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Amérique latine en résistance : la pandémie des sanctions
Ricardo VAZ, Jessica DOS SANTOS

Alors que les gros titres à travers le monde sont consacrés au Covid-19 et aux vaccins, il existe une autre « pandémie » qui reste incontrôlable : les sanctions unilatérales des États-Unis. Mais pour cette maladie, il n’y a pas de vaccin.

Au Venezuela, le gouvernement, les mouvements populaires et même l’opposition qui n’est pas soumise à Washington ont dénoncé pendant des années une évidence : les sanctions ont de terribles conséquences pour le peuple. Le gouvernement de Nicolas Maduro a même intenté une action en justice devant la Cour Pénale Internationale, arguant que les mesures coercitives unilatérales constituent un crime contre l’humanité.

Et c’est une réalité de plus en plus difficile à cacher, quels que soient les efforts déployés par les grands médias, toujours alignés sur les États-Unis en matière de politique étrangère.

La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les mesures coercitives unilatérales et les droits de l’homme, Alena Douhan, s’est rendue dans ce pays caribéen et a présenté ses conclusions le 12 février. Son rapport montre les conséquences de cette « guerre » imposée à tous les Vénézuéliens.

Les revenus pétroliers, les plus importants de l’économie, ont chuté de plus de 90%.

Les salaires, situés entre 150 et 500 dollars en 2015, ont baissé et se situent entre 1 et 10 dollars. Ce qui ne couvre même pas 1% du panier de base.

30 à 50% du personnel des services publics et des entreprises d’État ont été perdus, avec de graves conséquences au niveau du personnel qualifié.

2,5 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire sévère. Ils mangent moins par jour, moins de nourriture et de moindre qualité.

Il existe des obstacles importants à l’importation de denrées alimentaires. En conséquence, le programme alimentaire subventionné, CLAP, présente moins de diversité de produits et est distribué moins fréquemment.

Grave détérioration des services publics, y compris les pénuries d’essence et l’effondrement du système électrique.

Il y a un manque ou une grave insuffisance de médicaments et de vaccins, ce qui a entraîné la résurgence de maladies qui étaient éradiquées.

Dans le cas des médicaments, la situation est encore plus grave, puisque le gouvernement a été empêché d’utiliser ses ressources à l’étranger, gelées par ordre de l’administration Trump, pour faire face à la pandémie de Covid-19. Prenons par exemple le cas des réserves d’or « saisies » par la Banque d’Angleterre, que le gouvernement vénézuélien entend utiliser pour importer de la nourriture et des médicaments en coordination avec les Nations Unies.

La conclusion de Douhan, spécialiste des droits de l’homme, est que les sanctions sont dévastatrices, en plus d’être illégales, et qu’elles doivent être immédiatement levées et revues.

L’administration Trump, qui a intensifié une politique initiée par l’administration Obama, a toujours tenté de vendre l’idée que les sanctions ne concernaient que Maduro et ses alliés. Dans certains cas, des responsables ont reconnu que l’objectif était de « faire pression » sur le gouvernement démocratiquement élu.

Mais même à Washington, cette version est remise en question. Le Government Accountability Office (GAO) a publié le 8 février un rapport dans lequel il conclut que les mesures coercitives du Département du Trésor ont aggravé la crise économique au Venezuela. En outre, il affirme que le blocus américain empêche l’acheminement de l’aide humanitaire, principalement entre les mains d’ONG liées à l’opposition vénézuélienne.

Le rapport du GAO a été suivi d’une lettre à l’administration Biden signée par plusieurs membres du Congrès et sénateurs démocrates, dont Elizabeth Warren, Ilhan Omar et Jesús García. Les signataires remettent en cause le recours aux sanctions en pleine pandémie mondiale et appellent la Maison Blanche à « revoir » cette politique et à en mesurer les conséquences.

Mais, face à ce chœur, que dit la Maison Blanche ? Qu’elle n’est « pas pressée » de lever les sanctions contre le Venezuela, et exige que ce soit le gouvernement vénézuélien qui « prenne des mesures » qui plaisent à l’administration Biden. Le nouveau locataire de la Maison Blanche avait déjà donné plusieurs signaux allant dans le sens qu’il n’allait pas être différent de son prédécesseur en ce qui concerne le Venezuela, et qu’il chercherait à rendre les sanctions « plus efficaces ».

En fin de compte, il y a peu de sujets aussi communs entre les deux partis à Washington que l’impérialisme. Pour des pays comme le Venezuela, Cuba, le Nicaragua, l’Iran, la Syrie, etc., il est très difficile de voir Joe Biden comme « le moindre mal ».

Mais le peuple vénézuélien a déjà plus que démontré sa capacité à résister, même si la corde est de plus en plus serrée. Cette résistance héroïque est la seule chose sur laquelle on puisse compter, car tout espoir de changement dans la politique étrangère américaine, ou d’un cadre institutionnel qui applique le droit international, est au mieux une illusion. Seul le peuple sauve le peuple !

3 mars 2021

Illustration : Le Government Accountability Office (GAO). Il s’agit d’un organisme d’audit, d’évaluation et d’investigation du Congrès chargé du contrôle des comptes publics du budget fédéral. Il fait partie de la branche législative du gouvernement fédéral.

 
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