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Yémen : La révolution arabe va-t-elle emporter le régime d’Ali Abdallah Saleh ?

photo : AFP / Mohammad HUWAIS

La tempête de révolte qui souffle très fort sur le monde arabe risque d’emporter dans son sillage le régime d’Ali Abdallah Saleh. Tous les jours à Sanaa, à Aden, à Al Mukalla et dans toutes les villes du Yémen, les manifestants scandent « le peuple veut renverser le régime ». Ali Abadallah Saleh, allié des Etats-Unis dans ce qu’ils appellent « la lutte contre le terrorisme », concept hérité de l’administration Bush, va-t-il être jeté à la poubelle de l’histoire à son tour comme l’ont été avant lui Ben Ali et Moubarak ?

La position géostratégique du Yémen inquiète Washington. Sa proximité des régimes comme le sultanat d’Oman et surtout l’Arabie Saoudite, en pleine phase de succession, dont l’Est du pays connait de timides contestations, préoccupe sérieusement les américains. Mais le Yémen c’est aussi le détroit de BÄ b al-Mandab qui commande l’entrée à la mer Rouge et surtout le Golfe d’Aden qui sépare le continent africain du continent asiatique et constitue de ce fait une voie maritime importante pour les échanges mondiaux : « Quelque 22000 navires marchands traversent la zone chaque année, transportant environ 8% du commerce mondial, ce qui comprend plus de 12% du pétrole et de produits finis de l’Extrême Orient vers l’Europe » (1). Autant dire que le Yémen représente un intérêt stratégique évident pour les États-Unis. C’est ce qui explique le silence embarrassé de Washington sur la révolte populaire dans ce pays.

Après le massacre du 18 mars 2011 qui a fait, selon l’AFP, cinquante-deux martyrs tombés sous les balles des partisans d’Abdallah Saleh et 126 blessés, Barack Obama a déclaré « je condamne fermement les violences qui se sont produites aujourd’hui au Yémen » et il a exhorté « le président Saleh à tenir sa promesse d’autoriser les manifestations à se dérouler pacifiquement » ! Mais il n’est pas question ici d’intervention militaire « pour assurer la protection des civils » et renverser le régime en place comme en Libye. Au Yémen comme à Bahreïn, les populations qui manifestent pacifiquement contre des régimes despotiques et corrompus peuvent se faire massacrer par le pouvoir local ou par les armées étrangères sous le regard bienveillant des bourgeoisies occidentales (2).

Abdallah Saleh est au pouvoir sans interruption depuis 1978 :d’abord président du Yémen du Nord, ensuite du Yémen réunifié en 1990 et enfin président de la République du Yémen en 1994. Depuis cette date, Abdallah Saleh dirige le pays d’une main de fer en s’appuyant sur les membres de sa famille, sur son parti le Congrès Général du Peuple (CGP) et bien sûr sur les forces armées. Toutefois, après la première réunification en 1990, le Yémen a connu « une véritable explosion démocratique (...) Une quarantaine de partis font leur apparition, couvrant tout le spectre imaginable de la vie politique. Près de 130 journaux et magazines voient le jour, certains se signalent par un ton extrêmement critique à l’égard du pouvoir » (3). Mais cette période a été très courte et dès 1991 le climat politique s’est nettement dégradé. Les tensions entre nordistes et sudistes se sont exaspérées et la guerre civile a éclaté en 1994 « gagnée » par le Nord dirigé par Ali Abdallah Saleh.

Aujourd’hui, les fondements du régime s’effondrent les uns après les autres. Les réserves comme les revenus du pétrole sont en baisse (4). Abdallah Saleh n’a plus les moyens d’acheter ses opposants comme par le passé. La corruption et le népotisme font partie intégrante de la politique du régime. La priorité d’Abdallah Saleh n’a jamais été le développement de son pays. Sa préoccupation première est de rester, vaille que vaille, au pouvoir. Le Yémen reste l’un des plus pauvres pays non seulement du monde arabe mais aussi du monde entier.

Les défections dans l’armée se comptent par dizaines. Le général Ali Mohsen al-Ahmar, demi-frère du président, et le général Nasser Ali Chouaïbi ont rejoint le mouvement populaire.

Les cheikhs des tribus, comme le très influent Sadek Al Ahmar, et des dignitaires religieux ont eux aussi lâché Ali Abdallah Saleh.

Pourtant, vendredi 25 mars 2011, le régime a réussi à mobiliser des dizaines de milliers de ses partisans. Le président peut encore compter sur plusieurs tribus comme celle de Dhamar ou d’Al Baida. L’appareil sécuritaire, qu’il a forgé patiemment, lui apporte toujours son soutien. Mais pour combien de temps ?

Ali Abdallah Saleh, comme tous les dictateurs, s’accroche de toutes ses forces au pouvoir. C’est sa raison d’être ! Ici le pouvoir n’est pas un moyen, mais une fin en soi : le pouvoir pour le pouvoir. Mais ce pouvoir montre, chaque jour qui passe, des fissures de plus en plus larges. Le Yémen, comme les autres pays arabes, est touché par cette immense et profonde aspiration à changer les régimes en place qui ont fait leur temps. Ils ne correspondent plus à la marche de l’histoire. Ces régimes constituent un véritable obstacle au développement économique, social et politique. Ils doivent disparaître. Les roues de l’histoire ne tournent jamais en arrière. La véritable place d’Ali Abdallah Saleh, comme celle de tous les despotes arabes, est d’être non pas à la tête de l’État, mais bien à côté de Ben Ali et de Moubarak c’est à dire dans la poubelle de l’histoire.

Mohamed Belaali

http://belaali.over-blog.com/

(1) OTAN, le 11 novembre 2008 Nato military visits Beijing to discuss piracy operations http://www.manw.nato.int/pdf/Press%20Releases/NATOCHINACOOPERATION%202... , cité par Hélène Nouaille dans « Le Golfe d’Aden, au delà des pirates » http://www.comite-valmy.org/spip.php?article437

(2) http://www.legrandsoir.info/L-intervention-saoudienne-a-Bahrein-et-le-...

(3) Voir « Le Yémen entre démocratie et guerre civile » d’Olivier Dalage http://mapage.noos.fr/odalage/autres/yemen.htm


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