RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
13 

Crise énergétique : vers une récession violente et potentiellement durable en Europe

Philippe Murer, économiste, prévoit une « véritable tempête économique » en Europe, en raison d'importants problèmes d'approvisionnement en énergies, liés aux sanctions européennes contre la Russie et aux mesures de rétorsion de cette dernière.

Avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, fin janvier 2022, l’inflation était déjà à un niveau très élevé aux Etats-Unis : 7,5%. Des pertes de pouvoir d’achat de 3% pour les ménages étasuniens y ont déclenché une baisse de la consommation et une récession aux 1er et 2e trimestres 2022. Avec la hausse des prix de l’énergie et l’inflation qui perdure, la récession n’est bien sûr pas terminée. L’Europe était et est aujourd’hui dans la même situation, en pire. Peu après le déclenchement de la guerre, les Européens décidèrent d’appliquer progressivement un embargo sur le pétrole, le charbon et enfin sur le gaz russe.

Sur le gaz, Poutine les a pris de vitesse et a mis en place un quasi embargo avant que l’embargo européen ne s’applique. Ces sanctions ont presque fait doubler le prix du pétrole et du charbon et multiplié par 10 à 20 le prix du gaz livré en Europe. Cette décision de l’Union européenne de se couper d’un tiers de son approvisionnement en énergie est du jamais vu et ressemble malheureusement à un suicide économique de l’Europe. La perte de pouvoir d’achat des ménages liée à l’inflation atteint aujourd’hui 5% en Europe, ce qui déclenchera rapidement une récession.

Mais il y a bien pire encore. Si le pétrole et le charbon sont des produits facilement transportables dont l’Europe ne devrait pas manquer, il n’en est pas de même pour le gaz. Il se transporte dans des pipelines nécessitant cinq à sept ans de construction ou par une flotte de bateaux méthaniers accompagnée d’usines de liquéfaction et de gazéification qui nécessiteront cinq ans de construction. Sans compter le temps pour les pays producteurs d’augmenter fortement leur production pour l’Europe. Nous avons donc un problème de manque de gaz insoluble à court terme, qui se résoudra dans cinq ans minimum. 20% de l’énergie et de l’électricité proviennent du gaz en Europe. 40% du gaz provenant de Russie, il manquera environ 8% d’énergie et 8% d’électricité en Europe cet hiver.

Concernant la France, le parc nucléaire est à moitié à l’arrêt. EDF a été malmenée depuis une vingtaine d’années. L’Arenh décidé par Sarkozy sur injonction de l’Union européenne l’oblige à vendre 20% de son électricité en dessous de son coût de revient à des concurrents privés, ce qui l’affaiblit chaque année d’avantage. EDF a été introduite en bourse et a dû s’occuper de ses dividendes et actionnaires privés plus que de la maintenance à long terme de ses centrales nucléaires. Enfin, Hollande puis Macron décidèrent de fermer en 2020 Fessenheim, Macron écrivant dans la loi que dix autres centrales nucléaires seraient fermées en dix ans. Cette attrition du nucléaire et la parole de feu des médias contre cette énergie a rendu difficile l’embauche de jeunes ingénieurs et soudeurs pour la maintenance des centrales. Cette filière n’était pas une filière d’avenir. Voilà comment nous sommes arrivés au point où la moitié des centrales soient aujourd’hui fermées. Posons l’hypothèse raisonnable qu’EDF réussisse à avoir trois quarts de ses centrales nucléaires en production cet hiver. Nous devrons malgré tout importer beaucoup plus d’électricité que les autres années lors des pics de consommation de l’hiver. Or, les autres pays européens seront en pénurie à cause du manque de gaz et ne nous en vendront pas. Nous aurons donc de fortes pénuries d’électricité cet hiver, parfois plusieurs jours de suite selon mes calculs faits à partir de la consommation d’électricité de l’année 2019 (données open source de RTE) et d’économies d’énergie réalistes. Bien sûr, le niveau des températures jouera aussi un rôle amortisseur ou amplificateur.

Il y aura aussi de possibles pénuries de gaz et au minimum un gaz très cher en France cet hiver. Bien que la France ne soit dépendante de la Russie qu’à hauteur de 10-15%, Macron a décidé de vendre un montant représentant annuellement 10% de notre consommation de gaz à l’Allemagne pour aider notre voisin dépendant à 55% du gaz russe !

Pénuries d’électricité et de gaz, énergie chère seront donc au rendez-vous. Pire, l’Union européenne a construit un « marché européen du gaz » et « un marché européen de l’électricité » accompagnés de nombreux instruments de spéculation et de nombreux spéculateurs. Ces marchés amplifient la hausse des prix. La déréglementation des tarifs du gaz et de l’électricité fait fluctuer violemment les prix payés par les entreprises, chacune étant liée à des opérateurs privés souvent fragiles via des contrats différents, parfois dangereux. Le patron de système U expliquait il y a peu que sa facture d’électricité doublerait en 2023 quand le facteur 4 à 6 a été appliqué pour d’autres entreprises.

Déjà des entreprises françaises énergivores comme Arc, Duralex et Ascometal ferment « temporairement » des usines. La moitié des fonderies européennes ont fermé et une association de grosses entreprises européennes explique qu’elles sont menacées dans leur existence même. Arcelor Mittal, le géant de l’acier, tire aussi le signal d’alarme. La disparition de ces entreprises poserait des problèmes à toute l’industrie localisée en Europe par un effet domino qui peut aller très loin. La récession que nous subirons en Europe risque donc d’être une des plus violentes depuis 1945 et causera des dégâts potentiellement irréversibles à notre tissu industriel.

A cela se rajoutera un élément très défavorable : l’économie vit en zone euro depuis huit ans avec des taux à 0%. Une bulle de crédit et des bulles d’actifs ont donc été gonflées. La hausse des taux nécessitée par une inflation à 9% en zone euro nécessite d’augmenter fortement les taux d’intérêt. Cela a déjà commencé et cette hausse des taux crèvera inévitablement les bulles d’actifs en Europe comme la hausse des taux étasuniens est en train de crever les bulles boursières et immobilières aux Etats-Unis. A la crise énergétique et économique s’ajoutera donc une crise financière et ses effets amplificateurs. Certes, les ménages seront protégés partiellement par des boucliers tarifaires. Le prix du gaz et de l’électricité n’augmentera que de 15% le 1er janvier en France. La situation pour les ménages dans le reste de l’Europe est bien pire. A cet inconfort d’une vie avec des pénuries d’énergie et des prix élevés de l’énergie, risque de s’ajouter des pertes d’emplois considérables.

Tout cela annonce une véritable tempête économique dans le ciel de l’Europe. Et elle risque de durer car les problèmes de manque d’énergie en Europe sont des problèmes de moyen terme.

»» https://francais.rt.com/opinions/101210-crise-energetique-vers-recessi...
URL de cet article 38254
  

"Pour sauver la planète, sortez du capitalisme" de Hervé Kempf
René HAMM
Le titre claque comme un slogan que l’on clamerait volontiers avec allégresse. Quel immense dommage que si peu de Vert(-e)s adhèrent à ce credo radical, préférant, à l’image de Dominique Voynet Daniel Cohn-Bendit ou Alain Lipietz, quelques commodes replâtrages ! Les déprédations gravissimes de l’environnement découlent d’un mode de production uniquement mû par « la maximisation du profit ». La crise économique actuelle, corollaire des turbulences qui ont frappé la bulle des hedge funds et des subprimes, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Il faut prendre à César tout ce qui ne lui appartient pas. »

Paul Eluard, Notes sur la poésie, GLM, 1936

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.