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"Je suis retraité, je n’ai rien à faire et ça occupe toutes mes journées"

LES VÉRITABLES ENJEUX DE LA BATAILLE DES RETRAITES.

Nous donnons à lire ici un tract du M’PEP (Mouvement Politique d’Eduction Populaire) dont le propos est parfois atypique sur le fond et agréable par sa forme : « Les retraités travaillent, mais ils n’ont pas d’emploi ! Ils travaillent à rendre la vie plus douce aux autres, à leur famille, leur voisinage, dans les associations. Ils réinvestissent leur qualification professionnelle et sociale sous des formes différentes, non-marchandes.
C’est un travail émancipé, un embryon de contrôle des citoyens sur l’économie. Leur pension est un salaire à vie, inaliénable, sans contreparties. L’enjeu de la bataille des retraites c’est aussi celui du travail libéré de l’exploitation et des nuisances. L’activité des retraités préfigure un socialisme du XXIe siècle, sans « marché du travail », sans salariat, sans employeurs qui exploitent… ».

Le Grand Soir.

1.- PRÉSERVER LE DROIT DE BIEN VIVRE PENDANT SA RETRAITE.

Profiter tranquillement de sa retraite après une vie de labeur n’est pas un luxe. C’est un dû. Cela ne se discute même pas, sous aucun prétexte, dans une société aussi riche que la France. Surtout pour les travailleuses et travailleurs qui ont occupé des emplois pénibles. Il est tout à fait normal, puisque nous vivons plus longtemps, de consacrer aux retraites une part plus importante de la richesse nationale : 5% du PIB en 1970 ; 12% en 2010 ; 20% en 2050. Et alors ?

2.- DÉJOUER L’OPÉRATION POLITICIENNE DE SARKOZY QUI, APRàˆS SA DÉFAITE ÉLECTORALE, VEUT UNE REVANCHE SOCIALE.

Comme le Parti socialiste n’est pas clair sur la question des retraites, et que d’un autre côté les syndicats ne sont pas unis sur des revendications précises et fortes, Sarkozy pense pouvoir infliger un échec au mouvement social. Cela lui permettrait de se remettre dans la course pour 2012 en divisant la gauche.

3.- INTERDIRE AUX BANQUIERS, ASSUREURS ET FINANCIERS DE FAIRE MAIN-BASSE SUR NOS RETRAITES POUR SPÉCULER.

Les banquiers, assureurs, financiers enragent car ils ne parviennent pas à mettre la main sur toutes les cotisations retraites. Elles représentent des centaines de milliards d’euros qui pourraient être placées sur les marchés financiers pour spéculer. Et leur rapporter beaucoup d’argent ! Pour parvenir à convaincre les Français, comme dans les autres pays, ils racontent n’importe quels bobards et tentent de faire peur ! Ils disposent pour cela d’une armée d’ « experts » et de « journalistes ».

4.- METTRE EN ÉCHEC LA VOLONTÉ DES CLASSES DIRIGEANTES D’ORGANISER L’INSÉCURITÉ DES RETRAITÉS APRàˆS CELLE DES SALARIÉS.

En 1997, le Fonds monétaire international (FMI) a estimé qu’il fallait réduire tous les dispositifs publics qui ne génèrent pas d’épargne, afin de « forcer les gens à épargner pour leur retraite en orientant les fonds de manière stable et permanente vers les investissements dans le secteur privé ». Il ajoutait « qu’un système de retraite en répartition peut déprimer l’épargne nationale parce qu’il crée de la sécurité dans le corps social ». Mais avec la crise financière, tous les fonds de pension dans le monde, qui fonctionnent avec de l’épargne, sont au bord de la faillite ! Repousser l’âge légal de départ à la retraite ne repousse pas l’âge de fin d’activité puisque les employeurs se débarrassent des « vieux » travailleurs. Le but est de les faire partir au même âge, mais avec une pension plus faible. C’est le moyen de les « obliger » à épargner !

5.- IMPOSER UN NOUVEAU PARTAGE DES RICHESSES FAVORABLE A LA POPULATION.

Le financement des retraites ne dépend que du partage des richesses. La richesse nationale est produite par le travail. Chaque année, il faut répartir cette richesse produite entre les deux facteurs de production que sont travail et capital. La répartition dépendra du rapport de forces entre capital et travail (la lutte des classes !). Ces trente dernières années, la part de la rétribution du travail a baissé de 10% (170 milliards d’euros chaque année). Il faut les récupérer pour financer, notamment, les retraites (on nous parle de 115 milliards d’euros en 2050). La richesse dépend aussi de la productivité : en 1960, 3 millions d’agriculteurs nourrissaient 40 millions de Français ; 600 000 en nourrissent aujourd’hui 60 millions (au prix, hélas, de la « malbouffe » !). Il n’y a donc aucun problème pour passer de 1,8 cotisant pour 1 retraité en 2010, à 1,2 en 2050. En 1982, les dividendes versés aux actionnaires ne représentaient-ils pas 3,2% du PIB et 8,5% en 2009 ? C’est beaucoup trop, il faut les faire baisser ! Et il faut que les cotisations sociales patronales ne pénalisent pas l’emploi dans les petites entreprises.

6.- AVANCER VERS LA SUPPRESSION DU CHôMAGE ET DE LA PRÉCARITÉ EN DÉVELOPPANT DES PRODUCTIONS ET SERVICES PERMETTANT DE RÉPONDRE AUX BESOINS SOCIAUX, TOUT EN ORGANISANT LA CONVERSION ÉCOLOGIQUE DE L’ÉCONOMIE.

Le chômage et la précarité privent de recettes les régimes de protection sociale. Il faut donc supprimer le chômage et la précarité ! C’est possible en imposant le « droit opposable à l’emploi ». Financé par un meilleur partage des richesses, il permettra à la fois la relocalisation de l’économie, la conversion écologique du mode de production, et la création d’emplois dans les secteurs non-marchands pour répondre aux besoins de la population. Le financement des retraites ne doit pas conduire au développement de l’économie marchande actuelle sans tenir compte de la crise écologique. Il ne faut pas augmenter le gâteau (le PIB), il faut changer de gâteau ! Passer de productions futiles à des productions utiles, de productions nuisibles à des productions saines. Les retraités ne dépendent absolument pas du travail des « actifs ». D’abord, les 15 millions de retraités, par leur consommation, créent des millions d’emplois ! Ensuite, ils sont eux-mêmes « actifs », car ils travaillent et créent de la valeur, mais d’usage, non marchande. Le PIB contient déjà environ 20% d’activités non-marchandes, qui sont essentiellement des salaires (des fonctionnaires, des salariés des associations…). Il faut réorienter l’économie à partir du financement de salaires.

7.- DÉSOBÉIR A L’UNION EUROPÉENNE ET PRENDRE DES MESURES PROTECTIONNISTES UNIVERSALISTES POUR DÉVELOPPER NOTRE SYSTàˆME SOCIAL ET LE PROMOUVOIR A L’ÉTRANGER.*

Chacun devrait méditer les propos de l’ancien gouverneur de la Bundesbank, Hans Tietmeyer, en 1999, peu après le lancement de l’euro, expliquant le rôle de l’Union européenne : « La concurrence entre les systèmes de protection sociale sera plus forte, pas seulement vis-à -vis du monde non européen, mais aussi à l’intérieur de l’Europe… Il faut de la concurrence entre les systèmes fiscaux, tout comme entre les systèmes de protection sociale nationaux. » Cela signifie que si on se contente simplement d’augmenter les cotisations sociales des entreprises, on met en difficulté l’emploi face à la concurrence étrangère. Il faut donc sortir de cette logique concurrentielle qui tire vers le bas la protection sociale. Pour cela, il n’y a pas d’autre choix que de désobéir à l’Union européenne, et même envisager d’en sortir, pour prendre des mesures protectionnistes dans un cadre universaliste (Charte de La Havane) et interdire les délocalisations. Alors il sera possible d’augmenter les cotisations sociales patronales sans pénaliser l’emploi.

8.- SOUMETTRE LE PARTI SOCIALISTE A LA « QUESTION SOCIALE ».

Le PS a largement participé à la casse des retraites quand il était au pouvoir (Livre Blanc de Rocard, 1991). Aujourd’hui il est embarrassé. Il a tenu un certain discours de gauche pendant la campagne des régionales, et postule à reprendre le pouvoir en 2012. Il doit donc, de son point de vue, adopter une « posture responsable ». C’est-à -dire plier devant les milieux d’affaires sans en donner l’impression à l’électorat. Martine Aubry dit qu’il faut se préoccuper de l’emploi des « séniors ». Mais pour quoi faire ? Pour qu’ils travaillent plus longtemps et empêchent les jeunes d’occuper leur place ? C’est de la précarité et de l’emploi des femmes et des jeunes dont il faut s’occuper ! Le succès de la gauche en 2012 dépendra en partie de la lutte d’aujourd’hui sur les retraites : plus ces luttes seront fortes, plus le PS proposera un programme de gauche !

9.- DÉVELOPPER LE « TRAVAIL LIBÉRÉ » QUE FONT LES RETRAITÉS, PRÉMICES D’UN SOCIALISME DU XXIE SIàˆCLE.

Les retraités travaillent ! Ils disent n’avoir « jamais autant travaillé », et qu’ils sont même « heureux de travailler » ! Pour comprendre, distinguons le travail de l’emploi. Le travail est l’activité de production de biens et de services qui permet de répondre aux besoins individuels et collectifs. L’emploi est le cadre, souvent juridique, dans lequel on exerce un travail. Les retraités travaillent, mais ils n’ont pas d’emploi ! Ils travaillent à rendre la vie plus douce aux autres, à leur famille, leur voisinage, dans les associations. Ils réinvestissent leur qualification professionnelle et sociale sous des formes différentes, non-marchandes. Mais ce travail ne s’exerce pas sur le « marché du travail », ils n’ont pas de lien de subordination avec un employeur qui les exploite, ils décident de ce qu’ils font, c’est un travail émancipé, c’est un embryon de contrôle des citoyens sur l’économie. Leur pension est un salaire à vie, inaliénable, sans contreparties. L’enjeu de la bataille des retraites c’est aussi celui du travail libéré de l’exploitation et des nuisances. L’activité des retraités préfigure un socialisme du XXIe siècle, sans « marché du travail », sans salariat, sans employeurs qui exploitent…

Source : http://www.m-pep.org/

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