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A quoi ressemble un empire qui s’écroule ? (Salon.com)

Alors que nous entrons dans la neuvième année de guerre en Afghanistan avec une présence militaire renforcée, que notre occupation de l’Irak se poursuit indéfiniment et que nous continuons de faire croitre sans fin un Etat de Surveillance, des données nous parviennent de la Commission du Déficit qui travaille d’arrache-pied pour trouver des moyens d’économiser sur la Sécurité Sociale, l’Assurance Santé et même de geler les salaires dans l’armée. Mais un nouvel article du New York Times publié aujourd’hui nous offre une parfaite illustration de ce à quoi ressemble un empire qui s’écroule, en décrivant quelques unes des coupes budgétaires que les villes à travers le pays sont obligées de faire. Voici quelques exemples :

- De nombreux entreprises et gouvernements ont licencié des travailleurs cette année, mais l’état de Hawai est allé encore plus loin - il s’est débarrassé de ses élèves. Les écoles publiques à travers l’état ont fermé 17 vendredi dans l’année au cours de l’année scolaire écoulée pour faire des économies, imposant ainsi aux élèves la plus courte année scolaire du pays.

- De nombreux systèmes de transports publics ont réduit leurs services pour pouvoir joindre les deux bouts, mais le comté de Clayton, une banlieue d’Atlanta, a décidé de réduire aux maximum et fermer purement et simplement la totalité de son réseau d’autobus. Les derniers autobus ont roulé le 31 mars, et laissé à l’abandon leurs 8400 usagers quotidiens.

- Même la sécurité publique n’a pas échappé aux coupes sombres. A Colorado Springs, la réduction de coûts restera littéralement dans les mémoires comme une période noire : la ville a éteint un tiers des 24.512 lampadaires pour faire des économies d’électricité, tout en réduisant le nombre de policiers et vendant aux enchères les hélicoptères de la police.

L’article est accompagné de quelques jolies photos, dont une qui montre à quoi ressemble une rue sombre de Colorado lorsqu’on n’a pas les moyens de payer des lampadaires. Lisez l’article pour saisir toute l’étendue de la misère. Pendant ce temps, l’infime minorité des plus riches - ceux qui sont les premiers responsables de ces problèmes - continue de prospérer. Rappelons-nous ce que l’ancien économiste en Chef du FMI Simon Johnson a déclaré l’année dernière au (journal) The Atlantic au sujet des pays sous-développés et en voie de développement lorsqu’une crise financière provoquée par les élites se produit :

Cependant, faire payer les oligarchies est rarement la stratégie choisie par les gouvernements des pays en voie de développement. C’est même le contraire : aux marges de la crise, les oligarques sont généralement les premiers à obtenir plus d’aides de la part du gouvernement, comme un accès préférentiel aux devises ou peut-être une bonne petite avantage fiscale, ou même - voici un grand classique de sauvetage économique à la manière soviétique - la prise en charge des dettes privées par le gouvernement. En période de crise, la générosité envers de vieux amis peut prendre de nombreuses formes innovantes. Pendant ce temps, puisqu’il faut bien faire payer quelqu’un, la plupart des gouvernements des pays en voie de développement s’en prennent d’abord au travailleur lambda - du moins tant que les émeutes ne se répandent pas trop.

La véritable question est de savoir si les Américains sont trop apathiques et conditionnés à la soumission pour qu’une telle chose puisse arriver.

Cet article du Wall Street Journal du mois dernier mérite aussi notre attention, avec un sous-titre qui annonce : «  Retour à l’Age de Pierre », et qui décrit comment «  des routes goudronnées, ces symboles de la réussite Américaine, sont à présent remplacées partout dans les campagnes à travers le pays par des routes de gravier ou d’autres matériaux rugueux tandis que les comtés luttent contre des budgets serrés et une fonte des subventions de l’état et fédérales. » L’état de l’Utah pense sérieusement à supprimer la classe de 12ème (pour les tranches d’age 17-18 ans - NdT) ou la rendre facultative. Et il a été annoncé cette semaine que «  Camden (New Jersey) se prépare à fermer définitivement son réseau de bibliothèques municipales d’ici la fin de l’année. Ses habitants feront ainsi partie des rares citoyens du pays à ne plus pouvoir emprunter gratuitement un livre. »

Peut-on douter qu’à partir du moment où une société est incapable de s’offrir des écoles, des transports publics, des routes goudronnées, des bibliothèques et des lampadaires - ou à partir du moment du moment où elle choisit de ne pas le faire pour pouvoir poursuivre ses visées impérialistes et la maintenance d’un vasteEtat de Surveillance (*) et de Sécurité Nationale - que cela pose un grave problème, que les choses ont vraiment mal tourné, que l’effondrement de l’empire, par définition, est inévitable et imminent ?

(…)

Glenn Greenwald

SOURCE :
http://www.salon.com/news/opinion/glenn_greenwald/2010/08/06/collapse

Traduction VD pour le Grand Soir

(*) voir traduction ici
Top Secret America : le nerf de la guerre vu par le Washington Post (1/2)
http://www.legrandsoir.info/Top-Secret-America-le-nerf-de-la-guerre-vu-par-le-Washington-Post-1-2.html
et
Top Secret America : Le voisinage des Services Secrets
http://www.legrandsoir.info/Top-Secret-America-Le-voisinage-des-Services-Secrets.html

URL de cet article 11262
   
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Il n’y a pas de moyen plus violent de coercition des employeurs et des gouvernements contre les salariés que le chômage. Aucune répression physique, aucune troupe qui matraque, qui lance des grenades lacrymogènes ou ce que vous voulez. Rien n’est aussi puissant comme moyen contre la volonté tout simplement d’affirmer une dignité, d’affirmer la possibilité d’être considéré comme un être humain. C’est ça la réalité des choses.

Henri Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT
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