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Nouvelle catilinaire
PERSONNE

Il est des jours comme cela où des sentiments s’imposent comme une rémanence, puis comme une pensée lancinante. L’article lu, le journal refermé, reste un bouillonnement interne.

« Au pays des Droits de l’Homme » (qui avait oublié la moitié de l’Humanité, petits joueurs ! , petits révolutionnaires ! ), il est des sentiments qui devraient faire tache. Mais il n’en est rien, faute à la torpeur estivale, faute aux remugles des barbecues.

Face à l’État, face à ce Léviathan sans scrupule, le Citoyen n’est que peu de chose, surtout en l’absence de soutiens moraux et logistiques de ses semblables.

On ne peut défier, impunément, le lion.

Le Léviathan intimide, veut faire taire les consciences, alors il réprime avec application quand il ne fait pas du chiffre. En dictature, on ne s’embarrasse pas des conventions ; en République, la répression est bien différente, c’est bien plus subtil, mais elle n’en reste pas moins répression. Une bonne dose d’intimidation, de poursuites judiciaires coûteuses pour le prévenu, des « lois scélérates » contraires aux grands principes fondamentaux, un soupçon d’arbitraire : c’est la « tortore » républicaine.

L’État a ses petits et ses grands serviteurs : ces derniers mériteront la reconnaissance pour leurs services, leur docilité, leur obséquiosité, ils mériteront assurément le « hochet national » (1), sublime invention de celui qui se faisait appeler « l’Empereur de la République ». Sacré Napoléon, il avait tout compris de la piètre nature humaine. Un gêneur, un préfet trop social, trop libre, trop indépendant sera écarté sans ménagement.

Pourtant, l’État sait se montrer souple : il manie le grand écart.

Pour les « évadés fiscaux », dont les biens planqués mériteraient le statut et le sort des « biens nationaux de seconde origine » (2), le « verrou de Bercy » et le règlement feutré sont le lot enviable.

Pour les Autres, ceux qui auraient, par exemple, l’idée saugrenue de pallier les carences de l’État bourgeois, plus préoccupé à satisfaire les désirs de quelques-uns et cela au détriment de l’Intérêt général, les poursuites judiciaires et la menace de privation de liberté sont le lot peu enviable.

Agir en conscience, comme aider des mineurs migrant, fuyant la guerre, espérant s’affranchir de la misère, l’une comme l’autre suscitées, entretenues en partie par ces mêmes pays riches qui les rejettent, est un acte répréhensible.

Alors que la mission humanitaire pour les mineurs incombe, légalement, à l’État, c’est une bien étrange situation, comme si le pyromane s’en allait vaillamment ester en justice.

Aristote estimait que l’Homme est un animal politique.

La Fontaine avait donc raison d’écrire Les animaux malades de la peste. Et Molière de lancer : « la peste soit de l’avarice et des avaricieux ».

L’État léonin se moque du fait que « le Parquet n’est pas une autorité judiciaire », se contrefiche de la santé publique. Il traîne quelques lourds dossiers en la matière : amiante, sang contaminé, hormones de croissance, Tchernobyl, diesel, perturbateurs endocriniens, rayonnements électromagnétiques, ... Les milliers de molécules chimiques générées, utilisées, disséminées forment des cocktails méphitiques ignorés : l’État ne semble pas gêné aux entournures, bien au contraire.

Alors quand un citoyen agriculteur, appelons-le Cédric, car tel est son prénom, vient à son tour à la barre et dit :

« j’ai souvenance
d’avoir fait ce qui est juste, en conscience,
Nourrir, loger, soigner des mineurs isolés,
Car dans la Roya, on accueille les exilés »,

« Sa peccadille [est] jugée un cas pendable » comme dans la fable de La Fontaine (3).

Coupable de « délit de solidarité » qu’ils disent. Ô superbe oxymoron !

Pourquoi ne pas créer un « délit d’Humanité » pour parachever le grotesque ?

Le tribunal l’accuse « d’agir de façon intéressée parce qu’il y aurait un caractère politique à sa démarche solidaire. Bien sûr que Cédric fait un acte politique. Mais ce n’est pas un politicien. Il fait de la politique au sens le plus noble du terme ». (4)

Où va-t-on si les Citoyens font de la Politique ?

Où va-t-on s’ils se mêlent de la vie de la cité ?

L’État, lui, commet des crimes de connivence : il a signé, couvert par le secret des affaires (5), un pacte faustien avec le Capital.

Et la Justice dans tout cela ? Elle est à la fois privée de moyens : il ne faudrait pas qu’il lui vienne l’idée de s’intéresser aux entourloupes à grande échelle. Et elle est aussi dénuée de conscience : les comparutions immédiates sont une négation de la notion même de justice, c’est une sorte d’abattage sociale. Elle n’est pas très regardante sur ce que l’on lui soumet et, surtout, sur ce que l’on ne lui soumet pas. Que penser d’une institution qui rechigne à reconnaître ses erreurs, ses fautes ?

J’allais oublier de vous dire ce qui m’a habité le reste du jour : la nausée !

Et cette envie de jeter des pelletées généreuses de sable dans cette machinerie diabolique.

Et cette envie de rendre « fort ce qui est juste ».

« Personne »
26 thermidor an 225

 
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