de la hiérarchie et des clients de cet hôtel luxueux. C’est un très bel exemple de lutte au cœur du Paris bourgeois, du Paris où l’impérialisme français vante sa richesse, mais aussi du Paris où le grand capital montre très clairement son caractère surexploiteur, machiste et raciste. La lutte des femmes de chambre du Hyatt pourrait sans doute encourager d’autres salariés à suivre leur exemple ! Bravo !
25/9/2013.
Voici quelques photos du« défilé » des grévistes et du rassemblement devant l’hôtel : https://www.facebook.com/media/set/?set=a.520500191371662.1073741837.100002350578513&type=1&l=8d9b75e80f