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Haïti, Alain Joyandet, les chats noirs la nuit

La presse « mainstream » française (celle qui fait comme si je n’existais pas, parce que j’aurais « trop de style » pour un nègre ou qui m’insulte de temps en temps) vaut vraiment la peine d’être lue en ce moment. Prenons au hasard dans ce florilège de sottises et de mensonges grossiers.

Si les journalistes sont beaucoup plus nuancés qu’il y a six ans pour parler de la prétendue « démission » du président Aristide, en fait victime d’un brutal enlèvement chez lui à 4 h du matin par un commando de trente barbus des forces spéciales US emmené par Luis Moreno, le résident de la CIA à Port-au-Prince, agissant sur ordre de l’administration Bush, avec la collaboration de Villepin, en revanche, on continue à soutenir que le président aurait été poussé dehors par une « rébellion armée » (et non pas par la CIA) : en fait une cinquantaine de mercenaires payés 2 millions de dollars et qui servaient de diversion à l’opération américaine (même si Guy Philippe, la stupide marionnette présentée à la presse comme le chef des « rebelles » pensait certainement naïvement tirer parti de cette situation en levant une véritable armée et en devenant ainsi un réel interlocuteur pour ses commanditaires). Mais la chose la plus énorme que j’aie pu lire, c’est que les Haïtiens seraient « contents » de voir arriver les GI’s d’Obama (avec leur fusil caché derrière le dos) parce que - tenez-vous bien - Obama est « noir » et, comme il est « noir », les Haïtiens le considéreraient forcément comme un ami. C’est tout juste s’ils n’agiteraient pas des petits drapeaux américains. Celui ou celle qui a pu écrire cela révèle une pensée raciste primaire, selon laquelle tous les « noirs » (qui se ressemblent tous, formant une « race » dont la culture ne saurait corriger les défauts) agiraient en fonction d’une solidarité naturelle. Je ne suis pas sûr que les chats noirs miaulent et se saluent quand ils se croisent la nuit, sauf dans l’esprit malade d’ignorants arriérés dans certaines campagnes. Mais sans doute les « noirs » sont-ils beaucoup plus bêtes que les félins domestiques.

C’est cette logique simpliste et pour tout dire pathologique qui a prévalu pour confier les opérations du coup d’État de 2004 à Mme Rice et à M. Powell. Comme ils étaient « noirs » dans l’esprit de ceux qui se définissent comme « blancs » et qui doivent être fiers de cette prétendue supériorité, les Haïtiens devaient être contents qu’un coup d’État soit perpétré par une « soeur » et un « frère ». De même qu’ils étaient contents d’être gouvernés par leur «  frère » papa Doc. M. Fillon aurait dû envoyer, dans ces conditions, une Rama Yade, au lieu d’Arno Klarsfeld, pour que les nègres haïtiens soient contents d’apprendre, par la bouche d’une « soeur » que la France ne leur doit rien et que les 24 millions de dollars généreusement octroyés par Paris (c’est le chiffre annoncé pour l’aide française) étaient le don charitable d’un pays civilisé à une horde de va-nu-pieds ingouvernables et de sauvages puants, capables à la limite, comme dirait Stephen Smith, de se « bouffer entre eux ». Surtout pas le commencement de remboursement d’une éventuelle dette pour 21 milliards de dollars de racket ajoutés à 150 années d’esclavage. Car comme dirait ce bon Chirac (Pointe à Pitre, mars 2000) : « Haïti n’a jamais été, à proprement parler, une colonie française ». De même Chirac n’a-t-il jamais été, à proprement parler, un imbécile. D’ailleurs, si ma mémoire est bonne, à l’automne 2007, c’est bien Rama Yade qu’on avait envoyée en exploratrice à Port-au-Prince, à cause, je présume, de sa couleur.

Ceci étant, les Haïtiens avaient peu apprécié. Pour deux raisons. D’abord parce, là -bas, les plus pauvres, qui n’ont plus leur mot à dire depuis que leur président a été enlevé, jugent d’après l’histoire (qu’ils connaissent mieux que Chirac, hélas) et non pas à la couleur du poil. L’histoire de Rama et la leur n’avaient vraiment rien à voir. Ensuite, parce que la classe dirigeante haïtienne, présentée mensongèrement par les médias comme « noire », ce qui est absolument faux, n’aime pas du tout les « nègres ». « Tu pues, Kongo ! » : c’est le genre de compliments que les Syro-Libano-Américains, comme André Apaid, un « blanc » qui n’avait même pas la nationalité haïtienne, mais qui a été présenté par la presse française en 2004, comme le chef de l’ « opposition » de Port-au-Prince (de même que certaines personnes à Paris, sont montrées comme représentant l’outre-mer et la « diversité » sans que nul ne s’en étonne), ce sont ces compliments là , dis-je, que ces gens-là aiment lancer aux employés (à 1 dollar par jour) qui sont censés avoir démérité. Cette classe dominante de néo-esclavagistes blancs ou clairs de peau, qui a renversé Aristide à cause de sa couleur et de ses origines modestes, aurait été plus flattée si Paris leur avait envoyé quelque fin de race vaniteux aux manières de colon, se piquant de belles lettres (peu importe qu’il n’écrive pas lui-même ses livres) et se réclamant de Napoléon, comme on en trouve au ministère français des Affaires étrangères, un endroit où la « diversité » est particulièrement représentée, comme chacun doit savoir…

Un grand coup de chapeau en tout cas au courageux ministre français qui, présent sur le terrain dès qu’il a pu, a osé parler d’occupation. M. Joyandet, je vous salue bien bas. Et je serai certainement l’un des rares à lever mon chapeau. Malheureusement, les choses étant ce qu’elles sont, j’espère pour vous que le sort qui vous est promis sera plus enviable que celui de M. Jego et que vous ne serez pas sèchement remercié au mois de mars pour avoir osé défendre, comme vous le pouviez, l’honneur de la France, singulièrement élastique de nos jours. Respect !

Claude Ribbe

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