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Séduire et convaincre
Rorik DUPUIS VALDER

Il me semble qu’on ne peut véritablement comprendre le délitement des valeurs traditionnelles – celles qui fondent la civilisation : effort, engagement, courage, éducation... – sans comprendre en quoi celles-ci ont été détournées par une autorité illégitime qui, via la pseudo-liberté offerte par la société de consommation, aura œuvré en faveur d’une culture de la séduction propre à servir ses intérêts.

Politiciens de tous bords, artistes promus et journalistes autorisés ne s’engagent définitivement plus pour la justice, l’ordre et l’esthétique – autrement dit pour le vrai, le beau et le bien –, mais se contentent désormais d’alimenter cette nouvelle culture de la séduction, héritière du règne de la publicité, qui en fait de près ou de loin des auxiliaires du pouvoir en place.

On ne cherche plus à faire, mais à plaire. À gagner toujours plus d’électeurs, d’auditeurs, de followers, comme si la quantité acquise pouvait être, au détriment de la qualité réelle, une fin en soi. Comme si l’on avait, en quelque sorte, « sacrifié le fond pour la forme ». Avec tout ce que cela comporte de dangereusement mensonger.

En ce sens, le terme de « follower » (« suiveur », en bon français), propre au monde virtuel des réseaux sociaux, est tout à fait significatif de ce conformisme de la médiocrité, qui semble davantage relever d’une incapacité avouée à l’autonomie que d’un quelconque réflexe grégaire. Ainsi, comment qualifier la popularité d’une personnalité virtuelle « suivie » par des millions de fantômes et d’attardés ? Sa « légitimité » n’en est-elle pas toute relative ?...

De la même façon, quelle est la légitimité du représentant d’un groupe humain élu par une « majorité » de votants séduits (s’ils ne sont pas fictifs...) plutôt que convaincus ? N’atteint-on pas ici, par une collusion politico-médiatique obligée et l’impunité du mensonge, les limites de la démocratie ?

Voilà le drame de la société de l’éphémère, où tout vous est accessible au nom d’un progrès déresponsabilisant et du sacro-saint « pouvoir d’achat » : la séduction s’est substituée à la conviction, produisant un monde d’enfants gâtés, de jaloux, de faux savants et de faux rebelles voués au malheur. Car un être sans principes est un être malheureux : son seul désir et ses caprices de consommateur n’en feront jamais quelqu’un d’épanoui. Il lui manquera toujours le goût de la transcendance.

C’est ainsi que l’on est passé de la politique à l’idéologie, ou de la politique à l’électoralisme, la paresse intellectuelle de rigueur le disputant au cynisme des prédateurs prêts à tout pour se maintenir au pouvoir. Le goût du travestissement et l’aptitude au bavardage étant manifestement des qualités suffisantes pour gouverner. Le fond important peu. Pourvu que l’intérêt général serve l’intérêt privé de ceux qui gouvernent.

Nous vivons aujourd’hui, avec la révolution numérique et le vertige de l’intelligence artificielle — qui semble annoncer le fichage généralisé des populations autant qu’un inévitable chômage de masse —, une crise de la temporalité. Dans cette nouvelle ère technocratique, où le faux principe de séduction parasite et dénature en tous domaines les relations, il est urgent de rappeler aux imposteurs, petits et grands, où est leur place.

Si l’on peut faire, personnellement, le choix de la vie en communauté, de l’isolement et du stoïcisme face à la tyrannie et la perfidie d’un système tentaculaire, la question est de savoir quels modèles nous entendons proposer à cette jeunesse innocente qu’on agresse au quotidien à coups d’injonctions contre-nature. La gloriole, l’illusion de la fortune et l’assurance du privilège peuvent-elles raisonnablement servir de moteurs à l’homme ? L’éphémère doit-il l’emporter sur le durable au nom d’un matérialisme régnant, produit de la dictature des ignorants et des nouveaux riches ? La pulsion doit-elle enfin triompher de l’idée de sublimation, au nom de la démocratisation des vices et de la culture morbide du selfie ?

Qu’est-ce qu’un monde où l’engagement n’est plus estimé, reconnu, encouragé ? Un monde sans pompiers, sans médecins, sans enseignants ? Ce projet dystopique, amorcé de façon plus ou moins grotesque par les leaders globalistes et autres escrocs tapageurs du progressisme, ne verra jamais le jour : l’homme, même s’il doit encaisser les coups des puissants et de ses congénères fièrement asservis, veille en silence, tel le félin prêt à bondir pour défendre son territoire et sa progéniture. Si le pelage est doux, la morsure peut être mortelle...

Tant que le domaine politique ne sera franchement purgé de ses imposteurs et séducteurs, tant que les médias et l’institution scolaire ne rempliront avec l’exigence nécessaire leur rôle d’éducation des populations — éducation à l’indépendance et à l’esprit critique —, on ne pourra espérer une société apaisée, riche de son sens de l’engagement. Tant que l’on ne sera repassé de la démagogie à la pédagogie, l’abus d’autorité sera la règle.

Car ce sont bien l’indépendance et l’esprit critique qui mènent, en un cheminement personnel basé sur l’expérience, à l’engagement. La contrainte et le mensonge — fussent-ils savamment maquillés en dogmes et en normes — étant les moyens employés par les prédateurs et les incompétents, que le pouvoir attire systématiquement comme le miel attire les mouches. Et il faudrait se satisfaire, comme seul spectacle dans la cité, de l’agitation des mouches ?

 
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