RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
Commentaire
La trahison d’Ingrid
Pascual SERRANO

J’entends des clameurs d’indignation dans les secteurs progressistes vénézuéliens, après les réactions de mépris de la part d’Ingrid Bétancourt et sa famille envers des personnalités qui ont tant oeuvré à sa libération et tout spécialement le président Chavez et la sénatrice Piedad Cordoba. Indignés, ces secteurs progressistes emploient le mot trahison pour qualifier ce qui tout comptes faits n’est qu’une preuve d’ingratitude.

Bétancourt et sa famille n’ont trahi personne, ils ont rejoint leur classe sociale, politique et économique, à laquelle ils ont toujours appartenu : la bourgeoisie néolibérale friquée colombienne. Ingrid est la fille de Gabriel Bétancourt, ministre de l’éducation dans le
gouvernement du dictateur Gustavo Rojas Pinilla. Sa mère, Yolanda Pulecio, qui fut reine de beauté puis Miss Colombie avant d’être députée pour Bogota à la chambre. Bétancourt en bonne fille de la bourgeoisie, connu le lycée français de Bogota pour ses études secondaires, étudiante à Sciences Po. à Paris dans les années suivantes, elle s’est spécialisée dans le commerce extérieur et les relations internationales. C’est au
cours de ses années parisiennes (son père devenu ambassadeur de Colombie à l’Unesco) qu’elle connu son premier mari, le diplomate français Fabrice Delloye qu’elle épousa en 1981.

Après son divorce en 1991, elle devint membre du parti Libéral où elle travailla comme assistante du Ministre des Finances Rudolf Hommes puis du ministre du commerce extérieur Juan Manuel Santos durant le gouvernement de César Gaviria. Elle se remarie avec le publiciste colombien Juan Carlos Lecompte. Elle écrit durant cette période le livre
« La rage au coeur », publié d’abord en français, livre qui traite de sa vision du gouvernement d’Ernesto Samper.

Candidate à la présidence au moment de son enlèvement son elle était créditée par les sondages de 0.8 % des intentions de vote.

Alors que des centaines de soldats du rang et de civils anonymes étaient retenus par les Farc, alors qu’un nombre bien supérieur de paysans et de petites gens coupables d’avoir aidé la guerilla mais sans avoir perpétré le moindre crime de sang pourrissaient dans les prisons de l’état colombien, Hugo Chavez et Piedad Cordoba ont choisi la fille d’un ministre de la dictature et de miss colombie comme emblème de leur lutte pour l’échange humanitaire. Les médias internationaux, France en tête, se sont joints à cette croisade au point d’élever Ingrid Betancourt au grade d’héroïne nationale.

Bien évidemment, la famille de l’otage qui en tant normal ne se serait jamais approchée d’un président élevé dans un bidonville, ne méprisait aucun dirigeant, aucune personnalité de « gauche » attaché à la libération d’Ingrid. S’il fallait critiquer le président Uribe pour passer devant les caméras aux côtés d’un chef d’état qui demandait la libération de sa fille, et bien, on critiquait.

Croyant faire pression pour un accord humanitaire, Chavez et Piedad ont fait d’Ingrid un exemple de résistance et de lutte et des Farc un monstre qui retenait la très bonne fille, épouse et mère.

Tandis que Piedad Cordoba risquait sa vie et Hugo Chavez son référendum pour la réforme constitutionnelle, le mythe grandissait aux yeux des ingénus qui pensaient que leurs bonnes intentions étaient reconnues par la famille, les média et même le gouvernement français. Ils n’ont pas compris qu’ils n’étaient qu’utilisés.

Ingrid devient le symbole international de la cruauté des Farc pendant que les soldats et guerrilleros anonymes pourrissaient dans la jungle ou les prisons. Leurs mères n’étaient pas invitées sur « Alo, présdente » et personne ne les interviewait sur Telesur.

Le trophée tant espéré des uns et des autres retrouve la liberté par la main d’Uribe et retourne auprès de ceux de sa classe, de son idéologie, de sa condition sociale, pleine de haine, c’est logique, pour ceux qui lui ont volé six ans de vie. Elle est photographiée avec le ministre de la guerre colombien, demande la réélection d’Uribe, et annonce, revêtue d’un uniforme militaire qu’elle sera un soldat contre les Farc. Elle voyage en France et embrasse devant les caméras le président européen partisan des dix huit mois d’emprisonnement pour tout colombien trouvé en Europe sans papiers. Ni Chavez, ni Piedad ne les intéressent désormais. Elle risquerait de se salir de la boue des bidonvilles et les mains cailleuses des pauvres en leur compagnie. Elle n’en a plus besoin
pour attirer l’attention de l’opinion publique internationale.

Pascual Serrano in

http://www.rebelion.org/noticia.php?id=69853

Traduction jonsintierra pour le Grand Soir

 
COMMENT AMADOUER LES MODERATEURS : Les lecteurs sont priés de poster des commentaires succincts, constructifs, informatifs, polis, utiles, éventuellement drôles, élogieux (tant qu'à faire). Les modérateurs sont parfois sympas mais souvent grognons. Sachez les apprivoiser.
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

  • Merci de limiter le nombre de vos interventions
  • Merci de ne pas dévier du sujet
  • Merci d'éviter les commentaires totalement anonymes...
  • Merci d'éviter les empoignades stériles
  • Merci d'éviter le prosélytisme
  • Souriez ! Vous êtes filmés lus par des milliers d'internautes.
COMMENTAIRES
MODE D'EMPLOI
Les commentaires sont modérés.
Votre adresse IP est automatiquement enregistrée avec votre commentaire (mais ne sera pas divulguée). L'adresse IP sera supprimée au bout de 2 mois.

Merci de préciser votre nom (ou un pseudo). Ca facilite les échanges éventuels.

Notez que les commentaires anonymes ou sous pseudo, ainsi que les utilisateurs de proxy et autres "anonymiseurs", sont plus sévèrement filtrés que les autres. Mais n'oubliez pas aussi qu'un commentaire posté sous un vrai nom laisse des traces sur Internet...

Merci aussi de surveiller le ton et le style de votre intervention.

Ne soyez pas impatients si vous ne voyez pas apparaître votre commentaire, les modérateurs ne sont pas toujours devant un écran. Plusieurs heures peuvent donc s'écouler (ou pas) avant sa publication (ou pas).

Si votre commentaire n'apparaît toujours pas après un "certain temps", vérifiez s'il ne rentre pas par hasard dans une des catégories énumérées ci-dessous...


NE SERONT PAS PUBLIES :

  • les racistes, xénophobes, sionistes, etc,
    (la liste habituelle quoi)

  • les adeptes du copier/coller.
    Des extraits et un lien devraient suffire.

  • les "réactionnaires" visiblement à côté de la plaque.
    Certain(e)s prennent le temps d'écrire. Ayez la gentillesse de prendre le temps de lire - avant de réagir.

  • les représentants de commerce.
    Le Grand Soir ne roule pour (ni contre) aucun groupe ou organisation particuliers. Si vous avez quelque chose à vendre, attendez le prochain Salon.

  • les Trolls
    (qui se reconnaîtront)

NE SERONT PAS PUBLIES NON PLUS :

  • les propos insultants, méprisants, etc à l'égard des contributeurs du site.
    Un minimum de respect s'impose.

  • les rapporteurs des clichés habituels véhiculés par les médias dominants
    Le Grand Soir n'a pas pour vocation de servir de relais aux discours dominants. Si vous ne supportez que le politiquement correct, adressez-vous à France-Inter.

  • les attaques contre les pays en état de résistance.
    "Des Révolutions et des révolutionnaires : il faut les examiner de très près et les critiquer de très loin." Simon Bolivar

  • les réglements de compte au sein de la gauche.
    Apportez vos convictions et laissez vos certitudes au vestiaire. Si l'un d'entre vous avait totalement raison, ça se saurait... Précision : le PS, jusqu'à preuve du contraire, ne fait pas partie de la gauche.

  • les "droits de réponse" à la noix.
    Ceux qui occupent déjà 90% de l'espace médiatique aimeraient bien occuper les 10% qui restent au nom de leur liberté d'expression. Leurs droits de réponse seront publiés chez nous lorsqu'ils nous accorderont un droit de parole chez eux.

  • les "appels aux armes" et autres provocations.
    Vous voulez réellement monter une guérilla dans la forêt de Fontainebleau ?

SERONT SYSTEMATIQUEMENT PUBLIES :

  • les compliments
  • les encouragements
  • les lettres d'amour
  • etc.