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Deux documents israéliens datés de 1982

Ces deux documents datés tous les deux de 1982, et dont les contenus convergent étonnamment, éclairent mieux les événements commencés en Iraq, poursuivis au Soudan et en Libye, culminant en ce moment en Syrie, amorcés en Égypte, et qui n’épargneront pas les monarchies du golfe le moment venu (quoi qu’en pensent leurs potentats).

Publié il y a plusieurs semaines sur le site « entrefilets ».

En 1982, La Revue d’Etudes Palestiniennes avait publié un article d’Oded Yinon, intitulé : « [I]Stratégie pour Israël dans les années 80 », qui lui avait été adressé, avec une courte préface, par le regretté professeur Israël Shahak, ancien président de la Ligue israélienne des droits de l’homme. Dans sa préface, Israël Shahak avait attiré l’attention des lecteurs sur la proximité entre cette « stratégie pour Israël » et la pensée néo-conservatrice américaine, la même qui présidera à la politique étrangère des Etats-Unis depuis l’accession de George W. Bush au pouvoir. L’éclatement de l’Irak, les tensions communautaires dans la plupart des pays arabes, l’annexion aussi de Jérusalem et d’une bonne partie de la Cisjordanie dotent l’article d’Oded Yinon, vingt-cinq ans après sa publication, d’une funeste actualité.

Stratégie pour Israël dans les années 80

(...) Le mythe de l’Egypte, homme fort du monde arabe, ébranlé en 1956, n’a pas survécu à 1967 ; mais notre politique et la restitution du Sinaï ont fait d’un mythe un « fait ». Mais sur le plan réel, la puissance égyptienne, comparée à celle d’Israël seul, et à celle du monde arabe, a diminué de 50 % depuis 1967. L’Egypte n’est plus la première puissance politique du monde arabe, et elle est à la veille d’une crise économique. Sans aide extérieure, la crise va se produire incessamment. A court terme, grâce à la reprise du Sinaï, l’Egypte va marquer quelques points, mais seulement jusqu’en 1982 ; et cela ne modifiera pas à son avantage le rapport de forces mais pourrait même entraîner sa ruine. L’Egypte, dans sa configuration intérieure actuelle est déjà moribonde, et plus encore si nous prenons en compte la rupture entre Chrétiens et musulmans qui va croissant. Démanteler l’Egypte, amener sa décomposition en unités géographiques séparées : tel est l’objectif politique d’Israël sur son front occidental, dans les années 1980. L’Egypte est effectivement déchirée. L’autorité n’y est pas une mais multiple. Si l’Egypte se désagrège, des pays tels que la Lybie , le Soudan et même des Etats plus éloignés ne pourront pas survivre sous leur forme actuelle et accompagneront l’Egypte dans sa chute et sa dissolution.On aura alors un état chrétien copte en Haute Egypte, et un certain nombre d’Etats faibles, au pouvoir très circonscrit, au lieu du gouvernement centralisé actuel ; c’est le développement historique logique et inévitable à long terme, retardé seulement par l’accord de paix de 1979.

Le front ouest qui, à première vue, semble poser plus de problèmes, est en fait plus simple que le front est, théâtre récent des évènements les plus retentissants. La décomposition du Liban en cinq provinces préfigure le sort qui attend le monde arabe tout entier, y compris l’Egypte, la Syrie , l’Irak et toute la péninsule arabe ; au Liban, c’est déjà un fait accompli. La désintégration de la Syrie et de l’Irak en provinces ethniquement ou religieusement homogènes, comme au Liban, est l’objectif prioritaire d’Israël, à long terme, sur son front est ; à court terme, l’objectif est la dissolution militaire de ces Etats. La Syrie va se diviser en plusieurs états suivant les communautés ethniques, de telle sorte que la côte deviendra un Etat allouite chiite ; la région d’Alep, un Etat sunnite ; à Damas, un autre Etat sunnite hostile à son voisin du Nord : les Druzes constitueront leur propre Etat, qui s’étendra sur notre Golan peut-être, et en tout cas dans le Haourân et en Jordanie du Nord. Cet Etat garantira la paix et la sécurité dans la région, à long terme : c’est un objectif qui est dès à présent à notre portée.

L’Irak, pays à la fois riche en pétrole, et en proie à de graves dissensions internes, est un terrain de choix pour l’action d’Israël. Le démantèlement de ce pays nous importe plus encore que celui de la Syrie. L ’Irak est plus fort que la Syrie ; à court terme, le pouvoir irakien est celui qui menace le plus la sécurité Israël. Une guerre entre l’Irak et la Syrie ou entre l’Irak et l’Iran désintègrera l’Etat irakien avant même qu’il ne puisse se préparer à une lutte contre nous. Tout conflit à l’intérieur du monde arabe nous est bénéfique à court terme et précipite le moment où l’Irak se divisera en fonction de ses communautés religieuses, comme la Syrie et le Liban. En Irak, une distribution en provinces, selon les ethnies et les religions, peut se faire de la même manière qu’en Syrie du temps de la domination ottomane. Trois Etats -ou davantage- se constitueront autour des trois villes principales : Bassorah, Bagdad et Mossoul ; et les régions chiites du sud se sépareront des sunnites et des kurdes du Nord. L’actuel conflit irano-irakien peut radicaliser cette polarisation.

(...) La Jordanie ne peut plus survivre longtemps dans la structure actuelle et, la tactique d’Israël soit militaire, soit diplomatique, doit viser à liquider le régime jordanien et à transférer le pouvoir à la majorité palestinienne. Ce changement de régime en Jordanie résoudra le problème des territoires cisjordaniens à forte population arabe ; par la guerre ou par les conditions de paix, il devra y avoir déportation des populations de ces territoires, et un strict contrôle économique et démographique - seuls garants d’une complète transformation de la Cisjordaniecomme de la Transjordanie. A nous de tout faire pour accélérer ce processus et le faire aboutir dans un proche avenir. Il faut rejeter le plan d’autonomie et toute proposition de compromis, de partage des territoires ; étant donné les projets de l’OLP et des arabes israéliens eux-mêmes (voir le plan de Shefar’ham) il n’est plus possible de laisser se perpétuer ici la situation actuelle sans séparer les deux nations : les Arabes en Jordanie et les juifs en Cisjordanie. Il n’y aura de véritables coexistence pacifique dans ce pays que lorsque les arabes auront compris qu’ils ne connaîtront ni existence ni sécurité qu’une fois établie la domination juive du Jourdain jusqu’à la mer.Ils n’auront une nation propre et la sécurité qu’en Jordanie.

En ce qui concerne Israël, la distinction entre les régions acquises en 1967 et les territoires qui les prolongent, ou les zones acquises en 1948, n’a jamais eu aucun sens pour les arabes, et s’est maintenant effacée pour nous aussi. Il faut voir le problème dans son ensemble, sur la base de la situation depuis 1967. Quelle que soit la situation politique ou la situation militaire dans l’avenir, il faut qu’il soit clair que le problème des Arabes autochtones ne recevra de solution que lorsqu’ils reconnaîtront que la présence d’Israël dans les zones de sécurité jusqu’au Jourdain indirectement et au-delà constitue pour nous une nécessité vitale, dans l’ère nucléaire que nous allons vivre maintenant. Nous ne pouvons plus vivre avec trois-quart de la population juive concentrée dans une zone côtière, particulièrement vulnérable à l’âge nucléaire.

Il faut désormais disperser les populations, c’est un impératif stratégique. Faute de cela, nous ne pouvons survivre, quelles que soient les frontières. La Judée , la Samarie , la Galilée sont nos seules garanties d’existence nationale et si nous ne nous implantons pas de façon à être majoritaires dans les zones montagneuses, nous ne gouverneront pas le pays ; nous y vivrons comme les croisés, qui perdirent ce pays - un pays d’ailleurs qui n’était pas le leur, dans lequel ils étaient des étrangers. Notre but premier, le plus essentiel aujourd’hui est de rééquilibrer le pays sous le triple aspect démographique, stratégique et économique. Il faut coloniser tout le versant de la montagne qui s’étend depuis Birsheba jusqu’en Haute Galilée ; c’est un objectif essentiel de notre stratégie nationale : coloniser la montagne qui jusqu’à présent est vide de juifs.

Oded Yinon est journaliste et ancien fonctionnaire du ministère israélien des Affaires Etrangères. Cet article, envoyé à la Revue d’Etude Palestiniennes par Israël Shahak, est paru dans Kivunim (Orientations), n° 14, février 1982 (Revue publiée par le Département de l’Organisation Sioniste mondiale, Jérusalem).

A rapprocher de cet autre document retrouvé par hasard dans mes archives, et qui date également de... 1982.

"En tant que corps centralisé, l’Égypte est déjà un cadavre, surtout si l’on tient compte de l’affrontement de plus en plus dur entre musulmans et chrétiens. Sa division en provinces géographiques distinctes doit être notre objectif politique pour les années 1990, sur le front occidental.

Une fois l’Égypte ainsi disloquée et privée de pouvoir central, des pays comme la Libye, le Soudan, et d’autres plus éloignés, connaîtront la même dissolution. La formation d’un État copte en Haute-Égypte, et celle de petites entités régionales de faible importance, est la clef d’un développement historique actuellement retardé par l’accord de paix, mais inéluctable à long terme.

En dépit des apparences, le front Ouest présente moins de problèmes que celui de l’Est. La partition du Liban en cinq provinces... préfigure ce qui se passera dans l’ensemble du monde arabe. L’éclatement de la Syrie et de l’Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance militaire de ces États

Les structures ethniques de la Syrie l’exposent à un démantèlement qui pourrait aboutir à la création d’un État chi’ite le long de la côte, d’un État sunnite dans la région d’Alep, d’un autre à Damas, et d’une entité druze qui pourrait souhaiter constituer son propre État - peut-être sur notre Golan - en tout cas avec le Houran et le nord de la Jordanie... Un tel État serait, à long terme, une garantie de paix et de sécurité pour la région. C’est un objectif qui est déjà à notre portée.

Riche en pétrole, et en proie à des luttes intestines, l’Irak est dans la ligne de mire israélienne. Sa dissolution serait, pour nous, plus importante que celle de la Syrie, car c’est lui qui représente, à court terme, la plus sérieuse menace pour Israël." (1) ***

"We control America"."Every time we do something you tell me America will do this and will do that . . . I want to tell you something very clear : Don’t worry about American pressure on Israel. We, the Jewish people, control America, and the Americans know it." (2)


1) "Kivounim" (« Orientations ») Jérusalem, ndeg. 14, ndeg. de février 1982. Pages 49 à 59.

2) Israeli Prime Minister, Ariel Sharon, October 3, 2001.

URL de cet article 14898
   
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Si j’étais le président, je pourrais arrêter le terrorisme contre les Etats-Unis en quelques jours. Définitivement. D’abord je demanderais pardon - très publiquement et très sincèrement - à tous les veuves et orphelins, les victimes de tortures et les pauvres, et les millions et millions d’autres victimes de l’Impérialisme Américain. Puis j’annoncerais la fin des interventions des Etats-Unis à travers le monde et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51ème Etat de l’Union mais - bizarrement - un pays étranger. Je réduirais alors le budget militaire d’au moins 90% et consacrerais les économies réalisées à indemniser nos victimes et à réparer les dégâts provoqués par nos bombardements. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le budget militaire pour une année ? Une seule année. A plus de 20.000 dollars par heure depuis la naissance de Jésus Christ.

Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours à la Maison Blanche.

Le quatrième jour, je serais assassiné.

William Blum

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