RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

La discrimination prospère à Jérusalem Est. (Haaretz)

Pendant que les écoliers de Jérusalem Ouest fêtent "la journée de Jérusalem"
des milliers d’enfants de Jérusalem Est resteront à la maison ou s’entasseront dans des écoles délabrées.

Si tout se passe comme prévu la semaine prochaine, avec le début
des "discussions de proximité" (en Anglais : proximity talks NdT), des
milliers de Juifs fêteront les 43 ans de "l’unification de Jérusalem". Les
hommes politiques ne manqueront certainement pas cette opportunité festive
d’exprimer leur profond amour pour "notre capitale unifiée pour l’éternité".
Au même instant, la police continuera à interroger les leaders municipaux
qui, tout en chantant les louanges de Jérusalem, ont approuvé la
construction du monstrueux complexe d’Holyland. Il n’est pas besoin des
juges de Jérusalem pour comprendre qu’un crime grave a été commis contre la
ville, avec cet Holyland. Mais la corruption qui règne sur la colline de
Jérusalem Ouest n’est rien en comparaison du vol de terre, de la violation
d’identité, de l’accumulation de mensonges et de la discrimination
criminelle dont souffrent les 270 000 résidents arabes de Jérusalem Est.
Bien que ces actions méprisables soient perpétrées en plein jour et depuis
des années, personne ne s’y intéresse. Après tout il ne s’agit que d’Arabes.
Si ça n’avait pas été annoncé, "par une regrettable erreur de timing", au
moment de la visite du vice-président des USA, qui se serait soucié de la
construction de 1600 maisons à Ramat Shlomo ? Quelqu’un a-t-il cherché à 
savoir pourquoi le représentant de l’Administration de la terre d’Israël
(ILA) et le Comité de la Planification et de la Construction du District ont
commué cette zone inconstructible en zone constructible ? Qui sait combien
d’appartements le Ministère du Logement et de la Construction a construit
pour les jeunes couples de Jérusalem Est qui pourtant, selon le Premier
Ministre Benjamin Netanyahu, n’est pas différent du Nord de Tel Aviv ?
Pour mémoire, depuis 1967, Israël a exproprié 35 pour cent du secteur de
Jérusalem Est (environ 24 km carrés). De nouveaux quartiers juifs avec 50
000 logements ont été construits sur cette terre.

Des centaines de promoteurs immobiliers, d’entrepreneurs (et de
fonctionnaires ?) s’enrichissent grâce à ces constructions. Combien de
quartiers ont été construit dans le même temps pour les résidents arabes
israéliens ? Zéro. Quand le gouvernement a-t-il permis la dernière
construction de 600 logements dans un quartier arabe ? Il y a 30 ans. La plus
grande partie de la terre que les Palestiniens détiennent encore (environ 45
km carrés) a été classée "zone verte". Comme les responsables politiques se
refusent à établir un plan d’ensemble pour Jérusalem, aucun permis de
construire ne peut être accordé en dehors des quartiers palestiniens
surpeuplés.

Et après ça, les gens de droite osent se plaindre de ce que, alors que les
Arabes construisent sans permis, on essaie "d’expulser" des Juifs de Beit
Yonatan, un grand building construit sans permis de construire en plein
milieu d’un quartier arabe, tel une arête coincée dans la gorge. Le Premier
Ministre répète à l’envie "qu’un Palestinien de Jérusalem Est peut
construire où il veut dans la ville". On a du mal à croire que Netanyahu,
qui est né à Jérusalem, ne sache pas que seuls les citoyens israéliens et
ceux qui ont droit à la nationalité israélienne au titre de la Loi du Retour
peuvent prétendre à des terres qui sont la propriété de l’ILA (93 pour cent
de la terre d’Israël).

Non seulement les Arabes de Jérusalem Est n’ont pas le droit d’acheter un
appartement à Talbiyeh (dont le nom a été officiellement changé en
Komemiyut) où ils sont née il y a 63 ans, mais la loi ne leur permet pas non
plus de se construire un logement sur le secteur dont les Palestiniens ont
été expropriés après 1967 et qui représente le tiers de Jérusalem est. Par
contre, le lauréat du prix Nobel de la Paix, Elie Wiesel, qui a demandé au
Président des USA, Barak Obama, de ne pas s’occuper de Jérusalem, peut
s’acheter sans problème une maison de vacances dans le nouveau quartier
résidentiel en construction de Sheikh Jarrah.

Pendant que les écoliers de Jérusalem Ouest célèbrent " la journée de
Jérusalem" des milliers d’enfants de Jérusalem Est resteront à la maison ou
s’entasseront dans des classes délabrées. Le Ministre de l’Education et le
Maire, qui exalteront "l’unification de Jérusalem" sont ceux-là mêmes qui
refusent d’appliquer la recommandation de la Haute Cour de Justice de
construire 250 salles de classe sur les 1000 qui manquent dans la partie Est
de la ville.

Et ceux qui ignorent la Haute Cour n’auront aucun problème à ignorer les
accords conclus avec des étrangers. Qui se souvient que, selon la phase un
de la Feuille de Route, le gouvernement israélien s’était engagé à rouvrir
la Chambre de Commerce Palestinienne ainsi que d’autres institutions fermées
de Jérusalem Est, avec la promesse qu’elles pourraient fonctionner comme le
prévoyaient des accords antérieurs ?

"Pour l’amour de Sion je ne resterai pas en paix et pour l’amour de
Jérusalem je ne prendrai aucun repos avant qu’Elle ne triomphe dans tout son
éclat et que son salut n’éclaire comme une torche et que les nations ne
contemplent ton triomphe et tous les rois ta gloire" a écrit le Prophète
Isaïe. On a du mal à croire que les "discussions de proximité" vont apporter
la paix à Israël et aux Palestiniens. Mais si elles permettent au moins de
remplacer les déclarations de principe insipides et vaines par un peu plus
de la sagesse et de la justice qui émanent de Jérusalem, ce sera déjà bien.

Akiva Eldar, Haaretz

3 mai 2010

Texte Original
http://www.haaretz.com/print-edition/opinion/discrimination-is-flourishing-in-east-jerusalem-1.287733

Traduction D. Muselet

URL de cet article 10591
   
Même Thème
Israël, Les 100 pires citations
Jean-Pierre Bouché, Michel Collon
Ce livre contient 100 citations de dirigeants, stratèges et penseurs sionistes, des origines du mouvement jusqu’à aujourd’hui. À partir de ces citations, il s’agit pour les auteurs de faire une analyse à la fois documentée et ludique de la pensée sioniste à travers les années. Les auteurs montrent ainsi qu’il y a bien une pensée sioniste cohérente qui se perpétue à travers le temps. Le conflit israélo-palestinien ne vient pas de nulle part : il prend sa source au moment même où le projet (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Une de meilleures façons d’apporter la justice est de révéler l’injustice.

Julian Assange

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.