Outre la nouveauté de la présence chinoise - voir document ci-après - sont à relever :
1 - le discours du nouveau ministre allemand des Affaires étrangères et Vice-chancelier GUIDO WESTERWELLE.
Il est un des représentants du Parti libéral (FDP) dans la nouvelle coalition au pouvoir à Berlin. Le FDP, nouvel allié des démocrates chrétiens (CDU/CSU) a pris la place des sociaux démocrates (SPD) et le changement de ton en matière de politique étrangère est notable. GUIDO WESTERWELLE a annoncé que « l’objectif à long terme était la création d’une armée européenne » et que le Traité de Lisbonne ouvrait la voie à cette création. Cette prise de position ne doit pas être mal interprétée. Dés le début de son intervention GUIDO WESTERWELLE a souligné que l’OTAN était un des piliers de l’Allemagne contemporaine (occultant ainsi toute la période 1947-1989) et que l’Union Européenne et l’OTAN avaient des valeurs communes. Il s’est ainsi montré fidèle à la ligne du FDP qui a été et reste le parti allemand le plus atlantiste et le plus pro-étasunien. Il s’agit donc d’une volonté de renforcer la puissance militaire de l’alliance atlantique en augmentant la contribution européenne. Rien ne convient mieux à la politique de l’administration OBAMA qui considère que les moyens des Etats-Unis ne sont pas à la hauteur de leurs ambitions de domination mondiale à spectre large (full spectrum dominance) et font pression sur leurs alliés européens pour qu’ils augmentent leur contribution à ce projet. GUIDO WESTERWELLE a répondu « présent ».
2- le discours du nouveau secrétaire général de l’OTAN, le danois RASMUSSEN
Il a renouvelé l’offre de l’OTAN d’être le bras sécuritaire armé de l’ONU. Ainsi selon lui, l’ONU et ses petits budgets, toujours tendant la main ici et là pour obtenir quelques contingents de casques bleus, devrait clairement sous-traiter la « sécurité » internationale à l’OTAN. Il est vrai qu’avec 75% des dépenses militaires mondiales les pays membres de l’OTAN peuvent rassurer tous ceux qui aspirent à une gendarmerie mondiale capitaliste, à la domination par la force, sous couvert d’organisation DES NATIONS UNIES d’Etats capitalistes regroupant 800 millions des 6,5 milliards d’habitants de la planète soit environ 1 sur 8. Cette offre n’a évidemment pas reçu d’accueil favorable de la part des deux représentants de la Russie, Serguei Lavrov, Ministre des Affaires étrangères et Serguei Ivanov, Vice Premier Ministre, pas plus que de la Chine (voir ci-après). Pour compléter l’énoncé des vastes ambitions de l’OTAN, RASMUSSEN a indiqué qu’il s’était assuré dans sa tâche de la collaboration active de MADELEINE ALBRIGHT. On frémit ! *
* Bien qu’elle s’en soit repentie plus tard, Madeleine Albright reste à jamais, devant le tribunal de l’Histoire, l’auteure d’une phrase honteuse. Répondant à un journaliste qui évoquait les 500 000 morts d’enfants irakiens provoquées par l’embargo étasunien elle avait déclaré que « cela valait la peine ».
Nous reproduisons ci-après un texte publié sur un nouveau blog ami :
DE CATAY EN CHINE - http://decatayenchine.wordpress.com)
Qui, comme son nom l’indique, s’intéresse à la Chine en s’efforçant d’éviter clichés et stéréotypes
La Conférence sur la sécurité de Munich s’est réunie pour la première fois en 1962. Longtemps consacrée à la sécurité européenne dans le contexte de la guerre froide elle s’est adaptée au nouveau contexte international en accueillant des invités de l’ex Europe de l"Est et d’Asie.
En Janvier 2007 elle avait accueilli Vladimir Poutine qui avait prononcé un réquistoire sévère et retentissant contre « l’unipolarisme » c’est-à -dire contre la politique étrangère des Etat-Unis. Il avait qualifié l’unipolarisme d’ « illégitime et immoral ».
En 2010 elle a accueilli le Ministre chinois des affaires étrangères, Yang JIECHI (*), dont nous avons traduit le discours.
Né en 1950 à Shanghai est membre du PCC depuis 1971. Diplômé de l’Université de Bath et de la London School of Economics.
Fonctionnaire du Ministère des Affaires étrangères depuis 1975, il a été Ambassadeur de Chine à Washington de 2000 à 2004 avant de devenir Ministre des Affaires étrangères en 2005.
Il est membre du Comité Central du PCC depuis 2002.
Son intervention à la 46° conférence de Munich sur la sécurité est la première d’un officiel chinois dans cette enceinte.
*ne pas confondre avec JIANG JIECHI è’‹ä »‹çŸ³, plus connu sous le nom de Tchang Kai-chek
DISCOURS DE YANG JIECHI
46° Conférence de Munich sur la sécurité
Discours de M JIECHI YANG, ministre des affaires étrangères de la république populaire de Chine - 05.02.2010
Une Chine en mutation dans un monde en mutation
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un grand plaisir de venir à Munich au début de la nouvelle année pour assister à la Conférence de Munich sur la sécurité et échanger des vues avec vous sur les principales questions concernant la paix et la sécurité mondiales.
Regardant en arrière la première décennie du 2l° siècle je suis convaincu que les changements énormes et profonds, que le monde a vécu laisseront des empreintes indélébiles dans les longues annales de l’histoire humaine. Et la Chine est sans aucun doute un élément important de la mutation du paysage. Quand je lis les journaux ou regarde la télévision ces jours-ci, je vois des histoires sur la Chine presque chaque jour. Beaucoup de gens demandent : comment la Chine, un pays toujours en croissance et en développement, interagit-elle avec le reste du monde ? Et quel rôle jouera la Chine sur la scène internationale ? Permettez-moi donc de commencer mon discours, par la Chine.
Nous avons célébré l’anniversaire le 6O° anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine il ya quelques mois. Durant ces 60 années, nous avons trouvé une nouvelle voie de développement à travers un cheminement long et difficile. Les 30 dernières années, en particulier, ont connu des progrès considérables en Chine, grâce à la politique de réforme et d’ouverture. Le PIB de la Chine a cru à un taux annuel moyen de près de 10% et 235 millions de personnes ont pu été extraites de la pauvreté. La Chine a réalisé trois transitions historiques : d’une économie planifiée et fortement centralisée à une économie dynamique de marché socialiste, d’une société en circuit fermé ou semi-clos à une société de marché pleinement ouverte, et d’un état de séparation avec le reste du monde à un état d’interactions intenses.
Mais d’un autre côté, la Chine fait toujours face à de nombreuses difficultés, et nous en sommes en Chine tout à fait conscients de nos faiblesses et des défis que nous devons affronter. Le PIB chinois par habitant a dépassé seulement 3.000 dollars US, ce qui nous place au lO4° rang dans le monde. Le développement inégal demeure un problème important. Les grandes villes comme Beijing et Shanghai ne peuvent en aucun cas représenter l’ensemble de la Chine, et de nombreuses zones rurales et éloignées sont encore très pauvres. Cent trente-cinq millions de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour et 10 millions n’ont pas accès à l’électricité. La Chine est un pays en développement et il faudra les efforts inlassables de plusieurs, et même d’une douzaine de générations avant que la Chine puisse vraiment réaliser sa modernisation. Pour permettre à 1,3 milliard de personnes de vivre une vie confortable, nous devons concentrer tout notre temps et toute notre énergie au développement. Nous chercherons à obtenir un environnement international pacifique pour nous développer et en même temps contribuer à la cause de la paix mondiale à travers notre propre développement. Il s’agit d’un choix stratégique que la Chine a fait. C’est un choix ancré dans l’intérêt propre de la Chine ainsi bien que dans les intérêts à long terme du monde entier.
Une Chine plus développée de la est une chance plutôt qu’une menace pour le monde. L’histoire est le meilleur professeur et tient un registre équitable des chemins que tous les pays ont parcouru. "L’Harmonie sans l’uniformité", a été une valeur chérie par le peuple chinois depuis l’antiquité. L’opinion selon lequel une nation forte est conduite à rechercher l’hégémonie ne trouve aucune confirmation dans l’histoire de la Chine et va à l’encontre de la volonté du peuple chinois. La Chine est aujourd’hui engagée sur la voie du développement pacifique. Nous poursuivons une politique de défense à caractère strictement défensif et notre stratégie nucléaire est uniquement pour l’auto-défense. Nous adhérons à la politique de non-recours en première instance aux armes nucléaires à quelque moment que ce soit et quelles que soient les circonstances, et nous avons pris l’engagement sans équivoque et inconditionnel de ne pas utiliser ou de ne pas menacer d’utiliser des armes nucléaires contre des États non dotés d’armes nucléaires ou contre des zones dénucléarisées. Le Développement militaire de la Chine a un objectif clair qui est de maintenir la sécurité et l’unité nationales et d’assurer un développement économique et social harmonieux.
La Chine a toujours soutenu que tous les pays, grands ou petits, forts ou faibles, riches ou pauvres, sont des membres égaux de la communauté internationale et doivent se respecter mutuellement et se traiter mutuellement avec égalité. La diplomatie chinoise est guidée par ce principe. L’égalité que nous demandons n’est pas seulement l’égalité dans la forme, mais surtout l’égalité dans la substance. Nous devrions tous faire face à un monde diversifié avec un esprit ouvert. Nous devons respecter les valeurs et les choix indépendants du mode de développement des autres pays, respecter les préoccupations fondamentales des autres pays et nous abstenir de nous ingérer dans leurs affaires intérieures. Dans la même veine, la Chine, comme tout autre pays dans le monde, s’en en tiendra à ces principes sur les questions touchant ses intérêts essentiels et ses préoccupations majeures, et défendra ses droits égaux durement gagnés et ses intérêts légitimes.
Une Chine plus développée prendra davantage de responsabilités internationales et ne jamais poursuivra jamais ses intérêts indépendants aux dépens des intérêts des autres. Nous savons très bien que dans ce monde interdépendant, l’avenir de la Chine est étroitement lié à celui du monde. Nos propres intérêts et ceux des autres sont mieux servis lorsque nous travaillons ensemble pour élargir les intérêts communs, partager les responsabilités et chercher des résultats gagnant-gagnant. C’est pourquoi, tout en se concentrant sur son propre développement, la Chine prend de plus en plus des responsabilités internationales en rapport avec sa force et son statut. Nous avons pris une part active dans la coopération internationale sur la crise financière. Nous avons promu la création d’un pool de réserves de devises étrangères en Asie d’une valeur de 120 milliards de dollars et signé des accords avec d’autres pays pour des échanges de devises au niveau de 650 milliards de yuan renminbi (RMB). Nous avons annulé les dettes de 49 pays pauvres très endettés et des pays les moins avancés et avons fourni plus de 200 milliards de Yuan RMB d’assistance à d’autres pays en développement. La Chine a participé activement aux opérations de maintien de la paix internationale. En tant que principal pays contributeur de maintien de la paix parmi les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, nous avons envoyé au total plus de 10.000 soldats de la paix à 24 missions de maintien de la paix des Nations Unies, y compris plus de 2100 qui exécutent actuellement des tâches de maintien de la paix. Certains casques bleus chinois ont même donné leur vie pour la cause de la paix et la sécurité mondiales. Comme vous le savez probablement huit de nos soldats de la paix ont perdu la vie dans le tremblement de terre massif récent en Haïti. La Chine a montré avec ses actions concrètes qu’elle est une force positive pour la paix mondiale et le développement commun.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Les nouveaux développements et les changements dans le monde entier sont Concomitants avec les changements dans l’histoire de la Chine. Comment devrions-nous lire les changements que notre monde a connus ces dix dernières années ? Je le vois de la façon suivante alors que la multipolarité et la mondialisation s’accélèrent, l’aspiration à la paix, au développement et à la coopération, qui représentent la tendance de l’époque, est devenue plus fort que jamais. Les destinées de tous les pays n’ont jamais été si étroitement liés qu’ils le sont aujourd’hui, et le multilatéralisme et la démocratie dans les relations internationales ont gagné un soutien populaire encore plus grand. Mais il y a aussi l’autre côté de la médaille. La mondialisation, tout en générant une croissance rapide, a fait surgir d’autres problèmes et d’autres défis. L’impact de la crise financière se poursuit, les perspectives de la reprise économique mondiale ne sont pas claires.
Le Changement climatique, la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, la sécurité de la santé publique et d’autres problèmes mondiaux sont devenus plus aigus.
Les menaces non traditionnelles à la sécurité, y compris le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et le crime transnational persistent, tandis que certains conflits locaux de longue date et des problèmes brulants restent sans solution. Ils constituent tus de graves dangers pour la paix mondiale et le développement.
Vivant dans un monde en mutation, nous devons voir les choses à la lumière de leur développement et rechercher des solutions avec un esprit coopératif. Nous devons favoriser une perspective de coopération fondée sur le respect mutuel et de consultations équitables et garantir le droit des pays en développement à une participation égale dans les affaires internationales. Nous devrions encourager une perspective qui mette l’accent sur les avantages de l’avantage mutuel et du développement commun, et faire aller la mondialisation économique dans le sens d’un progrès équilibré et d’avantages partagés. Nous devrions favoriser une perspective de sécurité caractérisée par la confiance mutuelle, les avantages réciproques, l’égalité et la coordination, le respect des intérêts de la sécurité des autres de rechercher la sécurité pour tous. Nous devrions favoriser une vision de la civilisation qui encourage la connaissance mutuelle et chercher un terrain commun tout en conservant les différences, et faciliter les échanges entre civilisations et modèles de développement pour le progrès commun. Et nous devrions encourager une perspective sur l’environnement que les privilégie le soutien mutuel et le progrès coordonnés, et faire des efforts conjoints pour préserver la Terre, notre maison commune.
Pour promouvoir la paix mondiale et au développement, il est particulièrement important que nous de bien gérer toutes ces questions brûlantes et ces défis mondiaux.
Premièrement, la question nucléaire sur la péninsule coréenne. La tension qui entoure cette question a récemment et dans une certaine mesure diminué, et il y a maintenant une nouvelle occasion de relancer les pourparlers à six et de faire avancer le processus de dénucléarisation. La question nucléaire coréenne est une question complexe et délicate, et elle met en jeu les intérêts des différentes parties. Nous devons trouver une solution pacifique à ce problème par le dialogue et la consultation et par des moyens politiques et diplomatiques. C’est le seul bon choix, un choix qui sert les intérêts communs de toutes les parties. Nous devons travailler tous ensemble pour permettre la poursuite du dialogue, faire preuve de souplesse et créer des conditions pour la reprise des pourparlers à six. La Chine va travailler sans relâche avec les autres parties concernées et la communauté internationale dans son ensemble pour la dénucléarisation de la péninsule, la normalisation des relations entre les pays concernés et la réalisation d’une paix durable et la stabilité en Asie du Nord Est.
Deuxièmement, l’Afghanistan. Je viens de participer, au nom du gouvernement chinois, à la conférence internationale sur l’Afghanistan à Londres. L’Afghanistan a fait des progrès dans ses efforts de paix et de reconstruction, mais reste confronté à de formidables défis, notamment la résurgence du terrorisme, le trafic de drogue endémique et la lenteur des progrès dans la reconstruction. Apporter une complète stabilité à l’Afghanistan nécessite les efforts soutenus des personnes de tous les secteurs dans ce pays et de la communauté internationale toute entière. En tant que voisin amical, la Chine espère voir un Afghanistan pacifique, stable et indépendant qui jouisse de développement et d’un bon voisinage. Nous continuerons à prendre une part active au processus de reconstruction de l’Afghanistan, et à travailler avec le reste de la communauté internationale pour une stabilisation et un développement rapides là -bas.
Troisièmement, la question nucléaire iranienne. Cette question est entrée dans une phase cruciale. Les parties intéressées devraient, en ayant en tête les intérêts globaux à long terme, intensifier les efforts diplomatiques, rester patientes, et adopter des politiques plus souples, plus pragmatiques et plus volontaristes. Le but est de rechercher une solution globale, à long terme et une solution appropriée par le dialogue et les négociations et défendre le régime international de non-prolifération et de paix et la stabilité au Moyen-Orient. La Chine va faire des efforts concertés avec la communauté internationale et jouer un rôle constructif dans le règlement de cette question.
Quatrièmement, le changement climatique. Le changement climatique est un défi majeur pour le monde aujourd’hui. Un examen de l’histoire de l’industrialisation montre qu’au cours des 200 dernières années et plus, seuls les pays développés, avec une population combinée de moins d’un milliard, ont réalisé la modernisation, et leur modernisation a eu un coût énorme pour les ressources mondiales et l’éco-environnement. Elle représentait un modèle de développement non durable. Nous devons renforcer la coopération internationale pour lutter contre le changement climatique. La conférence de Copenhague a produit des résultats positifs, mais il n’était pas du tout la fin de notre entreprise. Il a seulement représenté un nouveau départ. Toutes les parties doivent s’en tenir au cadre de base de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto, adhérer au principe de « responsabilités communes mais différenciées", s’appuyer sur le consensus indiqué dans l’Accord de Copenhague, et remplir leurs engagements respectifs à travers des actions crédibles. Le gouvernement chinois, pour sa part, prend très au sérieux le changement climatique, et a adopté une série de mesures importantes à cet égard. Les émissions de dioxyde de carbone de la Chine par unité de PIB ont été réduites de 46% entre 1990 et 2005. Sur cette base, nous nous sommes engagés à faire baisser l’intensité de CO2 de 40-45% d’ici 2020 par rapport au niveau 2005. Réduire les émissions de CO2 sur une si grande échelle et sur une aussi longue période de temps exigera des efforts considérables de notre part. Le gouvernement chinois respectera sa parole avec des actions réelles, et fera de son mieux pour atteindre et même dépasser cet objectif.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
L’Allemagne est la dernière étape de mon voyage en Europe. Etant à Munich, cette ville historique célèbre, je manquerais à mes devoirs si je ne parlais pas des relations Chine-Europe. Cette année marque le 35e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et l’UE. Grâce aux efforts conjoints des deux parties, la Chine et l’UE ont établi un partenariat stratégique global qui est pluridimensionnelle, de grande envergure et multi-niveaux. Le développement majeur, la transformation et l’ajustement du monde ont porté les relations Chine-UE à un nouveau point historique de départ. La Chine et l’UE sont l’un pour l’autre des partenaires économiques et commerciaux de première importance. Nous partageons un large consensus sur la promotion du multilatéralisme et la recherche de solutions pacifiques aux différends internationaux, et nous devons collaborer plus étroitement dans la lutte contre le changement climatique et d’autres défis mondiaux. Nos intérêts communs sont en expansion, nos responsabilités partagées dans les affaires internationales sont en augmentation, le fondement de notre coopération se renforce et les échanges et la coordination entre nous sont en croissance. Tout ceci va donner une puissante impulsion aux relations Chine-UE.
Le gouvernement chinois attache une grande importance à l’Europe et les relations avec l’Europe ont toujours été une de ses priorités diplomatiques. Nous sommes heureux de noter qu’avec l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, le processus d’intégration de l’UE est entré dans une nouvelle phase. Nous espérons voir une Europe qui joue un rôle plus important et plus actif dans les affaires internationales, et nous sommes impatients de travailler avec l’Europe pour un avenir encore plus brillant des relations Chine-UE.
Pour atteindre un tel avenir meilleur, nous devons gérer nos relations dans une perspective stratégique et à long terme, les soigner et nous appuyer sur les avancées que nous avons travaillé si dur à réaliser, et veiller à ce que ces relations ne sont pas obstruées par aucun incident particulier à un moment donné. Nous devons nous respecter les uns les autres, nous traiter d’égal à égal, et tenir compte des intérêts de base de l’autre et de ses préoccupations majeures. Notre espoir est que l’Europe voit la Chine dans une lumière plus objective et raisonnable, et reconnaisse que le développement de la Chine n’est pas un défi mais une opportunité. Nous n’attendons pas que la Chine et l’Europe se regardent les yeux dans les yeux sur chaque question, et nous ne devons pas avoir peur de nos différences. Aussi longtemps que nous partagerons un esprit ouvert et compréhensif, nous aurons plus de d’accord que de différences et plus d’avantages mutuels que de frictions, et la coopération sera le caractère définissant les relations Chine-UE.
L’Allemagne est un pays important avec une influence considérable en Europe, et les relations avec l’Allemagne sont une partie intégrante de l’ensemble des relations de la Chine avec l’Europe. Ces dernières années, la Chine et l’Allemagne ont intensifié la communication et la consultation à divers niveaux et ont intensifié une coopération pratique et mutuellement bénéfique, en réponse à la crise financière internationale. Les liens bilatéraux Chine-Allemagne ont maintenu une croissance dynamique. Aujourd’hui, face à une situation internationale complexe et à nombre de graves défis, la Chine et l’Allemagne doivent garder à l’esprit les intérêts larges et à long terme et renforcer la confiance mutuelle et la coopération. La Chine est prête à s’associer à l’Allemagne dans un effort commun visant à élever notre partenariat de responsabilité globale à un niveau plus élevé.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Le géant allemand littéraire Goethe a dit : « Quoi que l’homme saisisse et traite, l’individu n’est pas assez. La société reste le plus grand besoin de tout honnête homme. " Au moment où nous entrons dans la deuxième décennie du 21e siècle, nous sommes porteurs de l’aube d’une nouvelle ère pleine d’espoir et de défis. L’heure appelle des actions unies et une coopération gagnant-gagnant qui offrent la seule voie viable pour la sécurité et le développement pour tous. La Chine travaillera de concert avec les autres pays pour promouvoir la sécurité commune et de construire un bel avenir de prospérité et de progrès.
Merci.
Bref commentaire de texte :
Le caractère très lisse du vocabulaire diplomatique utilisé est notable : « coopération, compréhension mutuelle, harmonie… » . Il est une réponse à la politique agressive et unipolaire des Etats-Unis et de l’OTAN et, même s’il parait convenu, il exprime un choix très net de ne pas suivre l’Occident sur le terrain de la confrontation.
La raison de ce choix est très clairement exprimée : même si elle a beaucoup progressé sur le chemin de la modernisation, la Chine est un pays en développement et a une tâche immense à accomplir. Elle ne veut pas gaspiller ses moyens encore modestes dans une course aux armements que l’Ouest aimerait bien lui imposer. La République populaire démontre ainsi qu’elle a tiré les leçons de l’expérience soviétique et qu’elle ne se laissera pas entrainer dans une nouvelle « guerre des étoiles ». Sa politique militaire est une politique d’auto-défense et de maintien de l’unité nationale (avis aux supporters du Dalaï Lama !)
Voilà pour le cadre général.
Sur des problèmes plus particuliers YANG JIECHI fait sobrement quelques mises au point
1 - sur le changement climatique : il rappelle à tous ceux qui voudraient l’oublier que la modernisation des pays développés, c’est-à -dire les deux siècles de la révolution industrielle, a eu un coût environnemental important. Pour prendre un exemple - ce que YANG JIECHI ne fait pas, soucieux qu’il est (chinese touch) de ne pas faire « perdre la face » aux Etats-Unis - le calcul des quantités de pétrole consommées par les Etats-Unis depuis la première exploitation sur leur sol en 1857 soit en 150 ans ferait certainement apparaitre un chiffre considérable et donc une énorme ponction de ce seul pays sur ce bien collectif de l’humanité qu’est cette ressource naturelle. Il fait aussi allusion, à nouveau sans les nommer, aux Etats-Unis qui n’ont pas signé le protocole de Kyoto.
2- sur la question coréenne : il rappelle que le problème posé est bien celui de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, c’est-à -dire de l’élimination des armes nucléaires - quelques unités - de la Corée du Nord et simultanément de celle des armes nucléaires étasuniennes - des centaines - installées en Corée du Sud, à Okinawa ou à bord de sous-marins navigant à portée des côtes nord-coréennes. Façon indirecte d’appuyer la position de la Corée du nord qui demande qu’un traité de paix entre elle et les Etats-Unis vienne remplacer le simple accord d’armistice conclu en 1953. D’une façon générale, la question de la prolifération nucléaire est biaisée par les Etats-Unis qui disséminent leurs armes sur des territoires amis soit outre celui de la Corée du sud, ceux de l’Allemagne, de la Belgique de l’Italie et de la Turquie.
3 - sur la question iranienne : il fait silence sur le motif de conflit mis en avant par l’Occident - l’Iran voudrait se doter clandestinement de l’arme nucléaire - et ne le mentionnant pas, il ne le cautionne pas et il en appelle à des négociations.
COMAGUER