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Chili : Et la fac là bas, c’est comment ?

Mars 2009, Valdivia, Chili : Mathias a dû repartir.

J’ai dit au revoir à tout le monde et suis allé à la rencontre d’Attaly, couchsurfeuse de Valdivia, en centre ville. Attally est étudiante en musicologie, enfin presque car cette année, elle n’a pas pu payer les frais d’inscription. Cette année, elle travaille.

Elle travaille pour continuer de rembourser le crédit qui lui a permis d’étudier ses trois premières années. Elle espère pouvoir se réinscrire l’an prochain, pour suivre des cours du soir en parallèle du travail.

Attaly a trente ans et est toujours étudiante. Oui, ici le système est proche de ce que le gouvernement français est en train d’essayer de nous imposer : « les études tout au long de la vie ». On est loin du rêve de l’accès à la culture et l’éducation pour tous. On est plus proche de trouver un boulot merdique à partir de 18 ans pour pouvoir continuer d’étudier, que d’espérer apprendre. Trois années passées à étudier sur 10.

Le système éducatif est tout ce qu’il y a de plus inégalitaire. Il y a l’école publique, la semi-publique - équivalent de l’école privée en France avec droit de regard du gouvernement - et le privé. Les écoles publiques ont bien sûr très peu de moyen, beaucoup d’élèves par classe... quant aux écoles privées, elle « achètent » les bons profs - salaire supérieur-, ont des classes à effectif réduit, du matériel...

Pourtant, il y a des écoles publiques qui reçoivent une aide digne de ce nom et dont les résultats sont excellents. Vous aurez compris que leur nombre est infime et qu’elles servent d’argument pour supporter sur ce système. Il y a les écoles d’élite et les écoles poubelle. Et lorsque que l’on est dans la seconde catégorie, remonter vers la première est très difficile voire impossible.

Et cela commence dès la maternelle. Il s’ensuit une séparation quasi hermétique de la population en fonction de leur catégorie sociale, professionnelle et économique. Dès l’âge de cinq, voire dès le jardin d’enfant, on sait où l’on terminera. On nous répondra que certains s’en sortent, mais combien sont-ils ? Combien meilleur aurait été leur niveau avec un système éducatif effectif ?

Et le diplôme de fin d’étude ? Ce n’est pas le bac, c’est un examen regroupant différentes matières, dont le résultat de chacune de ces matières donnera un certain nombre de points, et en fonction de celui-ci, on peut intégrer une école ou l’autre.

Évidemment, meilleure a été la formation, l’école fréquentée, plus la probabilité de s’en sortir est grande.

Dit d’une autre manière, plus vous avez de l’argent, meilleurs seront vos chances d’obtenir une bonne formation, donc un bon travail, donc un bon niveau de vie. Cela pour plusieurs raisons, la première est évidemment la bonne scolarité, la seconde est plus sociale. Aller dans une bonne école, c’est côtoyer ceux qui seront haut placés dans les entreprises et donc des possibilités, pour vous, d’obtenir un bon emploi.

Et lorsque vous êtes pauvre ? Bah, restez le !

Si vous avez un peu d’argent, si vous faites partie de ce que l’on nomme aujourd’hui la classe moyenne - c’est-à -dire vivre à crédit, faire attention à chaque fin de mois, ne partir en vacances que lorsque tout se passe bien, manger plus de pâtes que de viande, cette classe que l’on appelle moyenne non parce que leur niveau de vie est moyen, décent mais parce qu’ils sont peu nombreux... - il est alors possible d’arriver
jusqu’en fac. Mais la fac est payante, même lorsqu’elle est publique, entre 3000 et 8000€ l’année. Oui, comparé à nos 300€ de frais d’inscription - jusqu’à quand ? -, c’est ce qu’ils payent chaque mois.

Ainsi on travaille pour payer ses études. C’est ici qu’entre en jeu la variable du salaire.
Actuellement, au Chili, en 2009, le salaire minimum à temps plein est de $120 000 pesos chiliens, soit avec le change actuel 180€ et avec celui de décembre 2008, 140€. Non, je n’ai pas oublié un zéro ou inversé les chiffres.

Je parle ici de la somme que l’on touche, le salaire net, après déduction d’impôts.
180€ ! Pour combien d’heures travaillées ? Trente-cinq ? Non, s’il vous plaît, soyez respectueux, c’est peut-être le pays où Salvador Allende a été président, mais c’est aussi celui où Augusto Pinochet a été dictateur. Et lorsque l’un a travaillé deux ans avant avant de mourir lors du coup d’état, l’autre est resté 27 ans à la tête du pays , a transformer la constitution, écrire des lois, avec le soutien et les conseils des pays
occidentaux comme les Etats Unis. Et depuis la fin de la dictature, les gouvernements et encore plus les multinationales sont réticents à modifier ces lois et textes concernant l’éducation, la santé, la gestion de l’eau, le droit du travail...

Et pour gagner 180€ vous pouvez travailler jusqu’à 49h... Un bon nombre en font 45, ce qui est déjà énorme et correspond à un travail à plein temps du lundi au vendredi plus une demi-journée le samedi.

Évidemment, certains gagnent plus, beaucoup plus, mais ils ont un parcours scolaire qu’ils ont dû payer cher, bien plus cher.

Attaly, 30 ans et un enfant à charge, travaille. Elle vit en collocation avec Papa - surnom qui lui vient de son physique, papap signifiant pomme de terre-, 33 ans excellent joueur de batterie, et cuisinier dans la vie active.

Ensuite, il y a Dany, guitariste et prof de musique, et enfin Maria et son enfant. Papa est le propriétaire de la maison, il dort dans le salon afin de louer toutes les chambres, seul
moyen de pouvoir aller boire un coup avec des amis, se faire une bouffe ou sortir. Avoir une vie quoi !

D’ailleurs, je me souviens d’une petite anecdote marrante - enfin, d’un rire jaune. A Santiago, lorsque j’étais chez Daniela, qui est comédienne lorsqu’elle a terminé ses 47h de travail hebdomadaire. Nous étions en centre ville avec des amis et la faim essayait de se joindre à nous. Il y avait un autre étranger, qui à l’approche d’un restaurant a proposé d’y manger car le menu était à $7000 (soit 10€) et Daniela de répondre $7000, c’est plus que ce que je gagne en une journée....

Texte, photos :
Jérémie Wach-Chastel
http://www.jwc-photos.com

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