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Le libéralisme déchaîné, les multinationales et les pigeons
Julien

Gagner toujours plus d’argent, réduire au maximum les coûts de production, profiter de la crédulité des consommateurs. Les multinationales, qui ont massivement recours aux pratiques libérales induites par le capitalisme et la mondialisation, savent très bien faire.

À tous les prêtres et croyants de cette nouvelle religion qu’est le libéralisme à tout crin : non, la privatisation massive, telle que soufflée par les plus grands organes financiers de la planète, n’est absolument pas la réponse à apporter à nos maux actuels. Chômage, inégalités fiscales et sociales, conditions de vie parfois indécentes, voire une pauvreté qui commence à toucher de plus en plus d’habitants au sein des pays développés. Tout cela découle (en partie) du tournant majeur, dans l’histoire de l’économie, qu’ont représenté les années 1980 ; des vagues de libéralisation et, à l’inverse, d’abandon par l’État de pans entiers de l’économie, laissant « libre » cours à l’individualité et au profit totalement irraisonné.

Sans transition aucune, qu’ont en commun, à présent, la grande distribution, l’énergie, et les nouvelles technologies ? À première vue, pas grand-chose. Si ce n’est d’être toutes les trois incontournables, pour une grande partie de la population mondiale, qui se nourrit, se chauffe et communique. Mais à y regarder de plus près, il est possible de tisser un lien entre ces trois secteurs, dans lesquels certaines multinationales usent et abusent parfois de pratiques douteuses. Comme, par exemple, l’évasion fiscale et la hausse continuelle des prix. Trois exemples concrets devraient aider à y voir plus clair, dans cette zone d’ombre qu’est la manipulation libérale.

Au Carrefour des hypocrites

À tout seigneur, tout honneur. Depuis le 1er février dernier, les Français qui ont l’habitude d’aller faire leurs courses dans les magasins Carrefour ont sans doute pu constater qu’environ 1 000 produits distribués par la chaîne tricolore avaient vu leur prix augmenter — « de l’ordre de 3 % », expliquait son secrétaire général, Laurent Vallée, le 31 janvier dernier. Conséquence directe de la loi « Alimentation », « la hausse concerne principalement les produits d’appel », soit ceux qui sont censés ne pas entraîner de profit. Une mesure visant à remettre « un peu plus de valeur dans la chaîne, du producteur au distributeur », assure M. Vallée. Les dirigeants du groupe répercutant ensuite « la valeur sur les contrats de [leurs] 20 000 producteurs ».

S’il faut se réjouir que ces derniers gagnent davantage, on peut (et on doit) également regretter que cette mesure se fasse sur le dos des consommateurs. Alors que, dans le même temps, Carrefour a raflé la palme des bonnes pratiques du CAC40, pour sa politique de distribution de dividendes à ses actionnaires. D’après l’ONG Oxfam, sur les 7 milliards d’euros de bénéfices réalisés par le groupe entre 2009 et 2017, plus de 80 % ont été reversés aux actionnaires... Des sommes qui auraient pu servir à revaloriser le traitement des producteurs locaux, ou à investir, tout simplement. Sans parler des activités « extraterritoriales » du géant de la distribution, qui a installé l’une de ses filiales, Carrefour World Trade, dans un pays, la Suisse, habitué des magouilles capitalistes.

Démarchage abusif d’Engie

Dans un tout autre registre, Engie (ex-GDF Suez), l’un des leaders français de l’énergie, est régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques pas franchement orthodoxes. Qui sont directement liées, en tout cas, à la libéralisation du marché de l’énergie, en France, il y a une dizaine d’années, et qui a entraîné l’arrivée massive de nouveaux acteurs. Et, par conséquent, une réduction des marges pour les historiques. Heureusement qu’Engie a trouvé la solution pour continuer d’engranger les gros sous : le démarchage abusif. Qui consiste, pour un commercial œuvrant pour l’enseigne, à vendre coûte que coûte un contrat estampillé Engie, en se faisant parfois passer pour un employé du concurrent EDF ou en promettant des réductions de facture... qui n’auront jamais lieu.

Épinglée plusieurs fois par le Médiateur de l’énergie pour ses pratiques commerciales abusives, Engie pourrait avancer qu’elle y est incitée par la concurrence, qui a totalement rebattu les cartes dans le secteur énergétique tricolore. L’un des effets pervers de ce libéralisme que certains chérissent en France. Mais en aucun cas l’entreprise ne pourrait être excusée, surtout lorsqu’elle mêle le démarchage abusif à l’évasion fiscale — décidément l’arme bien affûtée des grands capitalistes —, Engie ayant passé entre 2008 et 2010 deux accords fiscaux illégaux avec le Luxembourg, pour des « cadeaux » de 120 millions d’euros...

Réduction des coûts chez Apple

Enfin, last but not least, l’exemple d’Apple, sans doute le plus ignoble dans le genre « idéal » libéral. On savait que la firme californienne ne faisait pas dans la demi-mesure lorsqu’elle augmentait le prix de ses produits (jusqu’à 40 % en un an). Produits d’ailleurs soumis à cette règle historique et obligatoire, pour tout entrepreneur souhaitant se convertir au capitalisme effréné, l’obsolescence programmée. Ce que l’on sait moins, en revanche, c’est qu’Apple envisage de réduire ses coûts de production — afin d’augmenter ses marges. En mettant notamment la pression sur ses fournisseurs de matériaux (cuivre, cobalt) et autres composants « non essentiels ».

Voilà comment dans certains pays d’Afrique, dont les sous-sols regorgent de ces matières premières, certaines personnes se retrouvent du jour au lendemain sans travail, sans argent et dans une misère totale. Pendant que de l’autre côté de l’Atlantique, les dirigeants d’Apple arrosent leurs actionnaires de billets verts et de cadeaux — 100 milliards de dollars l’an dernier et une augmentation de son dividende de 16 %. Mais il faut la comprendre : la firme « n’a pas assez de projets pour utiliser cette montagne d’argent qui s’accumule depuis des années », explique le journaliste Éric Vagnier. Pourquoi effectivement investir dans des projets humanitaires, écoresponsables, éducatifs, etc., quand on peut enrichir des individus déjà plein aux as ?

Julien

Illustration [LGS] : à l’autre bout de la chaîne de l’Iphone, cet enfant, dans une mine de cobalt.

 
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