En attendant le déluge.

Inondations à Houston (Texas) suite à l’ouragan Harvey. Photo : David J. Phillip/Associated Press
Politicoboy

COMBIEN DE FOIS reconstruirons-nous les villes de Houston et de la Nouvelle Orléans, les territoires d’outre-mer, d’Haïti, de Saint-Martin, de Saint-Pierre et de Puerto Rico, dévastés par des ouragans dont la force meurtrière est amplifiée par le réchauffement climatique ? Combien de fois dépenserons-nous encore des fortunes avant d’abandonner définitivement des zones entières aux conséquences de la montée des eaux ? Combien de catastrophes comme les ouragans Harvey, Irma et Maria ou les moussons extrêmes qui ont privé d’eau courante 40 millions d’habitants du Bangladesh et de l’Inde seront-elles nécessaires pour que nous prenions pleinement conscience de la menace qui pèse sur la survie de notre civilisation ?

Combien de scènes de pillages perpétrées par des populations que des politiques économiques inégalitaires ont calfeutrées dans des bidonvilles devrons-nous encore observer ?

Combien de feux de forêt dévastateurs subirons-nous avant de décider de changer drastiquement notre mode de fonctionnement pour adopter des pratiques respectueuses de notre planète ?

Depuis l’invention de l’agriculture, des dizaines de civilisations millénaires ont disparu les unes après les autres, victimes de la cupidité et de la stupidité de leurs dirigeants. Nous ne ferons probablement pas exception. Mésopotamiens, Birmans, Hindous, Égyptien, Romains… les ruines de ces empires jonchent la planète. Les élites corrompues de ces puissances déchues prospéraient sur la misère, la colère et la peur qui animaient leur peuple. Poussés par leur cupidité et leur hubris, ils se lancèrent dans des guerres autodestructrices et des projets pharaoniques ruineux, avant de se calfeutrer dans de somptueuses résidences protégées — Versailles, la cité interdite — laissant leur peuple sombrer dans le désespoir et la pauvreté. Plus la situation empirait, plus le déni de réalité gagnait la population et ses dirigeants. Certains se réfugiaient dans des dogmes et croyances aveugles tandis que d’autres refusaient simplement de voir la vérité en face.

Nous entrons dans la dernière ligne droite de notre propre civilisation. Alors que les eaux montent et les températures s’accroissent, nous dérégulons la finance, encourageons l’exploitation des ressources minières, cherchons par tous les moyens à étendre la mondialisation en signant des accords de libre-échange, coupons les budgets, organisons partout le recul de l’État et le démantèlement des services publics. Notre géopolitique se réduit à jouer les VRP pour vendre des armes aux états soutenant le terrorisme tandis que nous bombardons les populations victimes du réchauffement climatique.

En visite sur les îles en ruines, détruites à 95 % par l’ouragan Irma, Emmanuel Macron s’est mis en scène, dormant sur un lit de camp et se lavant avec un seau d’eau, protégé par un service d’ordre qui aurait été plus utile à secourir les habitants. Après avoir promis la reconstruction, il s’en allait signer le CETA, un accord de libre-échange à l’impact climatique désastreux, du propre aveu de la commission qu’il avait lui-même mandatée.

Un impact économique déjà désastreux

Il ne s’agit plus seulement de sacrifier des profits immédiats pour garantir la survie de notre espèce, mais de lutter contre les destructions économiques déjà présentes.

En septembre, le réchauffement climatique aura causé plus de trois cents milliards d’euros de dégâts aux États-Unis. Après avoir dévasté le Texas et la Floride, trois millions d’Américains ont été privé d’électricité et d’eau courante pendant trois semaines à Puerto Rico. La côte Est est menacée à son tour. À New York, pas moins de 130 milliards de dollars d’actifs immobiliers sont construits en zone inondable. D’ici 2050, les principales villes du monde, Tokyo, New York, Los Angeles, Shanghai, Rio… seront impactées.

En France, le réchauffement climatique menace l’industrie du vin, ses douze milliards d’euros de chiffre d’affaires et son demi-million d’emplois. Les vendanges se font déjà trois semaines plus tôt que prévu, et le goût comme la qualité pâtissent de la hausse des températures. La production de blé mondiale a vu son rendement baisser de 2 %, celui du maïs de 1,5 %. Le réchauffement des eaux des rivières françaises impacte la production d’électricité nucléaire, avec une baisse de 7 % directement causée par les records de températures estivales.

Paix mondiale et sécurité intérieur menacées par le changement climatique

Les experts militaires et les rapports des climatologues s’accordent à reconnaitre le rôle prépondérant du changement climatique dans les révolutions du printemps arabe, donc la guerre en Libye, le conflit syrien, l’émergence de Daesch et les attentats terroristes en France. Les vagues d’immigrés climatiques qui cherchent à rejoindre l’Europe facilitent la montée du fascisme au cœur de l’UE. Le parti néonazi allemand vient de récolter 14 % des suffrages nationaux, et jusqu’à 35 % dans certaines régions. Depuis la mort d’Adolf Hitler, c’est la première fois que l’extrême droite allemande siège au Bundestag. Après la Pologne et la Hongrie, la Slovaquie élit un dirigeant d’extrême droite. En Autriche, au Royaume Uni et en Finlande, elle participe à des gouvernements de coalition.

Selon l’ONU, d’ici 2050, 250 millions de réfugiés climatiques viendront frapper aux portes de l’Europe. Il s’agit d’une estimation basse, car les températures observées et la montée des eaux mesurées dépassent les prédictions les plus alarmistes.

Or, certaines régions parmi les plus touchées se trouvent sur des lignes de tensions entre nations possédant la bombe atomique. Comment ne pas redouter un état failli au Pakistan, tombant aux mains des djihadistes qui seraient en mesure de commettre des actes terroristes à l’arme nucléaire ? Comment ne pas redouter un conflit atomique entre l’Inde et le Pakistan, dont l’impact écologique serait, selon les scientifiques de la NASA, synonyme de fin de l’espèce humaine ?

En Arctique, le recul de la calotte glacière ouvre une nouvelle zone de compétition entre la Russie, la Chine et les USA pour s’accaparer les ressources minières. Ces trois pays se livrent à une course à l’armement en sous-marins lanceurs d’ogives nucléaires dont la mise à feu est placée en état d’alerte permanent.

Déni de réalité

Nous pouvons réduire considérablement notre impact personnel en diminuant notre consommation de viande. Chaque steak de bœuf produit équivaut à un trajet de 30 km en voiture et trente douches. Mais devenir végane, manger bio et local, acheter des biens durables, prendre son vélo plutôt que l’avion… tous ces gestes citoyens et nécessaires ne seront pas suffisants pour arrêter la folie cupide de nos dirigeants.

Face à ce tableau apocalyptique, Emmanuel Macron et Nicolas Hulot cèdent devant la pression des lobbies pour limiter le projet de loi d’interdiction des forages pétroliers, ils rechignent à bannir le glyphosate, moteur de l’agriculture productiviste responsable de 20 % des rejets de gaz à effet de serre. Ils autorisent la commercialisation des perturbateurs endocriniens et supprime la taxe sur les industries polluantes. Puis on apprend par la presse que la France est engagée dans une stratégie de négociation européenne qui s’oppose à la réalisation des objectifs de la COP21. Et que dire du CETA et de ses conséquences dramatiques pour le climat ? Cet accord de libre-échange subventionne l’extraction du pétrole bitumineux et menace de détruire l’agriculture locale, selon le rapport demandé par monsieur Macron lui-même. On sait qu’il va provoquer la perte de 200 000 emplois et multiplier les rejets de gaz à effet de serre. Peu importe, on signe. Rien ne doit entraver les profits.

Devant ce niveau d’irresponsabilité qui relève du crime contre l’humanité, seule l’insurrection pourra nous sauver.

Pour qui sonne le glas ? Pour vous, pour moi.

Politicoboy
Analyses politiques d’un expatrié au Texas

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COMMENTAIRES  

31/10/2017 09:25 par Assimbonanga

Le remboursement des sinistres coûte d’autant plus cher quand il s’agit de palais et d’hôtels de luxe pour milliardaires ou bourgeois étasuniens enrichis sur fonds spéculatifs. Ces gens ont de gros besoins et des relations en haut lieu.
J’ai bien peur qu’à Saint-Martin les quartiers pauvres soient confisqués aux pauvres pendant que hostellerie 5 étoiles sera l’objet de la sollicitude présidentielle. Mais je ne sais pas où trouver l’information à ce sujet, en revanche.

31/10/2017 10:32 par Geb.

OK le niveau de responsabilité et surtout si tu cites les vrais responsables. qui ne sont pas NOUS mais une poignée de truands à la tête du pouvoir mondial.

Par contre :
En France, le réchauffement climatique menace l’industrie du vin, ses douze milliards d’euros de chiffre d’affaires et son demi-million d’emplois. Les vendanges se font déjà trois semaines plus tôt que prévu, et le goût comme la qualité pâtissent de la hausse des températures. La production de blé mondiale a vu son rendement baisser de 2 %, celui du maïs de 1,5 %. Le réchauffement des eaux des rivières françaises impacte la production d’électricité nucléaire, avec une baisse de 7 % directement causée par les records de températures estivales.

Et ce que tu cites comme des catastrophes, n’a rien à voir avec les causes que tu énonces.

1. L’industrie du vin n’est pas "menacée" par le réchauffement climatique, (On parle plutôt aujourd’hui de "changement climatique), même si celui-ci est responsables d’aménagements à apporter à sa mise en oeuvre, mais est menacée par une volonté toujours plus forte de rendement et de profit. (A Meknès, trois parallèles plus au Sud on plante de la vigne à tour de bras et on fait des vins de qualité avec un climat beau coup plus chaud qu’en Bordelais ou en Alsace et ceci sans problème et sans être contraints de "chaptaliser" comme on fait en en Alsace depuis toujours).
2. La production de blé mondiale à peut être baissé globalement mais en Russie, sans aucuns OGM, la production de céréales explose depuis trois ans suite à la volonté du gouvernement russe de cesser d’importer en raison des sanctions. La Russie est actuellement exportatrice. La baisse de production en Occident est plutôt due à une exploitation dérraisonnée des sols, au fait qu’un pays comme l’Ukraine a vu sa production céréalière baisser de 75% en raison des fantaisies de nos camarades américains et européens, et le fait que des pays qui étaient hier importateurs arrivent à l’autonomie chez eux en se libérant du joug occidental. sans compter ceux qui produisaient et consommaient les céréales qui ont été renvoyés à l’âge de pierre par nos amis et alliés de la COP22.
3. Quant au maïs dont la culture en Europe a toujours été une hérésie en raison des quantités astronomiques d’eau et d’amendements nécessaires, (Le maïs est une céréale d’Amérique du sud pas adaptée à l’Europe et aux plaines), il est certain que le prix de l’eau montant il devienne moins rentable et surtout il est clair que la cessation des aides d’Etat à la cultures céréalière l’impactent en premier vu qu’il est plus cher à produire que le blé.
4. Si les centrales nucléaires produisent 7% de moins l’été c’est bien plus en raison de l’explosion volontaire du solaire et de l’éolien subventionné, de la baisse de demande énergétique en été, qu’en raison de la diminution des cours fluviaux qu les refroidissent. L’été on est contraints de se servir de l’énergie nucléaire en trop qu’on ne peut pas totalement arrêter en faisant "tourner" les éoliennes à vide avec au lieu de "produire" du courant éolien, et en pompant sur les cascades de barrages afin de remonter l’eau dans les bassins supérieurs.

Pour le reste je n’entend personne se poser la question de savoir si les gigantesques tempêtes solaires qui ont eu lieu ces deux dernières années n’ont pas aussi quelques rapports avec les catastrophes climatiques aussi gigantesques que certains pays ont subi et continuent de subir. Et je pense que les politiques sociales et guerrières de nos dirigeants bien à nous, ceux qui nous bassinent chaque jours au sujet de nos pots d’échappement pour soutirer des sous au Peuples, sont bien plus responsables de catastrophes bien plus graves que celles que tu cites en détruisant sous les bombes depuis maintenant 60 ans les pays du Monde entier qui ne se plient pas à leurs diktats.

Quand je vois des dirigeants pays qui nous les cassent avec la COP22 et qui ont assassinés des peuples entiers comme la Libye ou l’Afghanistan, je suis pour mon compte persuadé que le problème passe par l’élimination et l’éradication TOTALE de leur système économique et politique ainsi que par leur propre éradication, avant de songer à s’occuper des vaches qui pètent dans les prés ou même des centrales nucléaires.

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