Vous n’êtes pas à l’initiative de l’action menée vendredi. Quel a été votre rôle exactement ?
Stéphane Etchegaray : Je ne suis en effet pas un porte-parole de cette action. J’ai été sollicité en tant que simple technicien, pour réaliser le film de la neutralisation des armes. Je savais qu’un événement important lié au processus de paix au Pays Basque allait avoir lieu. Mais, j’ai été mis au courant de la nature de l’opération une fois sur place.
Et vous avez accepté d’y participer ?
S.E : Oui. Je n’ai pas hésité une seconde. Je l’ai fait en tant que citoyen et militant basque. Je crois fermement à l’aboutissement de ce processus de paix. Cela fait cinq ans qu’ETA a déclaré la fin définitive de la lutte armée et cela fait cinq ans que rien ne bouge. Quand je me suis trouvé face à mes responsabilités ce soir-là dans cette maison de Louhossoa, j’ai choisi d’apporter ma modeste contribution à la paix et d’allumer ma caméra.
Cela vous a valu d’être associé à une entreprise terroriste et quatre jours de garde à vue. Vous ne regrettez rien ?
S.E : Quand j’ai découvert les chefs d’accusation, je suis effectivement tombé des nues. On nous a reproché exactement le contraire de ce nous étions en train de faire quand le Raid a débarqué dans la maison et nous a pris comme ils disent "en flagrant délit de manipulation d’armes". On nous a reproché d’avoir commis un acte de guerre alors que nous faisions un acte de paix.
Ceci étant dit, je n’ai pas une once de regret. J’assume totalement ce que j’ai fait. Si par cette action, j’ai pu apporter ma pierre à l’immense édifice qu’est ce processus de paix, alors c’est une grande fierté.
Après ces arrestations, de très nombreuses personnes, élus ou membres de la société civile, se sont mobilisées. Au Pays Basque et bien au-delà ...
S.E : Pendant la garde à vue, mon avocat s’en est fait l’écho. C’était très émouvant et très fort pour nous. C’est aussi la preuve que quelque chose d’important s’est passé à Louhossoa. Voilà ce qu’il faut retenir. A côté de ça, les quatre jours difficiles que nous venons de vivre, ce n’est rien. Je tiens vraiment à remercier chacune des personnes qui a participé à ces rassemblements, qui a manifesté, qui s’est mobilisé. C’est là le plus important, vraiment.
D’autres, en revanche, vous ont reproché d’avoir pris des risques inconsidérés ...
S.E : On nous l’a aussi beaucoup reproché en garde à vue. Je pense personnellement que c’est beaucoup plus risqué de la part des Etats français et espagnol de laisser ces armes dans la nature. Car, c’est cela la réalité. Ces Etats refusent de participer au désarmement d’une organisation qui elle veut rendre les armes et le dit très clairement. Alors qui prend le plus gros risque ? Eux ou nous ? Il faut se poser cette question avant de commenter notre action.
Comment envisagez-vous la suite ?
S.E : Nous sommes mis en examen, placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de nous rencontrer. Nous ferons le point avec nos avocats dans les prochains jours. Le plus important aujourd’hui, c’est la joie d’avoir du soutien, de sortir la tête haute et d’être libre. C’est évidemment un moment où on a une grosse pensée pour tous les prisonniers et exilés basques. Ceux qui sont et restent dedans.