La Chambre des Représentants des Etats-Unis, de majorité républicaine, a voté hier en faveur d’une clause pour le budget du transport urbain, qui maintient de facto les restrictions de voyage à Cuba. Quelques jours avant, la Maison Blanche avait manifesté une certaine disposition pour opposer son veto à cette initiative, non seulement parce qu’elle freine l’infime rapprochement entre Washington et La Havane, mais parce qu’elle réduit des investissements possibles en matière de transport et de sécurité.
L’approbation législative d’hier représente un revers du Capitole pour le gouvernement de Barack Obama et sa décision stratégique de tenter de mettre un terme au long conflit entre son pays et l’île caribéenne, résultat de l’acharnement historique de Washington de vouloir empêcher l’autodétermination des cubains.
Bien que l’on puisse considérer cela comme une mesure pour sauver l’image d’une présidence décevante à bien des égards, on ne peut pas nier qu’il y a quelques mois la Maison Blanche a fait des pas inattendus pour inverser la politique contreproductive et hostile contre Cuba. Peut-être que le plus symbolique soit le retrait de l’île de la liste des « pays qui soutiennent le terrorisme », un document dont la seule existence est réprouvable puisqu’il n’a été qu’un prétexte pour servir les fins de la politique hostile et belliqueuse de Washington contre des gouvernements qu’il a en ligne de mire.
En dehors du cadre strictement gouvernemental – tant du côté étasunien que cubain- le dégèle entre les deux nations est bien palpable : des évènements à la fois simples mais symboliquement forts comme le match de football entre l’équipe new-yorkaise Cosmos et l’équipe nationale cubaine, qui a eu lieu mardi dernier, ou bien l’intérêt qu’ont manifesté des entreprises étasuniennes de divers secteurs pour explorer des opportunités d’investissements dans l’île, ou encore la progression du consensus au niveau de l’opinion publique étasunienne par rapport à la fin de l’embargo contre Cuba qui se situe à 29% d’après les chiffres d’un récent sondage de Gallup.
Toutes ces circonstances laissent à penser que nous assistons à un point d’inflexion historique et que le rapprochement initié entre les deux nations sera u processus certes sinueux et long, mais irréversible. C’est pourquoi la votation qui a eu lieu hier au Congrès, même si l’on considère les calculs politico-électoraux sous-jacents, a exhibé Législatif étasunien qui s’agrippe à une inertie propre à l’époque de la Guerre Froide, et qui ne correspond même plus à la volonté de la majorité de l’opinion publique de ce pays.
Tant que les lois étasuniennes qui imposent un embargo commercial à l’île depuis plus d’un demi-siècle seront en vigueur, les avancées obtenues jusqu’à maintenant dans le but de normaliser les relations entre Washington et La Havane seront certainement insuffisantes pour réparer l’injustice historique qui a été commise contre le peuple cubain.
Il est nécessaire que la tendance d’opinion favorable à la fin du conflit entre Washington et La Havane se propage aussi chez les législateurs de ce pays, que ceux-ci laissent derrière eux la posture anachronique qu’ils ont manifesté hier et qu’ils dérogent le plus rapidement possible le socle légal d’une politique qui est critiquée au niveau international depuis bien des années et qui pourrait se transformer en un nouveau facteur de défiance envers la classe politique du voisin pays du nord.
Traduit pour Le Grand Soir par Luis Alberto Reygada