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L’incroyable médiocrité du personnel politique français
Danielle BLEITRACH

Pas un pour sauver l’autre… Même si l’on regarde le marigot politique français d’un point de vue de Sirius, c’est-à -dire en s’extrayant de la lutte des classes ou de celle des places, on ne peut manquer d’être frappé par la médiocrité de notre personnel politique. Pas un n’y échappe, tous sont frappés…

A tout seigneur tout honneur. Nous avons un président de la République qui atteint des sommets d’impopularité. Jugeons de Nicolas Sarkozy non de notre point de vue mais du sien. Il a été élu sur un ambitieux programme de réformes. Pour moi, il ne s’agit pas de réformes, mais de contre-réformes, qui visent ni plus ni moins que le démantelement de ce qui avait été établi aux lendemains de la Libération, quand la classe ouvrière, son parti, ses organisations, sortait renforcée parce qu’elle était la seule à ne pas avoir trahi dans sa masse.

Mais Sarkozy a réussi à convaincre une majorité de Français que ces « réformes » étaient indispensables pour avancer sur la voie glorieuse du capitalisme dont on voit au niveau international sur quoi il débouche aujourd’hui. Il a commencé à distribuer largement l’argent à ceux qui n’en avaient pas besoin mais à qui il devait son élection.

Mais là où le démon politicien l’a saisi, c’est lorsqu’il a voulu jouer « petit ». Il a entamé les réformes drastiques, impopulaires, dans le mépris de sa base électorale. Il a non seulement cultivé un style « gauche caviar » - avec des moeurs libertaires dans sa vie personnelle- mais pire encore, il a pratiqué « l’ouverture » et méprisé ses propres godillots. Il est même allé chercher les gens qui avaient assuré l’impopularité du PS en condamnant ce dernier à perdre toutes les élections présidentielles tant ils étaient loin des préoccupations populaires.

Pourquoi a-t-il agi ainsi ? Parce que désormais, comme l’ensemble du monde politique, il confond la politique, la stratégie, avec les tactiques à la petite semaine pour gagner une élection présidentielle. Aller chercher un Kouchner, ou d’autres, c’était accélérer la déconfiture du PS.

Il lui fallait aussi - avec l’aide de ses amis patrons de presse - entretenir les plus mauvais candidats dans le camp opposé. Car nous en sommes là . Comme aux Etats-Unis, on ne se contente plus, sitôt l’élection présidentielle terminée, de prévoir la prochaine en inventant le candidat du système. Désormais, on lui crée le candidat adverse pour mieux l’abattre.

Donc l’ouverture est apparue comme le moyen de détruire un peu plus la gauche, de ramener tout le jeu politique sur la négation de la vieille opposition droite-gauche.
Oui mais voilà , c’était aussi une machine à faire perdre son propre camp face à des mesures de plus en plus impopulaires et des promesses non tenues en matière d’emploi et de pouvoir d’achat .

Nous avons là quelque chose d’intéressant pour comprendre ce qui est à l’origine de l’incroyable médiocrité du personnel politique français : une double dimension.

La première est structurelle : face à la crise du capitalisme et de l’impérialisme, il ne faut surtout plus d’alternative, plus de changement de société, il faut aboutir au système politique étasunien, à une entente sur le fond bi-partiste. Mais comme la France a ses propres traditions, elle résiste.

La deuxième est celle de l’auto-intoxication, par médias interposés, de ce landerneau politique. A peine une élection est-elle terminée que l’on rejoue la prochaine avec au centre du dispositif celle dont désormais tout dépend, à savoir l’élection présidentielle, et on développe de fines tactiques qui paralysent en fait toute mise en oeuvre politique. On le voit avec la stratégie présidentielle, qui a réussi en peu de temps à créer le plus beau bordel qui se puisse imaginer, les ministres s’exonèrant de la plus élémentaire solidarité gouvernementale, les députés - n’en parlons pas, pour aller jusqu’à la bouillabaisse marseillaise où les élus votent contre leur propre camp.

Mais il n’y a pas que la droite. En contemplant stupéfaite les folies de Bertrand Delanoe, à propos du Tibet, je me suis interrogée sur les raisons de cette soumission à Robert Ménard. Il fallait voir l’émission qu’Antenne 2 consacrait à cette affaire du passage de la torche. Il s’agissait d’une émission pourtant totalement favorable aux pro-tibétains (ou plutôt aux anti-chinois, parce que dans le fond personne ne sait réellement ce que veulent les Tibétains, en dehors des bonzes et du dalaï lama). Mais il était stupéfiant de voir Robert Ménard donner des ordres à l’adjointe de Delanoe, madame Hidalgo. On sentait une vieille complicité forgé dans l’atlantisme, le sionisme, contre le Moyen Orient. Mais cela était encore insuffisant pour comprendre pourquoi des élus peuvent se soumettre à ce ridicule provocateur.

La première réponse est parce que le provocateur a un don pour la communication, un petit pouvoir, il est prêt à tout, il faut le ménager. Mais le fond est ailleurs. Il est dans la rivalité entre Delanoe et Ségolène Royal (ou "comment préparer les prochaines présidentielles ?").

Ségolène Royal - outrancière comme à son ordinaire - a pris position, dans l’ignorance qui la caractérise, pour le Tibet contre les Chinois. Delanoe ne pouvait lui laisser le moindre espace. Il a donc renchéri en ouvrant la porte au maître des excès médiatiques en tous genres, le dit Ménard. Et voilà comment nous sommes embringués dans une crise franco-chinoise. Parce que Delanoe et Ségolène préparent leur candidature à la présidentielle en prenant d’abord le PS.

Nous en sommes là … Mais nous pourrions continuer. Par exemple, nous pourrions considérer le couple formé par le PCF et la LCR et nous découvririons les mêmes rivalités pour les prochaines présidentielles. Là il s’agit de rejouer éternellement la grande défaite du PCF, la chute de l’URSS, la seule victoire qu’ait jamais connue la LCR… Alors il s’agit partout et toujours de débusquer le stalinisme… De pratiquer le droit de l’hommisme le plus échevelé, quitte à savonner la planche de l’extrême gauche et de la gauche, comme en Italie... Avec une telle vision (partout où il y a des communistes il y aurait des dictatures), on ne voit plus très bien pourquoi il faudrait voter communiste. D’ailleurs les dirigeants du PCF et ceux de la LCR aboutissent au même constat : il faut abandonner la référence au communisme car la valise est trop lourde à porter. Et pour en être bien sûr, ils demandent à Robert Ménard de les aider à la charger…

Bref. A ce petit jeu des chaises musicales, il n’y a qu’un seul gagnant et c’est Robert Menard et son patron les Etats-Unis qui sont bien débarrassés d’une France indisciplinée…

Aujourd’hui, c’est sans états d’âme qu’elle voterait l’entrée en guerre contre Irak.

(version éditée par le Grand Soir)

 
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