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Les médicaments anti-SIDA étant inefficaces, peu de gens ont d’alternative, Stephen Leahy.




IPS, Toronto, 21 août 2006.


Alors que de modestes bénéfices ont été réalisés en réduisant le coût de plusieurs médicaments anti-VIH/SIDA qui sauvent la vie, ces formules ne fonctionnent plus pour un nombre grandissant de gens qui ont maintenant besoin de produits soi-disant de "substitution" dont le prix est toujours, de loin, hors de portée.


Grâce à la compétition des génériques et une pression soutenue des activistes anti-SIDA, le coût des médicaments anti-rétroviraux (ARV) normaux a chuté de 10.000 dollars à environ 140 dollars par patient par an dans des pays comme l’Afrique du Sud. Différents ARV doivent être pris quotidiennement pour tenir le virus du VIH à distance, et ils ont souvent de sérieux effets secondaires.

A la 16ème Conférence internationale sur le SIDA, qui a pris fin vendredi, à Toronto, au Canada, les Laboratoires Abbott étaient la grosse firme pharmaceutique dans le collimateur des activistes à cause du prix de vente — de 500 à 2.200 dollars — pour son ARV appelé Kaletra.

"La vie des gens doit compter avant les profits...Abbott où es-tu... Sauve les vies humaines !", ont scandé des protestataires devant le centre des médias jeudi dernier, pendant la conférence.

Kaletra est une thérapie de substitution, ce qui signifie qu’il est utilisé lorsque les médicaments de première ligne ou produits normaux deviennent inefficaces ou causent de sérieux effets secondaires. Le besoin pour les médicaments de substitution se fait de plus en plus sentir, jusqu’à ce que quatre pour cent des malades du VIH les réclament, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ce nombre pourrait augmenter à mesure que davantage de patients développent une résistance après des années de traitement avec les médicaments de première ligne.

Kaletra est le médicament le plus prescrit dans cette gamme et coûte 7.500 dollars par an aux Etats-Unis. Il doit également être utilisé conjointement avec d’autres médications anti-SIDA.

A l’ouverture de la conférence de Toronto, Abbott a annoncé que 69 pays d’Afrique et d’autres pays pauvres pourraient acheter le médicament au prix spécial de 500 dollars par tête par an. L’Inde, le Pakistan et le Vietnam et 40 autres vont payer 2.200 dollars par an par patient.

Mais les militants disent que 500 dollars par an, c’est trop cher, et que le prix de 2.200 dollars est complètement hors de portée pour beaucoup de gens.

"Ceci est un médicament essentiel dont beaucoup de gens ont besoin aujourd’hui à travers l’Afrique. On doit le rendre plus accessible", a déclaré François Venter, président de l’Association des cliniciens du VIH d’Afrique australe.

La réduction du prix de Kaletra est le résultat de plusieurs années de pression par des groupes de la société civile, ainsi que des gens vivant avec le VIH/SIDA et Médecins sans frontières (MSF).

Plus important pour les pays en développement, Abbott a récemment mis en vente une forme plus récente du médicament appelé Aluvia, qui n’a pas besoin d’être réfrigérée. Bien que disponible en Amérique du nord et en Europe, Aluvia n’a pas été enregistré pour usage à d’autres parties, ont souligné les militants dans une déclaration.

"C’est (Aluvia) le médicament le plus adapté à l’Afrique car il n’a pas besoin d’être réfrigéré, ne doit pas être accompagné de repas et a très peu d’effets secondaires", a indiqué Matthew Kavanagh de Campagne globale des étudiants contre le SIDA (the Student Global AIDS Campaign).

"Etant donné les bénéfices importants d’Abbott, nous pensons qu’ils pourraient trouver assez de gens pour remplir les formulaires et enregistrer le médicament dans des pays africains", a souligné Kavanagh.

Selon la compagnie, de tels enregistrements ont déjà commencé. "Nous attendons l’approbation pour son utilisation dans 12 pays africains", a déclaré Jennifer Smoter, directrice des affaires publiques pour "Abbott International’, basé dans l’Etat américain de l’Illinois.

L’enregistrement du médicament doit être fait pays par pays et Abbott essaie de le faire dans beaucoup de pays, y compris en Amérique latine, a dit Smoter à IPS.

Concernant le prix de 500 dollars pour Aluvia, elle a affirmé : " C’est ce que cela coûte pour fabriquer le médicament. Abbott ne réalise aucun bénéfice au prix de 500 dollars".

Le processus de fabrication est beaucoup plus complexe pour les médicaments de substitution et une technologie spéciale de la marque déposée doit être utilisée pour qu’elle ne nécessite pas de réfrigération, a-t-elle dit.

"Abbott préfère investir pour accroître sa capacité de fabrication au lieu de travailler avec des firmes qui fabriquent des génériques", a ajouté Smoter.

"Big pharma’ n’était pas la seule cible — les organisateurs de la conférence étaient également chahutés pour n’avoir pas publiquement exercé de pression sur les gouvernements pour faire davantage.

Médecins sans frontières a violemment attaqué les officiels de santé publique pour "avoir enfoui leurs têtes dans le sable" à propos des médicaments de seconde génération du SIDA coûteux et indisponibles, dont on a besoin à l’étranger comme la résistance se fait grande parmi les pauvres qui sont maintenant traités aux génériques moins chers.

Au Kenya, par exemple, MSF paye 1.400 dollars par patient par an pour un régime de substitution, comparé à 200 dollars seulement pour les médicaments de première ligne. Et dans les pays à revenu moyen, la différence de prix est même plus grande, indique le groupe. Au Guatemala, un régime de substitution coûte 6.500 dollars — 28 fois plus que le traitement de première ligne.

"S’assurer que tout le monde peut se procurer les médicaments les plus récents, est le seul moyen de garantir une qualité de soins à long terme pour les gens vivant avec le VIH/SIDA dans le monde en développement", a déclaré Alexandra Calmy de Campagne pour l’accès aux médicaments essentiels de MSF, dans un communiqué.

Parmi les centaines de communications scientifiques sur les vaccins, les nouvelles méthodes de traitement et les stratégies de prévention des infections discutées à la conférence, l’accès aux ARV existants en général continue d’être un problème majeur.

Plus de 35,5 millions de gens dans le monde en développement vivent avec le VIH, pendant que 1,6 million reçoivent un traitement, a indiqué, à la conférence, Kevin De Cock, directeur du département VIH/SIDA à l’OMS.

Le très pronostiqué programme "’3 par 5’’ — trois millions de gens seront traités d’ici à 2005 — a manqué d’atteindre sa cible et De Cock a refusé de prédire quand la cible pourrait être atteinte. "Cela dépend des niveaux de financement, entre autres facteurs", a-t-il dit.

Des activistes estiment que la solution consiste à réduire simplement le prix des médicaments pour permettre à tous d’être traités.

"L’accès universel aux médicaments est la voie à suivre et les excuses à propos de financement et de manque d’infrastructure sont juste des excuses pour ne rien faire", a déclaré Sipho Mthathi, secrétaire général de la section du Cap de Campagne d’action pour le traitement (Treatment Action Campaign - TAC) d’Afrique du Sud, qui fait pression pour le traitement des gens vivant avec le VIH et pour réduire de nouvelles infections du VIH.

"Avec assez de volonté politique, nous avons remarqué que ces médicaments peuvent être livrés à ceux qui en ont besoin", a dit Mthathi à IPS.

Les gouvernements auront à faire pression sur les grosses compagnies pharmaceutiques pour rendre leurs médicaments disponibles à de bons prix ou vont aider d’autres firmes à fabriquer des versions génériques, a-t-elle souligné.

"Le Brésil et l’Inde pourraient être en train de fabriquer plus d’ARV génériques, mais ont reculé à cause de la pression des grosses firmes pharmaceutiques", a affirmé Mthathi.

Des experts ont indiqué que le refus des grosses compagnies pharmaceutiques d’autoriser leurs ARV à entrer dans la compétition des génériques pour usage dans les pays en développement depuis plus d’une décennie, a conduit à la mort inutile de millions de gens. L’industrie du générique en Inde, en Afrique du Sud et au Brésil a finalement contribué à réduire extraordinairement les prix au début de l’an 2000.

Cependant, des groupes comme MSF notent qu’il y a toujours un "processus de prise de décision pénible médicament par médicament, pays par pays" sous les règles de l’Organisation mondiale du commerce, qui a également accordé des brevets de 20 ans pour les nouveaux médicaments.

L’attention de toute la presse à la conférence était portée sur des donateurs célèbres comme Bill Gates, dont la fondation vient de promettre la somme de 500 millions de dollars au Fonds mondial de Lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, permet aux pays de fuir leurs responsabilités, déclare Mthathi, qui se tenait devant cette inscription : "Nous ne sommes pas venus ici pour célébrer le SIDA". (FIN/2006)

Stephen Leahy

 Source : Inter Press Service www.ips.org

Droits de reproduction et de diffusion réservés © IPS Inter Press Service.



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