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Le discours de Latran de Sarkozy contre la laïcité : Analyse et réplique par Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc MELENCHON

Le président de la République s’est exprimé le 20 décembre 2007 au Vatican pour présenter une nouvelle définition de la laïcité en France. Ce discours a soulevé une grande émotion. Il a donné lieu à interpellations du gouvernement par l’opposition dans les deux assemblées. J’ai été invité à présenter une analyse du discours présidentiel le 22 janvier 2008 devant le Grand Orient de France. Je publie ici le texte de la conférence que j’ai prononcée.

En France, la laïcité de l’Etat est une question sensible. Notre pays a connu trois siècles de guerre civile religieuse, ouverte ou larvée. Les principaux courants qui en ont été protagonistes sont toujours présents et actifs. L’instauration de la laïcité comme principe organisateur et pacificateur de notre république est le résultat de cette histoire. Depuis la loi fondatrice de 1905 instituant la séparation des églises et de l’Etat, le débat a été ouvert à de nombreuses reprises sous des formes diverses et les citoyens s’y sont toujours engagés avec conviction. Le discours du président de la république, par la radicalité de sa rupture avec les principes constants de la République sur ce sujet, semble devoir ouvrir une nouvelle période de confrontation.

I Le discours de Latran

1) Un manifeste global

Ce discours ne doit pas être lu comme l’expression de la sensibilité personnelle de Nicolas Sarkozy en matière religieuse. Certes, le président est, selon ses propres termes, un « catholique de tradition et de coeur ». Personne ne lui en fait grief. C’est une conviction qui relève de la sphère privée.

Au demeurant il n’est pas le premier président de la république française à être croyant et pratiquant.

Le discours du président de la République devant le chapitre de saint jean de Latran, est une parole officielle prononcée au nom de la République française. C’est celle du président de la République es qualité, représentant tous ses concitoyens français, au moment où il accepte d’endosser une fonction honorifique liée par tradition folklorique à sa charge, celle de chanoine de Latran, paroisse de l’Etat du Vatican dans la ville de Rome. Sur le moment, puis à la suite de son allocution, le président a souligné à diverses occasions l’importance particulière de ce discours. Il s’agit bien d’une définition des principes et de la vision auxquels il entend se référer à propos de la place du fait religieux dans la vie des sociétés modernes en général et de la religion catholique en
France en particulier. Les discours qu’il a ensuite prononcés à Ryad en Arabie saoudite, puis pour ses voeux devant le corps diplomatique ou à l’occasion de la réception des chefs religieux à l’Elysée ont confirmé l’importance du discours de Latran dans la définition de la politique que veut conduire le chef de l’Etat. Il existe ainsi une sorte de continuité entre ses différentes expressions qui se complètent de façon assumée. Elles
dessinent un tableau d’ensemble. Il se fonde sur une analyse du rapport de la société humaine au fait religieux. Il s’articule, par degré, avec une approche qui prétend ancrer la démonstration dans une prétendue aspiration irrépressible des individus pour la transcendance.

Le discours de Latran est assumé comme un discours de rupture avec les précédentes prises de position des présidents de la république française à propos des rapports avec l’église catholique. Mais cette rupture n’est pas seulement l’énoncé d’un nouveau cadre conceptuel. Elle fonctionne comme une transgression, c’est-à -dire comme une inversion du point de vue qui avait prévalu jusqu’à présent.

On constate en premier lieu que le président Nicolas Sarkozy a adopté l’angle sous lequel l’église catholique romaine se situe dans ses controverses avec la république française depuis sa fondation et même face à ses rois sous l’ancien régime. De bien des façons c’était le préalable à l’énoncé de la nouvelle politique.

2) Une relecture orientée de l’histoire de France.

Quand l’histoire de France cesse d’être une matière scientifique pour devenir un récit politique, deux lectures se présentent le plus souvent. La version républicaine traditionnelle raconte l’émergence progressive et douloureuse de la nation et de la souveraineté populaire au fil d’une histoire de conflits avec l’église et l’ancien régime monarchiste. L’autre raconte la supposée permanence chrétienne de l’histoire des français et positionne faits et jugements dans leur relation à cette fidélité. C’est, pour
faire simple, la « gesta deii per francos » de Grégoire de Tours, la « geste de dieu à travers les Francs ». Evidemment cette histoire est censée être construite en osmose étroite avec la papauté. Parmi tant d’autres cet état d’esprit est celui qu’évoque cette mise en garde du pape Léon XIII dans les années de la République française renaissante : « La France ne saurait oublier que sa providentielle destinée l’a unie au Saint-Siège par des liens trop étroits et trop anciens pour qu’elle veuille jamais les briser. De cette union, en effet, sont sorties ses vraies grandeurs et sa gloire la plus pure.

Troubler cette union traditionnelle, serait enlevé à la nation elle-même une partie de sa force morale et de sa haute influence dans le monde ». (Allocution aux pèlerins français, 13 avril 1888.) Cette vision se réfère volontiers à de supposées « racines » qui lieraient le présent au passé profond et dont l’amputation menacerait l’identité même du pays. Comme si chacun était uni au passé par cet organe mystérieux et comme si le passé était autre chose qu’une reconstruction opérée par chacun en fonction des préoccupations du présent ! Le président de la république a fait sienne cette seconde lecture de l’histoire de France. « Comme Benoît XVI, déclare le président, je considère qu"une nation qui ignore l"héritage éthique, spirituel, religieux de son histoire commet un crime contre sa culture, contre ce mélange d"histoire, de patrimoine, d"art et de traditions populaires, qui imprègne si profondément notre manière de vivre et de penser. Arracher la racine, c"est perdre la signification, c"est affaiblir le ciment de l"identité nationale, c"est dessécher davantage encore les rapports sociaux qui ont tant besoin de symboles de mémoire ».

(...)

LA TOTALITE DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE DANS LE DOCUMENT PDF JOINT

LE DISCOURS DE SARKOZY : http://www.elysee.fr/documents/inde...

 
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