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CPE - Non M.de Villepin : un jeune sur quatre n’est pas au chômage ! par Jean-Jacques Chavigné.


12 mars 2006.


Du bon usage des statistiques


Cette affirmation répétée à loisir par la droite s’appuie sur un chiffre de l’Insee : celui de 23,6 % de jeunes de 15-24 ans au chômage.

Ce chiffre signifie-t-il pour autant ce qu’il paraît signifier ? C’est-à -dire que 23,6 % des 8 millions de jeunes de cette catégorie d’âge seraient au chômage. Non ! Car si tel était le cas, ce serait prés de 1 900 000 de ces jeunes qui seraient au chômage. Ils représenteraient, à eux seuls, prés de 75 % du nombre total des chômeurs en France. Cela se saurait.

En réalité, toujours selon l’Insee, le nombre de chômeurs âgés de 15 à 24 ans représente 8 % de ces 8 millions, soit 650 000 chômeurs environ.

En effet, comme le souligne une étude de l’ANPE de 2002, à propos de la définition du chômage retenue dans les calculs de l’Insee (celle du Bureau International du Travail) : « cette notion est trompeuse à un double titre ».

D’abord parce que « ce taux est très sensible à l’âge »

Le taux de chômage des 15-24 ans est nul à 15 ans : les jeunes sont tous scolarisés. En 2005, il culmine à un peu plus de 30 % pour les jeunes de 20 ans : nombreux sont à cet âge là ceux qui sont sortis de l’enseignements sans qualification. Il redescend à un peu moins de 20 % à 24 ans : de nombreux jeunes sont alors entrés dans la vie active avec une qualification leur permettant d’accéder (relativement) rapidement à l’emploi.

« Mais surtout, il est calculé sur la base de la seule population active »

Or, qu’est-ce que la population active ? Ce sont les jeunes qui occupent un emploi ou qui en recherche un.

Ainsi, s’il y avait 1000 jeunes à la recherche d’un emploi entre 16 et 17 ans et qu’aucun de ces jeunes n’aient trouvé d’emploi, avec les critères du BIT, 100 % des jeunes de cette tranche d’âge seraient considérés comme étant au chômage. Et cela, même si ces 1 000 jeunes ne représentent que 0,1 % des jeunes entre 15 et 16 ans, les 99,9 % autres étant scolarisés !

Il en va de même, à une autre échelle, pour l’ensemble des jeunes de 15-24 ans. Ils ne sont pas tous à la recherche d’un emploi. Au contraire, 62 % de la population concernée ne recherche pas d’emploi : elle est au lycée ou à l’Université.

Les 23,6 % ne concerne donc que les 38 % de la population des 15-24 ans qui est à la recherche d’un emploi ou qui a un emploi. Ceux que le BIT considère comme constituant la population active, population à partir de laquelle est calculée le taux de chômage.

Si l’on considère la totalité de la classe d’âge 15-24 ans, le nombre de jeunes réellement au chômage (c’est-à -dire à la recherche d’un emploi) ne s’élève qu’à 8 %. C’est bien sûr beaucoup trop, mais cela n’a rien à voir avec le chiffre-catastrophe de 23,6 %. D’autant que ce taux de 8 % est de même nature que le taux de chômage de l’ensemble de la population (il est même inférieur d’un point).

En réalité, sur la totalité de cette classe d’âge, le chômage ne concerne pas un jeune sur quatre comme le répète à satiété de Villepin mais un jeune sur 13. Ce qui n’est pas exactement la même chose.


Ce n’est bien sûr pas par hasard si de Villepin et la droite martèlent ce chiffre de 23,6 % de jeunes au chômage


Il veulent faire entrer dans la tête des gens que le problème des jeunes est hors du commun et qu’il faut donc lui apporter une solution hors du commun : le CPE. Mais les gens en question sont de plus en plus nombreux à comprendre que l’objectif que s’est fixé le gouvernement n’a pas grand-chose à voir avec le chômage des jeunes mais beaucoup à voir avec la généralisation de la précarité exigée par le Medef.

La répétition de ce chiffre a une autre fonction : justifier (sous la forme, notamment, d’exonérations de cotisations sociales) les aides accordées aux employeurs qui embaucheraient des jeunes. Le but non avouée est toujours le même : baisser le coût du travail pour permettre aux profits d’augmenter leur part dans le partage des richesses créées chaque année.

Il est donc particulièrement regrettable que les différentes propositions rendues publiques par les « présidentiables » du PS - dans le cadre d’une concurrence libre et non faussée par une quelconque synthèse - s’inscrivent dans la même approche. Celle qui considère les jeunes comme une catégorie spécifique dont le taux de chômage justifie de multiplier les aides aux employeurs.

D’autres solutions

A partir du moment où l’on reconnaît que le taux de chômage moyen des jeunes de 15-24 ans n’est pas différent de celui de l’ensemble de la population, les solutions apparaissent également sous un autre jour.

Il faut certes, tout d’abord, trouver une solution au problème des jeunes (souvent issus des lycées professionnels ou techniques) qui quittent l’enseignement sans qualification. La situation de ces jeunes explique le pic du nombre de jeunes de 20 ans à la recherche d’un emploi et qui n’en trouvent pas. Cette solution nécessite, avant tout, de donner à l’Education nationale les moyens financiers et humains d’assurer à tous les jeunes l’acquisition d’un socle commun élevé de connaissances et d’une formation qualifiante.

Il faut, ensuite, prendre des mesures qui concernent non pas une catégorie spécifique mais l’ensemble de la population active puisque le taux de chômage est à peu prés le même. Limiter la précarité en instaurant des quotas de CDD et d’intérim à ne pas dépasser dans chaque entreprise. Abroger toutes les mesures de la droite qui ont allongé le temps de travail : sur la vie entière (la loi Fillon sur les retraites), sur l’année ou la semaine (les contingents d’heures supplémentaires). Instaurer par la loi des vraies 35 heures dans toutes les entreprises. Remplacer, enfin, tous les départs en retraite dans le secteur public.

Jean-Jacques Chavigné, pour FM-D&S, www.democratie-socialisme.org
Forces militantes pour la démocratie et le socialisme.



LIRE : Retrait du CPE/CNE = défense du CDI et reconquête d’un droit protecteur des salariés, par CGT - Inspecteurs du Travail.


CPE : faire regretter son obstination à Villepin , par Convergences Révolutionnaires.


CPE : Dix arguments de M. de Villepin et dix réponses, par Gérard Filoche.

Témoignages Contrat Nouvelle Embauche.

- Des infos et vos expériences du CNE/CPE :
« Victimes du CNE ». ( Groupe en création )<BR>
http://groups.google.fr/group/victimes_cne


On dirait que l’ immobilier est en train de se casser la gueule.




COMMENTAIRES  

14/03/2006 11:00 par el ryu

J’avais déja abordé ce sujet il y a au moins vachement longtemps. Essayez de suivre quoi !

14/03/2006 18:20 par Anonyme

Iul y a donc bien 23 % de jeunes non scolarisés au chômage. Renoncer à la déf. Du BIT pour adopter les def restrictives et les chiffres bidon de l’ANPE pour le seul plaisir de contredire le Galouze me semble une erreur grave, grosse de renoncements futurs.

Cobab

14/03/2006 18:44 par Anonyme

Les 23,6 % ne concerne donc que les 38 % de la population des 15-24 ans qui est à la recherche d’un emploi ou qui a un emploi. Ceux que le BIT considère comme constituant la population active, population à partir de laquelle est calculée le taux de chômage.

18/03/2006 20:40 par âne

et de faire cette distinction, ça avance à quoi ? Voulez-vous nier que 23,6% des jeunes qui sont sortis du système scolaire sont au chômage ? n’êtes-vous pas scandalisé, vous de gauche !, par cet état de fait ?

je trouve l’argumentaire de l’article ("8% de jeunes au chomage ? y’a plus de problème spécifique jeune alors !") lamentable, pour des gens qui se disent de gauche....

18/03/2006 22:25 par Anonyme

Ca avance à quoi ? Juste dire qu’ il n’ y pas pas 23% des jeunes au chômage, c’ est tout, pas plus.

Donc : Non M.de Villepin : un jeune sur quatre n’est pas au chômage !

"Ce chiffre signifie-t-il pour autant ce qu’il paraît signifier ? C’est-à -dire que 23,6 % des 8 millions de jeunes de cette catégorie d’âge seraient au chômage. Non ! Car si tel était le cas, ce serait prés de 1 900 000 de ces jeunes qui seraient au chômage. Ils représenteraient, à eux seuls, prés de 75 % du nombre total des chômeurs en France. Cela se saurait.

"Si l’on considère la totalité de la classe d’âge 15-24 ans, le nombre de jeunes réellement au chômage (c’est-à -dire à la recherche d’un emploi) ne s’élève qu’à 8 %. C’est bien sûr beaucoup trop, mais cela n’a rien à voir avec le chiffre-catastrophe de 23,6 %. D’autant que ce taux de 8 % est de même nature que le taux de chômage de l’ensemble de la population (il est même inférieur d’un point)."

19/03/2006 00:38 par âne

ok, vous auriez donc été d’accord si Gallouzeau avait dit "un jeune actif sur 4 est au chômage".

15/03/2006 14:16 par JV

Considérant la partie suivante de l’article :
« D’autant que ce taux de 8 % est de même nature que le taux de chômage de l’ensemble de la population (il est même inférieur d’un point). »
Vous comparez le taux de chômage de l’ensemble d’une population d’une tranche d’âge (cherchant ou non un emploi) au taux de chômage de l’ensemble de la population active (cherchant un emploi). S’agit il d’une erreur ou ai je mal compris ?

15/03/2006 14:38 par Anonyme

Il me semble qu’ il parle fonction "des" populations actives.

16/03/2006 10:13 par Lucilie Imperatore

Plus que le CPE, luttons pour notre futur !

è Appel à la jeunesse !
è

Je suis un mouton.... oui comme le mouton de panurge.... ou tout du moins, presque, car à la différence du mouton de panurge je ne suis pas la masse tête baissée. je suis la masse car je suis conditionnée depuis l’école à la suivre. J’en ai conscience, je voudrais lutter, mais seule je ne peux pas.

Aujourd’hui contre le C.P.E., la masse se rassemble... chacun de ces moutons en est-il libre ? Si les syndicats, politisés, n’aurait pas lancé la polémique, est-ce que nous nous en serions inquiété ? Chacun le sait. Moi non....
Lutter contre le C.P.E. oui, car on ne peut pas laisser un gouvernement imposer ses lois sans le consentement des concernés, mais notre consentement n’a-t-il pas été donné lors des dernières élections ? Oui et non .... car quelque soit la couleur qui nous dirigerait ça n’aurait peut-être pas été le CPE mais autre chose... Et aujourd’hui c’est la même chose.

Oui, faisons tomber cette loi, battons nous... mais après cette loi , c’est une autre tout aussi injuste qui viendra ; soit pour nous ou pour un autre corps de la société. Et c’est parce que nous ne sommes pas écouté par des gens sensés nous représenter qu’il faut lutter. Et j’irai plus loin, c’est contre le système que nos prédécesseurs, que nous, avons créés avons laisser faire. C’est contre ça qu’il faut se battre, contre des dirigeants qui ne voient en nous qu’une main d’oeuvre, une marionnette, un consommateur à produit, donc un outil de croissance. Le futur ils s’en tamponnent, alors que nous " jeunesse" nous sommes demain ; c’est nous qui vivons dans leur déchets.... On ne peut pas laisser faire ça, la dette pour la futur jeunesse serait trop lourde....

Ouvrez les yeux ! Ne voyez vous pas des gens toujours plus pauvres, en richesse, en pouvoir d’achats, en lien sociaux, en humanité !

Nous Humanité avons réussi à nous enfermer dans un carcan, dans notre petit monde, sans voir que ce carcan est devenu notre piège . Puisque nous sommes devenus les pions de ceux qui régissent ce monde, soit ceux qui détiennent les capitaux, les cours, le progrès, les politiques... nous sommes une machine infernale, ou devrais-je même dire une bombe.... une bombe qui menace la nature, l’Humanité... Et c’est à nous "Jeunesse" de la désamorcer, pour que demain ne soit pas un monde noir ou un grand mur incassable, infranchissable....
C’est pourquoi, par le biais de cette loi injuste du C.P.E qui nous rassemble aujourd’hui, allons plus loin....

Oublions nos couleurs, oublions nos drapeaux, ne faisons plus qu’un, ne soyons plus que la Jeunesse qui veut préserver son futur, qui ne veut pas qu’on l’utilise à des fins illicites, économiques, capitalistes, comme celle utilisée avec despotisme comme le C.P.E. .
Unissons nos forces, nos voix, respectez la liberté de chacun, nos envies individuelles, pour que tous à l’échelle qui nous convient nous réussissions à désamorcer la bombe ou tout du moins, puisqu’il est sans doute trop tard à en diminuer le compte à rebours ou les dégâts. Il est encore temps....

Et pour reprendre une phrase d’Huxley :
"Peut-être les forces qui menacent la liberté sont-elles trop puissantes pour que l’on puisse leur résister longtemps. C’est encore et toujours notre devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous opposer à elles !"

Et pour cela ! allons plus loin dans nos actions, collons les distributeurs de frics, allons chercher les ouvriers à la sortie des usines, envahissons l’assemblée national, faisons un blocus de Matignon, luttons contre tout mode d’asservissement et de manipulation ( média, média gratuit, publicité), et ne leur donnons plus d’interview car ils desservent le mouvement, allons chercher les banlieues, faire un retour sur ce qu’il s’est passé depuis la "crise des banlieues", allons parler aux gens dans la rue, pour les ramener à notre cause.... et tant d’autres bonnes idées que vous aurez !

(que chacun s’approprie ce message et le diffuse ! )

18/03/2006 23:12 par Blob

Bonjour,

Votre analyse des chiffres m’a interpelé.
Vous criez à la désinformation et au mensonge, mais il me semble que votre analyse souffre de quelques approximations.

Pourquoi n’avoir pas donné les liens vers l’INSEE qui permettront à n’importe qui de pouvoir comparer les chiffres avec l’Allemagne, le Royaume Uni, le Danemark, etc...

Et de voir que, effectivement, la population active des 15-24 en France est non seulement très faible (30% contre 65% pour les Pays Bas), mais qu’en plus, parmis ces 30%, 22% sont effectivement au chomage.

Je vous rejoins lorsque vous dites qu’il ne faut pas mélanger les citrons et les radis (cad comparer 22% à 8%), mais ce n’est pas une raison suffisante pour en conclure qu’il n’y a pas de problèmes, car il est bien de taille.

Bien cordialement.

Blob

19/03/2006 01:58 par Anonyme

"C’est bien sûr beaucoup trop, mais cela n’a rien à voir avec le chiffre-catastrophe de 23,6 %. D’autant que ce taux de 8 % est de même nature que le taux de chômage de l’ensemble de la population (il est même inférieur d’un point)."

20/03/2006 08:58 par JV

Loin de remettre en question l’importance de l’information qu’il est apportée dans cet article, il en va malgré tout de la crédibilité de l’auteur de ne pas critiquer les pratiques du gouvernement (utiliser le taux de chomâge d’une tranche de population active pour parler d’une tranche de population brute) et faire par la suite de même (comparer les 8% de taux de chômage d’une tranche de population brute à celui de 9% de l’ensemble de la population active), et ceci afin de mieux étayer ses conclusions.
Cela me semble d’une grande maladresse.

21/03/2006 21:15 par Anonyme

oui j’avoue que c’est bien calculé mais faire confiance à l’INSEE après tout ce qu’elle à accumulée d’erreurs et de peu de crédit. les chiffres sont trompeurs surtout si les jeunes comme vous dites ne sont pas tous dans nos administrations en tant que nombre. on ne peut chiffrer nos fonctionnaires ce n’est pas pour chiffrer nos habitants restons sérieux. et puis si c’est pour parler du CPE c’est un peu hors sujet vous ne trouvez pas.

sur ce bonne soirée

gérard

22/03/2006 09:55 par eric

les chiffres du chômage sont toujours calculés sur les actifs. Il n’y a pas non plus 10%des français au chômage, mais 10% des actifs.

29/03/2006 16:17 par mesrouilles

Ouep... cette analyse, aussi vraie soit-elle, me semble être faite que pouir le plaisir de "jouer sur les mots"... quand on parle de taux de chômage, évidemment qu’on va pas prendre TOUTE la populasse en compte, mais juste la population active... on pourra aussi dire qu’en incluant les enfants de moins de 16 ans (obligatoirement scolarisés, sauf en cas d’apprentissage maintenant, non ?), les retraités, les invalides, bref, tout le peuple français, on aurait tout juste 5% de chômeurs... facile, non ?

Je sais pas ce qu’en pensent les autres "jeunes" du coin (quoique, à 26 ans suis-je encore "jeune" ?) mais pendant trois années de galère absolue j’en connaissais peu qui ne ramaient pas, autour de moi... même encore maintenant, d’ailleurs (merci les emplois-vie scolaire à temps partiel -_- )

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