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L’insoluble problème de la répartition des profits
Patrick MIGNARD

La répartition des profits des entreprises et une question qui refait régulièrement surface dans la polémique sociale, et la crise actuelle la remet bien évidemment au goût du jour.

L’urgence, toujours repoussée, d’une réponse à fait dire dernièrement au « turbo président », une énormité une de plus - qui en dit long soit sur son incompétence, soit sur sa démagogie,… peut-être sur les deux.

Dans ce que certains ont appelé une « règle des trois tiers », il a tout simplement suggéré « un partage égal des profits entre salaires, investissement et dividendes » (???).

La pire des choses qui pourrait lui arriver c’est que les salariés lui disent « chiche ! » et enclenchent un mouvement social sur cette base,… chose dont les syndicats complaisants se sont bien gardés de faire.

EFFET D’ANNONCE ET QUESTION ESSENTIELLE

Disons le tout de suite, cette règle n’est qu’un effet d’annonce un de plus sans conséquence concrète, mais elle pose un problème très intéressant.

- « effet d’annonce » parce qu’il est évident que le pouvoir n’a absolument pas l’intention de procéder à ce changement. Pourquoi ? Parce que ce changement touche de fait, et de droit, aux « fondamentaux » du système marchand dont il est le garant.

- Le point fondamental abordé par cette question est celui de la « répartition de la richesse dans le système ».

Dire que « le tiers du profit doit aller aux salariés… en plus de leur salaire » a fait immédiatement réagir le MEDEF dont la porte parole a dit clairement toute la divergence qu’elle avait de tels propos en précisant que « seul l’actionnaire peut décider du montant des dividendes », car cela relève du « droit de propriété », ajoutant pour faire bonne mesure qu’il « n’était ni du ressort de l’Etat, ni des salariés d’en décider ». Madame PARISOT n’a fait que rappeler ce qu’est le capitalisme et en rappelant ces règles élémentaires, et tout à fait exactes, elle a implicitement signifié que cette question ne relevait pas d’une simple arithmétique de gestion, mais était fondamentalement politique.

Le fondement du capitalisme c’est, rappelons le une fois encore, le « rapport social fondé sur l’investissement du capital dans un processus de production en vue de création de valeur,… et pour se faire, l’embauche de salariés (seul le travail étant créateur de valeur) qui, en échange de leur force de travail reçoivent un salaire équivalent à la valeur estimée de celle-ci ».

Etablir dans ce système une « répartition du profit aux salariés et ce de manière « inégalitaire » par rapport aux actionnaires (le tiers du profit en plus du salaire) » est bien évidemment inacceptable pour les actionnaires… pire à leurs yeux, elle remet en question le fondement même du système marchand.

LES RAPPORTS PROFITS / SALAIRES : MYTHES ET REALITES

Avant d’être quantitative, la question est, comme le souligne la représentante du MEDEF qualitative… Il s’agit d’un principe d’organisation sociale que l’on pourrait résumer lapidairement par : l’actionnaire est tout, le salarié rien ! Ce n’est pas une affirmation provocatrice mais la réalité du système marchand.

Que seul le travail humain crée de la valeur est une affirmation difficilement contestable… en effet, même les machines sont issues du travail humain ! Ce n’est que dans cette mesure que la force de travail est acceptable et acceptée… Mais créer une entreprise n’a pas pour objectif de créer de l’emploi, seulement de valoriser un capital, le travail n’étant, d’une certaine manière, qu’un « mal nécessaire ». La preuve en est que l’entreprise essaye de se passer de plus en plus de travail en rentabilisant le peu qu’elle utilise. L’objectif de l’entreprise est de faire du profit, un point c’est tout.

On comprendra dès lors que le salarié n’a aucun droit sur le profit, qui ne lui appartient juridiquement pas. Il a reçu son salaire, équivalent valeur de sa force de travail,… le reste ne lui appartient pas.

Vouloir attribuer, en plus, au salarié, une part du profit est vécu, à juste titre, comme un déni juridique par l’actionnaire. Une négation même de l’ordre social marchand.

Résultat des sociétés non financières en 2006 en pourcentage du bénéfice après impôt :

Revenu distribué aux actionnaires : … 74,6 %
Intéressement et participation :……….. 15,9 %
Reste à l’entreprise : ……………………. 9,5 %

Source ALTERNATIVES ECONOMIQUES-mars 2009

Mais me direz vous, les salariés touchent déjà , dans certains cas une part du profit sous la forme de « participation » ou d’« intéressement » ! C’est exact, mais ça été imposé par les salariés et accepté par le patronat pour s’acheter la « paix sociale » dans l’entreprise, ça demeure tout de même limité et exceptionnel… la règle étant que le profit appartient aux actionnaires et à eux seuls. L’ordre économique et social marchand n’est absolument pas remis en question.

Que le profit soit important, là n’est pas la question.

LA SEULE ET VRAIE QUESTION

C’est celle des conditions de production des richesses et de leur la répartition dans notre société. Or ce problème n’est pas du tout technique,… il est essentiellement politique. Autrement dit, qui décide ce que l’on produit, comment on le produit et comment on le réparti ?. L’Histoire humaine n’est en fait que la succession des formes d’organisations sociales censées répondre à ces questions.

On imagine ainsi difficilement, le chantre du libéralisme en France, le porte parole présidentiel du MEDEF, le liquidateur des services publics, des régimes de retraites par répartition et de la protection sociale,… oser s’attaquer à cette question essentielle.

La gauche et l’extrême gauche qui sont incapables de poser correctement la stratégie de changement de ce fonctionnement, comment un représentant de ce système marchand le pourrait-il ?

Toucher à la répartition des profits c’est toucher au statut même du capital et du travail et à son corollaire, le droit de propriété sur les moyen de production. On est là au coeur de la véritable problématique du changement social. Le MEDF l’a immédiatement vu,… Sarkozy, emporté par sa démagogie et son incompétence n’a pas mesuré, une fois encore, la portée de ses propos… Quand aux syndicats de salariés ils se sont empressés de regarder ailleurs montrant en cela où sont leurs véritables préoccupations.

Le partage des profits du surproduit social est réglé une bonne fois pour toute dans le système marchand et en constitue son essence… Il n’y a rien d’autre à espérer en son sein.

La question du partage de la richesse est, et demeure, le vrai problème de toutes les sociétés depuis l’origine des hommes, ça constitue toujours la question essentielle du présent et de l’avenir.

Patrick MIGNARD
mars 2009

 
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