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Terrorisme d’état contre les écologistes

Deux articles traitants de la manière dont le terrorisme d'état est appliqué contre des militants écologistes. Le premier article de Reporterre raconte comment le terrorisme d'état est utilisé contre les écologistes, comme dans toute dictature qui se respecte, séquestration et torture (passage à tabac). Le second article est de Contre Attaque fait l'analyse de la situation et de sa finalité : terroriser.

Dans les sous-sols de l’antiterrorisme, l’enfer de militants écologistes

Reporterre

Interpellations brutales, gardes à vue interminables. 17 personnes ont été arrêtées le 8 avril dans le cadre d’une action contre Lafarge en 2023, avec les moyens « disproportionnés » de l’antiterrorisme. Elles racontent.

Il est 6 heures du matin, en région parisienne, lundi 8 avril, lorsque Guillaume est réveillé par le bruit des « coups de bélier », puis par « l’énorme fracas » de la porte « défoncée » de l’un de ses voisins. Quelques minutes plus tard, il entend une deuxième tentative d’intrusion chez un autre de ses voisins. Après deux erreurs, l’équipe de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) parvient finalement devant son appartement. En ouvrant la porte, Guillaume se retrouve nez à nez avec un fusil d’assaut pointé en sa direction.

« À terre, retourne-toi », lui crient les agents cagoulés. En quelques secondes, l’enseignant se retrouve à plat ventre, les deux mains menottées dans le dos. « Ils commencent à se déchaîner », raconte-t-il. Coups de poings et de pieds dans les côtes et le ventre. « Allez, une petite dernière », lui aurait lancé un agent de la brigade avant de lui asséner un coup de poing dans l’arcade, avec un gant coqué. Sur le compte-rendu médical établi le lendemain de sa garde à vue et que Reporterre a consulté, le médecin note plusieurs hématomes au niveau des côtes et du visage.

« Hébété », Guillaume écoute les chefs d’inculpation : association de malfaiteurs, dégradations en réunion et séquestration lors d’une action contre une centrale à béton de Lafarge près de Rouen, le 10 décembre dernier. Des activistes avaient envahi le site et notamment vidé des sacs de pigment de coloration pour béton et des barils de sable. Guillaume observe ensuite la perquisition de son appartement. Son téléphone est mis sous scellé et plusieurs photos sont réalisées. Des stickers, des livres, des notes, un casque de skate, un foulard. « Chaque fois qu’ils trouvaient quelque chose, ils demandaient si c’était du matériel de manifestation », raconte-t-il.

Profil type du « militant écologiste radical »

Au même moment, près de Rouen, des policiers de la BRI font brutalement irruption dans une maison par erreur, en raison d’un changement de domicile. France Bleu se fait l’écho du « traumatisme » de la famille qui en a fait les frais. Une équipe d’intervention de la BRI finit par débarquer chez Mathilde [*]. « Des agents armés sont entrés dans la maison, où se trouvaient mes deux enfants de 4 et 8 ans. J’avais l’impression d’être prise en otage », décrit-elle.

Là encore, ses appareils électroniques sont placés sous scellés, et les agents s’intéressent à tous les éléments qui pourraient « corroborer le profil de l’écologiste radical qu’ils imaginent ». Une affiche sur l’affaire de Tarnac (le sabotage de lignes de TGV en 2008), une autre sur la zad de Notre-Dame-des-Landes, des livres du type Comment tout peut s’effondrer de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, ou On ne dissout pas un soulèvement.

Embarqués dans une voiture, les yeux bandés, huit des dix-sept interpellés sont emmenés à toute allure vers les locaux de la Sous-direction antiterroriste (SDAT), à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Direction le quatrième sous-sol. Après la fouille, ils sont placés devant un miroir sans teint pour le « tapissage ». « On nous donne un numéro et on regarde droit devant nous, comme dans une série américaine », explique Mathilde. On les dirige vers leur cellule éclairée au néon, sous vidéosurveillance, à l’isolement complet. « J’avais clairement l’impression d’être un terroriste », se souvient Guillaume, qui ne reverra plus la lumière du jour avant la matinée du jeudi 11 avril, après 74 heures de garde à vue. De sa cellule, il n’entend pas les slogans scandés par quelques soutiens devant les locaux de la SDAT : « Lafarge terroriste, libérez nos camarades ! »

Les journées sont rythmées par les fouilles, les repas et les auditions avec l’officier de police judiciaire. La première est consacrée au profil personnel et politique des gardés à vue. Ils sont interrogés pêle-mêle sur leur connaissance « des théories du désarmement ou de la fresque du climat », « d’Extinction Rebellion, Youth for Climate ou Les Soulèvements de la Terre », sur leur avis concernant l’action menée contre l’usine Lafarge à Bouc-Bel-Air en 2022 (où plusieurs sabotages ont été menés) ou encore la politique gouvernementale en matière d’écologie.

Les auditions suivantes sont consacrées à leur supposée implication dans l’action du 10 décembre, sur le site Lafarge-Holcim de Val-de-Reuil, près de Rouen, ainsi qu’aux éléments recueillis lors des quatre mois d’enquête et des perquisitions. « Ils avaient une photo de moi le jour d’un rassemblement contre la dissolution des Soulèvements de la Terre », rapporte Mathilde.

« Faire peur à toute une génération d’écologistes »

Jeudi 11 avril, neuf des interpellés ont reçu une convocation au tribunal correctionnel d’Évreux pour le 27 juin prochain. D’ici là, cinq prévenus ont été placés sous contrôle judiciaire avec une obligation de pointer au commissariat tous les quinze jours, et pour certains d’entre eux une interdiction de paraître dans l’Eure et d’entrer en contact.

« L’utilisation des moyens antiterroristes est une façon de marquer nos corps et nos esprits, pour faire peur à toute une génération d’écologistes », résume Guillaume, qui compte réaliser un signalement à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et saisir la Défenseure des droits.

Mathilde fait quant à elle partie des huit prévenus relâchés sans suite. Après 60 heures « éreintantes et angoissantes » dans le sous-sol de la SDAT, elle a été libérée dans la soirée du mercredi 10 avril. « Ils m’ont lâchée, menottée dans le dos et les yeux bandés, dans une rue de Paris, en pleine nuit, sans téléphone. J’avais un sac avec ma culotte sur laquelle ils ont prélevé de l’ADN », raconte la mère de famille.

L’utilisation de ces moyens « disproportionnés » visait à « dissuader et intimider » les militants, selon l’avocate l’avocate de Mathilde, Aïnoha Pascual. « Je pense que la vraie raison est que le ministère de l’Intérieur en fait une affaire personnelle et dépêche ses services pour envoyer un message : toutes les actions pour la défense de l’écologie recevront ce dispositif policier et judiciaire en réponse. » Aux yeux des militants interpellés, le message est sans doute également à l’adresse des industriels : « Polluez, vous êtes protégés ». « C’est absurde, réagit l’un d’eux. On mobilise des agents antiterroristes sur cette affaire qui concerne une entreprise, Lafarge, elle-même soupçonnée d’avoir soutenu des organisations terroristes. »

Source : Reporterre


Le terrorisme de la police anti-terroriste

Contre Attaque

Le 8 avril, une nouvelle descente de la police anti-terroriste visait le mouvement écologiste. À l’aube, 17 personnes étaient enlevées chez elles par des individus cagoulés et lourdement armés, et conduites pour plusieurs jours au cachot, soupçonnées d’avoir participé à une manifestation contre une usine de ciment.

Le récit des interpellés auprès du média Reporterre est un aperçu concret du terrorisme d’État.

Un enseignant est mis « à plat ventre, les deux mains menottées dans le dos » par des hommes avec des fusils d’assaut prêts à tirer, puis passé à tabac : « ”Ils commencent à se déchaîner”, raconte-t-il. Coups de poings et de pieds dans les côtes et le ventre. ”Allez, une petite dernière”, lui aurait lancé un agent de la brigade avant de lui asséner un coup de poing dans l’arcade, avec un gant coqué ». En garde à vue, le médecin a confirmé plusieurs hématomes au niveau des côtes et du visage.

Chez Mathilde, mère de famille, « une équipe d’intervention de la BRI est entrée dans la maison, où se trouvaient mes deux enfants de 4 et 8 ans. J’avais l’impression d’être prise en otage », décrit-elle. »

Toutes les personnes ont été embarquées dans une voiture, les yeux bandés, comme des otages, et une partie « emmenés à toute allure vers les locaux de la Sous-direction antiterroriste (SDAT), à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Direction le quatrième sous-sol. » Pendant trois à quatre jour, une torture blanche faite de fouilles quotidiennes, d’interrogatoires interminables sur leurs lectures et leurs idées politiques, et de néons blafards faisant perdre toute notion du temps et de l’espace.

Mathilde raconte : « Ils m’ont lâchée, menottée dans le dos et les yeux bandés, dans une rue de Paris, en pleine nuit, sans téléphone. J’avais un sac avec ma culotte sur laquelle ils ont prélevé de l’ADN », raconte la mère de famille.

Et ces opérations terrifiantes pour quoi ? 8 personnes relâchées sans suite, 9 convoquées au tribunal en juin. Absolument rien ne justifiait ces opérations, pas plus que les précédentes, en dehors l’objectif de frapper d’effroi les personnes arrêtées et celles qui partagent leurs idées.

« L’utilisation des moyens antiterroristes est une façon de marquer nos corps et nos esprits, pour faire peur à toute une génération d’écologistes », résume l’un des interpellés.

Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie, on ne passe pas de l’un à l’autre subitement par un processus surnaturel. C’est un processus, une progression : il y a une infinité de nuances de gris entre les deux.

Les opérations anti-terroristes comme la répression après la mort de Nahel ou encore la violence militaire à Sainte-Soline sont des moments de fascisme appliqués ici et maintenant.

Faire tabasser un homme ligoté, chez lui, par des unités paramilitaires cagoulées, terroriser des familles, dévaster des appartements, arracher une mère à ses enfants, la rejeter en pleine nuit les yeux bandée, humiliée et sans un mot après lui avoir volé sa culotte : tout cela, ce sont des pratiques fascistes. Aujourd’hui, elles visent ces militants, demain, c’est tout le monde.

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Putain d’usine, de Jean Pierre Levaray.
« Tous les jours pareils. J’arrive au boulot et ça me tombe dessus, comme une vague de désespoir, comme un suicide, comme une petite mort, comme la brûlure de la balle sur la tempe. Un travail trop connu, une salle de contrôle écrasée sous les néons - et des collègues que, certains jours, on n’a pas envie de retrouver. On fait avec, mais on ne s’habitue pas. On en arrive même à souhaiter que la boîte ferme. Oui, qu’elle délocalise, qu’elle restructure, qu’elle augmente sa productivité, (…)
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"Jamais je ne demanderais pardon au nom des Etats-Unis - quelles que soient les raisons."

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