RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Comment les islamistes ont profité des révolutions arabes pour s’installer au pouvoir.

Le Printemps arabe a vu l’arrivée au pouvoir en Tunisie, en Libye et plus récemment en Egypte des partis islamistes auparavant mis au ban de la vie politique. Le parti tunisien Ennahda ainsi que les Frères musulmans égyptiens, tous deux auparavant interdits par les régimes dictatoriaux de Ben Ali et de Moubarak, sont aujourd’hui les grands vainqueurs des élections législatives de leurs pays respectifs. Le cas libyen est un peu différent. En effet, le régime du colonel Khaddafi ne tolérait aucun parti, et le Conseil National de Transition libyen a dû être crée de toutes pièces suite à la révolution libyenne.

On connait aussi maintenant le rôle nettement intrusif des forces alliées de l’OTAN, auxquelles on peut ajouter le Qatar, l’ensemble chapeauté par le Pentagone, dans la chute des anciens régimes de ces pays.

Comment expliquer alors l’arrivée au pouvoir des partis islamistes alors que les « révolutions » dans ces pays ont été guidées par Washington et ses alliés ? Tout simplement parce que les régimes islamistes n’ont jamais réellement été les ennemis de Washington.

Comment pourraient-ils l’être au vu des relations qu’ils entretiennent avec leurs alliés du Golfe, qui sont des régimes non seulement islamistes mais ultra-rigoristes, notamment l’Arabie Saoudite. En réalité les valeurs de laïcité, de respect des droits de l’homme, de respect de la femme etc., n’importent plus lorsque des intérêts stratégiques ou commerciaux sont en jeu. Si tant est qu’ils aient un jour importé pour Washington…

La lutte contre le terrorisme qui sévit depuis les attentats du 11 septembre 2001 n’en est pas une, pas plus qu’elle n’est une lutte contre l’islamisme radical. Il s’agit tout simplement d’une opération de communication visant à permettre la mise en exécution d’un plan stratégique de géopolitique annoncé depuis le 15 septembre 2001 (juste après les attentats de New York et de Washington), lors d’une réunion à Camp David, durant laquelle l’administration Bush de l’époque avait planifié les attaques successives de l’Afghanistan et de l’Irak d’abord, ensuite la Libye et la Syrie, le Soudan et la Somalie, pour finir par l’Iran (1).

La lutte contre le terrorisme repose sur un symbole du terrorisme islamiste : Al Qaeda. Il est indispensable de clarifier le rôle de cette organisation terroriste : elle n’a jamais été l’ennemi de l’Occident, bien au contraire ! Al Qaeda, à l’origine le Maktab Al-Khadamat, était à l’origine une organisation de moudjahidines destinée à lutter contre l’invasion en 1979 de l’Afghanistan par l’URSS. Elle était financée et armée par Washington - qui décrivait ses membres comme des « combattants de la liberté » - dans le but d’enrayer la machine soviétique. Elle est ensuite devenue officiellement l’ennemi de l’Occident et organise une série d’attentats (New York et Washington en 2001, Madrid en 2004…) qui permettent à Washington de mettre en place son plan anti-terroriste qui consiste principalement en l’adoption, à l’intérieur du territoire des Etats-Unis, de véritables mesures de restriction des libertés relevant de l’Etat d’urgence, et, à l’extérieur du territoire, de la série de guerres qu’on a évoqué précédemment. Al Qaeda est aujourd’hui « redevenu » l’allié des Etats-Unis, comme le montre son rôle déterminant dans le renversement du régime libyen et dans le soulèvement contre Damas de l’Armée Syrienne Libre (ASL), organisation regroupant la plupart des membres d’Al Qaeda ayant auparavant combattu à Tripoli. C’est le cas notamment d’Abdelhakim Belhaj, leader historique d’Al-Qaïda en Libye installé au poste de gouverneur militaire à Tripoli par l’OTAN suite au renversement du régime du colonel Khaddafi, et aujourd’hui chef de l’Armée Syrienne Libre (2). C’est aussi le cas de Mehdi El-Harati, ancien membre d’Al-Qaida qui a démissionné de ses fonctions de n°2 du Conseil militaire de Tripoli pour aller encadrer l’Armée Syrienne Libre (3).

Al Qaeda n’a donc en réalité jamais été l’ennemi de l’Occident, et encore moins celui des Etats-Unis. C’est au contraire une organisation récupérée pour servir les intérêts de Washington.

A partir de là , on peut donc aisément comprendre que ce qui intéresse le Etats-Unis et ses alliés, c’est des régimes soumis à l’impérialisme, et ce peu importe les valeurs ou la religion de ces états.

Les partis islamistes arrivés au pouvoir dans les pays arabes offrent autant de garanties sinon plus que les anciens régimes, cependant il fallait bien que Ben Ali, Moubarak et consorts tombent sous la révolte pour lancer la chaine de dominos qui fera tomber la Syrie et l’Iran. C’est d’ailleurs dans cette optique que le Qatar, allié indéfectible des Etats-Unis, a financé l’accession au pouvoir des Frères musulmans en Egypte, et a récupéré le savant religieux musulman opérant sur la chaine qatarie Al Jazeera, le cheikh Yussef Al-Qaradawi, comme le symbole de la révolution égyptienne, et a organisé son retour triomphal sur la place Tahrir le 18 février 2011, 30 ans après son éviction d’Egypte. La Libye, qui faisait bien partie de la liste des objectifs du Pentagone, est, elle, déjà tombée…

Lahcen SENHAJI

(1) [http://www.youtube.com/watch?v=YNOWeUH1PDk&feature=player_embedded]

(2) [http://www.voltairenet.org/L-Armee-syrienne-libre-est]

(3) [http://www.voltairenet.org/Comment-les-hommes-d-Al-Qaida-sont]

URL de cet article 15784
   
Cuba est une île
Danielle BLEITRACH, Jacques-François BONALDI, Viktor DEDAJ
Présentation de l’éditeur " Cuba est une île. Comment l’aborder ? S’agit-il de procéder à des sondages dans ses eaux alentours de La Havane, là où gisent toujours les épaves des galions naufragés ? Ou encore, aux côtés de l’apôtre José Marti, tirerons-nous une barque sur la petite plage d’Oriente, et de là le suivrons -nous dans la guerre d’indépendance ? Alors, est-ce qu’il l’a gagnée ? C’est compliqué ! L’écriture hésite, se veut pédagogique pour exposer les conséquences de la nomenclature (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis "de gauche" en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impressionnent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C’est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh, pas forcément une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum.

Ibrahim
Cuba, un soir lors d’une conversation inoubliable.

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.