A une vingtaine de kilomètres de la capitale cubaine, près de l’aéroport international José Marti, le groupe Labiofam placé sous haute protection n’est pas une destination touristique. Le docteur MV Yobani Gutiérrez Ravelo, directeur adjoint du groupe Labiofam (7637 salariés) et Isbel Gonzalez Marreo, directrice de recherches et du développement ont accepté de nous rencontrer.
La plupart des médicaments, des vaccins et des compléments vétérinaires de la Grande Ile sont produits par ce groupe qui rassemble les meilleurs chercheurs cubains. Ils travaillent à partir de plantes médicinales, des espaces entiers répartis dans tout le pays fournissant la matière première.
En 1960, après la révolution, plus de la moitié des médecins et des chercheurs ont quitté le pays. Cubavet, l’ancêtre de Labiofam, avait pour objectif le secteur vétérinaire. Les effets du blocus économique US contre l’Ile puis l’effondrement de l’URSS et des pays de l’Est européen suivi à partir de 1990 de la douloureuse « période spéciale » ont obligé les Cubains à innover dans tous les domaines. En agriculture par exemple, sans fertilisant, en multipliant le système du compost à grande échelle avec une production bio avant l’heure. En médecine aussi et surtout avec au cours des dernières années des découvertes essentielles permettant, par exemple, le contrôle des maladies transmises par les moustiques. Pour la directrice de la recherche et du développement, Isbel Gonzalez Marrero, « il nous fallait élargir notre champ d’action : conserver et développer notre travail vétérinaire, produire des médicaments et autres produits pour la consommation intérieure, nous engager résolument dans la recherche médicale. Il nous fallait diversifier. C’est que nous avons fait avec succès. »
Labiofam produit des désinfectants, des détergents, des shampooings, des désodorisants et même un yaourt très spécial. Le docteur Gonzalez nous offre un verre de yaourt rosé – délicieux – et nous apprenons que contrairement à la majorité de ceux présents sur le marché, celui-ci ne contient pas le bacille Bulgaris mais le Fermentus. Mélangé à un streptocoque, il offre un produit libre de tout lactose. On peut donc le fournir aux personnes allergiques au lactose. Il est utilisé par les services d’oncologie et de gastroentérologie des hôpitaux du pays. On dit même que Fidel Castro boit au moins un verre de ce yaourt par jour.
Depuis des années, le groupe développe des produits biologiques aidant à la guérison des plaies de moustiques, de rats et de souris.
Labiofam a mené avec succès des actions contre les épidémies tropicales : malaria, dengue, fièvre hémorragique et bubonique… Le groupe a développé des programmes de contrôle de la malaria en Angola ainsi qu’au Ghana et en Amazonie. Il a participé récemment à la lutte en Guinée contre Ebola.
Cuba a peu de richesses naturelles mais de la matière grise, l’île en a à revendre. En investissant massivement dans l’éducation et la recherche, Cuba s’est dotée d’un système de santé performant (moyenne de durée de vie, 79 ans) et une source importante de revenus en devises avec l’exportation de médicaments, de médecins et d’infirmières dans 81 pays « Docteur, et votre produit miracle traitant le cancer ? » Le docteur Gonzalez sourit : « il n’y a pas de produit miracle. Nous avons découvert un médicament d’accompagnement. Mon collègue et directeur adjoint va vous en parler. »
José Fort
Auteur de « Trente ans d’Humanité, ce que je n’ai pas eu le temps de vous dire ». Editions Arcane 17, 16 euros.
Docteur Yobani Gutiérrez : « Le Vidatox 30CH, un tueur de tumeurs ».
José Fort : Vous avez découvert le vaccin contre le cancer ?
Docteur Yobani Gutiérrez : Je vous ai entendu utiliser le mot « miracle » à l’instant. J’ai lu et entendu bien des choses trop souvent fausses sur notre produit le Vidatox 30CH. Je profite de votre visite pour mettre les choses au clair. Notre Vidatox 30CH n’est pas un vaccin, selon votre définition « préventive » du vaccin. Il s’agit d’un médicament d’accompagnement qui permet la stabilisation de la maladie et un plus grand confort pour le patient. C’est un tueur qui neutralise les tumeurs. Et nous l’utilisons aussi à titre préventif pour les familles à risques. Avez-vous bien compris car beaucoup de vos confrères ne semblent pas avoir pigé : un médicament d’accompagnement qui facilite la stabilisation de la maladie et un plus grand confort pour les patients. C’est déjà énorme, inutile d’en rajouter.
JF. Vous avez obtenu des résultats ?
YG. Oui, des résultats très positifs et très encourageants à Cuba mais pas seulement. Le Vidatox 30CH a été testé dans plusieurs pays d’Amérique du Sud et en Asie.
JF. Et ailleurs, en France par exemple…
YG. Nous sommes en négociation avec de nombreux pays notamment la France.
JF. D’autres progrès sont-ils attendus ?
YG. Nous y travaillons avec énergie d’autant que les premiers résultats sont extrêmement encourageants. Mais je vous en prie n’utilisez plus ce mot « miracle ». En matière de recherche, il n’y a jamais de miracle mais beaucoup de travail et… parfois un peu de chance. »
Entretien réalisé par JF.
Le Vidatox 30CH, c’est quoi ?
Le Vidatox 30CH, produit par la compagnie pharmaceutique Labiofam est un traitement visant à aider les patients atteints de cancer par les moyens de la pharmacopée homéopathique, avec l’utilisation du venin de scorpions rhopalurus junceus ( scorpion bleu) endémiques à Cuba comme principe actif. Chaque millilitre (l’équivalent de vingt gouttes) contient dans une solution hydro alcoolique 33% de venin Rhopalurus Junceus.
Les effets du produit sont nombreux : analgésique, anti-inflammatoire et anti-tumoral.
Il est utilisé dans tous les types de cancers, et en particulier ceux du sein, du foie, du cerveau, de la prostate et du poumon.
Il peut se prendre seul ou en complément d’une chimiothérapie selon l’avis du corps médical. Il n’y a pas d’effets secondaires. Il améliore la qualité de vie et augmente la survie du malade en agissant contre les métastases.
Pour les patients cubains et sur prescription, il est gratuit. Pour les visiteurs étrangers, ils peuvent se le procurer notamment à La Havane (à l’hôtel Habana Libre ou à l’aéroport). Au début du mois de novembre, le flacon coutait 171 euros.
JF