Elections au Brésil : Heloisa Helena, la pierre dans la botte du président.





Dernières nouvelles (17h locales, 20h GMT dimanche soir).

126 millions d’électeurs ont voté (vote obligatoire). Un institut donne Lula à 50%, un autre à 49%. Dans ce dernier cas, il y aura un second tour le 29 octobre entre Lula et le droitier Ackmin, crédité de 37à 38%.

Poussée confirmée de la popularité de la candidate de la gauche, Heloisa Helena : 8 à 9%. L’autre dissident de gauche, ex-ministre de l’Education de Lula, Cristoval Buarque, obtiendrait de 2 à 3%. C’est dire que si Lula est en ballotage, le report des voix de gauche en sa faveur sera déterminant, surtout s’il veut obtenir une majorité confortable, importante pour la bonne gouvernabilité de son second mandat.



Pagina/12, 29 septembre 2006.


Elle vaut plus que les huit points qui lui sont accordés dans les sondages. C’est ce que tout le monde disait hier d’Heloisa Helena, candidate à la présidence pour le Parti Socialisme et Liberté (PSOL). Bien qu’elle n’ait guère de possibilités réelles de l’emporter dimanche, le poids d’Helena pourrait être déterminant dans la dernière ligne droite de l’élection. Lula a cinq points de plus que la somme de tous ses adversaires. S’il perd cet avantage dimanche, il sera en ballotage et devra aller au 2e tour le 29 octobre.

Dans l’entourage du président certains l’appelle "la folle", depuis qu’elle a été expulsée du PT en 2003, pour s’être opposée à la réforme du système de prévoyance, défendant ainsi les promesses électorales du Parti des Travailleurs. Depuis lors, Helena distille de la haine à l’égard du président lui-même qu’elle appelle "sa majesté barbue". Mais c’est un fait que le palais présidentiel du Planalto craint plus Helena que le principal candidat de l’opposition, le droitier Geraldo Alckmin. Cela pourrait même tourner au cauchemar pour Lula dans les studios de la chaîne Globo, à Rio de Janeiro, où y aura débat. Cela explique que Lula ait hésité jusqu’au dernier moment sur sa participation à la confrontation.

Le discours de campagne d’Helena a été dominé par les questions éthiques, bien qu’elle n’ait pas négligé les thèmes de gauche comme la dénonciation de la politique "servile du gouvernement face aux banquiers". Un secteur de sa coalition l’a mise en cause pour avoir été plus dure et passionnée dans sa lutte contre la corruption de l’actuel gouvernement que contre l’antérieur, celui de l’ex-président Fernando Henrique Cardoso (1994-2002). Les stratèges d’Alckmin lui ont fait la même remarque, proposant même récemment aux conseillers d’Helena une tactique commune contre Lula à la télévision. On ne sait pas quelle a été la réponse, mais le le seul rapprochement a été utilisé par l’officialisme gouvernemental pour l’accuser d’être un instrument de la droite.

Avec huit pour cent d’intentions de vote, la sénatrice de l’Etat du Nordeste de Alagoas n’imagine pas un instant remporter les élections de dimanche. La campagne lui a servi de plate-forme de lancement national d’une nouvelle force capable de rassembler dans son sillage l’océan des déçus du Parti des Travailleurs (PT)et ce, par-delà le fait que beaucoup de ceux-ci voteront cette fois encore pour Lula à ces élections.

Pour le moment, elle est parvenue à persuader une fraction des secteurs moyens et intellectuels, pas encore la puissante base pétiste (du PT), ni les secteurs organisés comme les paysans sans terre ou les syndicats. Pour ne plus paraître une référence antipétiste et atteindre la stature de leader national elle devra conquérir ces masses. Et elle le sait, comme l’a établi un bref entretien avec Pagina/12, quand on lui a demandé s’il lui était agréable d’être comparée avec des femmes de l’envergure d’Anita Garibaldi ou d’Eva Peron. "Je préfère ressembler aux femmes de mon peuple, à ces femmes qui dans le Nordeste luttent pour survivre, pour mettre fin à la discrimination masculine, pour prendre soin de leurs enfants. J’ai connu de véritables héroïnes populaires qui m’ont démontré qu’elles sont plus accrocheuses que moi", affirme la candidate du PSOL.

D.P.


- Source : Rebelion , 30 septembre 2006 www.rebelion.org

- Traduit de l’espagnol par Gérard Jugant. Copyleft sous réserve de reproduction honnête et véritable, non commerciale, et de mention des sources en espagnol et en français, ainsi que des auteurs et traducteurs.


- Photo : www.aol.com.br

COMMENTAIRES  

02/10/2006 16:50 par R.B

INCONTESTABLEMENT... LE * P-SOL *... A UN TRàˆS BEL * A-VENIR * POLITIQUE AU BRÉSIL !

* Évidemment... cela demandera du temps... beaucoup d’intelligence et... une persévérance - sans fin ! *

03/10/2006 12:49 par Anonyme

Incontestablement, ce parti ne prend pas ses responsabilités : un échec de Lula - trés probable - au 2ème tour constituerait un grave revers pour l’ensemble de l’Amerique du sud. son adversaire plus à droite que lui est un pro-US et ferait retourner le Brésil dans le giron américain. C’est un membre de l’Opus Dei.

Non, entre Lula et Alckmin il n’ y pas de comparaison. La candidate du PSOL, en appelant à voter, ni pour l’un , ni pou l’autre fait courir au Brésil le risque d’une nouvelle dérive encore plus droitière.

03/10/2006 16:04 par Anonyme

Je partage votre inquiétude, mais je pense que les électeurs du PSOL sauront pour la plupart faire la différence et voteront Lula. Lula a déjà échoué, va t-il échouer aussi électoralement, rien n’est sûr encore.

Gérard Jugant

03/10/2006 16:06 par Anonyme

Re bonjour,

Je viens même d’apprendre à l’instant, par différents sites Internet, que Alckmin est réellement plus proche de l’Opus Dei qu’on ne le dit (y compris un article du Monde qui en fait mention) et opposé à l’avortement. Alckmin est trés dangereux. C’est l’homme des financiers plus que Lula. Décidément, cette "passionaria" de la politique que serait Heloisa Helena, n’a aucun sens des responsabilités, en tant que femme prétendument féministe ..

05/10/2006 21:16 par Anonyme

bonjour,
je pense que vous avez raison sur Alckmin, mais que vous êtes trop sévère concernant Heloisa Helena, disons en ce qui concerne les motifs (vous pourriez par contre lui reprocher d’être contre la liberté de l’avortement, pour des raisons religieuses, ce qui n’est pas très féministe, ça ! Source de cette info : hebdo Lutte Ouvrière du 6 octobre 2006, pages 8 et 9).
GJ

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