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Vote des députés P« C »F au sujet de l’Ukraine : La guerre, le déshonneur et l’infâmie !

Fadi Kassem, Rachida El Fekaïr, Georges Gastaud, Gilliatt de Staërck, secrétaires nationaux du PRCF ; auxquels se joignent : Léon Landini, président du PRCF, adhésion au PCF 1942, ancien officier des FTP-MOI, médaille de la Résistance, Grand Mutilé de guerre, décoré par l’Union soviétique pour faits de Résistance, Officier de la Légion d’honneur ; Pierre Pranchère, vice-président du PRCF, ancien Franc-Tireur et Partisan des Maquis de Corrèze, Combattant volontaire de la Résistance, ancien député du PCF et membre de son Comité central ; Jean-Pierre Hemmen, vice-président du PRCF, fils de Fusillé de la Résistance, lui-même réprimé pour avoir refusé de porter l’uniforme quand l’OTAN était commandée par un général issu de la Wehrmacht nazie ; Hermine Pulvermacher, ancienne secrétaire générale du Groupe parlementaire communiste, ancienne FTP-MOI, chevalier de la Légion d’honneur au titre de la Résistance.

– A lire également le dossier spécial d’Initiative Communiste comprenant le texte de la résolution, son analyse, le résultat des votes, et les condamnations convergentes des communistes du PRCF et de l’ANC (cliquer ici)

L’histoire retiendra certainement le mercredi 30 novembre 2022 – près de 100 ans après la naissance de l’URSS – comme un tournant dans la déchéance finale du Parti dit « communiste » français. En effet, à l’issue d’une discussion parlementaire à l’Assemblée nationale, la totalité des députés du P« C »F, Fabien Roussel et André Chassaigne en tête, ont approuvé, à l’égal des macronistes, des « Républicains » et des partis « socialiste » et « écologiste », la résolution « affirmant le soutien résolu de l’Assemblée nationale à l’Ukraine et condamnant la guerre menée par la Fédération de Russie ». Soulignons que les députés de la France de moins en moins « insoumise » (tout comme ceux du Rassemblement soi-disant national) ont eu la semi-décence de s’abstenir. Or, ce texte belliciste consacre la liquidation définitive de ce qu’il restait d’« indépendance » et de souveraineté de la France à l’égard de l’ordre euro-atlantique, il valide le soutien apporté par Paris à un régime grossièrement pronazi, anticommuniste et liberticide, tout en alimentant le risque d’une conflagration nucléaire avec la Russie qui pourrait signifier l’extermination de la population française, si ce n’est celle de toute l’humanité. Seul le député LFI Jérôme Legrave, qu’il faut féliciter de ce point de vue, aura eu le courage de s’opposer à ce texte scélérat. Le P« C »F, lui, via ses députés, a franchi le pas de l’euro-collaboration militariste et social-impérialiste sans retenue, applaudissant même la résolution adoptée en présence de l’ambassadeur d’Ukraine. Un choix tout simplement déshonorant et infâme pour un parti qui a consacré les plus belles pages de son histoire à œuvrer pour la paix et pour l’indépendance nationale de la France en combattant l’impérialisme, le colonialisme, le fascisme et le capitalisme mondialisé.

Car ce texte est bel et bien un appel à la guerre, tout en faisant porter la responsabilité unique de l’actuelle situation en Ukraine sur la Russie post-soviétique, alors que cette dernière, certes pétrie de contradictions du fait de sa nature contre-révolutionnaire, bourgeoise et capitaliste, répond avant tout à l’encerclement continu depuis 1917 orchestré par les Etats-Unis (et dont l’Ukraine est une pièce centrale dans le jeu) et qui s’est accéléré depuis l’implosion sous influence de l’URSS. Une guerre entamée non pas le 24 février 2022, comme l’assène mensongèrement la résolution adoptée par l’Assemblée nationale, mais en février 2014 à la suite du coup d’Etat euro-fascisant de Maïdan et de la volonté d’interdire l’usage de la langue russe dans les territoires russophones de toute l’Ukraine... mais aussi, et plus encore, de « débolchéviser » l’Ukraine en s’appuyant sur le « héros national » Stepan Bandera : un massacreur sanguinaire qui collabora massivement avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et participa à la « croisade contre le judéo-bolchevisme » activement.

Autant d’éléments qui n’ont pas gêné les députés du P« C »F, au même titre que le fait que la résolution considère « illégal » le rattachement de la Crimée et des régions de Donetsk, Zaporijjia, Louhansk et Kherson – quand bien même les populations locales, martyrisées par Kiev de 2014 à 2021, souhaitent massivement un tel rattachement. Tout comme le fait que le « régime biélorusse » soit associé à ce texte, alors même que les provocations américano-européistes se multiplient depuis des années contre la Biélorussie pour que survienne une nouvelle « révolution colorée », c’est-à-dire pro-UE et pro-OTAN, comme en Ukraine. Tout comme les députés P« C »F n’ont pas l’air dérangés par le fait que le texte soutienne implicitement Alexeï Navalny (et certainement pas les communistes russes qui ont subi la répression poutinienne comme en septembre 2021 à Moscou !), en passant sous silence l’interdiction des partis de gauche et des syndicats en Ukraine, à commencer par celles du Parti communiste d’Ukraine et des jeunes communistes comme les frères Kononovich, embastillés et tenus au secret, si ce n’est torturés par la police politique de Kiev, et dont le sort laisse totalement indifférent le P« C »F. Mais de tout cela, Chassaigne, Faucillon et, bien entendu, le tartuffe Roussel, n’en diront mot.

Plus grave encore, les députés P« C »F ont entériné la liquidation définitive de ce qu’il reste de « communiste » dans le Parti dont la funeste euro-mutation entamée dans les années 1970 et accélérée par Hue dans les années 1990, s’amplifie sous l’impulsion de Fabien Roussel, véritable imposture qui, adepte de postures populistes à même de ravir la droite réactionnaire, aura donné la pseudo illusion de permettre « le retour du PCF » (pardon : « le PCF is back ! », puisque cela flatte davantage les adeptes de l’hégémonie culturelle américaine) à la suite de son élection à la tête du parti en novembre 2018. En effet, alors que Fabien Roussel clamait jusqu’au 24 février 2022 qu’il fallait sortir de l’OTAN – seule sortie qu’il réclamait explicitement, tout en défendant l’euro et l’UE dans leur principe –, l’intervention russe a poussé celui-ci à reporter aux calendes grecques une telle promesse et, depuis le 30 novembre, à abandonner purement et simplement cet objectif de facto.

Car le texte approuvé par les députés P« C »F comporte de nombreuses dispositions que toute personne se proclamant « communiste » devrait immédiatement rejeter pour au moins quatre raisons majeures. En effet :

La résolution appelle clairement la France à nourrir l’effort de guerre de l’Ukraine bandero-atlantiste et, ainsi, à pousser toujours plus la France dans la confrontation avec la Russie. Ainsi est « mis[e] en place [d’]un fonds de 100 millions d’euros par la France pour faciliter l’achat de matériel militaire par l’Ukraine », fonds qui peut être « renforcé[r] si les circonstances l’exigent » (point 19). En outre, le texte « invite le Gouvernement, en lien avec ses partenaires européens, à poursuivre et à renforcer les livraisons d’armes à destination de l’Ukraine » (point 20). L’argent pour la guerre, pas pour les salaires, soit le contraire de ce que clament les militants franchement communistes du PRCF depuis le début du conflit : l’argent pour les salaires, pas pour les fauteurs de guerre ! ».

La résolution « salue l’octroi à l’Ukraine du statut d’État candidat à l’adhésion à l’Union européenne » (point 33), ce qui constitue un casus belli pour la Russie tant il est évident que l’entrée de l’Ukraine dans l’UE est l’antichambre de l’adhésion à l’OTAN, comme ce fut le cas de tous les ex-pays du Pacte de Varsovie quand déjà, en 1997, les députés du PCF (sauf Georges Hage) saluèrent la prétendue « réconciliation de l’Europe » par l’annexion à l’UE-OTAN des ex-pays socialistes européens.

La résolution met fin au peu d’indépendance nationale qu’il reste à la France puisqu’il « invite les États membres de l’Union européenne à poursuivre la construction d’une politique de défense et de sécurité européenne, de façon complémentaire et en coopération avec l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord » (point 34). L’Allemagne, dont l’oligarchie euro-atlantique souhaite que l’UE remplace la France au Conseil de sécurité de l’ONU de manière permanente et qui fait exploser les dépenses militaires dans des proportions inédites depuis les années 1930, se frotte déjà les mains... On ne saurait mieux renier le combat mené naguère par Jacques Duclos et les députés communistes d’alors contre la « Communauté Européenne de Défense » (rejetée aussi par les députés gaullistes), ce paravent du réarmement impérialiste allemand, ou le combat pour expulser de France les bases américaines de l’OTAN dans les années 1960. Reniement également du serment fait par les communistes français, reconnaissants à l’égard du pays de Stalingrad, quand Maurice Thorez déclarait que « jamais, non jamais, le peuple de France ne ferait la guerre à l’Union soviétique », ni à cette « Russie soviétique » dont le Général de Gaulle déclarait en 1944, lors d’une visite d’Etat à Moscou, qu’elle « a joué le rôle principal dans notre libération ».

Enfin, la résolution « souligne le rôle important que joue l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord dans la protection du continent européen et salue les adhésions de la Suède et de la Finlande à cette organisation » (point 35). Après une telle déclaration d’affiliation du P« C »F à l’ordre euro-atlantiste en marche vers la guerre mondiale, la moindre des choses serait du reste que la référence à Jaurès, assassiné pour avoir fait front contre la marche à la guerre impérialiste de 1914, fût sur le champ retirée de la manchette de l’Humanité.

Belliciste, européiste, antipatriotique et atlantiste : voilà donc l’orientation d’une infâme résolution macroniste que les députés P« C »F, aux antipodes du communisme, ont approuvée. Seuls les aveugles volontaires, les crédules impénitents ou les personnes de mauvaise foi, qui veulent à tout prix faire croire qu’avec Fabien Roussel, « PCF is back », continueront de justifier l’injustifiable et d’excuser l’inexcusable. Tout sauf une surprise quand on sait que Fabien Roussel n’a cessé de verser dans l’autophobie communiste en assimilant le sous-chef de guerre Macron au centralisme démocratique, en raillant les kolkhozes (c’est-à-dire l’organisation socialiste de l’agriculture), en estimant que Staline n’était pas un camarade et en rejetant l’URSS de l’histoire du PCF, alors que sans Lénine et la Révolution d’Octobre, le Congrès de Tours fondateur de l’URSS n’aurait sans doute pas eu lieu. Tout sauf une surprise, quand on sait que Fabien Roussel a multiplié les positions réactionnaires et euro-atlantiques, estimant que Joe Biden « pourrait prendre sa carte au Parti communiste français » (!), que les sans-papiers non régularisés par les préfets macroniens devaient être expulsés, et que les bénéficiaires d’allocations ne valaient guère la peine d’être défendus puisque le P« C »F, peu soucieux d’unir tous les prolétaires, déclare désormais « préférer la gauche du travail à la gauche des allocs » (!). Tout sauf une surprise pour un secrétaire national du P« C »F euro-mutant préférant s’afficher avec les syndicalistes factieux vociférant contre la justice, avec la Versaillaise Pécresse ou avec le président du MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux à la Fête de l’Huma plutôt que de répondre aux courriers des militants communistes du PRCF.

Les députés actuels du P« C »F rejoignent ainsi dans les bas fonds de l’histoire et les grands actes de trahison les « socialistes » qui votèrent les crédits de guerre en 1914, donnèrent les pleins pouvoirs à Pétain en 1940, menèrent la guerre en Algérie ou encore défendirent tous les textes européistes du traité de Rome de 1957 à celui de Lisbonne en 2008. Comment s’en étonner quand on entend le président du groupe « communiste », André Chassaigne, se dire fier de n’être « jamais allé devant une usine avec un mégaphone pour gueuler et lever le drapeau rouge » et « préfère[r] demander à rencontrer le chef d’entreprise pour essayer de faire avancer les choses ».

Mais certainement, le Canossa du groupe communiste actuel constituera le positionnement de trop pour des camarades sincèrement communistes, encore membres du P« C »F et croyant, de l’intérieur, pouvoir redresser un Parti en état d’euro-déliquescence accélérée dont le changement de camp, dans la lutte des classes internationale, est désormais achevé. Sauf complicité, les illusions nées avec l’arrivée de Fabien Roussel à la tête du parti ne peuvent plus résister à l’analyse concrète de la situation concrète : le P« C »F sombre dans l’euro-collaboration avec les forces bellicistes et capitalistes. Et plus que jamais, l’indispensable reconstruction d’un vrai parti communiste, revendiquant l’héritage jacobin – Robespierre ne disait-il pas d’ailleurs que « personne n’aime les missionnaires armés » ? – et bolchevique, s’impose au regard de la dramatique situation à laquelle contribuent les dirigeants du P« C »F en acceptant de financer l’effort de guerre alors que, dans le même temps, les services publics sont démantelés, les libertés publiques démolies, les ouvriers grévistes requis ou emmenés menottes aux mains (à EDF notamment), les conquêtes sociales liquidées à l’image des retraites par répartition que le gouvernement Borne s’apprête à dynamiter sur ordre de l’UE.

L’argent pour les salaires, pas pour la guerre ni pour les actionnaires !

Que les militants sincèrement communistes du PCF et des JC contribuent à l’effort de reconstruction d’un VRAI parti communiste dans lequel s’est engagé le PRCF, et que les vrais communistes se regroupent dans l’action anti-guerre par-delà les clivages, en appuyant une ligne de franche rupture avec l’ordre euro-atlantique et le capitalisme mondialisé. Le PRCF, qui défend plus que jamais la stratégie franchement communiste, patriotique, antifasciste et anti-impérialiste des quatre sorties, de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme, tend la main à ces camarades et aux JC certainement « sonnés » par une énième sinon ultime trahison de leurs dirigeants qui, à l’abri d’un discours sirupeux sur les « valeurs démocratiques », ont en réalité choisi le camp de la guerre impérialiste, de l’union sacrée derrière Macron, et du déshonneur. Ce n’est qu’au prix de cette reconstruction communiste, associée à la renaissance du syndicalisme de classe, d’une alternative rouge et tricolore en rupture avec l’UE-OTAN et d’un engagement de fond pour un socialisme-communisme de nouvelle génération qu’adviendront de nouveaux jours heureux, ce que défend le PRCF depuis près de 20 ans.

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