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Grande Bretagne : Le boycott des universités israeliennes est en bonne voie
Jean SANTERRE

Le boycott anglais des universités israéliennes commence à prendre de l’ampleur. Des chercheurs anglais ont infligé une série de déconvenues à leurs homologues israéliens. The Guardian consacre un dossier important à l’enquête menée par son reporter Andy Becket.

Le dernier en date de ces incidents concerne le Pr. Owen Yiftachel, un enseignant de l’université Ben Gourion qui s’est plaint de ce que l’un de ses articles, co-écrit avec un palestinien, Pr. Assad Ghanem de l’université de Haifa, fut rejeté par la revue très respectée « British Journal Political Geography ». L’article lui avait été retourné sans avoir été ouvert accompagné d’une note expliquant que « Political Geography » n’acceptait plus d’articles en provenance d’Israël. Après des mois de négociation, et dans la mesure où M. Yftachel est un militant respecté de la gauche israélienne, l’article fut publié après que son auteur eut accepté d’y introduire des modifications substantielles dont une comparaison entre Israël et l’apartheid en Afrique du sud.

L’idée du boycott fut lancée le 6 avril 2002 dans une lettre envoyée au Guardian par un couple d’universitaires anglais, Steven et Hilary Rose. Ils sont respectivement Pr. de Biologie à l’Open University et Pr. de politique sociale à Bradford university. (Steven Rose a par ailleurs officiellement renoncé à son droit à la nationalité et à la résidence en Israël). La pétition était aussi signée par 123 enseignants et elle invitait à établir un moratoire sur la collaboration scientifique et culturelle entre l’état israélien et l’union européenne. Concrètement, cette action se traduit par une réduction du nombre de bourses, d’invitations à des conférences et des espaces de publication dont peuvent disposer les chercheurs israéliens. Il faut préciser que ces derniers bénéficient énormément de ces collaborations auxquelles ils doivent une grande partie de leur notoriété internationale, en même temps que l’état d’Israël leur doit sa renommée dans les champs de la physiologie, les neurosciences, la physique et l’informatique. « Prés de 40 % des articles scientifiques publiés en Israël le sont dans le cadre d’une collaboration internationale » explique le Pr. Zinger, chef de la fondation scientifique israélienne. Israël reçoit des subventions européennes pour la recherche (c’est le seul état non-européen qui ait ce privilège). Ces quatre dernières années explique encore le pr. Zinger, Israël a payé 150 millions de dollars dans le cadre de ses programmes de coopération et a perçu pour 160 millions de dollars de financement.

L’idée du boycott n’est certes pas nouvelle. Elle s’inscrit dans une campagne générale pour la solidarité avec le peuple palestinien. Elle est sous tendue par un appel au boycott des produits palestiniens, du tourisme et de l’investissement dans ce pays. L’évocation d’une suspension des accords euro-israeliens s’inscrit aussi dans cette logique. Cette situation a pris toutefois une ampleur sans précédent en Angleterre depuis les massacres de Jenine.

Evidemment cela ne plaît pas à tout le monde. Les autorités israéliennes ont donc fait part de leur insatisfaction, voire de leur incompréhension pour ne pas parler de leur mécontentement. Elles sont soutenues sur ce point par Tony Blair qui a promis au Rabbin d’Angleterre qu’il ferait son possible pour bloquer cette initiative. Toutefois ses pouvoirs sont en cette matière assez limités d’autant plus que la diversité des initiatives individuelles et collectives déroute les officiels. La liste des avanies que les Anglais sont capables de faire subir à des gens dont ils méprisent le comportement est sans fin. Les relations complexes et inextricables entre les universités israéliennes et européennes offrent de surcroît d’infinies ressources à tous ceux d’entre eux qui veulent s’y exercer.

L’association nationale des enseignants de primaire et de secondaire a recommandé à ses membres de réviser tous les liens académiques qu’ils sont susceptibles d’entretenir avec Israël. En mai l’association des professeurs d’université a voté en faveur du financement du boycott des universités israéliennes. St Jerome Publishing a refusé récemment de répondre à une commande de livre réalisée par l’université Bar-Illan en Israël. En juin, deux professeurs israéliens ont été déchus de leur poste au comité de rédaction d’une revue de l’université de Manchester publiée par le même éditeur. En Avril une conférencière à l’université Birmingham, Sue Blackwell, a retiré les liens que comportait son site personnel en direction d’institutions israéliennes. Son comportement a suscité des réactions outragées de la part des représentants de la communauté juive en Angleterre. Un enseignant anglais détaché dans une université israélienne s’est inquiété auprès de son ami des conditions de son retour en Angleterre. « Des amis anglais me regardent comme un colon depuis que je suis ici ». Un directeur de recherche dans une université anglaise refuse de diriger le travail d’ul étudiant israélien. De nombreux enseignants anglais refusent de se rendre en Israël du fait de la violence extrême que connaît ce pays. Certains prétendent au dire de Mr Frank Schldenfrei du British council à Tel Aviv qu’ils « ne peuvent pas venir parce que leurs épouses refusent ». Colin Blakemore de professeur de physiologie à l’université Oxford explique qu’il « ne connaît pas un seul universitaire anglais qui soit allé à une conférence en Israël depuis les six derniers mois », etc.

Il va de soi que l’annonce de ce boycott ne s’est pas faite sans mal. Les personnes qui s’y sont engagées ont parfois l’impression d’avoir découvert un nouveau monde d’insultes, de menaces de mort et de pressions diverses. Toutefois, même si ses effets sont longs à se faire sentir, les participants ont en tête l’exemple du boycott de l’apartheid. De plus ils ne manquent pas de réfléchir au caractère éminemment spécieux des arguments de ceux qui critiquent le boycott au nom de la nécessité de ne pas engager la recherche dans des controverses politiques. Steven Rose explique à ce sujet que c’est un argument curieux « dans un monde où la science est si liée aux financements militaires et privés ». Et cela, encore une fois, n’a rien à voir avec l’antisémitisme.

 
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