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Guerre en Ukraine : trois scénarios pour 2023 et les facteurs déterminants qui les sous-tendent

Billet du lundi 16 janvier 2023 de Jean-Bernard Pinatel, Général (2s), Vice-président et membre fondateur de Geopragma.

Dans Foreign Affairs du 4 janvier 2023 [i], Barry Ross Posen, professeur de sciences politiques internationales au MIT et directeur du programme études de sécurité du MIT infléchit son évaluation de situation concernant la guerre en Ukraine : « En juillet, j’ai fait valoir que la guerre était dans l’impasse. Compte tenu des succès subséquents de l’Ukraine dans la libération du territoire dans et autour des villes de Kherson et Kharkiv, mon évaluation était clairement prématurée. Mais il convient de noter que l’Ukraine a obtenu ces succès pendant la période où les forces de la Russie étaient à leur plus faible et son leadership à ses plus pauvres moments. Malgré les progrès de Kiev, la triste vérité demeure qu’à l’époque et à l’heure actuelle, le rapport entre les pertes russes et les pertes ukrainiennes est de un pour un, selon les estimations des États-Unis. La campagne de bombardements contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, qui a commencé en octobre, force l’Ukraine et ses alliés à détourner leurs ressources vers la défense de la population urbaine du pays, vulnérable aux intempéries en l’absence d’électricité. Et le retrait des forces russes de la ville de Kherson en novembre a sauvé des unités capables de destruction et les a libérés pour l’action ailleurs ».

Cette analyse est importante à plusieurs titres : elle confirme les analyses stratégiques de plusieurs géopoliticiens français ou étrangers notamment ceux de GEOPRAGMA, (dont la pensée reste libre de tout appartenance) car elle minimise les succès ukrainiens que nos analystes de plateaux TV considéraient comme décisifs et qui les autorisaient à pronostiquer la défaite de la Russie.

A l’orée de 2023 l’évolution de la réflexion de cet influenceur important de la pensée stratégique des élites américaines est l’occasion de rappeler les facteurs déterminants qui se sont dégagés de ces 10 mois de guerre et qui décideront de l’évolution de ce conflit.

Ils limitent le champ des scénarios plausibles sur la poursuite de ce conflit en 2023.

Les facteurs déterminants qui se sont révélés au cours de ces 10 mois de guerre
 :

1. Les russes, par sous-évaluation des capacités ukrainiennes et de l’héroïsme de ses soldats et probablement pour devancer une attaque de leur part prévue au printemps, se sont lancés le 24 février 2022 dans cette « opération spéciale » avec des forces limitées (environ 100 000 hommes) et un commandement décentralisé (3 corps d’Armée) sur un front très étendu (1000 km). Avec ces forces ils n’avaient, comme je l’ai déclaré le 5 mars sur LCI, ni la capacité de s’emparer de Kiev ni de conquérir toute l’Ukraine que la majorité des consultants TV désignait alors comme l’objectif de la Russie, mettant même en garde contre une extension du conflit aux pays voisins.

2. Ce qui a été proclamé à l’Ouest comme de grandes victoires ukrainiennes ne sont en réalité que des replis opérationnels des forces russes de l’oblats de Kharkiv et de la rive Ouest du Dniepr à Kherson. En effet, les Russes ne pouvaient conserver ces territoires avec des effectifs aussi limités sans s’exposer à des contre-attaques victorieuses de la part de Kiev.

3. Même si les pertes ukrainiennes [ii] sont égales et probablement supérieures à celles avouées par les autorités de 100 000 hommes soit 10 000 hommes en moyenne par mois de guerre, il est exagéré d’en attribuer autant aux forces russes. En effet l’Ukraine a mobilisé environ un million d’hommes et en a envoyé au front 500 000, ce qui constitue un taux de pertes très élevé de 20%, inconnu depuis la Seconde Guerre mondiale (par comparaison dans ses OPEX, la quatrième génération du feu, la France a perdu depuis 1969 en moyenne un homme par mois et 350 par mois durant la guerre d’Algérie 1954-1962).

En outre, 100 000 russes hors de combat signifierait que le taux de perte des forces russes serait de l’ordre de 75% des effectifs engagés en prenant en compte les forces du Donbass et les milices Wagner (50 000 hommes), ce qui est évidemment irréaliste. En appliquant le même taux qu’a subi l’Ukraine, les pertes des forces engagées du côté russe sont probablement plus proches de 30-40 000 hommes. Cette évaluation est corrélée par le nombre de prisonniers de part et d’autre. Les russes affirment détenir plus de 6 000 ukrainiens et miliciens, chiffres corroborés par les ONG qui ont été autorisées à les rencontrer alors que Kiev garde un silence total sur le nombre de prisonniers russes. Un indice toutefois, le seul échange de prisonniers médiatisé a porté le 22 septembre sur 215 prisonniers ukrainiens et étrangers contre 55 prisonniers russes. On retrouve ce rapport de 1 à 4 qui reflète probablement mieux les pertes russes par rapport aux pertes ukrainiennes.

4. Les Russes qui ont une population 4 fois plus importante que celle de l’Ukraine, disposent encore de réserves mobilisables même après le rappel de 300 000 réservistes alors que les ukrainiens ont atteint leurs limites.

5. Le remplacement des matériels détruits et la maintenance opérationnelle est facilitée côté russe mais constitue un casse-tête pour l’Ukraine. En effet, la Russie possède la deuxième industrie d’armement exportatrice du monde derrière celle des Etats-Unis, loin devant la France troisième (deux fois et demie en valeur source SIPRI). Elle est donc capable de remplacer les matériels perdus et les munitions utilisées à l’identique ou par des matériels d’une génération plus récente (ex les 200 chars lourds T90M [iii]) tout en pouvant obtenir des munitions et des matériels de même type chez les pays amis équipés des mêmes armements.

En revanche, depuis le 24 février, le soutien des pays occidentaux à l’Ukraine confronte ses forces à un double défi quantitatif et qualitatif.

Le problème quantitatif vient de la consommation de munitions par l’Ukraine qui tire en une semaine la quantité d’obus et de missiles que les Etats-Unis produisent actuellement en un mois. Ces cadences de tir entrainent de plus une usure rapide des matériels : 50% des obusiers étasuniens serait en maintenance ou hors service ; la précision des canons César français décroit avec leur usage intensif. A cela s’ajoute le fait que les pays de l’OTAN sont incapables de remplacer nombre pour nombre les matériels détruits au combat sans mettre à nu leurs forces car leurs industries d’armement ne sont pas capables d’augmenter rapidement leurs cadences.

L’aspect qualitatif provient du fait que les pays anglo-saxons et européens ne peuvent remplacer les matériels détruits avec les mêmes matériels de fabrication soviétique des années 80 qui équipaient majoritairement l’armée ukrainienne au début du conflit, ce qui entraine une hétérogénéité des matériels à soutenir. De plus les pays de l’OTAN envoient des matériels très différents qui accroissent à chaque envoi l’hétérogénéité du parc ukrainien de matériels ce qui impacte directement leur maintien en condition opérationnelle (MCO). En effet la maintenance des obusiers étasuniens n’a rien de comparable avec celui de nos canons César ; de même celle des engins blindés à roue de transport de troupe VAB et les AMX-10RC canon qui sont actuellement remplacés dans nos régiments par les matériels du programme Scorpion, n’a rien de commun avec celle des blindés anglo-saxons ou allemands. Tout cela accumulé pose aux ukrainiens des problèmes de maintien en condition difficilement surmontables, et plusieurs sources indiquent que le taux de disponibilité de leurs matériels est inférieur à 50%.

6. Un nouvel élément qui vient d’être révélé par le président du Nigéria : le détournement vers la contrebande d’armes d’une partie des équipements livrées par les occidentaux à l’Ukraine. Ce fait dramatique ne peut plus être occulté [iv] et soulève des questions éthiques et stratégiques auxquelles il n’est pas facile de remédier même si les Etats-Unis s’attachent à mettre en place pour 2033 des mécanismes pour le limiter [v] . Ce révélateur de la corruption endémique en Ukraine et les conséquences sur les ressortissants et les intérêts européens en Afrique est de nature à fragiliser le soutien que les populations et certains dirigeants européens apportent à cette guerre.

7. Enfin, du fait du délai consenti pour l’application des sanctions et malgré le sabotage de Nord Stream 1 et 2 par les Britanniques le 26 septembre, les états européens ont importé de Russie les dix premiers mois de 2022 des produits énergétiques pour une valeur de 181 milliards d’euros, soit une augmentation en valeur de 38 % par rapport à l’année précédente [vi] et, malgré cela, les prix de l’énergie flambent en Europe. Les leaders européens prennent conscience qu’ils ne pourront se passer du gaz russe sans accepter un accroissement considérable du prix de l’énergie avec les conséquences en termes économiques et sociaux qui fragilisent leur pouvoir et mettent à mal la cohésion de l’Union Européenne.

Les scénarios pour demain

Il est aujourd’hui évident que la Russie reprendra l’offensive début 2023 avec des forces deux à trois fois plus importantes que celles engagées le 24 février 2022. La question que tous les analystes se posent est : avec quel but de guerre et quelles chances de réussite ? Les enseignements tirés des 10 premiers mois de guerre permettent d’écarter le scénario d’une défaite russe que souhaite la majorité des commentateurs peu avertis de la chose militaire et qui trop souvent prennent leurs désirs pour la réalité.

Le scénario coréen

Pour les consultants qui défilent sur les plateaux TV, ce conflit ne peut se terminer que par la victoire de l’Ukraine ou par une solution diplomatique qui lui permettrait de recouvrer tout le territoire perdu y compris la Crimée. Il apparait plus conforme au déroulement de cette guerre d’envisager une situation dans lequel le conflit continue sans victoire ni paix. C’est le scénario Coréen. Poutine a compris que la poursuite de la guerre va coûter à la Russie de plus en plus cher en hommes et à son économie car les occidentaux sont en mesure d’accélérer la fabrication d’armes et de munitions et la division des républicains aux États-Unis sur le soutien à l’Ukraine laisse le champ libre aux démocrates pour accroitre leur soutien à Zelenski. La diplomatie russe ayant obtenu l’assurance de plusieurs pays européens qu’ils s’opposeront à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN, Poutine considère que le risque de voir Odessa devenir une base OTAN et la flotte étasunienne en mer Noire est limité au moins pour les cinq années à venir. Cette assurance est basée sur la prise de conscience d’une partie des leaders européens et de la majorité de la population que ce sont leurs pays qui auront à supporter les conséquences économiques et sociales du prolongement de cette guerre et le soutien à l’Ukraine « quoi qu’il en coûte » est largement remis en cause. En conséquence Poutine limite ses buts de guerre et utilise ses nouvelles forces pour terminer la conquête des 4 oblats de Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson et place ses unités en défensive à leurs frontières. Les Ukrainiens usent leurs forces, déjà fortement éprouvées, en lançant des offensives sur ces défenses qui sont hachées par l’artillerie russe. Et, petit à petit, fin 2023, s’installe une situation de « non-guerre armée » de part et d’autre d’une « nouvelle frontière » qui n’est pas reconnue par l’Ukraine et par les occidentaux...et on se retrouve dans la situation Coréenne qui perdure depuis 74 ans.

Le scénario : un pont trop loin

Avec ses nouvelles forces et pour ne pas laisser le temps aux occidentaux d’ajouter à la guerre économique qu’ils mènent à la Russie, la mise sur pied d’une « économie de guerre » dans leurs pays (accroissement de plusieurs points du PIB des dépenses d’armement, passage aux 3 X 8 dans les industries de défense), Poutine décide de terminer la conquête des 4 oblasts qu’il a annexés juridiquement et de lancer simultanément une offensive pour s’emparer d’Odessa et rejoindre la province autonome de Transnistrie en annexant les oblasts de Mikolaïv et d’Odessa. Cette relance de l’agression russe resoude le camp occidental et il devient évident même chez les leaders politiques favorables à la Russie que Poutine a perdu la tête et qu’il faut donner un coup d’arrêt à la Russie car, après avoir conquis Odessa, rien ne dit qu’il ne foncera pas à nouveau sur Kiev. Les pays européens accroissent leur cobelligérance et une véritable légion étrangère composée de volontaires des pays européens et équipée des derniers matériels les plus performants rejoint l’Ukraine qui reçoit massivement les équipements de défense anti-aérienne pour rendre l’utilisation de l’espace aérien très couteux par la Russie. Des contre-attaques vigoureuses nord-sud mettent à mal les lignes de ravitaillement terrestres russes vers Odessa tandis que des sous-marins occidentaux pénètrent en mer Noire et coulent les navires de ravitaillement russe. La fin de l’année 2024 marque l’échec de cette offensive et la Russie est contrainte de se replier à l’Est du Dniepr.

Scénario 3 : la nucléarisation du conflit

Poutine a perdu espoir d’atteindre ses objectifs minima par des moyens classiques : conquérir et défendre les 4 oblasts annexés et obtenir une neutralisation de l’Ukraine qui éviterait de voir Odessa devenir une base OTAN. En effet les livraisons d’armes des pays anglo-saxons, la formation des soldats ukrainiens et l’engagement de plus en plus nombreux de combattants venus d’Occident bloque l’avancée de ses troupes dans le Donetsk. Les pays occidentaux multiplient l’envoi de nouveaux systèmes de défense aérienne en Ukraine, atténuant l’impact des frappes stratégiques de la Russie, ainsi que de son aviation d’appui au sol. Les Etats-Unis autorisent l’Ukraine à déplacer ses lance-roquettes M142 HIMARS vers le sud et à cibler les ports, les bases et les dépôts russes en Crimée. La flotte russe subit des attaques en mer Noire et plusieurs de ses bâtiments sont coulés. Le pont de Crimée est à nouveau sérieusement endommagé. Poutine considère alors que les intérêts vitaux de la Russie sont en jeu. Il déploie ses armements nucléaires non stratégiques et fait exploser une arme nucléaire en altitude au-dessus de l’Ile aux serpents en signe d’ultime avertissement. Il lance aux occidentaux un ultimatum : arrêtez et revenez à la table de négociations ou vous aurez à faire face à l’utilisation d’armes nucléaires non stratégiques sur le théâtre des opérations. Il est évident que ce scénario peut constituer la suite du scénario deux.

En conclusion

Les décisions de Washington dans son soutien à Zelenski et la perception par les leaders européens des risques que l’Europe encourt en poussant Poutine dans ses retranchements et leur décision de découpler ou non leur action en Ukraine de celle des Anglo-Saxons déterminera la désescalade de cette guerre en 2023 ou sa montée aux extrêmes. La position des leaders européens est d’autant plus essentielle que, dans cette guerre, les européens, l’Ukraine et la Russie apparaissent être les « dindons de la farce anglo-saxonne » qui veut affaiblir la Russie avec le sang des Ukrainiens et, en restaurant une guerre plus chaude que froide, interdire toute alliance économique entre l’Europe et la Russie pour éviter qu’elle devienne la première puissance économique mondiale du XXIème siècle. Cette guerre fait reculer le monde multipolaire que nous appelons de nos vœux et nous ramène dans la deuxième moitié du XXème siècle dans un monde dominé par un duopole EU-URSS remplacé désormais par EU-Chine, alliée de la Russie. En rejetant ainsi la Russie dans les bras de Pékin, nous nous dirigeons comme des somnambules vers cet affrontement de l’Heartland contre le Rimland, annoncé par les géo-politologues Halford Mackinder (1861-1947) et Nicholas Spikman (1893-1943) d’autant que la prolongation de ce conflit accroit les risques de sa nucléarisation ce qui serait dramatique pour l’Europe alors que les vraies menaces pour l’avenir de nos sociétés sont le dérèglement climatique, l’immigration massive et l’islam radical.

[Texte publié le 15-01-23 sur Géopragma.

[i] https://www.foreignaffairs.com/ukraine/russia-rebound-moscow-recovered-military-setbacks?utm_medium=newsletters&utm_source=fatoday&utm_campaign=The%20New%20Industrial%20Age&utm_content=20230104&utm_term=FA%20Today%20-%20112017
[ii] On entend par perte, les tués, les blessés graves qui ne reprendront pas le combat et les prisonniers
[iii] https://www.lefigaro.fr/international/guerre-en-ukraine-la-russie-envoie-200-de-ses-chars-les-plus-modernes-des-t-90m-dans-le-donbass-20221208
[iv] Muhammadu Buhari, président du Nigéria – la première puissance économique africaine en termes de PIB nominal et la deuxième en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat – a déclaré récemment que des armes en provenance du conflit ukrainien se déversent à flot continu dans la région du bassin du lac Tchad.
Le chef d’Etat nigérian a lancé cet appel dans son discours d’ouverture du 16ème Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), qui s’est déroulé dans la ville d’Abuja, la capitale du Nigéria. « Ce mouvement illégal d’armes dans la région a intensifié la prolifération des armes légères et de petit calibre qui continue de menacer notre paix et notre sécurité collectives dans la région », a ajouté Muhammadu Buhari dans son discours. Au point que même certains représentants de régimes occidentaux avaient fini récemment par admettre timidement cette réalité.
[v] https://www.jmu.edu/news/cisr/2022/10/28-wra.shtml
[vi] Eurostat

https://geopragma.fr/guerre-en-ukraine-trois-scenarios-pour-2023-et-les-facteurs-determinants-qui-les-sous-tendent/

 https://geopragma.fr/guerre-en-ukraine-trois-scenarios-pour-2023-et-les-facteurs-determinants-qui-les-sous-tendent/

COMMENTAIRES  

19/01/2023 11:58 par Geb.

Ca faisait longtemps que j’avais pas lu un SITREP autant à) côté de ses pompes.

Un pareille confusion et inversion entre les causes et les effets, les chiffres probables des pertes de part et d’autre et les chiffres avancés, on se demande si le mec le fait pas exprès.

Et encore je ne relèverai pas qu’il n’a pris en compte ni les constantes des alliances intégrées des Russes avec les autres pays alliés, ni la situation politique et industrielle interne de la Russie, ni la situation économique et logistique de l’Occident et ds USA en particulier.

En bref, il s’est fait plaisir tout en ne fâchant personne et en noyant le poisson.

On dirait du Tytelmann pur jus.(- :

"force l’Ukraine et ses alliés à détourner leurs ressources vers la défense de la population urbaine du pays".

Rien que cette phrase ça te donne le niveau de compréhension par l’auteur de la mentalité du Gouvernement fantoche de Kiev et des ses sponsors qui ne réclament que plus de victimes civiles ukro pour demander plus de pognon et d’armement à l’occident et stigmatiser les "moskals".

19/01/2023 21:05 par act

@Geb : Bonsoir,
La phrase que tu extrais de l’article n’est pas de l’auteur de l’article mais une citation de "Barry Ross Posen, professeur de sciences politiques internationales au MIT et directeur du programme études de sécurité du MIT"
C’est une personne des plus compétentes en la matière et bien informée sur la situation en Ukraine qui a attiré mon attention sur cet article, je ne connaissais ni le site, ni l’auteur. L’auteur est un général Français ayant servi dans les Troupes Aéroportées, bureau Renseignement et Opérations, le site est apparemment plutôt de droite conservatrice mais non atlantiste. C’est de lire ce type d’analyse, d’une telle source qui est intéressant et révélateur de la situation.
Relis les 7 points, je ne doute pas que tu as tiqué sur la phrase "par sous-évaluation des capacités ukrainiennes et de l’héroïsme de ses soldats", j’attire pourtant ton attention sur la seconde partie de la phrase :" et probablement pour devancer une attaque de leur part prévue au printemps , se sont lancés le 24 février 2022 dans cette « opération spéciale » avec des forces limitées".
Ces 7 points sont loin de la propagande atlantiste servie par les médias mainstream.

Cela écrit, ce type d’analyse plus nuancée et divers recoupements, m’apprennent généralement plus sur la situation, que nombre de sitrep qui, en voulant à raison sortir de la propagande atlantiste, sombrent dans une propagande pro-russe qui manque tout autant de nuances, de recul et d’objectivité.
BàT

20/01/2023 00:02 par Geb.

@act...Imagines bien que moi aussi j’ai mes entrées chez les spécialistes, les vrais sur la question.

Imaginer un seul instant que les Russes qui savaient que l’Ukraine était et est toujours la plus grande force armée d’Europe après la Turquie se sont plantés sur leurs capacités à la contrer est une erreur fondamentale.

Ou Poutine s’est fourvoyé, en admettant qu’il ne l’ait pas fait exprès, c’est sur les volontés de ne pas suivre les USA des Européens et surtout de l’Allemagne.

Parce qu’il faut comprendre que la Russie et sa politique combinée avec ses alliés c’est un mastodonte à mettre en route vers un but commun.

Les questions qu’on pose aujourd’hui ce sont les mêmes qu’en 2014 à une plus grande échelle. S’il avait voulu il pouvait verrouiller les Républiques et les intégrer immédiatement. Mais diplomatiquement c’était une catastrophe aussi bien en interne qu’en externe.

Il n’a jamais voulu intégrer l’Ukraine non Russe. Et encore moins aujourd’hui car ça l’obligerait à prendre en charge les civils restés sur place et subir la haine au sein même des territoires qu’il administrerait en tant qu’occupant.

Ce que je reproche au gars qui a écrit l’article c’est le fait qu’il n’intègre pas que Poutine et surtout son staff, (Et aussi celui qui va le remplacer), ont une vision bien plus large maintenant que la fourberie occidentale a été dévoilée. Ils le savaient mais il fallait que ça soit étalé publiquement.

Ces mecs ce sont des gens qui brusquement ont décidés de se placer en analystes géo-stratéges comme des influenceurs le feraient sur des produits de beauté. Quand il dit que "le rapport des pertes Russo ukrainiennes est de un pour un" il ne fait que rapporter les chiffre zuniens du DoD qui sont totalement biaisés. N’importe quel militaire même un adjudant de base sait que c’est carrément impossible.

Sans compter que tout ce qui a été pris par "les Russes" l’a été à 70% par les Milices du Donbass, les Tchétchènes d’Akhmat et le PMC Wagner, l’Armée russe n’ayant fourni en sus de la maîtrise du ciel et d’une partie des appuis d’artillerie, que du renseignement, de la logistique et du matériel.

Et surtout qu’il n’a pas l’air de savoir ce que tous les Etats Majors sérieux savent : Les Russes ont une génération d’avance en type d’armement. Et aujourd’hui, en sus des 300 000 militaires bien formés qui viennent d’arriver il savent qu’il y a encore 2 millions 700000 Russes mobilisables qui comprennent que le meilleur moyen de n’être jamais "mobilisés" c’est que la guerre finisse rapidement avec une victoire russe ou au moins un compromis aux conditions russes satisfaisant et sécurisant.

Ca veut dire que à chaque marche montée dans l’escalade par l’ennemi les Russes répondront par une réponse mesurée mais beaucoup plus destructrice et létale. Et de plus en plus proche des vrais centre décisionnaires de l’agression ukro.

Mais surtout la Russie ne "perdra" jamais. Même volontairement. Même s’il fallait que "ses alliés" piétinent Poutine s’il changeait de bord. Ses alliances le lui interdisent car ceux qui seront dans le collimateur si elle tombe ne le permettront pas, même s’il faut en arriver à une guerre planétaire..

Ca n’est plus une Opération de Police spéciale entre la Russie et l’Ukraine, c’est une guerre systémique entre deux zones planétaires antagonistes A et B qui ne peut se terminer que par l’oblitération d’une des deux. Et c’est la Russie qui tient le gros bout du gourdin.

Même si la victoire n’est pas militaire, même si les hostilité cessent, il y a un des deux côtés qui doit disparaître comme système de gestion du Monde. Et si c’est pas militairement ça sera politiquement et économiquement. Et ça sera pas le côté ni la vision émancipatrice russe qui disparaîtra.

Il y a une volonté de changement de paradigme planétaire face à une "constante réactionnaire impériale" voulant perpétuer l’ordre établi par elle même depuis des siècles . Une volonté de refuser de se plier aux diktats d’une bande de mafieux génocidaires quelque soit le système politique ou religieux des pays qui se rebellent

En ce sens il s’agit d’une guerre "révolutionnaire" d’émancipation. Même s’il ne s’agit pas de la Révolution comme je la verrai personnellement à travers ma Conscience de classe.

Faut bien commencer par quelque chose...

20/01/2023 11:21 par D.Vanhove

...ce qu’il faut lire, parfois !...

Xavier Moreau pourrait y reconnaître un nv "gamelin"... et je rejoins GEB pour ses commentaires

j’y ajoute que quand on lit la conclusion de l’auteur "...alors que les vraies menaces pour l’avenir de nos sociétés sont le dérèglement climatique, l’immigration massive et l’islam radical"... on a une meilleure idée de ce qu’il trimballe dans sa tête...

20/01/2023 12:12 par act

@Geb : merci pour ta réponse,
je partage l’ensemble de ton commentaire, je suis plus nuancés sur un ou deux points précis (par exemple, si je pense que la réaction Russe est légitime, je suis plus nuancé quant à ton affirmation qu’il s’agit d’une forme de guerre "révolutionnaire" d’émancipation)

Mais je continue de penser que les éléments qui peuvent énerver dans ce texte, t’ont énervé au point ou tu manques plusieurs points du texte. Précédemment tu avais retenu et cité une phrase qui n’est pas de l’auteur mais une citation dans son texte, ici tu lui reproche de prétendre que les pertes seraient à de "un pour un", alors que précisément il s’attache à démontrer le contraire : points 3 & 4 "On retrouve ce rapport de 1 à 4 qui reflète probablement mieux les pertes russes par rapport aux pertes ukrainiennes."
Il est probablement encore en deçà de la réalité mais il contredit déjà la propagande OTAN.

20/01/2023 12:13 par lou lou la pétroleuse

En français "SITREP" est traduisible par : rapport de situation. Pourquoi remplacer une expression française que tout le monde peut comprendre par une abréviation anglaise de la traduction anglaise de cette expression ???

20/01/2023 15:38 par act

@D.Vanhove : Effectivement, la dernière phrase de la conclusion vient gâcher l’article mais a le mérite de situer d’où parle l’auteur. Toutefois, le reste de l’article reste intéressant et souvent pertinent. C’est le premier texte que j’ai proposé à LGS dans la démarche du "donner à lire", qui me pose souvent question et qui reste ouverte.
Cela dit , ce n’est certainement pas à un Xavier Moreau que je me fierais (sauf si un second degré m’échappe ;), plutôt à un "b" de "moon of alabama" par exemple.
BàV

20/01/2023 20:28 par Geb.

Pourquoi "SITREP" ?

En effet. Bonne question...

Parce que c’est l’acronyme précis et compris universellement pour désigner un rapport de situation militaire dans toutes les armées occidentales.

Pourquoi ne pas signifier "Arrêt impératif" sur un panneau de "Stop" ?

Parce que "Stop" est compris même en Arabie Saoudite et en Chine. Et que le temps de lire "Arrêt impératif" on a en général emplâtré le véhicule prioritaire qu’on était censé laisser passer.

Pourquoi ne pas écrire en Géométrie : "Rapport, dans un triangle rectangle, de la longueur du côté adjacent à l’angle considéré par la longueur de l’hypoténuse" ?

Plutôt que "cosinus".

En plus en Grec ancien, dans une langue morte depuis 2000 ans.

Alors que "c’est si simple et rapide" à déclarer en Françaoui moyen VIVANT tout en bossant sur un projet d’étude de résistances des structures alaires pour "Aérospace Industries".

Et pourquoi ne pas écrire "Sodomiser les diptères" plutôt que "Enc...er les mouches" ?

Serait-ce pour ne pas vexer l’ego surdimensionné d’un quarteron de gracieuses "mouches" féminines par rapport à une horrible horde velue de "diptères" masculins condamnés au supplice du pal par le "Petit Robert" ???

Solus Deus scit..

En effet, pourquoi ?

Je me le demande chaque matin, (Et bien d’autres choses essentielles à la réussite de ma journée), en pratiquant mes commodités fonctionnelles. (- :

Ensuite je tire soigneusement la chasse, me lave méticuleusement les mains et le reste, et déguste mon "pain au chocolat", ("Sorry soeur", ma "chocolatine") avec mon cahoua bien chaud.

21/01/2023 11:12 par Danael

Mieux vaut s’en tenir à la réalité qu’à des scénarios fictifs surtout de la part de ceux qui se veulent objectifs selon des critères bien de chez nous .Même les spécialistes les plus modérés comme Jacques Baud ne s’aventurent pas dans de tels scénarios car c’est déjà assez difficile d’enlever la crasse qui sort de la bouche des Rambos UKR-UE anglo-américains. Tout ce qu’on peut constater cependant est que l’Ukraine telle que la publicise Zelensky est belle et bien morte par overdoses de toutes les sortes ( guerre de territoire surjouée militairement mais vaine car sans stratégie globale intelligente, marché noir des armes et des humains, vols accrus et planques des dirigeants, abus graves sur les populations, multiplication de petits groupes de criminels, exode massif de la population, etc) . Pour le reste la Russie a déjà démontré sa résistance dans l’histoire et les dirigeants américains leurs vaines prétentions de moins en moins fructueuses et suivies dans ce monde. L’enjeu est donc déjà plus large que ce que montrent ces petits scénarios.

22/01/2023 11:40 par Dissonantlebarbare

L’auteur est fondateur de Géopragma, un think-tank militaire définit comme "apolitique", loin des excitations, truismes et autres ornières conceptuelles à la mode.
Apolitique, on sait bien ce que ça veut dire, une droite qui ne s’assume pas. D’aileurs, dans C.A et le conseil d’orientaion stratégique, on trouve Conessa, Juliet et autres dont la rigueur est tout-à-fait au garde-à-vous devant les cohortes les plus à droite de la droite.
Par ailleurs, la main sur le coeur on est loin des jugements, des tendances, mais on reprend l’immigration comme fléau mondial, tarte à la crème de l’extrême-droite que l’ONU ne voit pas du tout déferler sur nos côtes dans un avenir proche.
Et qui mériterait de disparaître au profit d’un vrai fléau planétaire, l’inégalité, ou les risques systémiques du capitalisme, tout cela bien réel qui suce au quotidien les richesses produites dans le monde entier, interdit tout changement de paradigme et favorise la poursuite d’une guerre très profitable aux multinationales US, qui pourrait juste dériver, détruire quelques millliions de gens, à l’Ouest, comme à l’Est.
A part ça, une sorte d’aveuglement sur les capacités de l’occident qui serait capable de lancer ses chaines de fabrication en 3/8. Encore faudrait-il qu’il ait les ressources en matières premières, encore faudrait que 70% des armes produites ne s’évaporent pas avant d’arriver en Ukraine, encore faudrait-il que la Russie n’actionne pas la destruction massive des chaines d’approvisionnement de l’OTAN.
Bref, c’est pas out of the box, mais de la lucidité embarquée.

22/01/2023 12:38 par D.Vanhove

> act : rassurez-vous, d’une part illustrant mon propos par l’usage du terme "gamelin", il s’agit en effet de second degré, mais qui trouve tte sa place à la suite du papier... et d’autre part, je m’informe à de multiples sources qui permettent une synthèse globale des sujets abordés

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