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Crise économique et sanitaire : L’Eurogroupe dans l’impasse : l’UE s’enlise dans la crise
Hélène ANGELOU

Echec de l’Eurogroupe malgré un accord minimal sur un plan économique d’aide aux entreprises. La question de l’endettement pour faire face à la crise économique et sanitaire fait ressurgir les conflits apparus déjà dans la crise économique de 2008 et les tensions autour de l’austérité budgétaire.

Après 16h de réunion, les ministres des Finances de l’Eurogroupe ont échoué ce mercredi matin à parvenir à un accord. « Les ministres n’ont pas pu s’entendre sur un rapport plus approfondi pour les dirigeants de l’Europe des 27 qui exposerait les mesures européennes contre la crise et un plan de rétablissement post-pandémie », résume le Financial Times.

La crise s’approfondit pour l’UE

Alors que l’UE souhaitait désormais écrire une réponse commune face à la double crise sanitaire et économique, cet échec met en lumière les divisions persistantes entre Etat membres et l’incapacité de l’UE à répondre à la crise. Depuis le début de la crise sanitaire, l’UE a en effet été invisible, abandonnant à son sort l’Italie malgré ses appels à l’aide. Pire, l’une de ses raisons d’être était remise en cause par les fermetures unilatérales des frontières au sein de l’espace Schengen et les réquisitions nationales de matériel sanitaire.

A l’échec de l’Eurogroupe s’est par ailleurs ajoutée la démission de Mauro Ferrari, président du conseil de la recherche européenne depuis janvier. Dans une lettre, il dénonce « l’absence complète de coordination des politiques de santé entre Etats membres, l’opposition récurrente à des initiatives cohérentes de soutien financier, la fermeture unilatérale généralisée des frontières et la très faible marge d’initiatives scientifiques en synergie ». Cette démission met en tout cas en exergue la faiblesse de l’UE à proposer une réponse sanitaire à la crise.

Sur le plan économique, les difficultés sont tout aussi importantes. Si un plan économique minimal d’aide aux entreprises a été acté, basé sur la BEI (Banque Européenne d’Investissement), prévoyant une aide de 100 milliards d’euros concernant le chômage partiel et en soutien aux entreprises, cet accord minimal ne permet pas aux pays les plus touchés par le coronavirus de faire face à la situation critique.

Tensions maximales autour de la question de la dette

Le désaccord s’est ainsi cristallisé autour de la question de l’endettement auprès des institutions européennes. Les discussions autour d’un plan d’aide à apporter aux pays les plus fragilisés par la situation n’ont pas abouti. Deux blocs s’opposent en effet.

D’un côté, plusieurs pays dont la France, l’Italie et l’Espagne défendent les « coronabonds », une forme de mutualisation de la dette entre pays membres. Cette solution permettrait d’éviter de faire reposer sur les pays aux économies les plus affaiblies des taux d’intérêt qui pourraient vite devenir exorbitants. A titre d’exemple, l’échec des négociations a entraîné un rebond des taux italiens. Mais cette proposition s’est vue opposer une fin de non-recevoir par l’Allemagne et les Pays-Bas notamment qui refusent d’émettre de la dette collectivement. Ils souhaitent au contraire s’en tenir au MES (Mécanisme Européen de Stabilité), proposant une « aide » financière en échange de contreparties, une austérité budgétaire pour le pays débiteur, suscitant l’opposition de l’Italie notamment, durement frappée par la crise.

Ces tensions exacerbent les conflits latents depuis la crise de 2008. Le premier ministre des Pays-Bas a ainsi fustigé une inconstance budgétaire de la part des pays sud-européens, dénoncé par son homologue portugais comme une « attitude répugnante ».

Au-delà de ces postures, les pays membres font face à des contradictions internes et des tensions nationales importantes que l’UE est incapable de dépasser. En effet, le contexte sanitaire avec des dizaines de milliers de mort dans les pays les plus touchés, et le contexte de crise économique avivent les tensions et des contestations sociales majeures s’annoncent, dont on observe déjà les prémisses. Les pays tels l’Allemagne font eux aussi face à des pressions internes populistes dénonçant le « coût » de l’Union européenne.

L’absence d’accord y compris sur la question du Mécanisme européen de stabilité est ainsi un indicateur de la profondeur de la crise du projet européen instauré par la bourgeoisie après-guerre. Déjà fragilisée depuis 2008, l’incapacité de l’UE à résoudre la crise actuelle pourrait avoir des conséquences sur sa survie même.


ANNEXE par Autrement : Les goélands quittent le navire...
Un Didier Raoult à l’échelle de l’UE ?
Démission de Mauri Ferrari de l’European Research Council
(source : AEF) :

ERC : le président Mauro Ferrari démissionne après le rejet de sa proposition d’un programme sur le Covid

"Mon mandat de président de l’ERC vient de prendre fin, après que j’ai remis aujourd’hui ma démission à la présidente Ursula von der Layen." C’est ainsi que Mauro Ferrari, qui avait pris ses fonctions de président de l’ERC le 1er janvier 2020, annonce sa démission, le 7 avril, dans une déclaration rendue publique le même jour. Il invoque en particulier le rejet "unanime" par la gouvernance de l’agence de financement européenne de sa proposition de lancer un programme de financement de la recherche dédié à la lutte contre le Covid-19.

"Alors qu’il devenait évident que la pandémie s’orientait vers une tragédie aux proportions peut-être sans précédent, j’ai plaidé pour que l’ERC établisse un programme spécial pour combattre le Covid-19", explique Mauro Ferrari dans une déclaration rendue publique, le 7 avril 2020, après qu’il a remis sa démission de président de l’ERC à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Layen.

"LE TEMPS N’EST PAS AUX DISTINCTIONS SUBTILES ENTRE BOTTOM-UP ET TOP-DOWN"

"La proposition a été unanimement rejetée par l’organe de direction de l’ERC, sans même envisager la forme qu’elle pourrait prendre, au point que nous nous sommes retrouvés en totale opposition à tous les égards", poursuit-il. "Le rejet de ma motion a été fondé sur la notion selon laquelle l’ERC finance une recherche ’bottom-up’", précise-t-il. Autrement dit, les propositions de recherche sont soumises par les chercheurs eux-mêmes, sans être orientées vers telle ou telle thématique particulière par l’ERC lui-même.

"En vérité, la Commission européenne a bien des programmes de financement ’top-down’ et ciblés, et plusieurs d’entre eux ont été en partie redirigés contre la pandémie. Cependant, ils forment un amas d’initiatives largement non coordonnées, avec un accent limité sur la recherche ’blue-sky’ et la découverte de rupture", dit encore Mauro Ferrari. "J’ai plaidé que le temps n’était pas à se soucier excessivement des distinctions subtiles entre recherche bottom-up et top-down, et que tous les secteurs scientifiques tireraient avantage d’une large initiative sur le Covid-19. C’est pourquoi j’ai été clairement désappointé et profondément troublé par ce rejet unanime."

"J’AI PERDU LA FOI DANS LE SYSTÈME"

Le président démissionnaire relate aussi qu’après cet épisode, il a travaillé à un plan de lutte contre la pandémie à la demande de la présidente Ursula von der Layen, mais que "le fait même d’avoir travaillé en direct avec elle a créé une tempête politique interne". Sa proposition, dit-il, "est passée par les différentes couches administratives de la Commission européenne, où elle s’est vidée de sa substance".

"Je crains d’en avoir assez vu à la fois sur la gouvernance de la science et sur le fonctionnement politique à l’Union européenne", conclut Mauro Ferrari. "Durant ces trois longs mois, j’ai certes rencontré un grand nombre de personnes compétentes et engagées, aux différents niveaux d’organisation de l’ERC et de la Commission européenne. Cependant, j’ai perdu la foi dans le système lui-même."

Une version contestée à Bruxelles

Cette version des événements aurait été rapidement contestée à Bruxelles, rapporte le site d’information spécialisé Research, le 8 avril. Selon lui, l’eurodéputé Christian Ehler, en particulier, aurait jugé la proposition de programme de Mauro Ferrari comme relevant d’une "opération de communication", "en contradiction avec le fondement légal de l’ERC", ajoutant que dans les faits, l’ERC "contribue par bien des manières à la lutte contre le Covid-19".

De son côté, Kurt Deketelaere, secrétaire général de la Leru (Ligue européenne des universités de recherche), juge "regrettable" la démission de Mauro Ferrari dans un message posté sur les réseaux sociaux le 8 avril, soulignant que "l’approche bottom-up de l’ERC et le rôle de son conseil scientifique sont clés pour son succès, et doivent être respectés".

 
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