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Thème : Prisons

Quand parlent les chiffres

PERSONNE
Que vous aimiez les maths ou qu’elles vous rebutent, un petit calcul vaut parfois mieux qu’un long discours. Au « Pays des Grands Principes », qui prétend éclairer le Monde, il est loin des idéaux, généraux et généreux, à la pratique quotidienne, comme il est loin de la coupe aux lèvres. Totem national oblige, une histoire de gallinacé s’impose. Ce n’est pas une histoire de fipronil, mais l’occasion de réviser ses bases : « la règle de trois ». Ne fuyez pas déjà, c’est simple et édifiant ! Voici le petit problème à résoudre : dans l’élevage intensif, une poule pondeuse a droit à un espace équivalent à une feuille A4. Sachant qu’elle pèse environ 1,5 kg, quel serait l’espace dévolu à un animal de 60 kg ? La réponse est 2,5 m² (c’est le résultat de 0,21*0,297*60/1,5). À ce stade, le facétieux Diogène de Synope aurait jeté, aux pieds de son interlocuteur, le pauvre volatile, après l’avoir plumé, et lancé : « voici l’Homme de Platon ! » Ceci pour moquer cet archétype du philosophe conservateur, qui avait défini l’homme « (...) Lire la suite »

Contre la prison de Haren et toutes les prisons modernes (Dossier revue Kairos)

La réponse du Ministre-Président de la région de Bruxelles-Capitale à notre question sur la pertinence de construire une méga-prison à Haren, et plus largement de nouvelles prisons en Belgique, contient en substance le vide de pensée d’une certaine élite censée nous représenter, vide qui se propage dans la société par la propagande médiatique. Leur capacité d’imaginer un autre monde est morte... Après avoir entonné le refrain habituel sur les différences en terme de responsabilités régionales et fédérales, Rudi Vervoort (mais ça aurait pu être un autre) déploie deux arguments : l’un d’apparence altruiste, l’autre clairement intéressé. Le premier, le constat « indéniable » « de la vétusté, voire de l’insalubrité, des prisons de Saint-Gilles et de Forest », expliquant que « les conditions de détention des prisonniers ont maintes fois été critiquées par les instances internationales », sonne comme, comment dire ?... quelque chose de faux ! : cela fait des dizaines d’années que divers organismes dénoncent l’inhumanité des (...) Lire la suite »

Face à la guantanamisation, mes vœux d’unité pour 2014

Luk VERVAET

Face au monde carcéral, nous luttons en ordre dispersé. Il n’est pas rare d’entendre des propos très durs, plaidant pour des peines plus lourdes ou incompressibles pour « les vrais criminels » ou « les délinquants sexuels » de la part d’une gauche qui prétend s’occuper du social. Mais on peut les entendre aussi dans les rangs des militants, engagés dans la solidarité pour les détenus politiques. L’absence de solidarité avec les prisonniers politiques ou accusés de terrorisme de la part de ceux qui s’occupent de l’humanitaire dans nos prisons, est aussi un fait marquant. La plupart du temps, le lien entre la situation dans nos prisons et la situation mondiale échappe à la réflexion.

Les syndicats du personnel pénitentiaire ne se préoccupent que de leurs intérêts professionnels. Les intervenants sociaux dans les prisons préfèrent se taire, justifiant leur silence par « mieux vaut notre présence en prison que rien du tout ». La plupart du temps, les six centres fermés pour les réfugiés, où environ chaque année quelque 7000 personnes sont détenues, ne sont même pas considérés comme faisant partie du monde des prisons. Et pourtant, tous ces morceaux, les détenus de droit commun, les prisonniers politiques, les réfugiés enfermés font partie du même puzzle, le monde carcéral, plus exactement ce que j’appellerai sa guantanamisation , selon le modèle américain. La prison a de multiples fonctions. Par définition c’est un monde isolé et secret, un lieu d'exclusion pour exécuter la peine. Elle occupe en même temps une place de plus en plus centrale dans nos sociétés en faillite au niveau économique et social. Elle est l'indicateur précis du glissement d'une société de soins et d'aide vers une société (...) Lire la suite »

Prisons en Angleterre et au Pays de Galles : le ministre de la Justice serre la vis aux prisonniers

Observatoire du XXIème S.
Après la loi sur la "bedroom tax" (qui oblige les résidents de logements sociaux "trop grands" pour eux à partir ou à payer un impôt par chambre inoccupée), l'obligation faite aux demandeurs d'emplois de travailler quasiment gratuitement pour être habilités à recevoir de l’État l'indemnité somptuaire de 53 £/par semaine (62 €) – une mesure critiquée même par les grandes entreprises, le projet de suppression de cette indemnité ainsi que de l'aide au logement pour les moins de 25 ans qui n'ont pas d'emploi, ne sont pas en formation, ou ne poursuivent pas d'études, le projet de diminution de l'aide juridique, la réduction des aides aux personnes handicapées, etc., etc., le gouvernement britannique s'attaque, une nouvelle fois, aux pauvres. Cette fois-ci, il s'agit de la population carcérale. Prochain arrêt : la révolution, comme le suggère l'humoriste Russel Brand dans le New Statesman ? (NB : tous les liens sont en anglais) Cet article d'Alan Travis, "Male prisoners to wear uniforms and be banned from (...) Lire la suite »

Mort d’Herman Wallace, ex-Black Panther, 3 jours après sa libération

L'Orient - Le Jour

Herman Wallace, 72 ans, un ex-Black Panther confiné à l’isolement pendant plus de 40 ans pour le meurtre d’un Blanc qu’il a toujours nié, est mort vendredi d’un cancer du foie, trois jours après sa libération, ont annoncé ses avocats.

Wallace s'est éteint vendredi matin, a annoncé à l'AFP son équipe de défense. "Herman a enduré ce que peu d'entre nous pouvons imaginer et il l'a fait avec grâce, dignité et empathie jusqu'à la fin". "Une des dernières choses qu'Herman nous ait dite, c'est +Je suis libre, je suis libre", a-t-elle assuré. Wallace était l'un des "trois d'Angola" du nom de la prison d'Angola en Louisiane, réputée pour son passé raciste et baptisée ainsi car elle fut construite sur une ancienne plantation où les esclaves venaient de ce pays d'Afrique australe. Ces trois prisonniers avaient attiré l'attention internationale après avoir passé à eux trois plus d'un siècle à l'isolement pour le crime en 1972 d'un gardien de prison blanc, qu'ils ont toujours nié et dont les preuves ont été une à une remises en cause. Les trois hommes étaient alors membres des Black Panthers, le groupe radical luttant pour la cause des Noirs aux États-Unis. Wallace a été libéré mardi soir au terme d'un bras de fer judiciaire avec l'État de (...) Lire la suite »
Un survivant du pays des morts : Jean-Marc Mahy, "Un homme debout"

La voix des enterrés vivants (partie 2)

Luk VERVAET
Comment un être humain peut-il survivre à l'enfermement en isolement ? L’isolement, beaucoup de spécialistes du monde carcéral et des activistes pour les droits de l'homme l’appellent aussi « enterrement vivant », « torture blanche », « usines de l'exclusion », « forme de guerre psychologique », « tombes du silence » ? Les prisons font partie d'un monde caché. Et ce monde est doublement caché quand il s’agit des prisons ou sections supermax. Très peu de gens de l'extérieur savent ce qu'est la vie dans ces puits de l'oubli. Que ce soient les familles des détenus, les médias, les avocats ou les académiciens : les contacts avec les unités supermax sont limités, réservés à des endroits choisis et se passent derrière du verre. Très peu de témoins ayant subi ce traitement inhumain peuvent ou veulent en témoigner. C'est ce qui rend le témoignage de Jean-Marc Mahy particulièrement précieux et unique. Ancien détenu, pendant 19 ans, devenu éducateur, il a vécu, à partir de 1987, pendant 36 mois, dans ce qu'il appelle « (...) Lire la suite »
La plus grande grève de la faim des prisonniers dans l’histoire des États-Unis (1)

La voix des enterrés vivants (partie 1)

Luk VERVAET

Le lundi 8 juillet 2013, deux ans après une première grève de la faim qui a attiré l’attention du monde entier, ceux qu’on appelle « les enterrés vivants » de la prison de Pelican Bay (située dans l’État américain de Californie), ont relancé leur mouvement de protestation.

Ce lundi, le silence des tombes en béton a été rompu par un mouvement de solidarité jamais vu dans l'histoire de cet État. Selon les chiffres officiels des institutions pénitentiaires américaines, 30000 prisonniers ont rejoint l'appel des détenus de Pelican Bay à une nouvelle grève de la faim. Le mercredi, ces mêmes sources officielles comptent encore 29000 participants. La répression de ce mouvement historique ne s'est pas fait attendre. Un gréviste à New Folsom Prison témoigne que la direction a menacé les grévistes de « confisquer toutes nos affaires personnelles, de nous mettre tous en isolement et de nous nourrir de force ».(2) Malgré ces menaces, le jeudi, l'administration pénitentiaire comptait toujours 12421 prisonniers dans 24 prisons de l'État et 4 autres établissements pénitentiaires qui avaient au moins refusé neuf fois leur repas. Ce nombre dépasse toujours de loin celui des grévistes en 2011, où 1035 des 1111 prisonniers enfermés dans les cellules d'isolement de la section de haute sécurité (...) Lire la suite »

à M..., Prison de ....., Israël

Libre Plume

Dédicace :
M. est dans une geôle israélienne depuis de longs mois. Ces mots sont pour elle et tous ceux qui sont enfermés, humiliés et torturés pour leur appartenance ethnique, religieuse ou politique.

M… Je vous envoie ces mots à la volée. Vous les entendrez du fond de votre geôle, sans les lire, je le sais bien ! Je sais aussi qu’ils vous parviendront, comment ? Quelle importance. Ils sont à vous. Ce sont des mots de lumière qui illumineront votre âme. Une lumière incandescente que vous seule pourrez voir. Aucun soldat-bourreau ne parviendra à l’éteindre car je la tiens allumée pour vous, par-delà les milliers de kilomètres qui nous séparent. Ils ne me trouveront pas, je la tiens au creux de la paume de la main. Ce sont des mots de confiance qui vous apporteront la force de lutter. Aucun bourreau ne les anéantira car je vous en envoie pour une éternité. Et si, hélas, je n’en ai trop souvent qu’en pointillé, je peux aussi vous envoyer ceux de l’Amour absolu, ceux-là sont infaillibles, les voici. Des mots d’espérance, ceux des hommes courageux, qui se battent pour qu’un jour la liberté s’ouvre enfin à vous. De ces mots trouvés dans l’amour qui nous entoure. Une espérance qui flotte doucement dans (...) Lire la suite »

Sodexo : une "world company" au « service » du monde carcéral

Bernard GENSANE

Télérama du 5 avril 2013 propose un entretien magnifique avec Angela Davis. Dommage qu’il soit illustré par des photos aussi lugubres de la vénérable militante, dont le visage, aujourd’hui, est toujours aussi solaire. Une bonne partie de cet entretien est centrée sur les Noirs aux États-Unis, dont la condition s’est améliorée à la marge mais qui souffrent du démantèlement de l’État providence.

Les États-Unis représentent 5% de la population mondiale, mais 25% de la population carcérale dans le monde. Un adulte sur trente-sept, nous dit Angela Davis, est incarcéré ou sous contrôle judiciaire. Les Noirs, les Latinos sont surreprésentés. Pour Angela Davis, les prisons sont au coeur du système capitaliste : « Pourquoi de plus en plus d'entreprises s'intéressent-elles aux prisons ? Parce que c'est un secteur profitable. Prenez l'entreprise française Sodexo, qui a bâti une multinationale sur trois piliers. L'industrie alimentaire, d'abord : ils fournissent les cantines scolaires, d'entreprises, distribuent des tickets restaurants. L'industrie carcérale ensuite : Sodexo construit et/ou gère des prisons pour " optimiser leur coût de fonctionnement " , au Chili, au Royaume-Uni [par exemple celle de Salford ], en France. L'industrie militaire enfin : Sodexo gère des munitions, des champs de tir pour les armées, en Australie par exemple. » Ajoutons que Sodexo intervient dans les prisons (...) Lire la suite »