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Assassiner l’Histoire

L’un des « événements » les plus en vogue de la télévision américaine, The Vietnam War (La guerre du Vietnam), a débuté sur la chaîne de télévision PBS. Les auteurs sont Ken Burns et Lynn Novick. Acclamé pour ses documentaires sur la guerre de Sécession, la Grande Dépression et l’histoire du jazz, Burns dit que ses films sur le Vietnam « vont encourager notre pays à commencer à parler et à réfléchir sur la guerre du Vietnam d’une manière entièrement nouvelle ».

Dans une société souvent dépourvue de mémoire historique et en proie à la propagande sur son « exceptionnalisme », la guerre du Vietnam « entièrement nouvelle » de Burns est présentée comme une « œuvre historique épique ». Sa campagne de publicité luxueuse fait la promotion de son plus grand bailleur de fonds, Bank of America, qui, en 1971, a été incendié par les étudiants de Santa Barbara, en Californie, comme symbole de la guerre haïe au Vietnam.

M. Burns dit qu’il est reconnaissant envers « toute la famille de Bank of America », qui « a longtemps soutenu les anciens combattants de notre pays ». Bank of America était le soutien d’une entreprise à une invasion qui a peut-être tué jusqu’à quatre millions de Vietnamiens et a ravagé et empoisonné une terre autrefois fertile. Plus de 58 000 soldats américains ont été tués, et on estime qu’environ autant se seraient suicidés.

J’ai regardé le premier épisode à New York. Dès le départ, il ne laisse planer aucun doute sur ses intentions. Le narrateur dit que la guerre « a été déclenchée de bonne foi par des gens décents à cause de malentendus fatals, d’une confiance excessive des Américains et de malentendus liés à la guerre froide ».

La malhonnêteté de cette déclaration n’est pas surprenante. La fabrication cynique de ’faux drapeaux’ qui ont conduit à l’invasion du Vietnam est un fait historique - l’’incident’ du golfe du Tonkin en 1964, que Burns soutient comme vrai, n’en était qu’un parmi d’autres. Les mensonges jonchent une multitude de documents officiels, notamment les Pentagon Papers, que le grand lanceur d’alerte Daniel Ellsberg a publiés en 1971.

Il n’y avait pas de bonne foi. La foi était pourrie et cancéreuse. Pour moi - comme cela doit être le cas pour beaucoup d’Américains - il est difficile de regarder ce fouillis de cartes sur le ’péril rouge’, d’interviews inexpliquées, d’archives montées de façon incompétente et de séquences de champs de bataille américains malhonnêtes.

Dans le communiqué de presse de la série en Grande-Bretagne – la BBC a l’intention de la diffuser — il n’y a aucune mention des morts vietnamiens, seulement des morts Américains. « Nous sommes tous à la recherche d’un sens à cette terrible tragédie », aurait dit Novick. Très post-moderne.

Tout cela sera familier à ceux qui ont observé comment les médias américains et le mastodonte de la culture populaire ont révisé et nous ont servi le grand crime de la seconde moitié du XXe siècle : des films comme Les Bérets verts, Voyage au Bout de l’Enfer et Rambo ont légitimé les guerres d’agression qui ont suivi. Le révisionnisme ne s’arrête jamais et le sang ne sèche jamais. L’envahisseur se voit apitoyé et lavé de toute culpabilité, tout en « cherchant un sens à cette terrible tragédie ». Pour citer Bob Dylan :’Où étais-tu, mon fils aux yeux bleus ?’ [paroles de la chanson A Hard Rain’s A-Gonna Fall - NdT]

J’ai pensé à la « décence » et à la « bonne foi » en me souvenant de mes premières expériences en tant que jeune reporter au Vietnam : je regardais hypnotiquement la peau des enfants touchés par le napalm tomber comme du vieux parchemin, et les pluies de bombes qui laissaient les arbres pétrifiés et ornés de chair humaine. Le général William Westmoreland, le commandant américain, qualifiait les gens de « termites ».

Au début des années 1970, je me suis rendu dans la province de Quang Ngai, où, dans le village de My Lai, entre 347 et 500 hommes, femmes et enfants ont été assassinés par les troupes américaines. À l’époque, cela fut présenté comme une aberration : une « tragédie américaine » (Newsweek). Dans cette province, on estime que 50 000 personnes avaient été massacrées à l’époque des ’zones franches’ américaines [zones où il était permis de tirer sur tout ce qui bougeait - NdT]. Un homicide collectif. Ce n’était pas nouveau.

Au nord, dans la province de Quang Tri, plus de bombes ont été larguées que dans toute l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1975, les munitions non explosées ont causé plus de 40 000 morts dans le ’Sud Vietnam’, le pays que l’Amérique prétendait ’sauver’ et, avec la France, conçu comme une ruse singulièrement impériale.

Le ’sens’ de la guerre du Vietnam n’est pas différent de celui de la campagne génocidaire contre les Amérindiens, des massacres coloniaux aux Philippines, des bombardements atomiques du Japon, du nivellement de toutes les villes de la Corée du Nord. L’objectif fut décrit par le colonel Edward Lansdale, le célèbre homme de la CIA qui inspira Graham Greene pour son personnage central dans son roman Un Américain bien tranquille .

Citant The War of the Flea de Robert Taber, Lansdale a dit : « Il n’y a qu’un seul moyen de vaincre un peuple insurgé qui ne veut pas se rendre, c’est de l’exterminer. Il n’y a qu’une seule façon de contrôler un territoire qui résiste, c’est de le transformer en désert. »

Rien n’a changé. Lorsque Donald Trump s’est adressé à l’Organisation des Nations Unies le 19 septembre - un organisme créé pour épargner à l’humanité le « fléau de la guerre » -, il a déclaré qu’il était « prêt, disposé et capable » de « totalement détruire » la Corée du Nord et ses 25 millions d’habitants. Son auditoire fut ébahi, mais le langage de Trump n’était pas inhabituel.

Sa rivale pour la présidence, Hillary Clinton, s’était vantée qu’elle était prête à « totalement anéantir » l’Iran, une nation de plus de 80 millions d’habitants. C’est la Voie Américaine ; il ne manque plus que les euphémismes.

De retour aux Etats-Unis, je suis frappé par le silence et l’absence d’opposition - dans la rue, dans la presse et les arts, comme si la dissidence, autrefois tolérée dans le ’mainstream’, avait régressé en une dissidence métaphorique et clandestine.

Il y a beaucoup de bruit et de fureur dirigés contre Trump l’odieux, le « fasciste », mais pratiquement aucun contre Trump le symptôme et la caricature d’un système durable de conquête et d’extrémisme.

Où sont les fantômes des grandes manifestations anti-guerre qui ont déferlé sur Washington dans les années 1970 ? Où est l’équivalent du mouvement qui a envahi les rues de Manhattan dans les années 1980, réclamant que le président Reagan retire les armes nucléaires des champs de bataille d’Europe ?

L’énergie et la persévérance morale de ces grands mouvements ont largement réussi ; en 1987, Reagan négocia avec Mikhaïl Gorbatchev un traité sur les forces nucléaires de portée intermédiaire (INF) qui mit fin à la guerre froide.

Aujourd’hui, selon des documents secrets de l’OTAN obtenus par le journal allemand Suddeutsche Zetung, ce traité vital est susceptible d’être abandonné car « le recours aux armes nucléaire est de plus en plus envisagé ». Le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a mis en garde contre « la répétition des pires erreurs de la guerre froide... Tous les bons traités sur le désarmement et la maîtrise des armements de Gorbatchev et Reagan sont en péril. L’Europe est à nouveau menacée de devenir un terrain d’entraînement militaire pour les armes nucléaires. Nous devons élever la voix contre ça. »

Mais pas en Amérique. Les milliers de personnes qui se sont ralliées à la « révolution » du sénateur Bernie Sanders pendant la campagne présidentielle de l’an dernier sont collectivement muettes sur ces dangers. Le fait que la majeure partie de la violence des États-Unis à travers le monde a été perpétrée non pas par des Républicains ou des mutants comme Trump, mais par des Démocrates libéraux, demeure un tabou.

Barack Obama a fourni l’apothéose, avec sept guerres simultanées, un record présidentiel, dont la destruction de la Libye en tant qu’État moderne. Le renversement par Obama du gouvernement élu ukrainien a eu l’effet escompté : une concentration de forces de l’OTAN dirigées par les Américains sur la frontière occidentale de la Russie, par laquelle les nazis ont envahi le pays en 1941.

Le ’pivot vers l’Asie’ d’Obama en 2011 a marqué le transfert de la majorité des forces navales et aériennes américaines vers l’Asie et le Pacifique, sans autre but que de confronter et de provoquer la Chine. La campagne mondiale d’assassinats du lauréat du prix Nobel de la paix est sans doute la plus vaste campagne de terrorisme depuis le 11 septembre 2001.

Ce que l’on appelle aux Etats-Unis « la gauche » s’est effectivement alliée aux plus sombres secteurs du pouvoir institutionnel, notamment au Pentagone et à la CIA, pour empêcher un accord de paix entre Trump et Vladimir Poutine et pour réintégrer la Russie en tant qu’ennemie, sur la base d’aucune preuve de son ingérence présumée dans l’élection présidentielle de 2016.

Le véritable scandale est l’arrivée insidieuse au pouvoir d’intérêts sinistres et guerriers pour lesquels aucun Américain n’a voté. L’ascension rapide du Pentagone et des agences de surveillance sous Obama a représenté un changement historique de pouvoir à Washington. Daniel Ellsberg a à juste titre qualifié cela de coup d’État. Les trois généraux qui dirigent Trump en sont témoins.

Tout cela ne parvient pas à pénétrer ces « cerveaux libéraux marinés dans le formaldéhyde de la politique identitaire », comme l’a noté Luciana Bohne de façon mémorable. C’est la « diversité », devenue un produit de grande consommation et testée sur les marchés, qui est la nouvelle marque du progressisme, et non pas l’appartenance à une classe sociale, indépendamment de son sexe et de leur couleur de sa peau, ni la responsabilité de tous d’arrêter une guerre barbare pour mettre fin à toutes les guerres.

Michael Moore dans son spectacle à Broadway, Terms of My Surrender, un vaudeville pour les désaffectés sur fond de Trump dans le rôle de Big Brother, dit « Comment sommes-nous tombés dans ce merdier ? »

J’ai admiré le film de Moore, Roger & Me, sur la dévastation économique et sociale de sa ville natale de Flint, Michigan, et Sicko, son enquête sur la corruption des soins de santé aux Etats-Unis.

Le soir où j’ai vu son spectacle, son public était joyeux et applaudissait sa réassurance que « nous sommes la majorité » et les appels à « destituer Trump, un menteur et un fasciste ». Son message semblait être que si vous vous bouchez le nez et votez pour Hillary Clinton, la vie serait à nouveau prévisible.

Il a peut-être raison. Au lieu de bousculer le monde comme Trump, le Grand Obliterator aurait peut-être attaqué l’Iran et lancé des missiles sur Poutine, qu’elle a comparé à Hitler : un blasphème particulier étant donné les 27 millions de Russes morts dans l’invasion d’Hitler.

« Ecoutez, a dit Moore, mis à part ce que font nos gouvernements, les Américains sont vraiment aimés du monde entier ! »

Il y eut un silence dans la salle.

John Pilger

http://www.johnpilger.com/

Traduction "moi aussi j’ai été impressionné par les films sur la guerre du Vietnam... avant" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

COMMENTAIRES  

22/09/2017 12:44 par Renard

"Tout cela ne parvient pas à pénétrer ces « cerveaux libéraux marinés dans le formaldéhyde de la politique identitaire », comme l’a noté Luciana Bohne de façon mémorable. C’est la « diversité », devenue un produit de grande consommation et testée sur les marchés, qui est la nouvelle marque du progressisme, et non pas l’appartenance à une classe sociale, indépendamment de son sexe et de leur couleur de sa peau, ni la responsabilité de tous d’arrêter une guerre barbare pour mettre fin à toutes les guerres."

Merci john pilger, un de plus à avoir compris cette arnaque de la diversité vendu par les libéraux-libertaires. Il est urgent à gauche de se débarrasser de certaines rhétoriques absurdes et de retrouver l’esprit du socialisme originel !! Voir les travaux de Michéa

Le documentaire dont Pilger parle est il celui diffusé ces derniers jours sur Arte ?

22/09/2017 13:36 par Taliondachille

Le complexe militaro-industriel n’est jamais cité dans le documentaire, alors qu’il dirige le pays depuis les années 40.
Le principe est simple : une bombe fabriquée doit être utilisée pour pouvoir en fabriquer une autre. Les survivants du Havre, de Dresde et de milliers d’autres ville de part le monde en savent quelque chose.

22/09/2017 15:42 par Castay Yves

Oui, est-ce le même filme qu’ Arte a présenté il y a quelques jours ? En tout ca, dans ce dernier on trouve (les même ?) autosatisfactions du genre nous -(les américans, on ne torturait pas les prisonniers vietcong, eux si avec les américains.... On parle du défoliant de Monsantro, le célèbre agent orange, "à cause de sa couleur" sans même évoquer les dégâts qu’il commet encore. Etc....Il y a trop d’erreurs et de mensonges, j’ai quitté le film mais je me dis que j’aurais du aller jusqu’au bout pour voir de quoi ils sont capable..
Y. Castay

22/09/2017 16:53 par Castay Yves

Après vérification, le film projeté sur ARTE il y a quelques jours est bien la version française de celui dont parle J. Pilger.
Ce film passe aussi en Angleterre, il s’agit bien d’un projet révisionniste de l’histoire de la guerre du Vietnam prorjeté à l’échèle mondiale.
Est-ce une façon de nous préparer à une autre intervention US ?

22/09/2017 21:19 par Daniel BESSON

Tout ce qui n’est pas conforme à 100% à la propagande gauchiste ou communiste sera de toute façon qualifié de " révisionniste " .
Cette série à l’avantage de présenter :
1- Les différentes périodes de la guerre avec un découpage temporel au scalpel
2- Les points de vue de chacun des belligérants de manière claire : Guerre de libération pour le PCV , guerre civile pour l’état Sud-Vietnamien et guerre froide pour les Etats-Unis .
3- Le ressenti des combattants et de leurs proches
4- L’impact de ce conflit sur les sociétés
5- Les influences respectives de la Chine , de l’ URSS et des Etats-Unis sur les belligérents
6- Le cheminement du processus de décision chez les différents belligérants .
7- Pour information , la critique de l’ exceptionnalisme Etasunien revient deux ou trois fois dans cette série

Enfin pour tous les gauchistes de passage , les thèses de cette série sont celles développées dans le sublime " Vietnam" de Stanley Karnow .
https://www.monde-diplomatique.fr/1985/01/ALLAIN/38353
La communauté journalistique Anglo-Saxonne vient de nous gratifier d’un nouveau monument après " The world at war " et " The Algerian war " , un grand MERCI à ARTE pour cette diffusion .
Pour la dénonciation des " magouilles " des militaires , les chaines de télé US qui ont permis la prise de conscience de cette horreur et en particulier CBS n’ont pas attendu les gauchistes Franchouilles . Pour preuve le documentaire de 1982 de CBS , contemporain de la " Bible " de Karnow : The Uncounted Enemy : A Vietnam Deception .
Quand Ostankino a t’elle dénoncé elle les crimes de l’armée Soviétique en Afghanistan , ceux dénoncés par le camarade Prokhanov par exemple ?
Il faut enfin rappeler que l’ " éducation populaire " ce n’est pas de la propagande gauchiste mais bien ce genre de séries qui exclut le complotisme et présente à charge et à décharge les éléments d’un dossier historique .

23/09/2017 04:52 par legrandsoir

Et pourquoi cet étrange sentiment que votre long commentaire ne répond pas à un seul des points soulevés par l’auteur ?

22/09/2017 22:36 par reneegate

J’ai vu aussi la première partie de ce documentaire présenté comme une référence après l’ouverture des archives vietnamiennes. De ces archives il n’en est pas question, les témoins sont principalement américains et ils parlent comme des acteurs de série hollywoodienne.
J’ai compris que les services (américains) n’allaient pas laisser passer l’occasion de refaire l’histoire avec beaucoup de fric et un réalisateur choisi (acheté). Je ne regarderais pas la suite. Ce qui me consterne c’est la grossièreté de la chose. Presque un journal télévisé.

23/09/2017 03:36 par alain harrison

Bonjour.

« « Où sont les fantômes des grandes manifestations anti-guerre qui ont déferlé sur Washington dans les années 1970 ? Où est l’équivalent du mouvement qui a envahi les rues de Manhattan dans les années 1980, réclamant que le président Reagan retire les armes nucléaires des champs de bataille d’Europe ? » »

Où est la gauche pour faire tomber ce gouvernement inconstitutionnel, France ?
Il y a trois événements cet automne pour parler...........

Le Peuple Vénézuélien, après 17 ans de Chavisme, avec Maduro relève le défi, passer des débats d’idée au débat des solutions.
Des solutions radicales face à un système extrémiste, le rendez-vous est là ? La droite fasciste prendra son trou après le soubresaut.
Les élections de cette année et de 2018 seront l’enterrement de la droite ?
Non , la violence fasciste sera au rendez-vous, mais la révolution Bolivarienne a appris. Et le peuple ne se laissera pas reprendre au piège de 2015 ?
Encore bien des interrogations sur la suite des choses.
Mais une chose semble sûr, une vaste partie du Peuple Vénézuélien est sur la voie, plus de 8 millions ont dit oui à la Constituante, ce qui permettra au peuple dans son ensemble de comprendre.
À la fête de l’humanité, dépassé les débats d’idées vers les débats des solutions et comment !

23/09/2017 11:19 par CN46400

@Besson

J’ai regardé, avec intérêt, l’essentiel de cette série qui rappelons-le est un travail de haute volée exécuté pour le compte d’un des médias les plus puissant des USA, donc dominé par la bourgeoisie US, à destination du public US ou occidental. Mis à part les dégâts, y compris à longue échéance, sur le peuple vietnamien qui sont occultés (agent orange, mines anti personnel etc...) avec, comme alibi, la non publication du chiffrage des pertes du camp vietnamien, il faut reconnaître le sérieux de cette fresque. Au passage notons qu’aucun grand médias français n’a, encore, produit un document équivalent sur les guerres d’Indochine ou d’Algérie...

23/09/2017 15:34 par Autrement

Puisqu’on en est au sens de la guerre du Vietnam, - et pour "y réfléchir de façon entièrement nouvelle", personne ne songe donc à opposer à ce documentaire à l’eau de rose (même mélangée à un heureux dosage de barbelés, de sang et de larmes épiques), le VRAI documentaire sur cette guerre, à savoir "Full Metal Jacket" ? Il semble bien que le Ken Burns en question, généreusement soutenu par Bank of America, ait entrepris d’effacer jusqu’au souvenir du chef-d’oeuvre de Stanley Kubrick aux yeux de toute la bonne société et des crédules de la planète. Avec la complicité publicitaire de médias qui continuent à soutenir les mensonges officiels :

La fabrication cynique de ’faux drapeaux’ qui ont conduit à l’invasion du Vietnam est un fait historique - l’’incident’ du golfe du Tonkin en 1964, que Burns soutient comme vrai, n’en était qu’un parmi d’autres. Les mensonges jonchent une multitude de documents officiels, notamment les Pentagon Papers, que le grand lanceur d’alerte Daniel Ellsberg a publiés en 1971.

Jonh Pilger a bien raison de rapprocher la sortie de ce documentaire, de la morgue belliqueuse manifestée actuellement, jusque devant l’ONU, par Trump, - en réalité, celle des militaires qui tiennent en laisse le Président. Et cela, toujours pour préparer l’opinion à des crimes prémédités qui seront

déclenchés de bonne foi par des gens décents à cause de malentendus fatals, d’une confiance excessive des Américains et de malentendus liés à la guerre froide ».

23/09/2017 17:33 par Vaurien

@ Daniel BESSON

Tout ce qui n’est pas conforme à 100% à la propagande gauchiste ou communiste sera de toute façon qualifié de " révisionniste " .

Tout ce qui n’est pas cconforme à 100% à la propagande fasciste ou droitière sera de toute façon qualifier de gauchiste ou de communiste.

Les affirmations se soutiennet dans un sens ou dans un autre lorsqu’elles découlent d’une vision idélogique au ras des baquerettes.

Si j’admets que je peux apparaître comme un fanfaron, un prétentieux et tout le reste, cela ne pourra pas pour autant être vrai sauf en apparence. Les apparences sont là et sont difficiles à dépasser parce qu’elles couvrent tout et n’épargne rien. Les choses se passent, se déroulent, s’enroulent, se manifestent ou se dérobent, certaines visibles et d’autres non, causes et effets au même temps, et nous, témoins intéressés que nous sommes, nous nous intéressons à leurs écumes quand elles font de l’écume sinon pas grand-chose. Bien sûr, l’importance de l’écume peut nous renseigner sur l’importance de la vague ou cette chose, mais ce n’est jamais suffisant.

John Pilger est un témoin d’une époque. Son avis est important non pas en soi mais en ce qu’il dénonce. Il dénonce un danger qui concerne toute l’humanité et non pas uniquement sa personne. Peut-être à tort. Cela reste à voir. Du moins , il le fait à partir de son expérience et son vécu qu’on ne peut pas balayer d’un revers de la main.

Je m’explique. L’histoire racontée et l’Histoire vraie sont deux choses différentes, elles ne peuvent jamais être confondues. Ce qui se déroule dans une simultanéité de faits et d’évènement ne peut jamais être raconté ou mis en narration d’autant plus que chez nous les hommes ou les humains, tout passe par des filtres idéologiques constitutifs à notre vision du monde aussi élaborée et aussi complète soit-elle. Toute narration est linéaire et doit l’être si on veut se faire comprendre. C’est-à-dire mettre les choses les unes après les autres et les lier par des liens plus conventionnels que réels parce que dans la vie tout est lié et tout est dans une indépendance relative. Ce dont on tient peu compte.

En dehors de ses remarques, il y a le besoin chez l’homme de se raconter pour se voir (de préférence à son avantage) en tant qu’individu ou en tant qu’être social. Mais personne ne se raconte innocemment, la narration historique ne vise pas la vérité mais à servir de catharsis. Et pour ce faire, elle se sert de l’art qui a le pouvoir de la rendre spectaculaire. L’art est coûteux, il faut être riche pour se payer des catharsis, c’est-à-dire avoir beaucoup de personnes avec du talent et un grand savoir-faire qui consacrent toutes leurs vies respectives dans ce but. (Pour un talent, il faut compter des milliers ou des millions d’intermédiaires et de concurrents)

Donc, cher Besson, vous avez vu un spectacle. Il vous a plu, tant mieux pour vous ! Le reste est une autre affaire, affaire que saisit bien John Pilger

Pour terminer, je cite un autre exemple où un mot vide est repris à tour de bras pour ne rien dire ; C’est le mot Al Qaida. Tout le monde croit que cette chose existe alors que cela relève d’un monde interlope. À part quelques têtes de proue qu’on laisse se manifester de temps à autre, il n’existe aucune organisation qui fonctionne sous ce label, par contre il existe des organisations islamistes qui ont pignon sur rue, recrutent, forment des militants islamistes qui vont grossir ce fantôme AL Qaida.

23/09/2017 22:52 par alain harrison

Bonjour.

Pourtant, il y une série documentaire qui remonte aux années 70 ou 80 qui montre avec insistance les bombardements au NAPALM, une comparaison d’intensité est le bombardement de la Capitale d’Irak, plusieurs jours d’affilés sans interruption, présenté à la TÉLÉ.
Toute proportion gardé, une ville versus un territoire, une semaine et plus versus de longs mois.
S’il faut dénoncer le film il faut le dénoncer.

Le néo-con-libéralisme nous maintient (ce film me semble faire partie de la tactique) dans la réaction pratiquement tout le temps, ce qui épuise les énergies à agir, pour finir par nous paralyser de toute option de rechange. Et c’est ce qui se passe.
Au Vénézuéla, le temps de prendre les grands moyens est arrivé, c’est une question de survie pour la Révolution Bolivarienne.

La Constitution est claire, le président fait son mandat, même si l’opposition a gagné les élections de 2015, ce sont les élections de 2018 qui décideront du sort du président. Les élections d’automne sonnera le glas de la droite, violence ou pas.
Je crois que le niveau de conscience est atteint chez la grande majorité du Peuple Vénézulien. Maintenant, cela dépend de la jeunesse votante ?

Mais ici en France, les manifestations au lieu d’être axées sur le gouvernement inconstitutionnel, sont axées sur la loi travail, sans parler des autres réformes non-décriées. Une erreur à mon sens.
On dirait que le vrai problème, le gouvernement inconstitutionnel est passé inaperçu. C’est le gouvernement qui va passer la loi travaille. Cela veut dire que le néo-con-libéralisme se donne un avantage indéfendable, mais qui fera date pour le futur. À droite tout est permis et à gauche tout est interdit, ainsi l’état de droit est devenu l’outil (à valeur ajoutée) utile pour le néo-con-libéralisme.
C’est vrai qu’aux US, la démocratie du vote du Peuple est facilement mis de côté. Quelque récrimination et on passe à d’autres choses, que voulez-vous la nouvelle nouvelle oblige !
Je ne sais sur quoi la gauche c’est entendue à cette Fête de l’Humanité ????

24/09/2017 09:32 par Francois

@besson : vous sortez le joker « complotiste » pour si peu. Vous avez la gâchette facile.
Ce joker, associée à votre introduction haineuse, détruit tout l’intérêt que pourrait avoir une vision contradictoire étayée.
Votre culture colonialiste vous aveugle, vous devriez éviter ce site gaucho-communo-complotiste, c’est pas bon pour votre tension.

24/09/2017 18:31 par Francois

Ou sont les fantômes des grandes protestation de 1970 ?
Sans doute en train d’attendre quelques années comme ils l’ont fait en 1963.
Il n’y avait pas grand monde pour protester aux us en 1963, avant que les morts et les éclopés ne reviennent en masse.
Chomsky, un des protestataire de la première heure, peut en témoigner.
Que le Viêt Nam soit envahi, ils s’en foutent. Que ça tue des Viêt Namien, toujours rien à faire.
Si ça tue des yankees, là ça change tout.

25/09/2017 21:31 par Daniel BESSON

@CN46400
L’" Agent Orange " est évoqué et même les premières manifestations du mouvement anti-guerre aux USA devant les usines qui le fabriquaient qui n’ont réuni qu’une quarantaine d’activistes , dont un des témoins qui apparaît dans le film .
Ce document rappelle aussi plusieurs fois que les campagnes de bombardement " Rolling thunder " et " Linebacker " ont dépassé en ampleur les bombardements stratégiques de la Seconde Guerre Mondiale .
Il y a effectivement un manque quand aux conséquences de ces bombardements ,même si dans le denier film on parle très brièvement des conséquences des munitions non-explosées . Le fait de les évoquer seulement 30 secondes ou 1 minute peut-être critiquable mais le cœur de ce documentaire reste le processus qui a conduit les Etats-Unis à entrer en guerre , la guerre et la sortie du conflit .
On pourrait aussi critiquer l’indigence de ce documentaire quand à la présence Française . Le discours de Phnom-Penh du 1er septembre 1966 est lui aussi à peine évoqué sans être explicitement cité ( de mémoire ) lorsque est évoqué " la position critique de la France " .
A titre d’info Karnow consacre environ 90 pages sur 440 - 20%- à cette présence en remontant à Louis XVI ... Il ferait consensus chez les gauchistes Français puisqu’il considère que les deux apports culturels Français , le Quốc ngữ - transcription en caractères latins du Vietnamien originellement transcrit en sinogrammes - et le Catholicisme furent une manoeuvre destinée à déraciner les mouvements indépendantistes liés à l’intelligentsia Bouddhiste écrivant en caractères Chinois et à obtenir rapidement le relais de l’action des colonisateurs.
Quand aux " medias Bourgeois " , ce sont quand même eux qui ont couvert la guerre du Vietnam et qui ont permis la mobilisation de ce que l’on pourrait appeler " la gauche Américaine " . Leur neutralité , voir même leur bienveillance pour les Nord-Vietnamiens provient de ce que la plupart des cadres aux affaires et des journalistes avaient connu comme combattants la guerre en Europe et dans le Pacifique ( Nous sommes seulement 20-30 ans après 1945 ) Ce n’est donc pas , je pense , une question de structure capitalistique mais de vécu des patrons de presse et des journalistes . Vivement que nos deniers soixanthuitards dégagent des médias , fussent-ils aux mains des puissances d’argent .
@Vaurien
Figurez vous que je peux souscrire à 80-90 %de vos propos . Votre analyse du fait historique est des plus pertinente et je l’écris sans flagornerie . A la grande différence que cette série va bien au delà d’un simple spectacle cathartique .
@François
Cela vous surprendra mais je me rallie aux thèses de Karnow sur l’imposition de l’alphabet latin , lorsqu’il dézingue " Ferry-Tonkin " et lorsqu’il encense Guizot qui fut contre des aventures en Indochine . En fait je suis Déroulédien , voir plutôt Cartieriste ( cela existe ! ) . Pour les ignorants Raymond Cartier c’est ce très grand reporter de Paris-Match qui écrivit " La Corrèze plutôt que le Zambèze "

26/09/2017 22:22 par François

Pourquoi ne pas tout simplement dire que c’est une sale guerre colonialiste, declenchées sur des fausses excuses par un president adulé par l’opinion publique, guerre aucours de laquelle les usa y ont commis toutes les pires atrocités, massacre de civil, viols, guerre chimique, dénis de liberté de tout un peuple, que l’opinion publique de ce pays criminel n’a reagit en masse que lorsqu’elle acommenc à compter ses morts.
Le detail est il vraiment important. On est en droit de s’y attardé si et seulement si on a rappelé ces evidences. Sinon c’est de la propagande.

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