Même son de cloche avec toujours l’actuel secrétaire El Arabi encore un Egyptien, qui impose ni plus ni moins avec les potentats du Golfe notamment le colosse gazier avec un sabre nain qu’est le Qatar, le départ d’El Assads ans qu’il y ait une unanimité . Il est curieux de voter au nom des Arabes contre un pays qui ne fait plus partie de la Ligue arabe.
D’une façon hystérique tous les médias occidentaux repris en boucle et d’une façon servile par les médias arabes sans discernement, ont diabolisé la Russie - ne parlant pas du tout de la Chine qui a aussi mis son veto - la rendant responsable de la mort des Syriens. Personne ne fait le bilan de ce qui s’est passé réellement en Libye et pour cause, l’Occident ne veut rien entendre aux carnages qu’il a faits et fait faire. On commence à peine à dévoiler ce qui s’est passé en Irak et on avoue qu’il y eut un million de morts durant l’invasion de l’Occident. D’ailleurs, des bruits avaient circulé sur le départ d’El Assad pour lui éviter un scénario à la libyenne et la Turquie se serait proposée pour l’héberger.
Treize membres ont voté en faveur du texte qui exprimait le soutien du Conseil de sécurité au plan de la Ligue arabe, adopté - à la hussarde - le 22 janvier, qui prévoit le départ du pouvoir de Bachar al Assad et la formation d’un gouvernement d’union nationale avant la tenue d’élections. Mohammed Loulichki, ambassadeur du Maroc à l’ONU et seul représentant d’un pays arabe du Conseil de sécurité, a fait part de « son grand regret et de sa grande déception »... Ban Ki-moon, en mal d’inspiration déclare que le double veto russe et chinois « amoindrit le rôle de l’ONU » Qu’a-t-il fait quand les Occidentaux ont vidé de leur sens la résolution 1973 envahissant de ce fait la Libye ?
Que dit la résolution arabe ?
Curieusement, on apprend que la Ligue arabe a enlevé plusieurs paragraphes de ses propres observateurs parce qu’ils dénoncent les excès des groupes terroristes. Nous lisons quelques extraits « omis » : « Lorsque les observateurs ont été déployés dans les différents secteurs, ils ont repéré au début de leur mission des actes de violence commis par les forces gouvernementales et des échanges de tirs avec des éléments armés à Homs et Hama. « La Mission a observé dans les deux secteurs de Homs et Hama des actes de violence du fait des groupes armés contre les forces gouvernementales, qui ont fait des tués et des blessés parmi les troupes gouvernementales. Dans certaines situations, les forces gouvernementales ont recours à la violence comme réaction aux attaques perpétrées contre ses membres. Les observateurs de la mission ont noté que les groupes armés ont recours aux bombes thermiques et aux missiles anti-blindage ».(1)
« La Mission a été témoin dans les secteurs de Homs, Idlib et Hama, des actes de violence contre les troupes gouvernementales et contre les citoyens entraînant de nombreux décès et blessures. La mission a noté l’émission de faux rapports émanant de plusieurs parties faisant état de plusieurs attentats à la bombe et de violence dans certaines régions. Lorsque les observateurs se sont dirigés vers ces zones pour enquêter, les données recueillies montrent que ces rapports ne sont pas crédibles. La mission a noté également, se basant sur les documents et les rapports émanant des équipes sur le terrain, qu’il y a des exagérations médiatiques sur la nature et l’ampleur des accidents et des personnes tuées ou blessées à la suite des événements qui ont eu lieu dans certaines villes. » (1)
« La ville de Homs a été le témoin de l’assassinat d’un journaliste français travaillant pour France 2. Il faudrait noter que les rapports de la Mission de la Ligue arabe à Homs indiquent que le journaliste français a été tué à la suite des tirs de mortier par l’opposition. (...) La Mission a constaté l’existence d’un « élément armé » non visé par le Protocole et dont l’apparition (antérieure à son arrivée) a été la conséquence de l’utilisation excessif de la violence de la part des forces de sécurité à l’occasion des manifestations qui ont appelé à la chute du régime. Cet élément armé agresse dans certains secteurs les forces de sécurité syriennes et les citoyens syriens, ce qui provoque une réaction de la part du gouvernement. Les citoyens innocents se trouvent en étau, et en paient un lourd tribut en morts et blessés. » (1)
Qu’est devenu ce rapport qui n’a pas été pris en compte ni par la Ligue arabe ni par le Conseil de sécurité et d’où proviennent les armes ? Dans les grandes lignes, le texte de l’ONU présenté mardi 31 janvier, reprend les propositions de la Ligue arabe pour mettre fin au conflit : l’appel à l’arrêt de toutes les violences, la libération de toutes les personnes détenues « arbitrairement », le retrait des forces armées des villes syriennes, et enfin l’accès libre et entier aux observateurs de la Ligue arabe. On y trouve aussi les propositions pour une transition du pouvoir en Syrie. Bachar el-Assad est sommé de « déléguer toute son autorité » à son vice-président, qui serait chargé de former un gouvernement d’union nationale et de préparer des « élections transparentes et démocratiques », sous supervision internationale et de la Ligue arabe.
Si le texte demande également l’arrêt des violences de « toutes les parties y compris les groupes armés [ d’opposition, Ndlr] », l’accent est mis sur les « violations des droits de l’homme flagrantes et généralisées » de la part des autorités syriennes. Un langage contesté par la Russie. Moscou considère en effet essentiel d’établir une équivalence dans la responsabilité des violences entre les autorités syriennes et l’opposition. Les Européens et les Etats-Unis s’y refusent. L’ambassadeur russe Vitaly Churkin, a déjà indiqué que le texte était « inacceptable » en l’état. Du fait du forcing des pays occidentaux, il a été mis au vote.
Pourquoi les veto russes et chinois ?
Il faut savoir que les Chinois et les Russes se sont sentis trahis par la résolution sur la Libye qui a été pervertie et permis l’invasion de la Libye pour éliminer physiquement El Gueddafi. Ils ont de ce fait, fait barrage à une nouvelle aventure occidentale. Les Chinois ont toujours prôné une solution endogène et le dialogue des parties syriennes, en vain, car le Conseil National Syrien a reçu « instruction » de la part d ceux qui l’ont créé de ne pas dialoguer tant qu’El Assad est au pouvoir, ceci intéressant les Occidentaux au plus haut point. Les Russes ont fait valoir que la résolution visait Assad mais non ses adversaires armés. Lavrov a estimé que le texte était partial. S’exprimant à Munich en marge de la conférence annuelle sur la sécurité, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a reconnu qu’il n’avait pas été possible de résoudre les différends avec la Chine et la Russie malgré l’inscription d’un rejet explicite d’une intervention militaire dans la résolution. Le chef de la diplomatie russe avait mis en garde contre le « scandale » que provoquerait le vote si le texte était gardé en l’état et a réclamé des concessions sous peine d’utiliser son droit de veto. La Russie souhaitait notamment que l’opposition syrienne soit condamnée au même titre que le régime pour les violences. « Nos amendements ne réclament pas d’efforts extrêmes, avait fait valoir Lavrov. Si nos collègues font preuve d’une approche constructive, nous obtiendrons (...) une résolution collective au Conseil de sécurité qui, j’en suis persuadé, sera signée par tous les pays sans exception. »
Malgré cela les pays occidentaux ont fait le forcing en vain, les deux grands pays que sont la Chine et la Russie se sont opposés à ce coup de force. » Les informations (...) sur un pilonnage par l’armée syrienne de quartiers à Homs sont fausses et sans fondement. Elles interviennent dans le cadre d’une guerre d’information hystérique (...) en prévision d’une réunion au Conseil de sécurité de l’ONU », affirme le ministre de l’Information syrienne. Les Russes et les Chinois ne sont pas dupes des manoeuvres de l’Otan et des monarchies du Golfe. La Syrie et l’Iran sont dans le viseur. Leur soumission ou invasion sont prévues depuis 10 ans comme l’Irak, l’Afghanistan et la Libye. A terme, tous les pays producteurs de pétrole seront normalisés soit à la façon des scories royales du Golfe, soit brutalement à l’irakienne, voire à la syrienne.
On dit aussi que la Russie serait prête à une guerre contre l’Occident pour sauver la Syrie. Les politiques et les diplomates étrangers se demandent pourquoi la Russie, qui a accepté l’année dernière de ne pas bloquer la résolution sur la Libye, refuse de le faire cette fois et est prête à aller jusqu’à la confrontation avec l’Occident pour défendre Bachar al-Assad. La Syrie est l’un des principaux alliés de la Russie dans le Monde arabe. Si Moscou tournait le dos à Damas à ce moment critique, ce serait un signal pour tous les autres partenaires indiquant qu’on ne peut pas compter sur le Kremlin., Damas est un partenaire commercial important de Moscou. Moscou est préoccupée par le sort du port syrien de Tartous, base de maintenance navale de la flotte russe. La Russie se méfie de « l’opposition syrienne », un CNS formé de toutes pièces tournée vers l’Occident. Ses leaders s’orientent sur les monarchies du Golfe, la Turquie et l’Occident, mais pas sur Moscou. Enfin, Moscou estime que les Etats-Unis et l’Union européenne mentent et rappelle le précédent libyen : les raids aériens de l’Otan contre l’armée de Mouamar Kadhafi ont commencé dans les jours qui ont suivi l’adoption en mars 2011 de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité des Nations unies (2).
Que se passera-t-il par la suite ?
Il ne faut pas se cacher la réalité ! Assad doit partir dans le cadre d’un processus endogène voulu par le peuple syrien pas en imposant un CNS acquis corps et âme à l’Occident ! Le président Bachar al-Assad est le premier responsable des événements actuels en Syrie. Ce qui s’est passé à Hama est monstrueux. Seule une enquête objective permettra de délimiter les responsabilités de chacun. Contrairement à son père, qui savait louvoyer habilement entre l’Urss et les USA, et tirer un maximum de profit des deux côtés, Bachar al-Assad prend des décisions trop tardives. Toutes les initiatives démocratiques actuelles du président syrien (l’élaboration d’une nouvelle Constitution, le pluripartisme, les libertés politiques) arrivent tard. Il aurait pu lancer les changements démocratiques progressifs en 2000.
Au lieu de cela, Bachar el Assad a voulu conserver le système de gestion gouvernementale hérité de son père. Les révoltes arabes enclenchées par l’Occident ne lui ont pas donné le temps. Quelle issue pourrait-on pour la crise ? La situation ne retournera pas à l’état antérieur ? Les déserteurs ne vont pas réintégrer leurs unités. Le régime baâsiste tenait par la peur, or cette peur a disparu. Les Syriens vont continuer à se soulever. Trop de sang a été versé. Les Russes et les Chinois avaient exigé un addendum au texte du projet de résolution : une condamnation par l’opposition politique type CNS de la violence des groupes armés se réclamant d’elle.
Dans l’absolu, la Syrie ne représente rien qui puisse intéresser l’Occident du point de vue économique mais du point de vue stratégique. C’est le dernier verrou avant l’Iran qui est la cible de l’Occident et d’Israël qui veut asphyxier le Hezbollah allié de l’Iran et de la Syrie, annihilant du même coup toute résistance arabe. On lance des allégations selon lesquelles Moscou pourrait autoriser une attaque américaine contre l’Iran en échange de la non-ingérence de l’Occident dans les affaires de la Syrie sont mensongères, a déclaré la Russie : « Rien n’est plus éloigné de la vérité que l’affirmation selon laquelle notre pays pourrait conclure un marché en coulisses et donner son feu vert à une opération militaire américaine contre l’Iran en échange de la non-ingérence de l’Occident dans les affaires intérieures de la Syrie. Nous laissons ces inventions à la conscience de leurs auteurs. »
Dans ce combat de titans entre une vision impériale des Etats-Unis qui veut avec ses vassaux garder la mainmise sur la planète et un nouveau monde qui se dessine, cette année 2012 sera décisive. Elle consacrera sans nul doute un rééquilibrage des influences et l’Asie n’a pas dit son dernier mot. Cette ivresse de puissance d’un Occident qui dicte la norme alors qu’il perd pied sur le plan économique, est dangereuse, car les soubresauts seront dévastateurs, à moins que les Titans et leurs vassaux européens comprennent qu’il est temps d’aller vers la paix, seule alternative pour combattre les vrais problèmes de l’humanité, les changements climatiques, l’addiction et l’ébriété énergétique, la famine, voilà la conception de la dignité humaine.
Je ne peux pas terminer cette contribution sans citer ce texte magnifique de Frédéric Soreau donnant la dimension de cette civilisation qui risque de finir comme la civilisation mésopotamienne : « Grâce à la richesse de son patrimoine architectural et à ses liens avec les peuples voisins, la Syrie est le foyer et le carrefour de plusieurs civilisations qui se sont succédé sur son territoire. Dès le IIIe millénaire av. J.-C les cités Etats de Mari et d’Ebla sont construites par les rois mésopotamiens. Tout au long de son histoire, la Syrie est en contact avec les civilisations du monde entier qui vont se côtoyer et s’enrichir mutuellement. Egyptiens, Phéniciens, Assyriens, Grecs, Byzantins, Perses, Arabes, Turcs, Francs y construisent tour à tour des palais, des villes, des mosquées, des églises, des châteaux et des forteresses. De tous les sites antiques de l’ancien pays de Cham, Palmyre, bâtie en plein désert, fut l’une des voies caravanières les plus importantes du Moyen-Orient ». (3)
La cité de la Zénobie est un véritable chef-d’oeuvre d’architecture qui a inspiré à partir du VIIIe siècle, les califes omeyyades et abbassides dans la construction de mosquées et de palais. Plus tard, au Moyen à‚ge, les chevaliers européens s’installent en Syrie où ils édifient des châteaux forts pour se protéger des troupes de Saladin. De cette époque subsistent une centaine de forteresses dont les plus célèbres sont le Crac des Chevaliers et le château de Saône, situés dans la région côtière. Non loin de là , sur les rives de l’Oronte s’étend la jolie ville d’Hama qui, avec ses norias et son palais Azem, possède un charme infini. Dans la Vallée de l’Euphrate, les sites archéologiques sont nombreux : Doura Europos construite en bordure du fleuve. La Syrie, c’est aussi Damas, l’une des plus anciennes villes du monde. Avec sa grande mosquée des Omeyyades, joyau de l’art islamique, ses madrasas, caravansérails, palais et mausolées, elle dispose d’un riche patrimoine architectural. Sans oublier Alep, la ville où il fait bon vivre et se perdre dans ses souks au charme enchanteur, Bosra et son magnifique théâtre romain, la basilique Saint-Siméon, le site gréco-romain d’Apamée. C’est surtout, partir à la découverte d’un peuple des plus accueillants. » (3)
Que le soleil brille enfin, après tant d’épreuves pour le peuple de Syrie !
Chems Eddine Chitour
1. http://www.mleray.info/article-syrie-le-rapport-de-la-mission-de-la-ligue-arabe-98532966.html
2. http://www.news26.tv/proche-orient/1621-la-russie-est-prete-a-une-guerre-contre-loccident-pour-sauver-la-syrie.html
3. Frédéric Soreau : http://www.evene.fr/ livres/livre/frederic-soreau-syrie-607083.php