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Auteur : Gabriel GARCIA MARQUEZ

Begin et Sharon, Prix Nobel de la mort

Gabriel GARCIA MARQUEZ

(juin 1982) - S’il existait un Prix Nobel de la Mort, le lauréat incontesté serait Menahem Begin, et son assassin professionnel, le général Ariel Sharon. En effet, avec le recul nous pouvons affirmer aujourd’hui que les Accords de Camp David n’ont eu d’autre finalité que de lui servir de couverture, pour exterminer l’Organisation pour la Libération de la Palestine d’abord, pour établir ensuite de nouvelles colonies israéliennes en Samarie et en Judée.

Pour ceux dont l'âge leur permet de se souvenir des préceptes nazis, les aspirations de Begin ne manquent pas de susciter d'effroyables réminiscences. Elles rappellent la théorie de l'espace vital, avec laquelle Hitler proposa d'étendre son empire à la moitié de la planète, et ce que lui-même appela la solution finale au problème juif, qui conduisit plus de six millions d'êtres humains innocents aux camps d'extermination. Que Menahem Begin soit prix Nobel de la Paix est difficile à croire. Mais il l'est bel et bien, depuis 1978, année où le prix fut conjointement décerné à Anwar Sadat, président Égyptien de l'époque, pour avoir signé l'Accord de Paix de Camp David. Cette détermination spectaculaire avait coûté à Sadat le rejet immédiat de la communauté arabe, et plus tard lui coûta la vie. Begin, en revanche, a pu exécuter méthodiquement un projet stratégique encore inachevé, mais qui a causé il y a quelques jours le massacre barbare de plus d'un millier [1] de Palestiniens réfugiés dans un camp de Beyrouth. (...) Lire la suite »

C’est le Fidel Castro que je crois connaître.

Gabriel GARCIA MARQUEZ

Article écrit par Garcia Marquez et publié en août 2006 dans le journal « Juventud rebelde ». « C’est le Fidel Castro que je crois connaitre : un homme aux habitudes austères et aux illusions insatiables, d’une éducation formelle à l’ancienne, aux paroles mesurées et aux manières nuancées, et incapable de concevoir une idée qui ne soit pas colossale ».

Sa dévotion pour la parole. Son pouvoir de séduction. Il va chercher les problèmes où qu’ils se trouvent. Les élans de l’inspiration sont caractéristiques de son style. Les livres reflètent très bien l’ampleur de ses goûts. Il arrêta de fumer pour avoir l’autorité morale de combattre le tabagisme. Il cuisine avec une espèce de ferveur scientifique. Il se maintient en excellente condition physique par plusieurs heures de gymnastique quotidienne et beaucoup de natation. Patience invincible. Discipline de fer. Sa force d’imagination entraine les imprévus. Aussi important qu’apprendre à travailler est apprendre à se reposer. Fatigué de converser, il se repose en conversant. Il écrit bien et aime le faire. La plus grande stimulation de sa vie est l’émotion que procure le risque. La tribune d’improvisateur semble être son mode écologique parfait. Il commence toujours d’une voix presque inaudible, vers une direction incertaine, mais profite de chaque étincelle pour gagner du terrain, pas à pas, jusqu’à ce qu’il (...) Lire la suite »

L’énigme des deux Chavez

Gabriel GARCIA MARQUEZ

En 1999, peu avant la prise de fonction d’Hugo Chavez à la présidence, l’écrivain Gabriel Garcia Marquez l’interviewa à bord d’un avion les conduisant de La Havane à Caracas. Au fil de la conversation, le Prix Nobel colombien allait découvrir une personnalité qui ne correspondait en rien à l’image de despote que les médias en avaient donnée. C’était un autre Chavez. Lequel des deux était le vrai ? Portrait d’un président qui, adolescent, devint soldat pour pouvoir jouer au baseball, qui récitait par coeur des poèmes de Neruda ou de Walt Whitman, et qui est décédé du cancer à l’âge de 58 ans

A la tombée du jour, Carlos Andrés Pérez descendit de l'avion qui le ramenait de Davos, en Suisse, et fut surpris de trouver, pour l'accueillir, le général Fernando Ochoa Antich, son ministre de la Défense. « Qu'y a-t-il ? » demanda le président, intrigué. Le ministre usa d'arguments si efficaces pour le rassurer que le président ne se rendit pas au Palais de Miraflores, au coeur de Caracas, mais à sa résidence de La Casona. Il commençait à s'assoupir lorsque le même ministre le réveilla au téléphone pour l'informer qu'un soulèvement militaire avait lieu dans la région de Maracay. Il regagnait à peine Miraflores quand éclatèrent les premières décharges d'artillerie. C'était le 4 février 1992. Le colonel Hugo Chavez Frias, avec son culte liturgique pour les dates historiques, dirigeait le soulèvement depuis son quartier général improvisé dans les locaux du Musée historique de La Planicie. Le président comprit alors que son unique recours était le soutien populaire et gagna les studios de télévision pour parler (...) Lire la suite »