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Julian Assange n’aura jamais un procès équitable aux États-Unis
John KIRIAKOU

Le 16 novembre [2018], un assistant du procureur général adjoint du district fédéral Est de Virginie a accidentellement révélé que Julian Assange, cofondateur de Wikileaks, a été accusé de crimes fédéraux non spécifiés ; ces accusations ont été scellées.

La divulgation a eu lieu dans une affaire, sans rapport, de terrorisme et de pornographie juvénile. En réponse à une demande des médias, le procureur adjoint des États-Unis a demandé à un juge de maintenir les accusations d’Assange sous scellés, en disant : "En raison de la sophistication de l’accusé et de la publicité entourant l’affaire, aucune autre procédure n’est susceptible de garder confidentiel le fait qu’Assange a été accusé.... Les accusations doivent rester scellées jusqu’à l’arrestation d’Assange ".

Il y a plusieurs aspects alarmants à cet "accident". Tout d’abord, c’est une nouvelle qu’Assange a été accusé de quelque chose. La spéculation est que l’accusation comporterait plusieurs chefs d’accusation d’espionnage. Le gouvernement soutiendra qu’Assange n’est pas un journaliste et qu’il n’a pas droit aux protections dont bénéficient les journalistes. Il soutiendra en outre qu’Assange a fait exactement ce que la loi de 1917 sur l’espionnage décrit comme de l’espionnage : "Fournir des informations de défense nationale à toute personne non autorisée à les recevoir." (J’ai soutenu au fil des ans que la Loi sur l’espionnage est si vague qu’elle est inconstitutionnelle, bien qu’elle n’ait pas été contestée par le système fédéral devant la Cour Suprême).

Le problème ici est qu’il est très inhabituel – sans précédent, même – qu’un ressortissant étranger (Assange est australien) soit accusé d’espionnage alors qu’il n’a pas volé l’information. On lui a simplement fourni l’information, qu’il a ensuite rendue publique. Assange dit qu’il n’était qu’un journaliste faisant son travail et qu’aucune administration n’a jamais accusé un journaliste d’espionnage pour avoir fait son travail.

Deuxièmement, cette révélation par inadvertance a confirmé qu’Assange a été inculpé dans le district Est de la Virginie – ce qu’on appelle le "tribunal de l’espionnage". C’est exactement ce que beaucoup d’entre nous craignaient. Rappelez-vous qu’aucun défenseur de la sécurité nationale n’a jamais été déclaré non coupable dans le district Est de la Virginie. Le district Est est également connu sous le nom de "tribunal fusée" en raison de la rapidité avec laquelle les affaires sont entendues et tranchées. Vous n’êtes pas prêt à vous défendre ? Vous avez besoin de plus de temps ? Votre dossier est incomplet ? Pas de chance. Rendez-vous au tribunal.

Troisièmement, j’ai prédit depuis longtemps qu’Assange serait confronté au juge Leonie Brinkema s’il était présenté devant le district Est. Brinkema s’est occupée de mon affaire, ainsi que de celle du lanceur d’alerte de la CIA, Jeffrey Sterling.

Elle s’est également réservée l’affaire Edward Snowden. Brinkema est un juge coupeur de têtes. Elle a été nommée à la magistrature fédérale par Ronald Reagan après avoir été procureur fédéral. Elle a ensuite été nommée juge de première instance par Bill Clinton, sous le patronage de l’ancien sénateur républicain John Warner.

Brinkema ne m’a littéralement donné aucune chance de me défendre. À un moment donné, à l’approche du procès, mes avocats ont déposé 70 requêtes, demandant que 70 documents classifiés soient déclassifiés afin que je puisse les utiliser pour me défendre. Je n’avais aucune défense sans eux. Nous avons bloqué trois jours pour les audiences. Quand nous sommes arrivés à la salle d’audience, Brinkema a dit : « Laissez-moi vous faire gagner beaucoup de temps. Je vais rejeter l’ensemble de ces 70 motions. Vous n’avez besoin d’aucune de ces informations » Tout le processus a pris une minute. En sortant de la salle d’audience, j’ai demandé à mon avocat principal ce qui venait de se passer. "On vient de perdre l’affaire. Voilà ce qui s’est passé. Maintenant, il va falloir négocier"

Mes avocats ont finalement négocié 30 mois d’emprisonnement – bien en deçà des 45 ans que le ministère de la Justice avait initialement demandés. Il s’agissait d’un plaidoyer de culpabilité dit « 11C1C » ; il s’agit d’un deal gravé dans la pierre et ne pouvant pas être modifié par un juge. A prendre ou à laisser. Elle l’a pris, mais pas avant de m’avoir demandé de me lever, en me montrant du doigt et en disant : "M. Kiriakou, je déteste cet appel. Je suis juge depuis 1986 et je n’ai jamais eu de "11C1C". Si je pouvais, je vous donnerais dix ans." Ses commentaires étaient inappropriés et mes avocats ont déposé une plainte déontologique contre elle. Mais c’est Brinkema. Elle est comme ça.

Julian Assange n’a aucune chance d’obtenir un procès équitable dans le District Est de Virginie. La seule chose qui peut le sauver, c’est la récusation du jury. Techniquement, la récusation du jury est illégale. Cela arrive lorsqu’un jury acquitte l’accusé, non pas parce que l’accusé est innocent, mais parce que la loi elle-même est erronée. La loi sur l’espionnage est erronée. Julian Assange est journaliste. Il n’aurait jamais dû être accusé d’un crime. Bien que le juge qui sera désigné pourrait être en désaccord, un jury pourrait être d’un avis contraire. Et il le devrait.

John Kiriakou

John Kiriakou est un ancien agent antiterroriste de la CIA et un ancien enquêteur principal du Comité sénatorial des relations étrangères. John est devenu le sixième lanceur d’alerte inculpé par le gouvernement Obama en vertu de la loi sur l’espionnage – une loi conçue pour punir les espions. Il a passé 23 mois en prison pour avoir tenté de s’opposer au programme de torture de l’administration Bush.

Traduction "plus on creuse et plus toute cette affaire pue..." par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

 
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