Nausées… Les autorités du pays lancent leurs premières consignes à la population : si vous le pouvez, restez chez vous et ne sortez pas. La ville, à peine remise des suites des attentats de Paris et des ramifications que l’on sait en Belgique, après la traque et l’arrestation récente de Salah Abdeslam, replonge dans l’alerte maximale, au niveau 4. Tout le système des transports en commun est mis à l’arrêt : plus de bus, de trams, de métros, ni même de trains… sans parler de l’aéroport national, dévasté et inutilisable pour plusieurs jours. Puis, c’est le pays tout entier qui est placé en alerte maximale. Les contrôles sont renforcés partout. Aux frontières, dans les lieux publics, aux abords des centrales nucléaires et autres points sensibles. Des premiers chiffres font état de plusieurs blessés, graves pour certains et de quelques morts. Mais, au fil des heures, et comme à chaque fois, le bilan s’alourdit. Franchit la dizaine dans les deux cas. Et les premières déclarations officielles vont suivre. De Bruxelles à Paris. Toujours aussi navrantes. Toujours aussi convenues. Toujours aussi pauvres. Pour ne pas dire, lamentables sur le fond.
Nausées… Après les habituels clichés vides de tout sens profond, le Premier Ministre belge parle d’un attentat « aveugle, violent et lâche », rengaine usée qui n’engage personne ni n’éclaire rien du dossier, et déclare que les autorités du pays « redoutaient un attentat et c’est arrivé… ». Mais si tel est le cas, qu’ont-elles donc fait pour l’éviter ?! Mystère… Et si elles ont fait quelque chose, c’est un raté complet ! Un de plus, pourrait-on dire, dans une liste qui commence à s’allonger. Et de poursuivre sa navrante intervention en invitant les citoyens à rester « calmes et solidaires ». Présent dans les rues de la ville au moment des faits – et non planqué dans un bureau qui à coup sûr devait être sur-sécurisé – je n’ai vu aucun mouvement de panique au sein d’une population qui, au contraire, s’est solidarisée spontanément pour offrir aide et même accueil aux victimes. Quant aux hôpitaux qui ont fait appel aux dons de sang, ils se sont trouvés littéralement envahis de donneurs, au point que les stocks sont complets, et que de nombreux citoyens ont été invités à rentrer chez eux.
Nausées… Les autres officiels qui se pousseront devant les micros ne diront guère mieux. Plus animés de passer à l’antenne que de garder le silence et prendre la mesure de leur incompétence, semble-t-il. Car cela fait des mois que des informations circulent sur le manque de coordination au niveau des responsables politiques et autres services de renseignements censés protéger la population. Tant au niveau national, qu’européen. Et malgré des drames récents dans plusieurs pays, aucune coordination ne semble être mise en place qui indiquerait que ces autorités aient pris la mesure des événements.
Les collègues français dont on imagine aisément le lien avec tout pays voisin depuis que la France a été touchée à deux reprises en une année, ne diront rien d’autre que les mêmes formules usées jusqu’à la corde, surfant sur l’émotionnel, et évitant elles aussi d’aborder les questions de fond.
Nausées… Certains « journaleux » en profiteront pour distiller leurs petites phrases méprisantes, voire assassines afin de rappeler aux auditeurs qui l’auraient oublié que c’est sans aucun doute là, les conséquences de l’immigration… stigmatisant ainsi et une fois de plus, l’ensemble des populations basanées et musulmanes pour ne pas les citer, en lieu et place de se rendre compte que les auteurs de ces attentats sont souvent nés sur le sol européen… et que s’ils agissent ainsi, il y a peut-être d’autres raisons que l’« immigration » si aisée à convoquer pour cacher d’autres pensées xénophobes.
Sans prétendre répondre à toutes les questions, venons donc à quelques éléments qui me semblent être le fond de cette question :
– n’est-il pas temps d’interroger ceux qui ont eu l’idée de faire de nos frontières de vraies passoires, combien la libre circulation des personnes des accords Schengen a participé aux résultats désastreux que l’on voit maintenant, au point que ces mêmes pays se précipitent pour y rétablir un minimum de contrôle ? L’Europe ne fonctionnait-elle pas avec les contrôles aux douanes ?
– n’est-il pas temps d’interroger ceux qui ont eu l’idée d’aller faire la guerre en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, au Mali, … de savoir ce que nous avaient fait ces pays et leurs populations pour s’arroger le droit d’aller les bombarder au point de les dévaster complètement au vu de ce qu’il en reste ?
– n’est-il pas temps d’interroger ceux qui ont eu l’idée de dérouler le tapis rouge sous les pieds des dictateurs avant de leur vendre notre technologie mortifère dont aucun de nos signataires n’a le souci de savoir ce qu’il en adviendrait ?
– n’est-il pas temps d’interroger ceux qui ont eu l’idée de se présenter comme responsables politiques de savoir à partir de quand ils seront à la hauteur des évènements et agiront en vrais responsables capables d’anticiper les choses au lieu de se cantonner aux réactions, ce qui fait dire à d’aucuns que le politique a décidément toujours un train de retard ?
– et n’est-il pas temps d’interroger celui qui a eu la lumineuse idée d’accueillir le prince héritier d’Arabie saoudite pour lui remettre en toute discrétion la légion d’Honneur, pour savoir s’il sait que ce pays alimente le terrorisme international tant fustigé dans ses discours qu’il prononce sans sourciller face aux médias ? Que cache cette discrétion sinon le sentiment de commettre-là un geste honteux ?!
Peut-être que si nous posions ces premières questions à ces mauvais représentants politiques, tant nationaux qu’européens, aurions-nous un début de réponse, à moins que… la pauvreté de leurs déclarations cachent de plus en plus mal leur véritable obsession, à savoir, préférer remplir les carnets de commandes d’armement plutôt que de se soucier de la sécurité des citoyens dont ils pensent qu’un drapeau en berne et quelques oraisons minables suffiront à les calmer…
Nausées… L’incompétence de ceux-là est décidément telle qu’ils ne décideront jamais ce qu’il convient pour nous protéger, sinon à posteriori et à côté de la plaque, comme d’envoyer l’armée et ses blindés dans les rues ! Et qu’il nous faut bien constater la faillite de ces représentants d’un système qui manque à ses devoirs les plus élémentaires, au nom du seul intérêt économique et financier.
Daniel Vanhove
22.03.16
Observateur civil